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CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE

3.4. CODAGE ET OUTILS D’ANALYSE DES DONNÉES

3.4.1. Opérationnalisation des variables dépendantes à l’étude et codification

3.4.1.1. Les indicateurs observables du processus d’écriture

En ce qui concerne le processus d’écriture, chacune des quatre catégories de variables (modalité de la tâche, planification, textualisation et révision) correspondant ipso facto à nos concepts clés, a été opérationnalisée en indicateurs observables par le biais de ses dimensions.

a) Les indicateurs observables de la modalité de la tâche

En rappel, conformément à notre cadre conceptuel, «modalité de la tâche » englobe tous les éléments hétéroclites (contraintes de la tâche, traits caractéristiques du produit attendu, ressources extérieures, contraintes logistiques, jugement de l’enseignant, thème, affect et motivation) récupérés dans la mémoire à long terme et dans l’environnement de la tâche. Ces éléments sont récupérés et stockés dans la mémoire de travail pour la tâche. De ce fait, on peut en relever des indicateurs observables dans la verbalisation du scripteur, dans son comportement, dans ses gestes ou dans les opérations qu’il effectue tout au long de la production écrite. Ces éléments

sont d’autant plus importants que le contexte d’évaluation a ses spécificités par rapport à une production écrite ordinaire. En lien avec les cinq dimensions identifiées à partir des données collectées et jugées pertinentes, les indicateurs observables, autrement dit les codes à appliquer, sont présentés dans le tableau 6 qui suit :

Tableau 6

Indicateurs observables de la modalité de la tâche retenus comme codes

Dimension Indicateurs observables

M od alité d e la tâch e

• Affect et motivation • Commentaire ou expression de l’affection, la motivation ou l’émotion

• Commentaire révélateur de la préoccupation de l’élève par son score

• Contraintes logistique • Contraintes matérielles de la modalité • Critères déterminant la qualité du

produit attendu • Destinataire • Préoccupation exprimée quant au nombre de mots • Vérification du nombre de mots

• Sujet/thème/argumentation • Commentaire sur la tâche d’écriture • Temps alloué à la tâche

• Commentaire sur d’autres indicateurs sur la qualité du texte (clarté, cohérence, précision, titre, etc.) • Présentation • Informations requises (date, nom, groupe, nombre

de mots)

• Présentation (mise en page) • Ressources extérieures • Cahier de notes de cours

• Calculatrice

• Conjugueur Antidote • Correcteur Antidote

• Correcteur orthographique ou grammatical de Word • Dictionnaire

• Dictionnaire Antidote • Enseignant ou chercheur • Synonymes Antidote • Autres documents Ce tableau appelle quelques éclaircissements :

- Dans la catégorie critères déterminant la qualité du produit attendu, nous avons regroupé dans autres éléments déterminants des éléments ressortis dans le discours et les comportements des scripteurs comme étant déterminants dans la qualité du produit attendu et ayant fait l’objet de préoccupations particulières : la clarté, la cohérence, les marqueurs de relation textuelle, le nombre de paragraphes, la structure d’une introduction, d’un paragraphe argumentatif ou d’une conclusion, etc.

- Dans la dimension ressources extérieures, sont inclus dans autres documents la feuille de tâche, le cahier de l’élève ou une fiche comportant des marqueurs de relation textuelle.

b) Les indicateurs observables de la planification

Nous retenons comme dimensions à considérer les trois sous-processus de la planification, conception, organisation et recadrage, que nous empruntons au modèle de Hayes et Flower (1980) tels quels. Chacune de ces dimensions est alors décomposée en indicateurs observables (voir tableau 7) en faisant un lien entre les informations relevées dans la littérature et celles que nous fournissent nos données collectées.

Tableau 7

Indicateurs observables de la planification, retenus comme codes Dimension 2 Dimension 3 Indicateurs observables

Plan

ificatio

n

• Conception • Annonce de ce qui va suivre

• Annonce de l'idée globale à développer

• Commentaire anticipé sur la structuration générale du texte • Commentaire sur la démarche en cours

• Question pour cerner un aspect de la tâche ou du thème • Réflexion audible sur ce qui est en cours ou qui suit • Réflexion silencieuse visible sur ce qui suit

• Organisation • Commentaire anticipé sur la structuration des paragraphes du texte • Commentaire anticipé sur la structuration d'un paragraphe particulier • Structuration d'une idée

• Recadrage • Ajustement dans un paragraphe • Ajustement du texte entier.

