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Les procédés interlinguistiques de la création lexicale

Chapitre II : Concepts de base en lexicologie et sémantique

5. Les procédés interlinguistiques de la création lexicale

La néologie est un processus de formation lexical, qui permet d’inventer de nouveaux mots ou expressions afin d’enrichir le lexique d’une langue donnée. Elle est définie par Mortureux comme « l’ensemble des procédés de formation de mots nouveaux ».31

La néologie contribue à l’évolution d’une langue soit par dérivation, composition, emprunt, ou par la création de nouvelles unités lexicales porteuses de sens. Les nouvelles unités crées sont, dans ce cas, appelés néologismes, ces dernières sont le produit de la néologie.

5.1.1. Typologie de la néologie

Les mots nouveaux, qui représentent la néologie relèvent de trois types : la néologie formelle, la néologie sémantique et la néologie par emprunt, comme l’affirme Marcellesi : « La production d’unités lexicales nouvelles, soit par apparition d’une forme nouvelle, soit par apparition d’un sens nouveau à partir d’un même signifiant »32

5.1.1.1. La néologie formelle

La néologie formelle, appelée également « néologie morphologique ou de forme » consiste à former de nouvelles unités, soit directement emprunter à une autre

31 Mortureux M-F., op.cit, p207.

32 Marcellesi Chr., Néologie et fonctions du langage, Persée [en-ligne], 1974, p 95.Disponible sur

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458726X_1974_num_8_36_2278, consulté le 29/03/2020.

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langue, comme "weekend" qui a passé directement de l'anglais vers le français, soit par des procédés de dérivation, de composition, ou par la siglaison qui est elle-même un sous-groupe d'un autre procédé. Selon Sablayrolles « ce sont des mots qui n’existaient jamais, sont obtenus par dérivation ou composition».33

5.1.1.2. La néologie sémantique

La néologie de sens signifie l’emploi d’un mot ou d’une expression préexistante dans un sens nouveau, à partir d’un même signifiant sans changer le sens. La spécificité de la néologie sémantique consiste dans la diversité du sens pour une même unité lexicale : « il s’agit de néologie quand un mot déjà existant dans une langue ajoute un autre sens».34

Exemple : le terme « virus» que l’on utilise en biologie, devient un terme plus fréquent dans le monde de l’informatique.

5.2. L’emprunt

L’emprunt est l’un des résultats du contact entre les langues et les cultures, il représente un mot ou une expression empruntée à une autre langue par un locuteur ou une communauté, mais sans les traduire. Selon Jean Dubois :

« Il y a emprunt linguistique quand un parler « A » utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler « B» et que « A» ne possédait pas ; l’unité ou les traits empruntés sont eux-mêmes appelés emprunts »35.

L’emprunt est un procédé par lequel les locuteurs d’une langue adoptent intégralement ou partiellement une unité ou un trait linguistique (lexical, sémantique, phonologique…) d’une autre langue, tout en empruntant généralement à la fois la forme et le sens.

La typologie de l’emprunt présente les catégories d’emprunt selon les composantes de la langue qui sont touchées : emprunt lexical, emprunt sémantique.

5.2.1. L’emprunt lexical

Le terme emprunt lexical désigne la manière dont une langue intègre une unité lexicale étrangère dans son lexique, afin de l’enrichir. Ce phénomène n’est pas récent :

33 Sablayrolles Jean-François., La néologie en français contemporain, Paris, Champion, 2000, p 45.

34 Sablayrolles J-F., ibid, p 150.

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les langues ont toujours emprunté les unes aux autres des termes qu’elles se sont appropriés ou qu’elles ont fini par abandonner. En effet, ce procédé consiste, pour une langue à adopter dans son lexique un terme d’une autre langue.

Exemple : les mots comme, football et crossman (de l’anglais), fatwa, magasin (de l’arabe) sont des emprunts ajoutés au lexique français.

5.2.2. L’emprunt sémantique

L’emprunt sémantique est un emprunt de sens, il se réalise quand le sens d’un mot d’une langue est ajouté à un sens d’un mot d’une autre langue.

Exemple : en anglais to réalise ⁄réaliser (effectuer « constater la réalité»).

5.3. Le calque

Le calque est une forme d’emprunt d’une langue à une autre, consistant à intégrer un mot (simple ou composé) ou une expression étrangère, mais en les traduisant littéralement. Marie-Louise Moreau affirme que : « le calque est une forme linguistique causée par une interférence en situation de contact des langues »36.

5.3.1. Calque sémantique

Le calque sémantique consiste à emprunter un sens nouveau pour un signifiant préexistant.

Exemple : ready-to-wear/ prêt-à-porter.

5.3.2. Calque formel

Le calque formel est un mot ou une expression empruntée à une autre langue par exemple gratte-ciel vient de sky-scraper, on peut l’appeler aussi calque morphologique ou littéral.

5.4. Le xénisme

C’est une sorte d’emprunt lexical qui consiste à emprunter un mot ou une expression à une autre langue tel quel sans le traduire. Jean Dubois souligne que le xénisme : « est une unité lexicale constituée par un mot d’une langue étrangère et désignant une réalité propre à la culture des locuteurs de cette langue »37. Ainsi il est

36 Moreau M-L., La sociolinguistique, concepts de base, Ed. MARDAGA, 1997, p 64.

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considéré comme étant le premier stade de l’emprunt qui correspond à une réalité étrangère n’ayant pas d’équivalent en français.

Exemple : Chabeb qui veut dire la jeunesse.

5.5. Le pérégrinisme

Le périgrinisme est un procédé dont il s’agit d’un élément linguistique emprunté dans une langue étrangère sans être intégré dans le dictionnaire de cette langue, comme l’affirme L. Deroy : « en réalité, le pérégrinisme appartient surtout aux langues spéciales et il ne devient un emprunt proprement dit que s'il est employé non plus occasionnellement, mais couramment dans la langue commune »38.

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