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Les reformes dans l’éducation nationale

CHAPITRE 3:   CONTEXTE KENYAN

3.2   Les reformes dans l’éducation nationale

C’est en 1844 au moment de l’établissement des écoles formelles

missionnaires, que les contenus ont été révisés en y ajoutant les

mathématiques et les enseignements techniques, mais à un niveau de

connaissance de base. Le gouvernement colonial n’y a guère participé qu’en

1901. Pour le bon développement de leurs exploitations agricoles, les colons

avaient besoin d’une main d’œuvre efficace et docile que le gouvernement

colonial s’est chargé de former dans les écoles de la colonie réservées aux

jeunes Africains. L’éducation, qui leur était alors dispensée par les

missionnaires se limitait, aux apprentissages de base (lire/écrire/compter).

La Réforme Frazer proposée par J. Nelson Frazer, en 1909, était la première

réforme en matière d’éducation de l’histoire du Kenya. Elle proposait

l’organisation de l’éducation en 3 groupes distincts, celle pour les Européens,

celle pour les Asiatiques et en dernièr, celle pour les Africains. Cette

instruction du niveau primaire n’avait au début, aucune influences religieuses,

et proposait d’autres matières comme la géographie, les mathématiques,

l’histoire, les sciences de la vie et également le swahili enseigné aux

Kenyans. La naissance du département de l’éducation en 1911 a introduit

l’aspect régulation et surveillance du niveau d’éducation dans la colonie. Avec

elles sont apparues les premières bourses offertes aux élèves les plus

méritant, ceux qui avaient obtenu des résultats exceptionnels dans les

matières techniques (Eshiwani, 1993)

Une deuxième réforme, « East Africa Protectorate Education Commission

Report », est proposée en 1919 (Bogonko 1994). Celle-ci encourage le

développement des écoles pour les Africains et l‘introduction d’écoles

publiques. Contrairement aux cours proposés pour les Européens et pour les

Asiatiques, il n’existait pas pour les Africains de programme scolaire et cela

dura jusque dans les années 1920. Les colons ne voulaient pas pour les

Africains, une éducation autre que des études techniques. Les missionnaires

de leur côté avaient comme unique objectif de convertir les païens. Les

Africains, eux, trouvaient l’éducation religieuse insuffisante et inopportune ; ils

revendiquaient les mêmes programmes d’enseignement que ceux des

Européens et des Asiatiques.

Les années 1930-1940 ont vu un vaste mouvement de création d’écoles

élémentaires pour les Africains, quelques-unes dirigées par les Africains

eux-mêmes. Ces écoles « indépendantes » sans financement de la colonie étaient

les « modèles » alternatifs d’éducation. Elles rejettaient le monopole des

missionnaires et la domination coloniale, mais elles retennaient l’anglais

comme langue d’enseignement au détriment des langues locales.

Après la Seconde Guerre mondiale, les premières associations nationalistes

du Kenya inscrivent le thème de l’école en tête de leurs revendications. La

Kenya African Union (KAU) voulait l’amélioration de l’éducation et demandait

l’introduction de l’école obligatoire et gratuite pour les Africains. La mise en

place d’un enseignement supérieur pour offrir l’égalité des chances à ceux

désirant poursuivre des études universitaires, jusqu’alors seulement possibles

en Angleterre.

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Leurs idées n’étaient ni votées au département de l’éducation ni même

discutées. En 1949 la réforme Beecher a été proposée et mise en place en

1952. Le rôle des inspecteurs de l’éducation est alors défini. Peu après avoir

été nommés, les inspecteurs vont visiter dans les écoles « africaines ». Ils

jugent les competences des élèves en dessous du niveau moyen de

croissance sans aucun contrôle. Il n’y avait pas de progrès, et les élèves

n’évoluaient plus jusqu’à la fin de leurs études primaires. Un tiers des élèves

du niveau 1 (Standard 1

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) atteignaient le niveau standard 4, et parmi eux

seulement 20 % atteignaient le niveau Standard 5. (Bogonko, 1992) Ajouté à

ces résultats catastrophiques, le coût de l’éducation pour les Africains était

très important. Les plus pauvres de cette société mixte, ayant en plus les

taxes gouvernementales à payer. Pour eux l’intérêt pour l’école était donc très

limité.

