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Les politiques urbaines menées depuis 1962

Dans le document La Gouvernance urbaine (Page 104-108)

II- Le développement durable : Une approche stratégique

1- Les politiques urbaines menées depuis 1962

TROISIEME PARTIE

LE DIAGNOSTIC

CHAPITRE 6

Situation de la gouvernance urbaine en Algérie

Introduction

L'expérience algérienne dans le domaine de la gestion des villes dans les trois décennies précédentes affiche un échec. Tout le monde converge vers ce constat malheureux ; les conséquences en sont désastreuses dans tous les domaines .Les principales raisons qui ont conduit à cet échec sont l'absence de stratégies ou de politiques donnant la priorité au développement de la ville.

1- Les politiques urbaines menées depuis 1962

1-1 Depuis la charte d'Alger de 1964 :les choix politiques de l'état relatifs au

développement ont toujours reposé sur une sectorisation accrue reposant sur l'action par anticipation .L'absence des instruments de la territorialisation du processus de développement à grande échelle (national ou régional ) a davantage consolidé le schéma colonial caractérisé par un profond déséquilibre spatial entre le nord et le sud du pays engendrant une armature urbaine nationale non équilibrée où dominent 3 ou 4 villes mères aujourd'hui appelées a être métropoles autours desquelles gravitent quelques moyennes ou petites villes .

Ces grandes villes ont été le théâtre d'un exode rural massif des populations de campagne déshéritée à la recherche de la modernité, des atouts et des services qu'offre la grande ville tels que le logement, l'enseignement et l'éducation, le travail l'accès facile aux soins et autres avantages divers. Ceci a généré une croissance démographique urbaine très importante, une urbanisation précipitée un étalement urbain sans maîtrise, une forte crise de logement qu'on arrive pas à assainir à ce jour, une dévalorisation du foncier, la détérioration de la qualité de vie, la clochardisation des villes et des cités d'habitat, et la prolifération des bidonvilles dans les poches interstitielles.

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-1-2 Les deux décennies 80 et 90 : Marquées par le passage tâtonné d'une

conjoncture socialiste à une conjoncture capitaliste et le passage hâtif et brutal au pluralisme politique, donc une grande période de rupture et un processus de régression et de précarité socio-urbaine dues au désengagement de l'état et l'installation de l'informel.

Sur le plan législatif, la nouvelle constitution a entraîné une série de textes devant propulser le pays dans la période libérale. La reconnaissance de la propriété privée par la constitution est réitérée par la loi d’orientation foncière LOF de 1990, les nouveaux instruments d’urbanisme PDAU et POS sont introduits par loi 90-29 relative à l’aménagement et à l’urbanisme ainsi que les nouveaux codes de la commune et de la wilaya qui redonnent à chaque collectivité son rôle dans le nouveau paysage socio- politique. Le changement radical qu’introduit la LOF est la libéralisation du foncier urbain après un monopole des APC instauré par la loi des réserves foncières communales de 1974. Ainsi les PDAU et les POS introduits par la loi relative à l’urbanisme viennent remplacer les PUD et sont censés réunir les différents acteurs de l’aménagement des villes dans le sens de la concertation (loi 90-29, article 15) La législation stipule que le PDAU couvre le territoire d’une commune et le projet est établi à l’initiative et sous la responsabilité du président de l’assemblée populaire communale.

Les codes de la commune et de la wilaya (les deux collectivités territoriales de l’Algérie) promulgués en avril 1990, tout en précisant les rôles de chacune, attribuent des prérogatives en matière d’urbanisme, d’infrastructures et d’équipement à la commune (articles 90 à 96) et non à la wilaya. Les articles sus- cités précisent que « la commune doit se doter de tous les instruments d’urbanisme prévus par les lois et règlements en vigueur » (article 90) et qu’elle doit veiller au « respect des affectations des sols et des règles de leur utilisation » et « au contrôle permanent de la conformité des opérations » (article 91). En outre, la loi 90-29 en son article 15, tout en incitant à faire participer « les associations locales d’usagers, les chambres de commerce et d’agriculture et les organisations professionnelles » à l’élaboration des PDAU et POS, permet en son article 74 à « toute association légalement constituée qui se propose par ses statuts d’agir pour l’aménagement du cadre de vie et pour la protection de l’environnement » de se porter partie civile en ce qui concerne les infractions aux dispositions de la législation en vigueur en matière d’aménagement et d’urbanisme. La commune est aussi le cadre d’expression de la démocratie locale. Elle est l’assise de la décentralisation et le lieu de participation du citoyen à la gestion des affaires publiques

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-(article 84). PDAU et POS sont les instruments visant à organiser la production du sol urbanisable ainsi que la formation et la transformation du bâti, ils s’imposent aux gouvernants et aux citoyens et sont leurs références communes. Ils ne peuvent être efficaces et légitimes que s’ils sont connus et connaissables par tous et élaborés d’une manière relativement démocratique. Alors que le PDAU crée les droits à aménager et à bâtir, le POS les précise.

