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LES RESULTATS DE L’ETUDE QUALITATIVE 2.1 Les caractéristiques des entretiens

1-LES RESULTATS DE L'ETUDE DESCRIPTIVE 1.1 Les caractéristiques des foyers

2- LES RESULTATS DE L’ETUDE QUALITATIVE 2.1 Les caractéristiques des entretiens

Les 11 foyers m’ont de nouveau tous très bien accueillie. L’enregistrement ne les a pas dérangés.

Les entretiens ont duré en moyenne 14 minutes et 39 secondes (minimum : 11 minutes et 1 secondes ; maximum 23 minutes et 5 secondes).

2.2- Les caractéristiques des patients questionnés

L’âge moyen des patients ayant participé à l’entretien est de 81,5 ans (de 69 à 95,5 ans). 6 foyers sur 11 était des couples, les autres vivaient seuls. 3 des 11 foyers étaient en zone semi-rurale, et 8 foyers étaient en zone rurale. 4 des foyers avaient un tiers non professionnel de santé pour l’aide à la gestion des médicaments. Les 7 autres foyers n’avaient pas de tiers pour les aider. Les foyers inclus avec un TPS faisaient partie des personnes n’ayant pas répondu. Nous n’avons donc pas pu interroger des foyers ayant un TPS les aidant dans la gestion des médicaments.

3 foyers interrogés présentaient les 4 critères d’inclusion, 4 autres présentaient 3 critères d’inclusion et enfin les 4 derniers en possédaient 2.

Graphique 15: Répartition des critères d’inclusion.

6 9 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Présence d'au moins 1 traitement chronique pour plus de 3 mois Présence d'au moins 1 boîte de médicaments à risque arrêtée Présence de 2 spécialités différentes d'une même classe thérapeutique à risque Présence d'au moins 3 boîtes périmées nombre de foyers

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2.3-Les raisons du stockage des médicaments chroniques

2.3.1- Un conditionnement médicamenteux inadapté ou inégal entre les différentes spécialités

Il s’agit d’un problème évoqué par les patients à de nombreuses reprises. Ce thème a été abordé comme un « problème de nombre de comprimés dans les boîtes », ou encore « une question de quantité dans les boîtes ». Pour eux, « les boîtes sont trop grosses » ou parfois « il n’y en pas assez », avec des « boîtes où il y a 28 comprimés et d’autres plus », ou encore un nombre de comprimés qui « ne correspond pas au nombre de jours dans le mois ». Alors cela entraîne « une avance » de médicaments.

Ce point pose également un problème dans les posologies alternées ou fractionnées. Des patients ont fait la remarque que lorsqu’ils prennent la moitié d’un comprimé, « la boîte fait plus d’un mois » ou bien encore qu’avec une « posologie alternée », ils se retrouvent « avec une avance ».

Devant ces conditionnements inadaptés, cela demande une gestion toute particulière de la pharmacie familiale que les patients âgés ne peuvent pas assurer en majorité.

2.3.2- Une mauvaise observance

Au cours des entretiens, de nombreux patients ont avoué « oublier parfois » de prendre leurs médicaments. Certains n’ont « pas pris » délibérément certains traitements. Un autre foyer a justifié cette mauvaise observance : « des fois, on n’accepte pas sa maladie et on n’a plus envie de prendre les médicaments ». Une patiente a en revanche évoqué une aide pour remédier aux oublis, il s’agit « du pilulier ».

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2.3.3- Sentiment de surprescription de médicaments

Certains foyers ont évoqué ce thème par différentes expressions : « trop de médicaments prescrits » ; « le médecin prescrit tant de boîtes et c’est peut-être beaucoup». Pour eux, les médecins ont tendance à trop prescrire en termes de nombre de boîtes ou parfois ils « donnent une boîte d’avance ». Ils expliquent qu’ils se retrouvent alors avec des boîtes en surnombre par rapport à leurs besoins.

2.3.4- La peur de manquer

C’est un sentiment retrouvé dans les entretiens de manière récurrente. Les expressions « si un jour il en manque », « on ne sait jamais », « au cas où » décrivent le mieux cette peur de manquer.

2.3.5- Le manque de confiance dans les médicaments

Ce sentiment a également été évoqué à plusieurs reprises. Les foyers interrogés n’ont « pas tellement confiance » dans les médicaments, « avec tout ce qu’on voit ». Pour les génériques, un foyer notamment a fait remarquer qu’il n’était « pas pour ».

2.3.6- La disparité dans les dates de renouvellement selon les spécialités Les foyers ont évoqué des « ordonnances qui se chevauchent ». Parfois, et notamment dans le cas d’ajout ou de changement de traitement en dehors du renouvellement des autres spécialités, les patients se retrouvent avec un décalage ou alors ils renouvellent « tous les médicaments », mais se retrouvent avec « une avance ».