Agité par ces constats, le KAU s’est révolté et a déclaré l’état d’urgence et la

fermeture définitive de toutes les écoles indépendantes, à cause entre autre

de leurs alliances politiques. Après cette révolte, le premier Africain est élu

représentant à la chambre législative du gouvernement en mars 1957. Un

conseil de Kenyans contre le gouvernement se forme et on assiste à une

augmentation rapide du nombre « d’élites » africains. En 1960 ceux-ci se

présentent auprès de la reine d’Angleterre et des autorités britanniques en

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Les universités n’existaient pas à l’époque au Kenya. Il fallait suivre des études supérieures à l’étranger, le plus souvent en Angleterre, pour des facilités linguistiques.

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revandiquant l’égalité dans leur pays. Grâce à leur action, les Kenyans

obtiennent un gouvernement à la majorité en 1960 et l’indépendance en

1963.

Le gouvernement nouvellement élu doit alors gérer l’école d’une communauté

frustrée et marginalisée par l’environnement colonial qui à la rentrée 1964

accueille plus d’un million d’élèves. (Ominde, 1965). Une situation qui a

encore empiré à cause du manque de personnel qualifié et qui a du faire

appel aux expatriés. D’autre part en prenant le contrôle des écoles primaires,

tous les instituteurs deviennent fonctionnaires. Les communes doivent

prendre en charge le développement et les réparations des bâtiments et des

équipements scolaires. Les parents paient pour le matériel scolaire.

En 1973, les quatre premières années de l’école primaire deviennent

gratuites, et l’effet est immédiat : 49 % d’élèves en plus à la rentrée 1974.

Dans la réalité, la mise en place de l’école gratuite n’est pas évidente,

notamment à cause du manque de personnel, et de la nécessité de construire

de nouvelles classes. Pour la rentrée 1978, trois millions d’élèves sont prévus

par le ministère de l’Éducation (Gachathi, 1978). Malgré tout, en 1979, le

successeur du premier président (M. Daniel Moi) instaure la gratuité dans le

primaire. Au cours des années 1980, à cause de la mauvaise gestion, l’État

demande aux parents de financer l’éducation de leurs enfants. Le taux de

scolarisation a fortement baissé depuis. Sans règles strictes concernant les

frais de scolarité, certains directeurs d’école ont profité de cette situation pour

exploiter les parents dans une période où le Kenya connaissait une forte

augmentation du chômage. Les directeurs sont devenus de véritables

entrepreneurs de leur école, et certains faisaient payer des frais de scolarité

exorbitants aux parents.

La scolarisation primaire est prolongée de sept à huit ans en 1986 (Reforme

Kamunge). On demande aux parents de payer une année de frais de

scolarité de plus alors qu’ils ne peuvent déjà pas payer les 7 années. Le

résultat est bien évidemment, une forte chute du nombre d’enfants scolarisés

dans les quatre dernières années de l’enseignement primaire. Cette situation

continue à se détériorer pendant dix-sept ans ; le seul changement fut une

réduction du nombre de matières étudiées de neuf à cinq. (Kamunge, 1988)

La Réforme Koech proposé en 1999 (Koech, 1999) n’a jamais été mise en

place, car elle proposait des changements « trop coûteux » pour le

gouvernement, et « les problèmes de l’éducation de cette époque-là » n’ont

donc pas été résolus. Le gouvernement avait écarté l’idée de diminuer le

nombre de matières enseignée au primaire et au secondaire, mais l’a

finalement mise en place en 2002. La proposition d’introduire davantage

d’unités d’enseignement technique au niveau supérieur afin d’industrialiser

davantage l’économie en 10 ans, a été jugée inutile. Donc les métiers

artisanaux et techniques ont jusqu’à aujourd’hui moins de personnel non

seulement au niveau du travail et des industries, mais aussi dans les

institutions d’enseignement, avec moins d’enseignants et d’élèves

qu’auparavant.

3.3 Structure du Systeme Éducatif

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