• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2: Le cadre d’analyse

3.4 Les séquences événementielles

Nous présenterons ces séquences événementielles dans un résumé de leur contexte socio-historique. Nous respectons ainsi notre méthodologie en resituant le discours patronal dans ses conditions de production. Nous reviendrons par la suite sur les trois textes résiduels. Le résumé qui suivra pour chaque séquence

aura comme point central les faits marquants de l'historique de l'ordre d'enseignement collégial. Nous ajouterons quelques éléments du contexte québécois. Tout comme nous l'énoncions lors de la présentation des groupes du patronat, nous n’avons pas la prétention, non plus les compétences, d'être exhaustif dans cette présentation; nous exposons simplement, au meilleur de notre connaissance, les éléments susceptibles d'éclairer notre analyse. Pour ce faire, nous nous sommes inspiré de la collection " Etudes et réflexions sur renseignement collégial 82-83 ”, de la revue Recherches sociographiques ( Les Cegeps, vingt ans après ), de divers documents gouvernementaux, du volume Le système scolaire du Québec. Nous croyons devoir ajouter, à titre informatif, que nous avons été aussi très impliqué dans le milieu collégial, tant localement qu'au plan provincial, en tant qu'étudiant, gestionnaire, professionnel et ce, de 1968 à 1981. Nous puiserons donc aussi dans ces expériences en prenant garde toutefois d'appuyer nos perceptions sur d'autres sources documentaires.

3.41 Commission Parent.

Avant 1966 et 1967, années respectives de l'adoption du Règlement no 3 du ministère de l'Education qui établissait la responsabilité des collèges d'enseignement général et professionnel, et l'adoption du Bill 21, qui créait les cegeps, il existait des lieux d’enseignement du type collégial. C'était en partie

les Collèges classiques et des écoles spécialisées comme les écoles d’infirmières, l'école du meuble et du bols ouvré, les conservatoires de musique,

les Instituts de technologie, les Instituts de technologie générale, l'école de tourisme et d'hôtellerie. (47)

Début des années 60, c'est ce qu’il est convenu d'appeler la " révolution tranquille ". Difficile à cette séquence de partir de la réalité des collèges: Ils n’existent pas. Ce qui existe cependant ce sont les " collèges " dont on parle précédemment. Or, ils ne suffisent plus ou ne correspondent plus aux besoins d’une société à forte poussée Industrielle. Sous des volets différents, mais tous chapeautés par un objectif de * modernisation " ,les attentes s'expriment. Dans une rétrospective de la réforme scolaire, le livre blanc du ministère de

l'Educatlon Les Collèges du Québec, (48) énonce ainsi les objectifs poursuivis: "Tout d’abord, démocratisation et plus large accessibilité... Afin de rehausser le niveau général de scolarisation... et pour offrir à tous la plus grande égalité des chances possible, 11 fallait établir un réseau de collèges socialement et géographiquement accessibles au plus grand nombre." (49) Le ministère poursuit avec un second objectif de " rationalisation et uniformisation des structures de

l'enseignement... Pas moins de six réseaux d’établissements postsecondalres dispensaient des enseignements parallèles...

(47) Bouchard , et al, Le système scolaire du Québec, Tome 1, Guérin, Montréal, 1983, p. 261.

(48) Québec (province), Ministère de l'Education. Les Collèges du Québec; nouvelle étape: projet du gouvernement à l'endroit des cegep,, Québec, 1978, 78 p.

quelques 265 établissements ... imposaient des conditions différentes d'admissions, sans parler des voies d'accès à l'université, complexes et étroites à la fols.... En troisième lieu, diversification des programmes et polyvalence... Au moment où l’essor des sociétés occidentales multipliait fonctions et compétences, n'Importalt-il pas, au Québec comme ailleurs, d'élargir l'éventail des programmes et d'assurer une polyvalence trop longtemps Ignorée dans notre milieu? "(50)

Enfin, le Ministère Insiste, en reprenant les éléments de polyvalence et de diversité des programmes, sur l'obligation de favoriser "...la formation de techniciens de niveau supérieur." Il ajoute:

“L'entrée du Québec dans l'ère industrielle de la seconde moitié du XX e siècle avait fait apparaître le besoin de travailleurs hautement qualifiés et davantage au fait des techniques qui valaient leur puissance aux sociétés à la pointe du progrès. Emboîtant le pas aux pays occidentaux,... le Québec voulut à son tour pouvoir compter sur des diplômés compétents et capables de relever les nouveaux défis de la technologie... Dans une société traditionnellement portée à privilégier les humanités classiques et la préparation aux professions libérales, tl y avait manifestement là une amorce de révolution culturelle. "(51)

Retenons, en bref, de cette séquence qu'au delà des objectifs précédemment cités, le Québec vivait à l'heure de la civilisation industrielle avancée ou plus (50) Idem

précisément, se donnait les moyens de la rejoindre en modernisant l'Etat, y compris ses appareils scolaires, de même que les structures de son économie, désormais axées sur le développement de l'industrie par la technique. Enfin, Il est Important d'ajouter l'effervescence sociale et culturelle, due, bien sûr à une augmentation de la scolarité, mats surtout à l'ouverture sur le monde via les media.

3.42 Le Rapport Nadeau.

Sans être à même d'en évaluer précisément l'impact il faut, dès ce moment, faire état d'une problématique qui, sans nécessairement être le fil conducteur de l'historique collégial, occupe une place constante dans les phases qu'a traversées cet ordre d'enseignement : l'autonomie des Collèges.

Dès le départ, comme l'indiquent Gary Caldwell et Simon Langlois: "La lot (21) était déjà quelque peu ambiguë, puisqu'elle prévoyait à la fols un statut Juridique autonome pour les Institutions collégiales et un contrôle par l'Etat."(52) Le statut Juridique devait permettre une Implication ou, à tout le moins, une relation avec le milieu. Cette thématique de " relation avec le milieu " est presque omniprésente dans les textes patronaux consultés et fait l'objet, sans qu'il y ait eu Intention délibérée de notre part, de presque toutes les séquences événementielles. Quoi qu'il en soit, cette autonomie des collèges

(52) Calldwell G. et Langlois S., In Recherches sociographiques, volume XXVII, no 3, Québec, Université Laval, 1986,p. 360.

Impliquait une décentralisation des pouvoirs et responsabilités. Dans d'importantes études sur le sujet (53), Robert Isabelle conclut que ..."les cegeps deviennent plus des succursales que des partenaires de l'Etat. Ils prennent plus figure de collèges d'Etat que d'établissements autonomes...(54)

On peut se questionner s'il pouvait en être autrement dans un contexte de développement, comme on l'a vu à la première séquence, mais là n'est pas notre sujet. Il faut cependant retenir, comme on le verra, que le concept d'autonomie fut réellement un élément Important dans plusieurs événements qui ont marqué la vie collégiale.

(53) Isabelle, R. Les ceqep, Collèges d'Etat ou établissements autonomes ? L'évolution de l'autonomie des ceçeo de 1967 à 1982., Collection Etudes et réflexions sur l'enseignement collégial 1982-1983, Gouvernement du Québec, Conseil des Collèges, Québec, 1982, 334 p.

Lapierre, R. La relation Cegep-MIlleu-Entre le discours et la réalité. Collection Etudes et réflexions sur l'enseignement collégial 1982-1983. Gouvernement du Québec, Conseil des collèges, Québec, 1983,185 p.

Le Groupe Connexe, Le partage du pouvoir dans les cegeps. Le rôle du conseil d'administration. Collection Etudes et réflexions sur l'enseignement collégial 1982-1983, Gouvernement du Québec, Conseil des collèges, Québec,

1983, 186 p.

Peu de temps après leur création, les cegeps connaissent la contestation étudiante. A l’automne 68... du début d'octobre Jusqu'au début des Fêtes, sur vingt-trois cegeps, Il y en avait quatorze qui furent occupés pendant un certain nombre de Jours. (55) Ces contestations eurent lieu sporadiquement et touchent directement la séquence concernée. René Laplerre en dit ceci:

"Pensés selon les règles de la société Industrielle" les cegeps ont vite été touchés par la vague de remise en question des valeurs traditionnelles soulevée par la Jeunesse turbulente des années soixante.

La contestation étudiante a véhiculé rapidement l'idée du "cegep manufacture" où le " bourrage de crâne" constitue la méthode de fabrication des diplômés.

