1.3 Structures sandwichs viscoélastiques pour l’amortissement passif
1.3.1 Les modèles cinématiques pour les structures sandwichs
Historiquement, l’analyse des vibrations aurait ses débuts avec Galileo Galilei
(1564-1642), qui aurait résolu par des moyens géométriques, la dépendance de la fréquence
naturelle d’un pendule simple de sa longueur en 1638. Mais la fondation pour un
traite-ment plus précis de la vibration des systèmes continus a été posée par Hooke quand il a
établi la loi fondamentale de l’élasticité, par Newton quand il a établi le principe
fonda-mental de la dynamique et par Liebniz quand il a établi le calcul différentiel. Comme nous
pouvons le constater, l’étude des phénomènes vibratoires a attiré bon nombre d’auteurs
depuis le XVI siècle et chacun y a mis de sa contribution. Toutefois, la vibration des
coques a débuté avec les travaux de Sophie Germain [17] qui a donné une forme presque
correcte de l’équation de la plaque mais n’a pas pu définir les matrices de rigidité et de
masse en flexion ni la forme correcte des conditions aux limites. Elle posa l’hypothèse selon
laquelle, la déformation dans le plan de la surface médiane d’une coque est négligeable.
Malgré la brillance de son approche, les erreurs contenues dans ces équations expliquent
pourquoi son nom n’est pas attribué aujourd’hui à l’équation des coques. Des corrections
et contributions ont été alors faites par des auteurs aux travaux de Germaine. En 1829,
Poisson propose une forme correcte pour la matrice de rigidité [18]. La forme correcte
des conditions aux limites n’a pu être trouvée qu’en 1850 par Kirchhoff [19]. S’appuyant
sur les travaux de Aron [20] qui a réduit à cinq les équations de vibration des plaques à
partir des travaux de Germaine, Love propose une équation simplifiée étendue à l’étude
de vibration des poutres et plaques en 1888 [21]. Quelques années plutôt, et en 1882, Lord
Rayleigh [22] proposa des variantes de simplification en considérant la surface médiane de
la coque comme extensionnelle ou non extensionnelle. La théorie générale de Love est une
forme simplifiée particulière des variantes proposées par Rayleigh. Les équations de Love,
introduisent le développement de base de la théorie des vibrations des structures continues
qui ont une épaisseur négligeable devant n’importe quelle autre longueur de la structure.
Les bases de la théorie des vibrations étant ainsi lancées, divers schémas cinématiques ont
été proposés au fil du temps pour modéliser des structures multicouches ou sandwichs
vis-coélastiques. Ces modèles peuvent être regroupés en deux grandes catégories : l’approche
monocouche équivalente [23] et l’approche par couche.
Concernant les sandwichs viscoélastiques, seule l’approche par couche est adapté car
elle tient compte du cisaillement important dans les couches viscoélastiques. Pour cette
approche, la structure multicouche est constituée d’un ensemble de sous-structure où
chaque structure représente une couche de la structure. On applique à chaque
sous-structure ou couche l’une des théories de l’approche monocouche équivalente. L’objectif de
cette approche est de bien décrire les effets d’interface entre les couches et les contraintes
hors plan. Le modèle dit zig-zag est le plus utilisé dans l’approche par couche. On distingue
globalement deux types de modélisation zig-zag : modèles zig-zag couches discrètes et
modèles zig-zag monocouches. Lorsque la continuité des contraintes de cisaillement est
assurées aux interfaces des couches, on parle de zig-zag du type "IC-ZZT" et dans le cas
contraire de zig-zag du type "ID-ZZT". Du point de vue de l’approximation utilisée pour
le champ de déplacement, on peut parler de zig-zag linéaire et zig-zag non-linéaire ou
d’ordre supérieur (figure 1.3).
1.3 Structures sandwichs viscoélastiques pour l’amortissement passif
1.3.1.1 Modèles zig-zag par couches discrètes
Les modèles zig-zag par couches discrètes consistent à représenter la structure
multi-couche par un ensemble de plaques couplées par des efforts d’interface. Les conditions de
continuité aux interfaces sont également assurées. Les équations sont alors écrites pour
chaque couche et par conséquent le nombre d’inconnues dépend du nombre de couches
de la structure. Pour modéliser des structures sandwichs viscoélastiques dont rappelons
le, la couche viscoélastique se déforme fortement en cisaillement, des auteurs ont
pro-posé d’appliquer le modèle classique de Love-Kirchhoff [24] aux couches rigides et un
modèle enrichi d’ordre supérieur pour la couche viscoélastique. Ainsi lorsqu’on considère
une plaque sandwich symétrique trois couches et qu’on impose le repère orthonormé de
référence (x, y, z), tel que le plan (x, y) coïncide avec le plan médian de la couche
cen-trale de la structure et côté à z = 0, le champ de déplacement peut s’écrire de manière
générale :
U
1(x, y, z, t) =u
1(x, y, t)−
z− h
c+h
f2
∂w(x, y, t)
∂x
h
c2 < z <
h
2
U
2(x, y, z, t) =u
2(x, y, t)−z∂w(x, y, t)
∂x +
nX
j=1f
j(z)β
xj(x, y, t) −h
c2 < z <
h
c2
U
3(x, y, z, t) =u
3(x, y, t)−
z+ h
c+h
f2
∂w(x, y, t)
∂x −h
2 < z <−h
c2
(1.17)
oùU
k, k= 1,2,3est le déplacement longitudinal de la couchekdu sandwich (les couches
sont numérotés de haut en bas) ; u
k, k = 1,2,3 le déplacement longitudinal du plan
médian de la couche k; h
cet h
fles épaisseurs respectives de la couche centrale (cœur
ou âme) et des faces, h l’épaisseur totale de la structure ; β
xjles rotations additionnelles
par rapport à l’axe (x). Le déplacement longitudinal dans la direction (y) s’exprime de
la même manière en remplaçant les U, u par V, v et les rotations additionnelles β
xjpar β
yjrelatives à l’axe (y). Les fonctions f
j(z) diffèrent selon les auteurs et suivant
l’approximation désirée. Ainsi
— pour n = 1, f
1(z) = z, on a le modèle de Rao [25]
— pour n = 1, f
1(z) = z− 4z
3
3h
2c
, on a le modèle de Reddy [26]
— pour n = 2, f
1(z) = z,f
2(z) =z
3, on a un modèle mixte.
