• Aucun résultat trouvé

Les indices pathologiques

2. Participation aux identifications

2.1. L’identification comparative

2.1.1. Les indices médico-légaux

2.1.1.2. Les indices pathologiques

Ces derniers correspondent à toutes les manifestations pathologiques bucco-dentaires non traitées. Or ces manifestations, présentes donc déjà avant la mort de la victime, ont pu laisser des traces dans les supports ante mortem détenus par les praticiens. Ainsi, en fonction du type de pathologie relevée, l’odontologiste légal déterminera le type de support à récolter (radiographie, moulage).

2.1.1.2.1. Les traumatismes dentaires

Les fêlures ou fractures sont très délicates à utiliser, car il est difficile à voir si ces dernières ont été crées avant la mort, lors de la mort ou après cette mort.

De plus leur mise en évidence n’est pas aisée, notamment pour les fêlures, l’utilisation d’une source lumineuse ponctuelle est quasiment obligatoire (transillumination). Il existe deux types de fêlures, qui sont soit la conséquence d’un choc physique, thermique, d’une parafonction ou dues au vieillissement : les fêlures internes, qui ne communiquent pas avec

l’environnement extérieur, et les fêlures externes communiquant donc avec l’environnement. Leurs valeurs indiciales sont très faibles.

Les fractures, quant à elles, sont surtout dues à un traumatisme sur le sujet vivant ou encore sur le cadavre par exemple lors de manipulations maladroites sur des dents déshydratées. Leur mise en évidence est déjà plus aisée, car il y a souvent la perte d’un fragment, ce qui va engendrer une recherche de ce dernier, soit dans la cavité buccale, soit sur le cadavre ou dans son environnement. La description des fractures est utile pour reconnaître les causes de la mort (indice de violences), restaurer l’articulé dentaire et entreprendre une reconstruction faciale par exemple.

Remarque : La principale différence entre une fracture ante et post mortem se situe au niveau du trait de fracture en lui-même. En effet, le trait de fracture en post

mortem va se situer le plus souvent au niveau de la jonction amélo-dentinaire car cette

dernière sera causée par la séparation d’un fragment d’émail par déshydratation alors qu’une fracture ante mortem va intéresser aussi bien l’émail que la dentine, le trait est rectiligne et on va pouvoir retrouver un dépôt de dentine tertiaire en regard du trait de fracture.

Remarque :

Ce schéma nous montre bien la séparation le long de la ligne amélo-dentinaire en

post mortem suite à une déshydratation. Au contraire, lors d’une fracture ante mortem, la

séparation se fait de manière nette et provoque dans certains cas une apposition de dentine réactionnelle, plus ou moins importante selon l’importance et l’ancienneté du traumatisme.

2.1.1.2.2. Les traumatismes maxillo-faciaux

Les traumatismes au moment de la mort ne sont pas utiles pour l’identification. Au contraire, ils vont rendre encore plus complexe cette dernière. Néanmoins, ils peuvent permettre de trouver la cause de la mort par leur étude grâce au médecin légiste. L’analyse va dépendre de l’état du corps ; ainsi l’examen clinique s'effectue étage par étage, de face et de profil. Si un traumatisme au moment de la mort de la victime engendre un trouble occlusal, il

est convenu de réaliser des empreintes afin de replacer les maxillaires selon son occlusion antérieure grâce aux facettes d’attrition.

Si le traumatisme est antérieur à la mort, l’examen va alors rechercher des cicatrices traumatiques, des déformations, des asymétries, des troubles de l’occlusion, des cicatrices chirurgicales, au niveau des muqueuses et surtout au niveau des voies d’abord classiques de la chirurgie maxillo-faciale. La radiologie post mortem peut également mettre en évidence des traitements post traumatiques, tels que des plaques d’ostéosynthèse radio-opaques. Les lésions cicatricielles globales d’une région ont pour intérêt l’existence habituelle d’un dossier hospitalier ante mortem (surtout lors d’importants traumatismes) permettant donc des recherches d’identité. Ainsi, tous ces indices relevés pourront être recherchés pour permettre une identification.

2.1.1.2.3. La pathologie tumorale de la cavité buccale et des maxillaires

L’apport de l’existence d’une telle pathologie est très important lorsque celle-ci est traitée. En effet, dans ce cas, le suivi de patient est indiqué dans des bases de données hospitalières. Plus la pathologie est grave (tumeur maligne par exemple) plus la facilité à retrouver une trace de traitement et donc une identité sera aisée. De plus, les doléances des victimes sont souvent énoncées aux familles. Ces dernières peuvent donc apporter d’importantes informations afin d’aider l’équipe médico-légale dans une identification.

