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Chapitre 4 Présentation des résultats

4.2 Les résultats ventilés par entreprise de presse

4.2.1 Les résultats quantitatifs chez Radio-Canada ICI Québec

Les données présentées pour Radio-Canada ne portent que sur les activités du bureau de Québec et ne sont pas représentatives des pratiques de l’entreprise en entier. En ce qui concerne les données quantitatives, le codage indique que Radio-Canada Québec utilise très peu d’indicateurs qui participent à la mise en place d’un piège à clic. En effet, pour une grande partie des indicateurs présentés, les données étaient négligeables (moins de 1% des articles) et aucune publication ne comptait plus de 2 indicateurs en même temps. Il faut noter que Radio-Canada Québec publie beaucoup moins quotidiennement sur leur page Facebook que ses concurrents (41 articles sur 3 jours contre 136 pour le Journal de Québec et 182 articles pour le Soleil).

4.2.1.1. Titres avec informations manquantes

Au sein du corpus des publications de Radio-Canada seulement deux articles comportaient des informations manquantes dans le titre ou dans le heading de la publication Facebook. Ceci représente 4.9% des articles étudiés par Radio-Canada Québec : la grande majorité des articles de Radio-Canada ICI Québec comportent des éléments d’information nécessaires dans le titre, voire la quasi-totalité des informations majeures présentes dans un article. Dans un exemple tiré du 23 avril 2019, le titre de l’article évoque un élément de suspense « Alexandre Savard renonce à la LCF et annonce sa retraite du football ». L’absence des raisons justifiant cette décision peut piquer la curiosité du lecteur et provoquer un clic. Or, dans le heading sur Facebook, l’information manquante est ajoutée par l’édimestre : « L’ailier rapproché du Rouge et Or était pourtant pratiquement assuré d’être repêché. Alexandre Savard évoque des raisons de santé pour expliquer sa décision ». Dans ce cas, le heading complète donc l’information manquante dans le titre.

La majorité des articles analysés (68%) fonctionnent selon ce modèle en combinant un titre évocateur, complété par un heading qui explique l’information essentielle de l’article. Il existe néanmoins une exception à cette manière de faire : il s’agit d’un article comportant

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une vidéo accompagnée par un titre relativement vague. Cette nouvelle a été publiée le 28 mai 2019, avec le titre « L’État du Lac Saint-Charles » est une vidéo tirée du Téléjournal 18h, qui est diffusé à travers la région. Le titre est vague et le heading accompagnant la publication ne donne pas dans ce cas-ci plus d’informations : « la qualité de l’eau de 57% des affluents est préoccupante ». Pour avoir l’information nécessaire, l’internaute doit donc cliquer et écouter la vidéo dans son entièreté. D’ailleurs, il est intéressant de noter que les réactions/partages/commentaires qui accompagnent les publications de Radio-Canada Québec sur Facebook sont moins importantes sur cet article que sur les autres nouvelles habituellement publiées par Radio-Canada ICI Québec. En effet, au moment de la collecte de l’article dans le corpus, soit en mai 2019, seulement 8 personnes avaient réagi à la nouvelle par le bouton j’aime, avec un seul commentaire et 4 partages. En comparaison, les articles du corpus pour Radio-Canada reçoivent en moyenne aux alentours de 15 à 20 réactions, une vingtaine de commentaires et un nombre de partages variant entre 10 et 90 selon la nouvelle.

4.2.1.2 Titres avec exagération

Aucun des articles du corpus de Radio-Canada ne comportait un titre ayant un élément d’exagération. En effet, comme mentionné précédemment, les titres et headings des articles de Radio-Canada ICI Québec sont très neutres et factuels, révélant la majorité de l’information dans la publication sur Facebook, sans exagérer ni omettre des informations présentes dans l’article.

4.2.1.3 Titres avec une syntaxe spécifique

De la même manière, aucun titre comportant une syntaxe associée au piège à clic20 ne se retrouve dans le corpus analysé. Les titres factuels et informatifs ne comportent pas d’éléments identifiés dans la littérature comme propices à la mise en place d’un piège à clic. De plus, certains headings (2%) comportent même des citations tirées de l’article, pour donner plus de contexte au lecteur. Dans un article tiré du 23 avril 2019, le titre se lit

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comme suit : « Inondations : Saint-Raymond se croise les doigts ». Le titre présente le sujet de l’article et le lieu, tandis que le heading explique la situation par une citation : « « La rivière Sainte-Anne demeure sous haute surveillance parce qu’elle est encore remplie de glace au centre-ville. On a toujours aussi un train de glace sur la rivière Sainte-Anne, environ sept kilomètres en amont, qui est immobilisé » explique le maire Daniel Dion ». Cette publication vise à présenter l’information de manière exhaustive et ne comporte pas une syntaxe qui viendrait directement interpeller le lecteur pour l’inciter à cliquer, comme par exemple l’utilisation de la formule « Cliquez ici pour tous les détails ».

4.2.1.4 Articles de type « soft news »

En ce qui concerne les indicateurs portant sur le contenu des articles, et notamment la promotion d’articles relevant de soft news, Radio-Canada Québec semble beaucoup plus enclin à y avoir recours que pour les autres critères étudiés. Évidemment, nous l’avons montré plus tôt, avoir un article de type soft news ne signifie pas que l’article sera considéré par la chercheure comme étant un piège à clic, celui-ci naissant d’une combinaison de facteurs concomitants. Dans le corpus analysé, 16 publications renvoyaient à des articles de type soft news, ce qui représente 39% des publications de la page Facebook de Radio-Canada Québec pour les trois journées évaluées.

Dans les articles répertoriés, les sujets promus étaient variés, mais portaient principalement sur les sports et les arts et spectacles. Quelques faits divers sont présentés, mais en nettement moins grande quantité que pour les autres entreprises. Par ailleurs, il est intéressant de noter qu’il ne semble pas exister de ratio fixe entre contenus « hard » et « soft » dans la publication des articles par Radio-Canada ICI Québec. En effet, le 23 avril 2019, 75% des articles publiés sur Facebook étaient de type hard news (les inondations d’avril 2019) alors que le 10 mai 2019, 70% des articles étaient de type soft.

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4.2.1.5 Articles comportant un élément audiovisuel sensationnaliste

Cet indicateur est plus nuancé, car quasiment toutes les publications Facebook comportent une image ou une photo d’illustration. Dans le cas de Radio-Canada, c’est surtout l’utilisation des vidéos qui est privilégiée, ce qui peut être vraisemblablement lié à l’expertise développée sur les autres plateformes de publication de l’entreprise publique : 12% des articles comportent des vidéos, ce qui peut inciter l’internaute à cliquer davantage (Pavlik, 2013). Or, il faut noter qu’il n’y avait pas d’utilisation de photographie sensationnaliste selon les critères définis plus tôt. Les images utilisées dans les publications Facebook sont les mêmes que sur le site Internet et suivent en ce sens les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada (Radio-Canada, s-d-).