Par ailleurs, les étudiants ont souvent appuyé les enseignants dans leurs luttes pour la décentralisation des pouvoirs et la cogestion..."(56) "Il faut ajouter que cette révolution dans la révolution tranquille a été facilitée par l'entrée massive de nouveaux enseignants dans les cegeps; ces derniers étalent pour une bonne part jeunes et arrivaient au cegep en pensant continuer les luttes étudiantes qu’ils avalent eux-mêmes entreprises à l’université; ils partageaient donc plusieurs des "griefs " étudiants, notamment ceux concernant la relation "d’autorité" entre l’enseignant et l’étudiant." (57)

(55) Desbiens, J.P. Gould J. in Recherches sociographiques, opus cité, p. 515.

(56) Opus cité, p. 160-161. (57) Idem, p. 162.

Mais 11 n’y avait pas que les enseignants et les étudiants... En 1971, le rapport Roquet, commandé par le ministère de l’Educatlon, propose une réforme du régime pédagogique collégial. Il touchait l'enseignement des matières obligatoires. Les directeurs des services pédagogiques (D.S.P.) réunis en assemblée le refusent.

Septembre 1972, Le Ministère dépose son projet de règlement des études collégiales pour sanction au printemps 1973. Il préconise, dans l'esprit du rapport Roquet, la disparition des cours de philosophie et leur remplacement par deux cours de "sciences humaines". Il intègre aussi l'Arrêté en conseil 1331 du 7 avril 1971. Cet arrêté donnait aux collèges les pouvoirs d'ordonner une réinscription obligatoire en cours d'année des étudiants d'où, la possibilité de ne pas accepter les étudiants jugés trop contestataires. Dernier élément de son projet: Il en ressort une intention de gestion plus centralisée de la pédagogie.

La réaction ne se fait pas attendre: c'est à nouveau la contestation sous toutes ses formes. Devant la situation, le Ministère, le 15 février 1973, retire son projet et demande au Conseil Supérieur de l’Educatlon de lui remettre un rapport sur "l'état et les besoins de l'enseignement collégial". Ce sera le rapport Nadeau, publié durant l'été 1975.

Ce rapport propose une réorganisation de la pédagogie sur la base du "module”: c'est le regroupement des étudiants inscrits à un même programme, des enseignants, des représentants du milieu socio-économique et des membres des

services administratifs et pédagogiques." (58) Un organisme “ neutre", comme l'indique Isabelle, le Conseil des Collèges, assurerait l'autonomie de ces derniers en garantissant la qualité de la formation dispensée. Isabelle poursuit:

"Les centrales syndicales et le patronat s'opposent à cette "décentralisation " du régime pédagogique. Pour les premières, elle aurait pour effet d'asservir la formation aux Intérêts du capital et de compromettre l'existence du département, assise du pouvoir des enseignants et de leur sécurité d'emploi. Pour le second, elle n'assurerait pas que la formation soit assez centrée sur les exigences du monde du travail...Du côté du Ministère, on ne note aucune réactton."(59)

Le milieu collégial est loin d'être le seul point chaud de cette période.

Le Québec connaît les premières négociations centralisées dans le secteur public et parapubllc: c'est le premier Front-Commun inter-syndical ( 71-72 ). Il se termine par un appel à la désobéissance civile de la part des syndicats. Les trois chefs syndicaux de la C.S.N.-C.E.Q.-F.T.Q. sont emprisonnés.

(58) Isabelle R. opus cité, p. 91-92. (59) Opus cité, p. 92

Au plan économique, une première vague de fermetures d’usines se fait sentir. Le taux de chômage est de 12 à 14 %. Des grèves spontanées se multiplient. En 1974, le taux d’inflation est élevé. Les syndicats du secteur privé revendiquent l’indexation des salaires, comme l’a obtenue le Front Commun de 72. La loi C 73 viendra limiter “ la hausse des prix et des salaires” ” en 1975.

Les centrales syndicales dépassent les revendications économiques et entrent sur le terrain des luttes politiques et idéologiques.

La F.T.Q. produit “l’Etat, rouage de notre exploitation ” (60), la C.S.N. : “Ne. comptons que sur nos propres moyens “.(61). Quant à la C.E.Q., elle publie en 72 .L’école au service de la classe .dominante (62), en 74 ’’ Ecole et la lutte de classes au Québec (63) et en 75, Pour une journée d'école au service de la classe ouvrière (64).

(60) L’Etat, rouage de notre exploitation, document du 12 e congrès de la F.T.Q. 30 novembre 1971.