Tumeurs bénignes des maxillaires :

On peut ainsi noter la présence de granulomes et kystes radiculo-dentaires qui sont assez fréquents, ou encore des kystes périconaires. Des tumeurs d’origine conjonctives peuvent être également trouvées comme les myxomes, cémentomes… Une étude anatomo-pathologique devra être effectuée pour confirmer le diagnostic d’une lésion. Lorsqu’un patient a été traité ou chez qui on a diagnostiqué une tumeur, on va pouvoir trouver des examens paracliniques qui constituent autant d’informations utiles pour les experts : panoramique dentaire, clichés occlusaux, rétro-alvéolaire et de plus en plus souvent scanner.

Tumeurs malignes des maxillaires :

Les tumeurs malignes peuvent aussi renseigner sur les habitudes de vie de la victime. En effet, elles sont souvent associées aux fortes consommations éthylo-tabagiques, qui restent l’étiologie principale, combinées à une hygiène bucco-dentaire déficiente et à des facteurs irritatifs chroniques, tels que des prothèses dentaires mal adaptées.

La phase de diagnostic comprend de nombreux examens paracliniques qui peuvent être conservés et réutilisés à des fins d’identification. Leurs traitements divers tels que la curiethérapie, la chirurgie, la radiothérapie transcutanée (avec tatouage cutanée) laissent également de nombreuses traces aussi bien sur le corps de la victime qu’au niveau administratif, dans le dossier médical. De plus, un diagnostic de tumeurs malignes de la cavité buccale va engendrer obligatoirement une remise en état de cette dernière. C’est pourquoi le recours à un chirurgien-dentiste pour effectuer ces soins est nécessaire ; l’existence d’un dossier dentaire est alors fortement probable.

2.1.1.2.4. La lésion carieuse

Une carie en elle-même ne constitue pas un élément caractéristique, car elle est rencontrée de manière trop fréquente dans la population (selon l'OMS, la carie est le 3ème fléau mondial après les maladies cardio-vasculaires et le cancer). Néanmoins, dés lors que ces caries sont multiples, elles vont alors pouvoir former des millions de combinaisons possibles, autant de combinaisons qui vont permettre aux identificateurs de départager une personne d’une autre grâce aux bases de données des praticiens. Les lésions sont décrites et situées sur l’odontogramme par un examen clinique et radiologique minutieux des collets, des sillons et points de contact de chaque dent.

La seule présence de caries, sans traitement, ne permettra pas d’identification, car il n’existera pas de documents ante mortem. Mais dans ce cas, les dentistes médico-légaux vont pouvoir êtres orientés quant au milieu de vie de la victime : manque d’hygiène bucco-dentaire, milieu défavorisé, intoxication tabaco-alcoolique, toxicomanies ou encore milieux professionnels à risques (pâtissier, milieu acide).

Il faut être vigilant à la présence de lésions carieuses sur les documents ante mortem et la vue de ces mêmes dents soignées en post mortem afin de n’écarter aucune piste de recherche.

2.1.1.2.5. Les maladies du parodonte

Les atteintes du parodonte sont très variées, et ainsi différents degrés de destruction tissulaire vont pouvoir être notés et observés. Allant de la simple inflammation du parodonte superficielle comme les gingivites à la destruction de l’os alvéolaire dans les parodontites chroniques ou aigues, en passant par les brûlures ou encore les traumatismes fonctionnels. Les identificateurs vont devoir prélever, décrire, enregistrer, photographier tous les indices qui vont permettre d’isoler un individu par rapport à un autre. Ainsi l’aspect, la couleur, la présence de tartre, la résorption osseuse, la présence de poches, l’inflammation ou tout autre signe seront relevés. Les brûlures peuvent renseigner sur les circonstances de la mort si elles sont récentes, comme par exemples les brûlures électriques, les brûlures chimiques (eau de javel par exemple) ou alors sur les habitudes de vie du sujet (brûlure chronique du fumeur de pipe par exemple). Pour ce qui est des traumatismes fonctionnels, l’identificateur va pouvoir utiliser l’entourage de la victime, ou mieux encore le chirurgien-dentiste traitant si une présomption d’identité est connue. En effet, les malocclusions, le bruxisme, les prothèses mal adaptées et l’utilisation de cure dents sont souvent connus de l’entourage et sont également assez identifiables au niveau parodontale.