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Indices thérapeutiques

2. Participation aux identifications

2.1. L’identification comparative

2.1.1. Les indices médico-légaux

2.1.1.4. Indices thérapeutiques

2.1.1.4.1. Les soins dentaires conservateurs

La lésion carieuse touche depuis des siècles une grande partie des populations. Ainsi leurs formes, leurs sites, la technique et la variabilité des matériaux utilisés pour soigner ces pathologies sont autant d’éléments qui personnalisent une bouche. L’identificateur se chargera ainsi de tous les relever. Les examens, d’abord cliniques puis radiologiques, permettent de mettre en évidence la quasi-totalité des restaurations utilisées. L’apport de la photographie, afin de fixer de façon persistante la forme, l’état et le type de restauration, est primordial et beaucoup plus précis que de simples schémas.

Il existe bien évidemment différents types d’amalgames, de résines composites, de verres ionomères et d’onlays en métal précieux ou en céramique qui vont en fonction de chacun réagir différemment face aux actions du temps, du feu ou des autres éléments.

2.1.1.4.2. L’endodontie

Cette discipline est primordiale dans l’identification. En effet, d’un point de vue légal, les praticiens ont l’obligation de contrôler radiographiquement leurs traitements endodontiques. Ainsi les documents ante mortem sont très nombreux. De plus, les canaux radiculaires sont biens protégés par la racine et l’os alvéolaire, c’est pourquoi leurs contenus sont exploitables longtemps après la mort. Le type d’obturation canalaire, que ce soit au

niveau de la pâte canalaire ou des différents type de cônes vont pouvoir parfois être utilisés par un certain type de praticiens qui vont donc pouvoir être sensibilisés à la lecture d’un avis de recherche. De même, les accidents thérapeutiques comme le cas de bris d’instruments peuvent être reconnus par les praticiens grâce aux documents ante mortem (au travers des radiographies de contrôle ou des comptes rendus dans le dossier patient par exemple).

2.1.1.4.3. La pédodontie

L’identification chez l’enfant est plus difficile, car les soins sont moins nombreux, tout comme la présence de prothèse. De plus les arcades se modifient rapidement, et même en présence de moulages (moulages orthodontiques par exemple) la concordance n’est pas forcement notable chez un même individu lorsque la période entre l’empreinte et la découverte du sujet est importante. Néanmoins, les radiographies dentaires combinées à celle du poignet et de certains os permettent par exemple de déterminer l’âge osseux d’une victime et de la situer au niveau de sa croissance.

2.1.1.4.4. Les prothèses

Les prothèses adjointes et conjointes sont des mines d’informations pour les identificateurs lorsqu’elles sont retrouvées sur une victime. En effet, ces dernières vont en leur présence pouvoir relever beaucoup d’informations qui vont donc les orienter dans leur recherche d’identité : parmi ces informations, il est important de noter le type de matériaux utilisé, la technique de conception, l’emplacement des crochets et des dents pour les prothèses amovibles, les dents piliers pour les prothèses conjointes, des éventuelles marques de fabrication ou d’identification (tel que des initiales par exemple). En résumé, tous les éléments qui vont permettre, par la suite, de reconnaître les habitudes de travail d’un praticien, de son prothésiste, et par conséquent de découvrir l’identité de la victime à condition d’avoir un dossier ante mortem bien complété. Les identificateurs vont également tenter de relever les degrés d’usure des dents, l’érosion des parties métalliques, la quantité de tartre (notamment pour les prothèses amovibles) permettant ainsi de donner une idée sur l’âge des prothèses, la forme et la teinte des dents, les éventuelles modifications visibles telles que les rebasages, les adjonctions ou les réparations.

un marquage sur un individu quel qu’il soit. Un système de code ou de puces électroniques implantés dans les prothèses nécessiterait de plus une centralisation de toutes les données ainsi que le développement d’un système d’information permettant de lire et décrypter ces données, ce qui impliquerait des coûts non négligeables13. Une des solutions sur lesquelles les scientifiques travaillent serait d’inscrire un code dans chaque prothèse, qu’elle soit amovible ou fixe. Pour ne pas poser de problème éthique, l’inscription serait un code qui ferait référence à un praticien unique et non pas directement à l’identité d’une personne. Ainsi, à la découverte de ce code, les experts pourraient retrouver le praticien qui a réalisé les prothèses et ainsi avoir une base de données de patients pour l’identification de la victime.

2.1.1.4.5. L’orthodontie

La présence de documents radiographiques, photographiques et des moulages à différentes étapes de la réalisation du traitement orthodontique sont autant d’indices exploitables qu’il sera important de relever. De plus, il peut rester pendant plusieurs années, voire à vie, des éléments témoins d’un traitement effectué auparavant (résidus de collage sur les dents, tache de déminéralisation à la surface des première molaires…) prouvant l’existence d’un dossier chez un praticien, donc de données ante mortem.

2.1.1.4.6. La chirurgie buccale

Tout acte de chirurgie, et ceci n’est pas propre à la cavité buccale, laisse une trace plus ou moins prononcée sur le corps, en fonction de l’importance du traumatisme réalisé. Ces stigmates sur la muqueuse, sur l’os et enfin sur les dents devront être cherchées et notées.

Les cicatrices issues d’actes opératoires sont en général discrètes ou essayent de l’être alors que les cicatrices d’autres traumatismes le sont beaucoup moins. La radiographie joue encore ici un rôle incontournable pour la mise en évidence de ces chirurgies passées. En effet, une irrégularité osseuse ou un matériel de contention osseux, par exemple, sera difficilement mis en évidence uniquement de visu.

13

Mohan, J., Kumar, C., Simon, P., Journal of Indian Prosthodontic Society, 12, 2012, p. 131–136, et Nuzzolese, E., Marcario, V., Di Vella, G., Open Dentistry Journal, 4, 2010, p. 33–36.

Parmi les actes de chirurgie les plus fréquemment rencontrés, décelables et ceux qui permettent une comparaison avec des documents ante mortem, il est possible de citer les avulsions dentaires, les résections apicales, les hémisections radiculaires, les chirurgies parondontales tels que les lambeaux ou les greffes et enfin l’implantologie qui est l’acte le plus facile à découvrir à l’examen radiographique. De plus, la réalisation de cette technique s’accompagne souvent d’une carte de traçabilité du matériel, conservée dans le dossier patient du praticien ainsi qu’un exemplaire donné à la personne de son vivant, ce qui facilite son identification post mortem.