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2.3 Les facteurs qui nuisent à l’intervention des professionnels auprès des personnes ayant le

2.3.3 Les facteurs nuisibles qui concernent les intervenants

L’objectif du traitement palliatif auprès des personnes ayant un trouble mental est d’obtenir une diminution rapide, fiable et durable de la souffrance de la personne.

Lors de la prise en charge d’une personne ayant un CP+TMG, on peut constater qu’à la découverte de ce cancer, celui-ci est souvent plus avancé, car les symptômes du cancer et du trouble mental sont mélangés. En effet, les symptômes du cancer comme la confusion sont souvent mélangés avec les symptômes de confusion du TMG.

Comme il y a un grand manque de formations et d’outils, les équipes éprouvent régulièrement le sentiment de ne pas savoir faire une bonne intervention et de ne pas être assez formées donc, ces derniers vivent alors un sentiment de ne pas être en sécurité ou de ne pas se sentir efficace pour intervenir face à l’agressivité de certaines personnes atteintes d’un TMG (Dauchy et al., 2016; Durdux, 2010). Riquin et al. (2016) montrent également que les professionnels manquent de connaissances dans le domaine des soins palliatifs ou de la santé mentale. En effet, les professionnels de la santé étaient décrits dans cette étude comme incompétent à prendre en charge des personnes malades; tandis que les endroits pour accompagner les personnes étaient qualifiés d’inadéquats pour la clientèle ayant un CP+TMG. Dans cette même étude, on montre que les spécialistes des soins palliatifs et ceux de la santé mentale ont tendance à se rejeter mutuellement du fait de leur méconnaissance de l’autre champ de spécialisation. De plus, les professionnels de la santé mentale ont décrit que de réaliser des interventions auprès des personnes en soins palliatifs les mettent face à leur propre mort ce qui est angoissant et peut également nuire à leurs interventions. Il est tout aussi troublant d’apprendre dans cette étude que les personnes souffrant de TMG font peur aux membres du personnel des unités de soins palliatifs pour cause du peu de connaissance en santé mentale et que les personnes en phase terminale de cancer effraient pour leur part les

soignants des unités psychiatriques par manque de connaissance de la fin de vie. Cette peur semble en grande partie due à l’inconnu (Vernet, 2011). Souvent, l’équipe oncologique n’inclut le psychiatre qu’en dernier recours et lui confie le soin de soutenir la personne malade et d’aider à la compréhension de la maladie cancéreuse. Effectivement, Sottas et al., (2014), considèrent que le principal problème est le manque de collaboration entre les professionnels des domaines de l’oncologie (et plus spécifiquement des soins palliatifs) et de la psychiatrie. Les patients vivant avec un CP+TMG sont donc doublement marginalisés : ils se trouvent en marge des soins palliatifs à cause d’un TMG et en marge des services psychiatriques à cause de la fin de vie. Sottas et al. (2014) soulèvent ainsi que les personnes interrogées trouvent important que les soins palliatifs portent davantage attention aux TMG et pour ce faire, la solution proposée consiste à intégrer les savoirs psychiatriques dans l’équipe de soins.

L’information donnée au patient, la vérification de sa bonne compréhension et la recherche de son consentement aux soins sont des moments dans l’intervention qui sont reliés entre eux et qui peuvent être très complexes et problématiques lorsque la personne souffre d’un TMG (Reich et Bonneterre, 2013). Sur un plan éthique, la prise de décision thérapeutique découle de l’obtention d’un consentement éclairé qui est difficile à obtenir de la part des personnes atteintes d’un cancer ayant un TMG selon certaines études. Par exemple, une personne qui entre dans un délire n’a pas réellement conscience de la morbidité de ses troubles et par conséquent n’admet pas qu’elle puisse avoir besoin d’un traitement (Reich et Bonneterre, 2013). D’un autre point de vue, il

peut être admis que les troubles graves tels que la schizophrénie n’excluent pas l’aptitude à consentir à certains soins, et ce, même s’ils font l’objet d’un régime de protection (Roy-Desruisseaux et al., 2015). Les personnes qui souffrent de TMG font souvent l’objet de préjugés tant dans la population générale qu’au sein des équipes médicales (Roy-Desruisseaux et al., 2015). Avoir une comorbidité tel qu’un CP et un TMG peux constituer un plus grand obstacle à une bonne intégration des informations médicales et à une bonne adhésion aux soins oncologiques. Effectivement, il y a une prise de médicaments qui peut altérer la compréhension et le trouble mental peut également affecter la compréhension de la personne malade (Reich et Bonneterre, 2013). Le doute, la distance et la mise à l’épreuve illustrent bien les sensations vécues par les professionnels de la santé (Pélicier, 2007).

D’autres facteurs nuisibles ont été énumérés dans l’étude de Sottas et al., (2014), tels que la stigmatisation de la psychiatrie et le manque de connaissance de l’offre des services offerts faisant en sorte que les personnes malades recherchent l’aide trop tard. De plus, l’équipe de soins prétend trop souvent que les personnes malades ont un manque de discernement ce qui nuit fortement à l’intervention alors qu’en réalité, les moments où il n’y a pas de discernement sont en général de courte durée (Sottas et al., 2014). Comme il est difficile de différencier les symptômes du TMG de certains symptômes du cancer, il peut y avoir une mauvaise interprétation et ceci peut mener à une surdose de médicaments ou à de mauvais traitements (Cleeland et al., 1994; Nekilaichuk et al., 1999, cités dans Masel et al., 2014). Lorsque le TMG n’est pas pris en charge avec autant de priorité que le cancer, cela crée un impact négatif sur

le traitement du cancer car la personne malade a tendance à moins accepter les traitements (Masel et al., 2014).

L’intervention des professionnels peut être gênée par une mauvaise évaluation et une mauvaise compréhension de la maladie cancéreuse et du TMG. Le manque de formation, les préjugés, la stigmatisation, l’absence des psychiatres ainsi que les interprétations erronées des symptômes sont des facteurs qui nuisent à l’intervention des professionnels chez une clientèle ayant un CP+TMG. Il est alors pertinent de vérifier si les intervenants identifient eux aussi ces éléments comme des obstacles lorsqu’ils sont avec une personne ayant un CP+TMG.

2.3.4 Les facteurs nuisibles à l’intervention qui concernent l’organisation du travail