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4. Les géotopes et géomorphosites

4.5 Les inventaires de géotopes ou de géomorphosites

4.5.1 A quoi sert un inventaire de géotopes ?

Pour Vincent Grandgirard (1999a : 61), les inventaires de géotopes ont trois finalités :

« recenser et classer les objets géologiques ; mettre en exergue des éléments de valeur, sensibiliser ; protéger » les géotopes.

Le recensement et le classement permettent aux autorités de prendre connaissance du territoire et peuvent être directement utilisés dans les plans d’aménagement. Cela permet de protéger des sites menacés par une meilleure connaissance et surtout une meilleure reconnaissance.

L’attention du grand public est retenue plus facilement par le biais des inventaires qui, en réunissant l’information, en permettent une meilleure diffusion et connaissance.

3 Références issues de Jordan, 1999.

L’inventaire est, également, un outil particulièrement bon pour ce qui est de la mise en valeur des objets géomorphologiques. Il permet de prendre conscience de la richesse géomorphologique d’un territoire, et peut amener, par exemple, les gestionnaires des aires protégées à vouloir mettre en avant cette richesse auprès des visiteurs et touristes.

4.5.2 Comment procède-t-on ?

Réaliser un inventaire de géotopes consiste à recenser, pour une surface d’étude donnée, les formes du relief, puis à établir une liste de ces formes accompagnée d’un classement.

C’est sur ce modèle que sont réalisés les inventaires de géotopes cantonaux et l’inventaire des géotopes d’importance nationale. Des inventaires thématiques sont aussi possibles, seul un type d’objet est retenu ; par exemple, les blocs erratiques.

La méthode généralement utilisée pour réaliser un inventaire est celle développée par Vincent Grandgirard (1995) qui comporte les 5 étapes suivantes:

- Le recensement des objets géomorphologiques4 - La catégorisation des objets géomorphologiques

- L’évaluation des objets géomorphologiques - La sélection des géotopes géomorphologiques

- La caractérisation des géotopes géomorphologiques retenus.

Cette méthode permet d’être le plus exhaustif possible tout en minimisant la part d’erreurs liées à la subjectivité.

L’étape de recensement consiste à relever les formes géomorphologiques dans la zone d’étude et à les cataloguer par processus et par type de forme (Grandgirard, 1995). « En fonction de la surface d’étude, du temps et des moyens disponibles, les modes d’investigation pourront être : l’étude des cartes topographiques, des cartes géologiques et de la littérature scientifique existante, l’analyse de photographies aériennes, des reconnaissances de terrain ou même la consultation de personnes-clé connaissant le secteur analysé » (Grandgirard, 1995 : 125).

4 Comme proposé par Frattini (2003), je trouve préférable d’inverser les étapes de catégorisation et d’inventaire, car on ne peut pas catégoriser des objets avant de les avoir recensés.

La catégorisation consiste distinguer les géotopes géomorphologiques recensés en 3 classes de complexité croissante: les formes isolées et ensembles de formes du même type ; les complexes de formes et enfin les systèmes géomorphologiques. L’intérêt de cette catégorisation est qu’elle permet de recenser tous les objets géomorphologiques aussi bien à l’échelle globale que régionale ou locale (Grandgirard, 1995).

L’étape d’évaluation sert à attribuer une valeur globale à chaque objet géomorphologique.

Elle se doit d’être faite selon un protocole rigoureux sans quoi elle risque d’être fortement influencée par la subjectivité de l’auteur (Grandgirard, 1995).

« The choice of the assessment method and criteria depends on the objectives of the research » (Reynard et al., 2007 : 148). Selon le type de définition retenue pour le terme géotope5, des valeurs additionnelles viennent s’ajouter à la valeur scientifique. Par exemple, la méthode développée par l’Institut de géographie de l’Université de Lausanne (Reynard et al., 2007) évalue la valeur scientifique (valeur centrale) et quatre valeurs additionnelles qui sont les valeurs géoécologique, esthétique, culturelle et économique.

Une étape de sélection des géotopes géomorphologiques fait suite à celle d’évaluation.

Bien que chaque objet géomorphologique soit unique et puisse, à ce titre, être considéré, comme un géotope (Grandgirard, 1999 : 59), on ne retient que les objets dont la valeur globale (valeur centrale et valeurs additionnelle éventuelles) est importante. La sélection est régie par une deuxième condition : il faut que l’ensemble des objets retenus soit représentatif de la diversité géomorphologique de la région d’étude (Grandgirard, 1995).

La caractérisation des géotopes géomorphologiques retenus consiste à fournir certaines informations les concernant. Généralement une fiche est établie, elle comporte un code d’identification du géotope, son nom, sa localisation, son altitude, son type, sa taille, de qui il est la propriété. Un extrait de carte, une photo et un schéma y sont fréquemment joints. Il est, en outre, pertinent de fournir une description géomorphologique et une explication de la formation du géotope, et enfin les résultats de son évaluation (Reynard et al., 2007).

L’inventaire est terminé lorsque tous les géotopes géomorphologiques sélectionnés ont été caractérisés. On est alors en possession d’une liste d’objets qui pourra, comme dit plus haut, être utilisée comme instrument de d’aménagement et de planification.

5 Définition large ou restrictive, voir section 3.1.

4.6 Synthèse

L’inventaire est, à mon sens, un outil particulièrement bon pour ce qui est de la mise en valeur des objets géomorphologiques. Il permet de prendre conscience de la richesse géomorphologique d’un territoire, et peut amener, par exemple, les gestionnaires des aires protégées à vouloir mettre en avant cette richesse auprès des visiteurs et touristes.

La suite de ce travail vise à étudier si un inventaire de géotopes géomorphologiques ou géomorphosites peut contribuer à la prise en compte de la géomorphologie dans un Parc naturel régional. Nous avons choisi d’étudier le projet de Parc naturel régional Gruyère – Pays-d’Enhaut. C’est à la présentation du projet et du territoire du Parc que sont voués les deux chapitres suivants.

P ARTIE III

P RÉSENTATION DU TERRAIN

5. Le projet PNR Gruyère – Pays-d’Enhaut

Avec la modification de la Loi sur la protection de la nature et du paysage donnant une base légale à la création de nouveaux types d’aires protégées, de nombreux de projets de parcs naturels – nationaux, régionaux ou encore périurbains – fleurissent un peu partout en Suisse. Un projet de parc naturel régional se dessine notamment dans les Préalpes romandes, à la limite des cantons de Vaud et de Fribourg : le Parc naturel régional Gruyère – Pays-d’Enhaut.

Dans ce chapitre, nous nous proposons, dans un premier temps, de faire le point sur l’état d’avancement de ce projet Parc naturel régional, avant de développer ses objectifs. Ensuite nous aborderons de façon plus détaillée le territoire concerné ; ses caractéristiques géographiques, géologiques, climatiques et paysagères.