2.3.7- La modification de la posologie ou du dosage d’une spécialité

Un foyer a évoqué ce problème. En effet, son médecin avait « changé le dosage» d’un de ses médicaments et il restait ainsi les boîtes de médicaments de l’ancien dosage, qu’il ne pouvait pas réutiliser et se retrouvait avec un stock de ce médicament.

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2.4- Les raisons du stockage des médicaments aigus

2.4.1- Un conditionnement médicamenteux inadapté

Les foyers ont évoqué à plusieurs reprises cette cause au stockage de médicaments aigus. Selon eux, « il y en a plus qu’il ne faut dans les boîtes », ou encore, « pour certains remèdes, ils ne devraient pas en mettre autant dans la boîte ». Les foyers ont exprimé ce problème d’excès de médicaments par des expressions comme « des fois on en a trop »ou bien « le problème aussi, c’est les gros volumes de certains médicaments ».

2.4.2- Un arrêt précoce des traitements

Plusieurs foyers ont avoué ne pas terminer la totalité de traitements aigus, parfois, en raison d’une sensation de guérison apparente. C’est la raison principale qui a été donnée par les foyers en me disant que « quand » ou « si ça va mieux », ils « arrêtent ».

2.4.3- Un sentiment de surprescription

Pour les foyers ayant abordé cette cause, il s’agit d’un excès de prescription de la part du médecin. Ils estiment avoir reçu trop de boîtes de médicaments par rapport au traitement prescrit et cela parce que le nombre de boîtes ordonnées était trop important. Ce sentiment a été retrouvé à travers ces deux expressions : « le docteur avait prévu trop » ; « J’ai eu trop de boites prescrites. »

2.4.4- Une avance pour automédication

Comme vu précédemment, les patients ont parfois, des conditionnements trop grands par rapport aux traitements prescrits et se retrouvent avec un excès de médicaments lorsque le traitement est terminé. Mais pour certains patients, cela peut constituer une réserve « dans l’armoire, pour une autre fois, au cas où ». Ils « gardent la boîte » et essayent de s’en « resservir si besoin » ou « une autre fois ».

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2.5- Les mesures prises face au stockage excessif

Face à cet excès de médicaments contenus dans les armoires, et lorsque le patient et/ou les aidants sont conscients de ce stockage excessif, des mesures sont prises au sein du foyer afin d’éviter cela. Tous les foyers ont répondu « renseigner », ou « dire », soit « au médecin », soit « au pharmacien » ou les deux, la présence d’une avance dans les boîtes de médicaments. Peu de foyers ne renseignent pas le médecin ou le pharmacien sur les stocks. Mais parfois certains préfèrent « faire tout noter sur l’ordonnance au médecin pour ne pas oublier le traitement ».

En réponse à ce renseignement, plusieurs foyers ont déclaré que le médecin « n’ordonnait que le nécessaire ». Un foyer a remarqué que le médecin notait « ne pas délivrer» pour les médicaments déjà en stock. Pour les autres foyers, le médecin faisait « l’ordonnance normalement ». A ce moment là, ils « voyaient avec le pharmacien », pour qu’il ne délivre « que le nécessaire ». Deux foyers ont évoqué que le médecin « vérifiait les boîtes » ou « se renseignait sur les restes » lors d’un renouvellement d’ordonnance fait à domicile et un foyer faisait un état des lieux des stocks avant de prendre les médicaments en pharmacie.

2.6- Le tri de la pharmacie familiale

Plusieurs foyers déclarent effectuer un tri « pas souvent », « de temps en temps » ou « régulièrement » dans la pharmacie familiale dont deux font ce tri avec un tiers. D’autres foyers déclarent ne pas faire de tri de leur pharmacie car ils n’ont « pas besoin ». Je n’ai pas réussi à avoir plus d’explication concernant ces 2 foyers.

On retrouve différentes motivations, les foyers font ce tri « pour ne pas garder, pour ne pas entasser dans les placards », parce que « ça prend de la place », parce que « c’est dangereux quand c’est trop vieux », parce que c’est « sage et intelligent ».

Lorsque les foyers effectuent un tri de la pharmacie, on note des devenirs différents selon les médicaments.

Les médicaments non périmés sont gardés pour constituer la pharmacie familiale «pour ceux qui pourraient resservir». Ils sont également conservés pour «se souvenir» des traitements déjà donnés. Ou bien ils sont « redonnés à la pharmacie », « jetés à la poubelle »

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ou encore « donnés à des associations ». Concernant les médicaments périmés, ces derniers sont soit « donnés à la pharmacie », soit « jetés à la poubelle », ou encore « jetés au feu ».

2.7- Le recyclage médicamenteux

Certains foyers ont déclaré ne pas avoir connaissance du recyclage médicamenteux et ont répondu de la manière suivante à la question : « on ne connait pas et on ne cherche pas. » ; « je ne connais pas, je ne m’en occupe pas » ; « je ne connais rien » ; « je ne connais pas ça ».

