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Les ligneux comme complément alimentaire des fourrages herbacées

Dans le document UNIVERSITE DE LIEGE Faculté des Sciences (Page 125-128)

3.2 Méthode d’évaluation et de spatialisation des biomasses fourragères .1 Evaluation de la biomasse .1 Evaluation de la biomasse

3.4.4 Les ligneux comme complément alimentaire des fourrages herbacées

La répartition des effectifs de ligneux et leur production foliaire est influencée par l‘occupation des sols, la texture et le contenu en eau des sols (Hiernaux, 1980; Breman et de Ridder, 1993; Seghieri et Simier, 2002; Hiernaux et Le Houerou, 2006). Les couverts végétaux évalués dans le Fakara sont inférieurs aux prévisions de calculs du modèle de Breman et al.(1993). Les différences observées dans le couvert des arbres et des arbustes des trois terroirs seraient en partie liées à l‘accroissement des défrichement agricoles, des besoins en bois de chauffe et surtout aux modes de gestion des systèmes cultures-jachères (Achard,

104 Konieczka et al., 1996). Les besoins en bois devraient s‘amplifier, dans cette région de part la sédentarisation des populations et une tendance à la nucléarisation des familles selon Ozer (2004), et surtout avec la proximité du marché urbain. Cette situation génère des consommations moyennes de bois estimées à 0.5 kilogramme de bois par personne et par jour pour des familles de 20 personnes et de 2 kilogrammes par jour pour des familles de moins de 5 personnes.

La production foliaire moyenne exprimée en matière sèche est du même ordre que celle des herbacées dans les pâturages mais inférieure dans les cultures et les jachères où la densité de la population ligneuse est plus élevée. Les ligneux du Fakara, comme dans la plupart des zones sahéliennes, sont composés essentiellement d‘arbustes. Le couvert des arbustes, plus important que celui des arbres, caractérise bien les régions du sud du sahel dont la végétation arborée a été décimée par les sécheresses. Les arbres ont une densité de moins de 5 individus par hectare et le recouvrement des houppiers ne dépasse guère 5%. Hiernaux et al.(2006) caractérisent ce type de végétation de formation ouverte. Dans les pâturages et sur les plateaux à cuirasse du continental terminal, les couverts importants sont liés à la présence de brousse tigrée. En dépit de la faible profondeur des sols sur lesquels se trouvent la brousse tigrée, la richesse en azote de la végétation n‘est pas négligeable, autant dans les zones dénudées que dans les zones végétalisées (Guillaume, Abbadie et al., 1999). Le fonctionnement de ce type de végétation est lié à la redistribution de l‘eau. Cette végétation se développe sur des pentes inférieures à 0.5% avec des bandes végétalisées comprises entre 50 et 70 mètres en moyenne (Hiernaux et Gerard, 1999). En dépit du rôle important de la brousse tigrée dans la fourniture des ressources fourragères, les risques liés à cette végétation existent et sont dus aux défrichements forestiers et agricoles.

Les cultures sont dominées par deux faciès de végétation ligneuse : les haies et les arbres des parcs agraires qui résultent de la préservation de certaines essences dans les champs. Ces arbres jouent un rôle dans la fertilité des sols. D‘autres utilisations sont la pharmacopée et l‘alimentation humaine par la cueillette de fruits. Leur utilité dans les champs pour la fertilité des sols est sujet à débat dans les zones sahéliennes (Akpo, Grouzis et al., 1995). La production foliaire de ces espèces représente plus de la moitié des masses foliaires ligneuses des champs. Elle fait aussi l'objet d'attention particulière de la part des agriculteurs.

105 Cependant, dans ces régions, les mesures visant à une gestion de ces parcs arborés sont rares (Mahamane, 1997). La production présente un risque car les recherches sur ces espèces restent insuffisantes et leur sort est laissé aux mains des agriculteurs qui effectuent des prélèvements à leur guise. Par ailleurs, l'absence de plantation suite aux prélèvements par les populations, la régénération problématique dans les champs cultivés de façon permanente et le raccourcissement des jachères sont préjudiciables à toute action de révégétalisation ligneuse du Sahel. Parmi les ligneux, la contribution des haies utilisées pour les délimitations foncières n‘est pas négligeable. Amina (2004) par télédétection observe une augmentation du nombre de haies et de leur longueur moyenne à Tchigo Tegui. Celle-ci serait due à l‘augmentation des défrichements dans les terres cultivées. Face à ces risques de réduction de la densité et des masses des ligneux, certaines espèces comme Guiera senegalensis se maintiennent dans les jachères et les autres occupations de sols, et continuent à coloniser les espaces. Cette présence forte de Guiera senegalensis dans les jachères et dans toutes les occupations de sol est liée , d‘une part, à sa localisation topographique qui détermine le bilan d‘eau par les infiltrations (Hiernaux, Cisse et al., 1994), aux caractéristiques physiologiques de la plante et, d'autre part, à son comportement anisohydrique qui lui permet de poursuivre une activité photosynthétique même en saison sèche (Seghieri et Simier, 2002; Seghieri, Simier et al., 2005).

Les relations significatives trouvées dans certaines zones entre les masses foliaires ligneuses et les masses herbacées indiquent une tendance à la raréfaction des ligneux dans les zones de cultures et une exacerbation dans les zones de culture avec fumure. Cette tendance est liée d‘une part à une compétition pour l‘utilisation de l‘eau qui se traduit aussi par une variation inverse des recouvrements (Daget et Djellouli, 2002) et surtout aux coupes et rabattages annuels ou deux fois par an des buissons pour réduire leur compétition vis-à-vis des cultures.

De telles tendances sont en contradiction avec les politiques tendant à encourager les agriculteurs à laisser plus d'arbres dans les champs lors des défrichements. Il n‘existe pas ici de relation de cause à effet sur une possible interaction entre arbre et cultures car ce type de relation, même s‘il existe, notamment par la compétition pour l‘eau, la lumière (Wezel, Rajot et al., 2000), dépend de l‘échelle d‘analyse, du système d‘exploitation et reste complexe (Akpo, Grouzis et al., 1995). En termes qualitatifs, le rôle des ligneux dans la contribution aux stocks d‘azote et de phosphore reste très important car ils représentent 28% du stock d‘azote de l‘ensemble des sites. Cette très grande richesse des ligneux en azote et phosphore les prédispose à être un aliment de complément essentiel pour les ruminants car leur

106 concentration varie moins au cours de la saison que celle des herbacées. Toutefois, les tanins et les facteurs environnementaux influencent aussi cette disponibilité.

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