La législation confère un rôle majeur à la commune et à la société civile par le biais des associations dans l’élaboration et l’application de ces instruments et donc dans l’aménagement et la gestion de la ville.

2-Conséquences de cette politique sur la ville algérienne

La démarche de l'état ou sa vision en terme de planification et d'aménagement étaient très restrictives ;il s'agissait d'une gestion au coup par coup sans une vision globale de la crise que traverse les villes . Le foncier dévalorisé ,les terres agricoles saccagées , l'usage ou l'occupation du sol n'obéissant pas aux normes et règlements d'urbanisme ,mobilité incontrôlée ,un habitat toutes typologies confondues sans valeur architecturale ni urbanistique, une qualité de vie qui va de mal en mal ,un citoyen fatigué ,dégoûté anxieux d'un avenir incertain , vivant dans un environnement pollué ,et à toute cette situation morose ,s'est ajoutée une autre crise plus douloureuse ,celle d'un terrorisme aveugle qui n'a fait qu'amplifier et multiplier la crise .

Les conséquences ont été désastreuses sur le développement des villes et leur fonctionnement, entraînant :

- Une croissance de la population urbaine générée par l'exode des populations fuyant massivement le monde rural vers les villes pour échapper aux actes terroristes qui sévissaient dans leur région.

-Une cohabitation de deux modèles d'urbanisation, l'un volontaire légal et réglementaire respectant plus ou moins les plans d'urbanisme avec quelques fraudes et infractions, l'autre spontané ou informel évoluant en parallèle sous l'impulsion du décalage entre l'offre et la demande et sous l'oeil bienveillant de l'état incapable de mettre fin à cette situation parce qu'incapable aussi de trouver une solution.

-Naissance du phénomène de ville en dehors de la ville qu'on retrouve particulièrement au niveau des trois métropoles, à leur tête Alger avec un étalement sans cesse croissant et la consommation des sites urbanisables et non urbanisables .

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-- Une forte mobilité due à l'étalement urbain exigeant un transport urbain très important des périphéries vers les centres plus ou moins attrayants, donc des déplacements quotidiens difficiles a gérer et un marasme général du au grandes distances payés au prix fort du temps ,du coût financier et de l'effort physique et moral des citoyens automobilistes ou piétons.

-Une consommation abusive de l'espace agricole.

-Banalisation de la valeur économique du foncier, chose qui a affecté l'usage et l'aménagement du sol et induit une précarité urbaine.

-Dégradation du cadre de vie à l'échelle du quartier favorisant l'apparition des maux

sociaux et surtout l'insécurité urbaine , une alimentation en eau potable insuffisante, une gestion des déchets inefficace et les effets cumulatifs de tous ces facteurs sur la santé des populations.

-Absence de vie de quartier ou de vie associative, l’affaiblissement du lien social, l’accroissement de la pauvreté la plupart des quartiers se trouvent aujourd'hui dépourvus de convivialité faute d'équipements de loisirs, de détente qui puissent motiver les habitants a se rencontrer et créer une vie de communauté.

-Usure continue de l'environnement urbain par plusieurs facteurs tels que le taux de motorisation accru du à la forte mobilité, apparition d'activités salubres et nuisibles dans les quartiers d'habitat et la mauvaise gestion des déchets.

Les changements climatiques qui se profilent risquent également d’aggraver la situation environnementale de l’Algérie si des mesures d’adaptation ne sont pas prises rapidement.

-Déstabilisation du monde rural du aux conditions politiques des années 90, en effet la campagne algérienne s'est vue dépeuplée ;elle est devenue répulsive pour sa propre population fuyant le terrorisme aveugle vers les grandes villes qui ont évidemment payé ce lourd tribu avec l'émergence de la crise sécuritaire .

Tous ces facteurs cumulés ont contribué a faire de la ville algérienne un amas de problèmes et un théâtre pour les conflits urbains de toutes sortes , sociaux, culturels, économiques au moment où dans le monde développé la ville est un élément clé de compétitivité et de régulation.

"Les PDAU et les plans d’occupation du sol POS sont réduits à de simples plans d’intentions générales qui codifient le « droit à construire » et qui sont restés à l’échelle du nombre d’étages autorisés et du nombre de planchers alors que des villes comme Alger, Oran ou Constantine et autres cités héritées de la période coloniale ont des règles

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-d’architecture et d’intégration urbaine où il faut produire ce que nous appelons en langage anglo-saxon de « l’urban design »".1

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