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L’enquête de terrain

Dans le document UNIVERSITE DE LIEGE Faculté des Sciences (Page 134-139)

3.5 Conclusion partielle

4.2.1 L’enquête de terrain

Plusieurs informations concourent à l‘estimation de la distribution spatio-temporelle des ingestions et excrétions du bétail, une des plus déterminantes étant le nombre ou effectif du bétail (Turner et Hiernaux, 2002; Hiernaux et Ayantude, 2004 ; Fernández-Rivera, Hiernaux et al., 2005). Le dénombrement des animaux a été mené de façon exhaustive sur les trois zones d'étude, Banizoumbou (B), Tchigo Tegui (T) et Kodey (K) couvrant 17 villages et campements pastoraux associés (Turner, 1995b; Turner et Hiernaux, 2002; Hiernaux, Turner et al., 2004). Ce dénombrement a commencé en avril 1995 et a duré 20 mois. La figure 4.1 présente les localités d'attache des éleveurs enquêtés. Dans les différentes localités, les gestionnaires d'animaux habitant les villages ou les campements situés autour des villages font partie du champ de l‘enquête (Hiernaux et Turner, 2002). Les Djerma résident habituellement dans les villages et les peuls résident dans des campements, à la périphérie des villages, à proximité des champs qui leur ont été octroyés.

113 Figure 4-1 : Carte des villages enquêtés dans les trois terroirs

Le dénombrement du cheptel a été effectué par énumération précise et par différence d‘état entre deux visites (Turner et Hiernaux, 2002; Turner, Hiernaux et al., 2005). Le dénombrement précis ne peut se faire qu‘en présence de l'ensemble des animaux. Le dénombrement par différence n‘enregistre que les mouvements d‘entrée et de sortie des animaux du troupeau depuis les dernières visites en se basant sur les dires du berger. Les entrées et les sorties ont pour cause possible le confiage, les naissances, les mortalités, les achats, les ventes ainsi que les départs et retours de transhumance. Chaque troupeau a été visité à intervalles réguliers de 3 semaines. Les espèces concernées sont les bovins, ovins et caprins.

La détermination de l'âge des animaux est un exercice qui comporte beaucoup d'incertitude quand le cheptel n'est pas suivi de manière individuelle et systématique depuis les mises bas.

Les catégories d'animaux définies dans cette enquête (Turner, 1995b) prennent en compte un âge approximatif et l'état physiologique. Pour les trois espèces étudiées, le premier élément de différentiation des catégories est le sexe. Le second élément est l'âge des animaux. L'état physiologique intervient en troisième position notamment dans la distinction des femelles lactantes ou non. Les jeunes sont subdivisés en groupe de jeunes sevrés ou non et les adultes femelles sont subdivisés en lactantes ou non.

114 Table 4-1 : Catégories d‘animaux retenus dans le suivi des troupeaux

Espèce Sexe Non sevrés jeunes Adultes lactantes Bovins mâles non sevrés sevrés < 3 ans > 3 ans -

femelles non sevrés sevrés sans petit au moins 1 veau lactantes

Ovins non sevrés sevrés < 1 an > 1 an lactantes

Caprins non sevrés sevrés < 1 an > 1 an lactantes

Les propriétaires d‘animaux ont été subdivisés en deux groupes dénommés "gestionnaires" et

"non gestionnaires" (Turner, 1995b). Les gestionnaires se définissent surtout par une gestion du troupeau avec conduite au parcours au moins partielle, alors que les non gestionnaires, sont soit des propriétaires qui confient la gestion de leurs animaux à des bergers hors de la famille, soit des propriétaires qui n'ont pas suffisamment de bétail pour que la gestion inclue une conduite au parcours (quelques têtes élevées dans la concession au piquet). Le gardiennage des troupeaux est pratiqué au cours de l'hivernage principalement. Le confiage peut prendre plusieurs formes selon la nature de la rémunération du gardien et la durée du confiage. La rémunération peut être en nature (céréales ou autres aliments destinés à l‘alimentation humaine) ou en argent. On distingue le confiage des femelles, indéterminé dans le temps et basé sur une rémunération en fumier ou en lait, appelé le taalfi, et le confiage associé à une forme d'aide qui est matérialisée par le don d'un ou de deux produits issus des femelles confiées. Ce confiage est appelé Habanaï15 (Colin De verdière, 1995, page 13; Ayantunde, Williams et al., 2000; Turner, Hiernaux et al., 2005). L'importance de ces pratiques est analysée dans cette étude.

