• Aucun résultat trouvé

6.4 Les recommandations

6.4.1 Les recommandations pour la pratique

6.4.1.1 Une meilleure collaboration interprofessionnelle et intersectorielle

Selon les résultats de cette étude, il est important de considérer tous les milieux et partenaires qui gravitent autour de la personne malade et de son entourage.

Tout d’abord, la collaboration entre les équipes de soins palliatifs et de santé mentale est primordiale et a des effets bénéfiques dans plusieurs sphères d’intervention

et au niveau du fonctionnement global de la personne malade. Comme cette clientèle pose de nombreux défis complexes (double diagnostic, entourage peu présent, comportements difficiles), favoriser le travail interdisciplinaire comporte des avantages sur l’intervention. Pour améliorer cette collaboration, il serait important de permettre des temps de rencontres le plus régulièrement possible entre les intervenants des programmes concernés ce qui, à la lumière de nos résultats semble être plus ou moins possible vu l’organisation actuelle du travail par spécialités. Il s’agirait peut-être de revoir la collaboration interdisciplinaire au niveau des soins à domicile afin de permettre aux services de santé mentale d’être impliqués même lorsqu’il y a l’intervention des soins palliatifs.

En plus d’une plus grande collaboration interprofessionnelle, la collaboration doit également se manifester de manière intersectorielle. En effet, l’accroissement de tous les savoirs, la diversité des apports disciplinaires, le nombre, la diversité et la sévérité des formes de maladie comme les multiples façons d’y faire face, obligent à inventer une nouvelle orchestration. Mais comme l’indique Morin (2005), la plus grande innovation est sans doute celle de parvenir à mieux relier les apports et expertises disponibles (cité dans Gagnier et Roy, 2013). Comme nous l’avons vu, ce sont souvent les aspects organisationnels qui briment le travail interdisciplinaire soit par une limitation du temps alloué aux formations multidisciplinaires soit par la planification et l’intervention par problème. À cet égard, notre étude confirme également certains écrits scientifiques (Mitchell et al., 2012 cités dans Gagnier et Roy, 2013). Il faut aussi souligner le contexte de pénurie de main d’œuvre qui rend difficile

de libérer des intervenants pour des formations, surtout si elles sont relativement longues (plus de 4h).

Enfin, la collaboration devrait aussi être encouragée avec l’entourage de la personne malade. En effet, ce qui pourrait améliorer l’intervention des professionnels de la santé qui ne sont pas formés dans l’une ou l’autre des disciplines c’est d’avoir l’opportunité de collaborer avec l’entourage de cette personne malade. L’entourage est en mesure de donner des informations précises sur le comportement et l’état général de la personne malade. De plus, ces personnes apportent de l’aide de multiples façons et aident généralement les professionnels de la santé qui œuvrent auprès des personnes malades.

6.4.1.2 Une meilleure formation aux différentes pathologies et approches

La majorité des répondants de notre étude a exprimé un manque de formation pour intervenir auprès d’une clientèle CP+TMG. Comme décrit précédemment le manque de formation provient de facteurs organisationnels ainsi que du peu de formation disponible sur ce type de clientèle. Mais nous avons vu qu’il est également dû à un manque d’intérêt par rapport à l’une ou l’autre des clientèles. Il pourrait donc être intéressant que chaque domaine (travail social, sciences infirmières, ergothérapie, etc.) inclue dans la formation initiale de ses intervenants de l’information technique sur l’intervention en contexte de soins palliatifs et de santé mentale. Notamment, il serait pertinent de parler de la psycho-oncologie ou encore de la psychiatrie palliative. Il est évident que l’importance donnée à ces approches et questions ne peuvent pas être la

même dans tous les domaines. Cependant, des informations sur les façons efficaces d’intervenir auprès de ce type de clientèle amélioreraient sûrement l’intervention, mais également les connaissances et de ce fait, diminueraient les craintes et les préjugés. Pour mettre en place des conditions favorables à un désir de formation, Gusew et Berteau, (2012. P.31), stipule que:

- « Il apparaît important d’instaurer un contexte de travail structuré, stimulant et agréable ».

- « L’aménagement de la tâche, l’organisation du temps de travail et l’octroi de budgets doivent être adéquats».

- « L’encadrement est un aspect important et doit être assuré par des personnes convenablement formées qui font preuve d’ouverture, de flexibilité et de disponibilité ».

- « Il est souhaitable que les formations internes soient diversifiées et de préférence dispensées par des personnes formées dans la discipline des intervenants et provenant de l’extérieur de leur organisation ».

Ici, le mot diversifié est important. Effectivement, selon les résultats de notre étude, peu de formation est donnée concernant les soins palliatifs chez une clientèle en santé mentale. De ce fait, il serait important de considérer que des formations qui ne comprennent pas seulement leurs clientèles respectives ou leurs tâches respectives soient données à tous les professionnels de la santé autant en travail social qu’en soins infirmiers ou encore en ergothérapie.

Une meilleure formation devrait aussi s’attaquer aux préjugés qui, on l’a vus, n’épargnent pas les intervenants eux-mêmes. Ces préjugés peuvent être reliés tant aux soins palliatifs qu’au trouble mental grave. Effectivement, tel que décrit dans cette étude, l’aspect de la mort est un sujet dont l’être humain en général a de la difficulté à aborder donc, travailler avec une clientèle en soins palliatifs devient alors un enjeu

d’intervention lorsqu’un professionnel n’est pas formé. Et la santé mentale apporte également son lot de préjugés de la part de la société, mais également des professionnels de la santé. Dans cette étude, on comprend que les intervenants craignent que la personne soit agressive et elle est régulièrement vue comme moins apte à prendre des décisions. De ce fait, il serait important d’offrir régulièrement de la formation sur les troubles de santé mentale grave pour ainsi réduire les préjugés.