Mais un certain nombre de foyers avait des idées à propos du recyclage. Ils ont évoqué le recyclage humanitaire : « ils envoient dans les pays défavorisés » ; « ils sont redistribués dans les pays qui ont besoin ». D’autres foyers ont également évoqué le recyclage environnemental : « on ne jette pas parce que ça pourrait être dangereux pour des êtres humains ou même des animaux, toxique pour la nature ». Enfin, le devenir des médicaments après les avoir redonnés à la pharmacie a été abordé, et plusieurs foyers savaient ou supposaient que les médicaments étaient détruits : « je pense qu’ils les détruisent. » ; « je donne au pharmacien, mais il ne les redonne pas je crois » ; « ils sont détruits ».

Aucun foyer n’a su nommer l’organisme Cyclamed pour le recyclage. En revanche, certains foyers connaissaient des associations où ils pouvaient donner les médicaments non périmés afin qu’ils soient réutilisés dans un but humanitaire, « pour collecter les médicaments et les envoyer dans les pays en grande difficulté » ; « je donnerai à cette association là les restes des médicaments qui peuvent resservir ».

Les raisons et motivations retrouvées à ce recyclage sont à visée économique, « pour ne pas gaspiller » ; « c’est une économie » et dans le but d’aider des pays défavorisés dans le cadre du recyclage humanitaire comme vu précédemment. L’autre raison est la toxicité environnementale, humaine et animale que pourrait avoir ces médicaments s’ils étaient jetés aux ordures.

Pour les foyers ne réalisant pas de recyclage, les causes évoquées, lors des entretiens, sont un refus des pharmacies de reprendre les médicaments, « une fois » ou « il y a longtemps », et qui, depuis, a été considéré comme acquis pour ces foyers.

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Les patients ont exprimé différents sentiments à propos de ce recyclage. Certains se sentent démunis (« on est démuni » ; « on n’a pas de grands moyens de participer ») et ont l’impression de ne pas pouvoir agir dans ce cadre-là.

2.8- L’automédication

Cette question a permis d’étudier dans quel cas les patients pratiquaient l’automédication.

Tous les foyers pratiquent l’automédication « en cas de douleurs », et utilisent soit le paracétamol (« Doliprane® » ; « Efferalgan® »), soit des « anti-inflammatoires » non stéroïdiens. Les autres symptômes sont : « le rhume », « la toux » avec utilisation d’antitussifs en « sirop » ; « la constipation » avec utilisation de laxatifs (« Dulcolax® »; « Movicol® ») ; « la diarrhée » et autres troubles digestifs avec utilisation d’anti diarrhéiques et pro biotiques ; ou encore des signes de « bronchite ».

Deux patients ont déclaré avoir déjà débuté des antibiotiques par eux-mêmes, à partir des restes d’un traitement précédent : « des fois, les antibiotiques, ça m’arrive d’en prendre quand il m’en reste » ; « il me restait des antibiotiques de la fois d’avant et en principe, il remet toujours les mêmes ». Les autres foyers préfèrent demander l’avis du médecin en règle générale en cas de symptômes.

Un foyer a fait une remarque sur les interactions médicamenteuses possibles : « j’ai pris des médicaments à base de plantes à la pharmacie, mais ça m’a complètement détraqué mon INR ».

2.9- Le ressenti sur les médicaments

Au cours de cet entretien, les patients ont évoqué plusieurs sentiments envers les médicaments, avec en tout premier lieu, le manque de confiance dans les médicaments («on n’a pas tellement confiance » ; « Je n’ai plus confiance avec tout ce qu’on voit. »). Ensuite, ils ont exprimé un refus des génériques («les génériques, je ne suis pas pour »), puis une certaine lassitude dans la prise des médicaments («il arrive un moment, les médicaments, on en a marre d’en prendre »).

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2.10- Le ressenti sur le gaspillage et le stockage

Au cours de cette étude, j’ai pu voir des patients conscients du gaspillage médicamenteux, et selon eux, le conditionnement actuel des médicaments accentue ce gaspillage et cela augmente le déficit de la Sécurité Sociale (« ça fait un trou à la sécurité sociale »). Ils se sentent « concernés » par le stockage et ont évoqué la redondance des médicaments pour les mêmes spécialités et pour une même maladie (« trop de sorte de médicaments »).

Paradoxalement à toutes mes constatations de stockage médicamenteux lors de l’analyse descriptive, plusieurs patients interrogés paraissaient ne pas avoir l’impression de stocker beaucoup de médicaments.

Certains patients ont proposé des solutions pour agir contre ce gaspillage :

- Organisation, par les pouvoirs publics, de campagnes de récupération des MNU (« s’il se présente une campagne de récupération des médicaments, on participera »)

- Délivrance du nombre exact de médicament selon la durée de prescription (« Il faudrait que les pharmaciens ne donnent que le nombre de cachés qu’il nous faut »)

- Utiliser des plus petits conditionnements ou plus adaptés à la prescription (« ils ne devraient pas en mettre autant dans la boite » ; « je préfèrerai qu’on ait des petits conditionnements »).

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