Pour une structure sandwich viscoélastique mince trois couches, il a été prouvé par Hu
et al. [23] que le modèle zig-zag linéaire de Rao [25] est performant dans les conditions
h
c/h
f≤ 10 et E
c/E
f≤ 0.01 avec E
cet E
fles modules de Young respectifs du cœur et
des faces et h
c,h
fleurs épaisseurs respectives.
1.3.1.2 Modèles zig-zag monocouches
Il existe des approches intermédiaires pour traiter les structures sandwichs. L’une de
ces approches intermédiaires est de traiter la structure comme étant une seule couche en
modèle non zig-zag en ajoutant au champ de déplacement une fonction dite "fonction
zig-zag" [27]. Carrera [28] et Brischetto et al. [29] ont démontré l’intérêt et la
simpli-cité d’implémentation de cette méthode qui permet non seulement d’introduire les effets
zig-zag mais également de réduire le nombre des variables, pour l’étude des structures
multicouches.
Des comparaisons des résultats d’analyses tridimensionnelles à celles bidimensionnelles
ont prouvé qu’il est important d’assurer les conditions de continuité pour les déplacements
et les contraintes transversales aux interfaces entre deux couches adjacentes pour une
structure multicouche surtout quant cette dernière est épaisse pour une analyse plus
pré-cise [30,31,32,33]. Ces conditions de continuité dénommées "C
0z
-requirements" par
Car-rera [34] sont introduites par cet auteur avec succès dans plusieurs travaux de modélisation
de problème de vibration pour divers modèles de schémas cinématiques [35, 36,37, 38].
Ganapathi et Makhecha [39] sont allés plus loin en développant un modèle basé sur
l’approche monocouche mais en considérant une approximation par un polynôme
quadra-tique du déplacement transversal dans l’épaisseur de la structure et un développement à
l’ordre trois pour les déplacements dans le plan. Dans ce modèle, ils ont introduit
égale-1.3 Structures sandwichs viscoélastiques pour l’amortissement passif
ment la fonction zig-zag de Murakami [27] pour satisfaire les conditions de continuité "C
z0-requirements". L’expression de leur champ de déplacement s’écrit :
U(x, y, z, t) = u(x, y, t) +
3X
j=1z
ju
j(x, y, t) + 2(−1)
kz
kh
ku
4(x, y, t)
V(x, y, z, t) =v(x, y, t) +
3X
j=1z
jv
j(x, y, t) + 2(−1)
kz
kh
kv
4(x, y, t)
W(x, y, z, t) =w(x, y, t) +
2X
j=1z
jw
j(x, y, t) + 2(−1)
kz
kh
kw
3(x, y, t)
(1.18)
où k est l’indice des couches et varie de 1 à N (nombre total de couches), h
kdésigne
l’épaisseur de la couche d’indice k,z
kla côte du plan moyen de la couche d’indice k.
L’avantage principal du champ de déplacement des modèles zig-zag réside dans la
bonne approximation de la distorsion de la normale de la surface déformée, ainsi que
dans le respect des conditions de continuité. L’utilisation des coefficients de correction
dans le cas de la théorie de déformation de cisaillement constante ou de premier ordre
est ainsi évitée. Rappelons toutefois que Di Sciuva [40, 41, 42] fut le premier à proposer
le modèle zig-zag de premier ordre. Dans son modèle, les déplacements membranaires
sont les résultats de la superposition du champ de déplacement global d’une théorie du
premier ordre et d’une fonction zig-zag. Les avantages de ce modèle ont inspiré d’autres
auteurs qui ont développé d’autres théories comme celles de Rao [25] et Reddy [26] pour
les sandwichs viscoélastiques. Si l’approche par couche permet l’obtention de résultats
plus précis en ce qui concerne le calcul des contraintes hors plan, elle est relativement
coûteuse puisque son nombre de variables dépend du nombre de couches de la structure.
La plupart du temps l’écriture des équations de continuité permet de réduire les variables
dans ces modèles.
Au vue de cette étude cinématique, il est clair que le modèle zig-zag permet une bonne
approximation des champs de déplacement pour les structures sandwichs viscoélastiques.
Dans toute analyse de problème de vibration, il est également important de définir le
moyen de résolution du problème.
Dans le document
Modélisation et conception de structures composites viscoélastiques à haut pouvoir amortissant
(Page 39-44)