L'échantillon sur lequel cette étude a été conduite comptabilise dans les trois zones 158 gestionnaires et 299 non gestionnaires, toutes exploitations comprises. L‘intervalle moyen entre deux visites consécutives, calculé à partir des fichiers d'enquête, est un peu supérieur aux trois semaines retenues a priori. Il est de 30 jours en moyenne pour les gestionnaires et de 25 jours pour les non gestionnaires. Cette différence est due à la pratique des transhumances par les gestionnaires qui cause l‘absence saisonnière pour plusieurs semaines. La durée du suivi correspond au nombre de jours entre la première visite et la dernière visite. Elle est de 310 jours pour les gestionnaires et de 203 jours pour les non gestionnaires. Les tableaux ci-dessous (Table 4-2, Table 4-3) donnent le nombre d‘exploitations suivies, le nombre total de

15 Habanaï ou habannay selon Colin de Verdière (1995) : Le "habannay" est la pratique Peul de confier une femelle à un éleveur, qui va l'élever et gardera son premier produit femelle pour lui.

115 jours de suivi et les intervalles moyens entre deux visites par terroir et par espèce animale.

Pour les besoins de synthèse, les normes suivantes sont utilisées pour convertir le bétail en unité bétail tropical (UBT)16 (Boudet, 1975b) en se basant sur les poids vifs moyens des animaux (Powell, Fernandez-Rivera et al., 1994; Fernandez-Rivera, Williams et al., 1995b ;Hiernaux, Ayantude et al., 1999) : 1 bovin adulte = 0.7 UBT, 1 caprin adulte = 0.08 UBT, 1 ovin adulte = 0.1 UBT. Les jeunes et les animaux non sevrés sont comptabilisés respectivement à 50 % et 25% de la valeur de l‘adulte. Au cours de l‘enquête, les dates exactes sont mentionnées lors des visites, cependant une partie des traitements statistiques est réalisée suivant le découpage de l‘année en 5 périodes retenues pour distinguer les saisons dans cette étude et permettre ainsi la liaison avec les stocks fourragers (cf. Chapitre 2).

Table 4-2 : Indicateurs du suivi des troupeaux gestionnaires

Suivi gestionnaire

Intervalle moyen entre visites 25 28 29

Table 4-3 : Indicateurs du suivi du bétail des non gestionnaires

Suivi non gestionnaire

Intervalle moyen entre visites 32 25 27

N= nombre de troupeaux

16 Selon Boudet (1975b) – Page 266: “ L'expression de la charge en kg de poids vif est simple, mais peut paraître curieuse -pour des utilisateurs non avertis. Les bovins tropicaux adultes étant des animaux dont le poids moyen varie de 200 à 400 kg, une unité bovin tropical peut être définie comme un bovin de 250 kg à l'entretien. C'est 1'U.B.T.

équivalent au L.S.U. des pays de langue anglaise (L.S.U. = livestock standard unit).”

116 4.2.2 Le traitement statistique des données

L'analyse effectuée a pour but d'étudier la dynamique temporelle des élevages bovins, ovins, caprins dans les exploitations familiales, d'en dégager des paramètres simples sur les troupeaux qui peuvent avoir un impact sur les flux et bilans de matières organiques et d'éléments minéraux. Toutes les données relatives à cette partie ont été traitées par le logiciel SAS®, version 9.1.3. Les comparaisons multiples de moyennes ont été réalisées par la procédure GLM et le test d'ajustement de Tukey17 (SAS, 2004b). Les tests d'homogénéité ont été réalisés par la procédure FREQ afin d'estimer la valeur du 2. Les moyennes et les erreurs standards ont été calculées par la procédure MEANS ou UNIVARIATE. Les tableaux ont été réalisés par la procédure TABULATE.

Les moyennes sont présentées dans le texte avec leur erreur standard ou erreur type pour exprimer l'écart type de la distribution d'échantillonnage des différents paramètres étudiés (Dagnelie, 2007b). L'erreur standard exprime la précision de la mesure faite sur l'échantillon (Altman et Bland, 2005). L'utilisation de l'écart type exprimant la variabilité de la population de laquelle est issue l'échantillon sera mentionnée de manière explicite. La limite supérieure retenue pour la probabilité liée au risque de première espèce α est de 5%. Les valeurs de probabilité (p) calculées pour des tests d‘inférence statistique seront dites significatives, hautement significatives ou très hautement significatives aux valeurs de probabilité p comprises entre 5% et 1%, 1% et 1‰ et inférieures à 1‰, respectivement. Les statistiques présentées portent sur la période du 16 Juin 1995 au 15/06/1996.

17 See SAS/STAT 9.1 User's Guide (page 1816) for MCP comparisons: If you are interested in all pairwise comparisons or all comparisons with a control, you should use Tukey’s or Dunnett’s test, respectively, in order to make the strongest possible inferences.

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4.3 Résultats

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