(61) Ne comptons que sur nos propres moyens.Confédération des syndicats nationaux(C.S.N.), Montréal, octobre 1971,110 p.

(62) L’école au service de la classe dominante. Centrale de l’enseignement du Québec (C.E.Q.), Québec, 1972,40 p.

(63) Ecole et luttes de classes au Québec, Centrale de l’enseignement du Québec (C.E.Q.), Québec, 1974,160 p.

(64) Pour une Journée d’école au service de la classe ouvrière. Centrale de renseignement du Québec,(C.E.Q.), Québec, avril 1975.

Cette partie serait Incomplète si l'on n'ajoutait pas la montée du nationalisme québécois. Parallèlement, ce sont aussi les tentatives de remise sur pied d'un " Front Etudiant du Québec", l'organisation de petits groupes de toutes tendances qui se réclament ouvertement du socialisme.

Bref, le mouvement qui semblait s’être spontanément et volontairement dissout à la fin des années soixante, comme l'Unlon générale des étudiants du Québec (U.G.E.Q.), puis s'était à nouveau manifesté, mais cette fois par exemple dans les milieux les plus divers comme les Comités de citoyens avec leurs Comité d’action politique (C.A.P.), qui avait subi une solide mise en échec avec la "Lot des mesures de guerre ”, ce mouvement semblait renaître, voire même s'être étendu.

3.4.3Livre blanc sur l'enseignement collégial.

Le livre blanc paraît en 1978, le Parti Québécois est au pouvoir. Le Rapport Nadeau n'a pas eu de suite.

A l'automne 1978, les étudiants débrayent et revendiquent une amélioration du système de prêts et bourses. La contestation ne s'étend pas aux autres

Intervenants, professeurs, professionnels etc.

Le Livre blanc comprend trois parties: la première trace un bilan des dix premières années des cegeps. La deuxième expose les orientations à venir pour

Mais ce Livre blanc n'est pas le seul document où le nouveau gouvernement expose ses vues. Il faut le mettre en lien avec La politique Québécoise du développement culturel. Présentée en 1978, elle “ suggère une politique culturelle Incluant les grandes lignes d'une politique d'éducation des adultes et le concept d'éducation permanente... " (65) SI nous ajoutons à cela "L'Enoncé d'orientation et plan d'actton pour la mise en oeuvre d'une politique québécoise pour la recherche scientifique, nous retrouvons la cohérence du discours gouvernemental."

" Egalement présenté par le ministre d'Etat au développement culturel, ce ” projet collectif " de développement scientifique et technique s'inscrit dans la continuité du Livre blanc sur le développement culturel et de celui sur les collèges. L'énoncé d'orientation s'appuie en effet sur le principe de la “ démocratie culturelle ” exposé dans l'un et l'autre document, comme il partage l'objectif de développement régional rappelé dans chacun d'entre eux. C'est en vertu de ces principes que le projet de développement scientifique et technique suggère une meilleure utilisation du potentiel de recherche des collèges et qu'l) appuie l'idée de centres spécialisés pour les cegeps qui aspirent à jouer un tel rôle et participer ainsi plus directement au développement de la technologie québécoise en général. “ (66)

(65) Lapierre R., opus cité, p. 31. (66) Lapierre R., opus cité, p. 36.

L'accent gouvernemental est donc mis sur les liens "entre l'enseignement, la recherche et le développement régional et national (67) Nous ajouterions que ces liens, via entre autres les Centres Spécialisés, s'articulent principalement entre le milieu socio-économique et les collèges.

La C.E.Q. répond au Livre blanc, mais ce débat demeure au niveau des structures syndicales et n'a pas d’impact dans le milieu. Quant au patronat, il émet un simple communiqué, où 11 manifeste principalement son accord.

Dernier élément, si les collèges semblent absents de la vie politique en général, c’est qu'ils sont souvent aux prises avec des problèmes Internes dont la gestion de la décroissance. En effet, c'est le début des coupures de postes et de services. Chaque syndicat organise sa riposte sur son propre terrain. Ces gestes Isolés devaient pourtant répondre à une stratégie d’ensemble : en 1977, l'Organlsation de Coopération et de Développement Economique (O.C.D.E.), regroupant 24 pays occidentaux, dont le Canada, s'entend pour limiter les dépenses des secteurs publics. Une conférence fédérale-provlnciale en 1978, endossait unanimement cet objectif.

