L’entrevue avec le gestionnaire du Soleil

L’entrevue avec l’éditeur adjoint et le vice-président de l’information du Soleil a permis de comprendre certaines façons de faire de l’entreprise et sa stratégie sur les réseaux sociaux. En effet, tout comme Radio-Canada ICI Québec, Le Soleil ne s’est pas doté de quotas précis en termes de quantité d’articles à publier quotidiennement ou hebdomadairement sur sa page Facebook. La publication sur Facebook suit les besoins de l’actualité et la quantité de nouvelles publiées sur le site pour une journée donnée, explique l’interviewé, qui note que la fréquentation de la page en semaine est définitivement plus grande que durant les fins de semaine : « La semaine est plus populaire dans l’ensemble que la fin de semaine. Le lundi et le jeudi, ce sont les deux jours clés. Mais chaque plateforme est différente et a différentes utilisations. Le site Internet est très axé sur l’actualité, l’application mobile est plus axée sur le divertissement » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019). En ce qui concerne Facebook, « c’est le réseau social qui amène le plus de trafic. Presque toutes les nouvelles sont publiées sur Facebook » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019).

Comme l’indiquent les données quantitatives, ce sont les faits divers judiciaires et les nouvelles locales qui créent les plus forts taux de réaction chez les lecteurs selon l’éditeur adjoint : « il faut prioriser les sujets locaux et originaux, des sujets qui ne se retrouvent pas partout et qui sont susceptibles de créer des débats […] Plus ça touche la vie des gens, plus ça entraîne du trafic » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019).

Il est intéressant de souligner le rôle que l’entreprise éditrice du Soleil prête aux réseaux sociaux. En effet, selon l’entreprise, le rôle de Facebook se décline en trois parties :

Premièrement, Facebook est une source d’informations en soi. C’est un moyen de rejoindre des lecteurs, qui autrement ne serait pas nécessairement en contact avec les nouvelles. Aussi, c’est un lieu qui nous permet de prendre le pouls d’une certaine partie de la population. Les commentaires nous aident à avoir un

feedback et peut-être nous diriger vers d’autres pistes. Finalement, c’est un

moyen de contact avec les lecteurs, car beaucoup de personnes nous écrivent sur Facebook. Quelqu’un qui veut rejoindre Le Soleil va se servir de Facebook.

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C’est un point de contact clé et ça permet une interaction et des échanges/ suggestions (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019)

Facebook est donc une plateforme très utilisée par l’entreprise au sein de la stratégie de diffusion, contrairement à Radio-Canada, où c’était un outil secondaire pour agrémenter les publications.

Pour Monsieur Gestionnaire, Le Soleil, le choix de la photo est le premier élément de mise en page à considérer lors de la publication d’un article en ligne suivi par le choix du titre : « Le titre numérique est différent du titre papier. Sur le numérique, il faut attirer le lecteur et permettre au lecteur de retrouver dans le moteur de recherche. Il faut quand même être honnête et juste dans le titre, ne pas induire le lecteur dans l’erreur » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019). De plus, selon lui, les éléments audiovisuels aident à accrocher le lecteur : « les vidéos, les hyperliens, les photos supplémentaires dans l’article, tout ça à considérer aussi. » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019).

Contrairement à Radio-Canada ICI Québec, où les journalistes créent les titres qui seront ensuite utilisés pour toutes les plateformes numériques, Le Soleil modifie légèrement les titres du papier pour le numérique. En effet, « dans le numérique, c’est 8 à 10 mots maximum pour le titre. Il faut les mots-clés exacts pour le référencement sur Google » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019). Dans les journaux papier, les sujets sont séparés par sections et les lecteurs peuvent retrouver le type de nouvelles assez facilement. Or, ce n’est pas le cas pour Facebook. Dès lors, selon l’éditeur, il faut rester juste, honnête et précis : « Il faut équilibrer le tout, il faut accrocher et donner envie de lire l’article, tout en restant honnête. On gagne rien à mentir au lecteur ». (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019).

Selon l’éditeur adjoint il faut donc proscrire la livraison d’une nouvelle au lecteur sans lui donner toute l’information : « Je hais ça me faire miroiter quelque chose que le texte ne me donnera pas. On veut accrocher, mais pas titrer de façon qui crée un mensonge. Le titre doit être vrai et juste, mais si l’information essentielle est manquante, les gens se frustrent et

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quittent » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019). En effet, selon lui, à long terme, mentir et « piéger » devient très néfaste pour la marque. Du point de vue de la stratégie de son média, l’éditeur adjoint mentionne quelques éléments clés pour la mise en ligne des articles : « On a développé un outil à l’interne et notre priorité est le temps de lecture sur l’article. C’est une création à l’interne et on veut vraiment que les gens lisent nos articles. Les clics n’amènent pas de fidélité. La profondeur des sujets et leur originalité fidélisent le public. Les clics, c’est super bon à court terme, mais à long terme? Pas du tout » (Gestionnaire, Le Soleil, 9 septembre 2019). Il y a donc une priorisation de la rétention du public sur le site Internet, au lieu d’une simple captation de l’attention sur Facebook : on souhaite fidéliser le public sur le long terme.

Au Soleil, l’article ayant reçu la plus grande attention des internautes en 2018 est une chronique et non un reportage, un genre journalistique absent de l’offre de contenus de Radio-Canada. « Elle date de 2018, mais refait surface tous les six mois ». La chronique de Mylène Moisan porte sur la fatigue de Mme Sylvie, une enseignante qui travaillait jour et nuit pour ses étudiants, avec des classes toujours plus nombreuses chaque année, qui est décédée en raison de l’accumulation de stress et de fatigue. C’est une nouvelle qui vient certainement toucher les cordes émotionnelles des lecteurs et qui est, vraisemblablement, un sujet qui est toujours d’actualité aujourd’hui, compte tenu de la viralité de l’article à toutes les années. Toutefois, en 2017, c’est la couverture de l’attentat à la Mosquée de Québec qui avait suscité le plus de lectures.