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Les méthodes d’évaluation économique généralistes

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en santé-environnement

2.2 La recherche d’une méthode d’évaluation économique adaptée au domaine de la santé environnementale

2.2.2 Les méthodes d’évaluation économique généralistes

Plusieurs approches méthodologiques appliquées aux domaines de l’environnement et des transports permettent d’estimer les coûts et les bénéfices des interventions nécessaires à la prévention des risques et de les intégrer dans des processus de décision. Les principales institutions internationales, comme l’OMS et l’OCDE, et les services ministériels ou les agences spécialisées de nombreux pays développés (Royaume Uni, États-Unis d’Amérique, Canada, Australie, …) ont écrit des guides méthodologiques sur ces différentes méthodes en les adaptant à l’impact des dégradations de l’environnement sur la santé [82], [105, 106], [107–110]. Nous allons présenter d’abord les principales méthodes et ensuite celles qui sont généralement utilisées dans le domaine de la santé, et plutôt adaptées au domaine de la santé environnementale.

2.2.2.1 La méthode des préférences révélées

Il s’agit d’une méthode d’évaluation indirecte fondée sur l’information disponible des marchés, en d’autres termes, les comportements observés des agents servent de base à l’évaluation du surplus. Elle procède à une quantification monétaire des impacts immatériels des politiques sur le bien-être de la population. Il est à noter que la valeur attachée par la population à ces impacts ne peut être simplement déterminée grâce aux informations fournies par les marchés concernant, par exemple, le niveau des prix ou celui de la demande [83] dans le cas de l’amélioration de la qualité de l’air dans un quartier donné, par exemple. Cette évaluation peut prendre plusieurs formes décrites ici succinctement. La méthode des prix hédonistes [111] de façon simplifiée, s’appuie sur l’idée que la valeur accordée à un bien public désirable ou non (par exemple la pollution) est une composante ou une caractéristique de la valeur marchande observable d’autres biens, par exemple, le prix du logement dans un



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quartier. L’approche des dépenses de protection fait référence au fait que les individus peuvent engager des actions pour se protéger des effets d’une dégradation de l’environnement, ce qui génère des dépenses de prévention ou de protection parfois non négligeables. Celles-ci peuvent être considérées comme un bénéfice minimal associé à une amélioration de l’environnement [82]. L’approche des coûts de transport ou de déplacement, s’applique aux biens ayant une valeur dite récréative rappelée supra. Pour avoir accès à ce type de bien, l’agent économique est supposé consommer des biens complémentaires à cet usage, comme se déplacer. La valeur de ce dernier permet d’approcher la valeur du bien environnemental [112]. Enfin, la méthode du coût de maladie, ou ‘cost of illness, en anglais’ entre aussi dans ce type d’évaluation des préférences révélées. Elle consiste à estimer l’ensemble des dépenses associées à la survenue et à la prise en charge des maladies causées, dans le cas choisi, par une dégradation de l’environnement, ou qui pourraient être évitées par une amélioration de celui-ci. Le coût total de la maladie inclut les coûts directs de santé, les coûts indirects et intangibles définis précédemment. Cette méthode fournit généralement une borne inférieure de la valeur des dommages sanitaires [95], puisque qu’elle ne se base pas sur les comportements des agents mais sur des coûts estimés à partir des données disponibles. Hormis cette dernière, l’application des méthodes d’évaluation indirecte reste plutôt limitée en santé environnementale, en comparaison des méthodes directes présentées dans ce qui suit.

2.2.2.2 La méthode des préférences déclarées ou l’évaluation contingente (EC)

L'objectif de cette méthode est de traduire les variations de bien-être des individus en une mesure monétaire en réalisant une enquête ou un questionnaire auprès d’un panel de personnes concernées par cette variation de bien-être [95]. Cette approche permet d’estimer un CAP maximal ou à un CAR minimal pour bénéficier de certaines variations de l’offre de biens non marchands, ce qui correspond dans le domaine sanitaire à une variation donnée du risque de morbidité ou de mortalité. Le montant du CAP est alors déterminé, sur la base des réponses aux questionnaires et il présente une corrélation systématique avec les préférences sous-jacentes des personnes interrogées [82]. Cette technique est donc particulièrement utile pour connaître les impacts sur les biens non marchands. Dans le domaine de l’environnement où ces évaluations contingentes se sont beaucoup développées depuis le début des années



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1990, elles se traduisent par la présentation aux personnes interrogées de scénarios hypothétiques faisant référence à la différence entre la situation actuelle et la situation atteinte si une modification de la qualité de l’environnement, par exemple, était réalisée via un programme ou des interventions précises. Outre leur facilité de mise en œuvre, elles peuvent être utilisées pour les valeurs de non usage et d’option, décrites supra, cette dernière pouvant être évaluée en intégrant l’incertitude. Ces méthodes d’évaluation ont été appliquées progressivement aux domaines de la santé et de la santé-environnement, où le CAP peut être évalué pour éviter la souffrance liée à l’asthme ou à une infection respiratoire, dont la relation serait établie avec les effets de la pollution par exemple. Cette approche, comme nous le verrons dans la discussion générale de ce travail peut venir en complément de l’estimation du coût de la maladie. Bien sûr, la réalisation de ce type d’évaluation comporte des exigences importantes notamment pour la conception et la mise en œuvre des enquêtes, que nous ne pouvons pas aborder dans le cadre de cette présentation mais qui sont bien analysées par Pearce et al (2006) [82].

2.2.3 Le choix d’une méthode d’évaluation économique adaptée au domaine de la

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