Quoi qu'il en soit, le Livre Blanc proposa une série de mesures, et plus particulièrement pour l'enseignement professionnel: le développement de centres spécialisés, dont nous avons parlé antérieurement, une meilleure répartition de l'effectif étudiant, des modifications au régime pédagogique, une formation plus pratique, un comité collège-travail pour établir "des liens organiques avec le

milieu socio-économique ", des "mesures spéciales d'incitation " pour le perfectionnement et le recrutement des enseignants, une meilleure distribution des programmes entre les collèges et enfin, la création au setn du Conseil des collèges, d'une commission de l'enseignement professionnel. (68)

Globalement, à travers le Québec, on se dirige vers le Référendum.

3.44 Consultations gouvernementales sur la formation professionnelle.

Début 1980, les collèges, tout comme l'ensemble des secteurs public et para-public, sortent d'une autre ronde de négociations. Le troisième Front Commun (1979-1980) a cependant mis en évidence une certaine division syndicale, tant Inter que Intra centrales. Par exemple, dans les collèges, le personnel de soutien, en général, débraye, pas les enseignants. Les enjeux pour les premiers sont plus menaçants et les coupures de postes des années précédentes renforcent cette conviction. A la C.S.N., la Fédération des Affaires Sociales (F.A.S.) défie la loi 62, pas la Fédération des enseignants et enseignantes de cegep ( F.N.E.E.Q.).

Il n'y a pas de débat interne qui réunit la " communauté collégiale " sur son avenir comme lors du Rapport Nadeau.

L'attention est portée vers l'extérieur, le projet est global et couvert par les ” parapluies du Oui et du Non."

Au plan économique, l'essoufflement pointe à l'horizon. La productivité et la compétitivité deviennent le fer de lance d'une restructuration du capital. Alors qu'au début des années 60, la modernisation de l’industrie québécoise exigeait “de meilleurs techniciens ", au début des années 80, on exige " de meilleurs technologues". La formation et le recyclage de la maln-d'oeuvre dans les nouvelles technologies, la recherche scientifique et le développement technologique deviennent des préoccupations majeures. Socialement, c'est le début de la crise, le chômage des jeunes qui montera à près de 24 K. Dans un bilan prospectif de la situation, l'O.C.D.E. écrivait en 1983 :

"... du point de vue de l'économie et de l'emploi, le problème n'est pas celui de la poursuite ou du freinage de l'expansion de l'enseignement supérieur, 11 s'agit de lui apporter des réformes d'ordre qualitatif, intéressant le contenu et la structure des études, les méthodes pédagogiques, l'ouverture sur le monde extérieur, qui lui permettent de contribuer au progrès technique et à l'adaptation des structures économiques des pays de l'O.C.D.E. C'est là, certes une question fondamentale qui va bien au-delà des simples considérations d'emploi et dont dépendent en fin de compte le dynamisme et l'évolution de renseignement supérieur. C'est là aussi une question à laquelle des politiques nouvelles ne pourraient apporter de réponse sans la volonté et le concours actif des Institutions elles-mêmes." (69)

(69) Les politiques d'enseignement supérieur des années 80.0.C.D.E.. Paris, 1983, p. 19 et p. 20

Le 17 septembre 1983, Camille Laurin, ministre de l'Education, annonçait dans une entrevue au Journal Le Devoir, quatre projets en préparation : un portant sur la formation professionnelle des Jeunes, un autre sur celle des adultes, la mise en place de Centres de formation spécialisés dans les secteurs de pointe et l'accentuation de la recherche- développement à l'ordre d'enseignement universitaire.

3.45 Le Cegep de demain.

Il est difficile avec si peu de recul, la séquence présente traitant de 1984, de tracer un portrait de la conjoncture. Nous n'en donnerons donc que les faits les plus évidents.

Le dernier Front Commun avait laissé des traces: coupures de salaires, lois spéciales et décrets, discours qualifié de méprisant par les travailleurs de

l'éducation, démobilisation, bref, peu de matière à créer un mouvement lorsque le Conseil des collèges entreprend sa consultation sur Le Cegep de demain...

Dans la synthèse de la consultation on peut lire:

"... l'entrée en vigueur du nouveau règlement sur le régime pédagogique collégial, le climat de morosité qu'ont accentué les décrets gouvernementaux tenant lieu de conventions collectives, la contestation du régime de prêts et

Documents relatifs