• Ajustement dans un argument ou une illustration

Au niveau du recadrage, nous considérons que celui-ci couvre tout le texte lorsqu’il va au-delà d’un seul paragraphe. En outre, un passage (groupe de mots, phrase ou paragraphe) peut être modifié en supprimant ou en en déplaçant une partie. Au niveau de la planification, beaucoup plus qu’ailleurs, ce sont les informations fournies par le contexte qui permettent de savoir si le scripteur est en conception, organisation ou recadrage. Par « contexte », nous entendons ce qu’on pouvait observer et ce que le scripteur verbalisait.

c) Les indicateurs observables de la textualisation

Au niveau de la mise en texte, en considérant ce sous-processus comme variable, nous avons envisagé sa dimension linéaire. Autrement dit, nous nous sommes intéressé à la mise en texte dans l’espace et le temps. Il serait trop simpliste de considérer que le scripteur met en texte un

mot, un syntagme, une proposition ou une phrase, l’évalue, procède à d’éventuelles corrections puis continue la mise en texte. En effet, à tout moment les trois sous-processus (planification, textualisation et révision) s’interrompent les uns les autres. Tout comme les autres, le sous- processus de mise en texte peut être interrompu à tout instant. Le plus souvent, la textualisation est tantôt « interrompue » par la correction d’une faute de frappe (coquille), par la réflexion sur le mot ou l’idée qui suit, par un retour sur le texte déjà écrit, etc.

Cependant, malgré cette réalité, il nous a paru évident que l’on peut partir d’une base : au cours de la production écrite, la mise en texte se fait par séquences délimitées par des interruptions au profit d’autres événements (ex. distraction) ou d’autres activités (ex verbalisation), mais surtout au profit des autres sous-processus, étant donné la récursivité même du processus rédactionnel. Malheureusement, l’identification de ces séquences pose problème du fait même de cette récursivité. Admettons même que nous considérions tout simplement qu’une séquence ou unité de textualisation est comprise entre deux pauses par exemple. Les pauses seraient pertinentes comme frontières pour délimiter deux unités de textualisation mais encore faut-il identifier ce qu’il faut considérer comme pause en fonction de la durée de l’interruption30. La littérature antérieure sur les méthodes d’études des productions écrites ne nous donnant pas des recettes miracles en la matière, nous avons dû opérer des choix pour identifier quand nous pouvions considérer que le sous-processus de mise en texte était en cours et quand il était interrompu, ce qui permet de délimiter les séquences ou unités de mise en texte. La confrontation de cette conceptualisation avec les données observées a permis de retenir les séquences de mise en texte suivantes :

• Mise en texte d'un mot ; • Mise en texte d'un syntagme ; • Mise en texte d'une phrase31 ; • Mise en texte d'une proposition32 ;

30Ce qu’il faut considérer comme pause varie d’un auteur à un autre de 80 à 1500ms (Fayol, 1997).

31 Nous entendons par « phrase » et « proposition » les sens donnés respectivement à ces deux mots en grammaire française. La phrase est l’unité syntaxique qui comporte au moins un verbe (sauf dans les cas de phrases sans verbe) et qui commence une majuscule et se termine par un point, un point d’exclamation ou un point

d’interrogation. Une phrase peut être simple, c’est-à-dire correspondre à une proposition ou être complexe, c’est- à-dire comporter plus d’une proposition dont une ou plusieurs propositions juxtaposées, coordonnées ou subordonnées (une subordonnée pouvant être relative, conjonctive, interrogative indirecte, infinitive ou participiale).

• Mise en texte de plusieurs propositions ; • Mise en texte de plusieurs phrases.

Ces segments constituent les indicateurs observables de la dimension de la linéarité de la mise en texte (voir tableau 8).

Tableau 8

Indicateurs observables de la planification retenus comme codes Dimension 2 Dimension

Textualisation • Linéarité

• Mise en texte d'un mot • Mise en texte d'un syntagme • Mise en texte d'une proposition • Mise en texte de plusieurs propositions • Mise en texte d'une phrase

• Mise en texte de plusieurs phrases

Les indicateurs de la textualisation ne sont identifiables qu’en référence à ce que nous considérons comme des interruptions de la mise en texte. À cet effet, nous avons arrêté qu’il y avait rupture du processus de mise en texte à chaque fois que survient :

- Un point suivi d’une petite pause même si elle est de quelques secondes; - Un déplacement du curseur à une autre place (en arrière ou devant); - Un arrêt suivi d’un silence ;

- Une interruption pour d’autres raisons : verbalisation, etc.

- Une interruption de la linéarité par le clic de la souris (bouton droit ou gauche) sur un menu, un outil ou un autre fichier ;

- La sélection d’un passage, même si celle-ci ne nécessite pas le déplacement du curseur.

Ce sont donc ces coupures qui permettent de déduire si oui ou non le scripteur est en processus de mise en texte ou s’il a interrompu ce processus ou encore pour emprunter les termes de Coen (2000), s’il est en mode « on line » ou « off line ». Elles servent donc de frontières pour délimiter les unités de textualisation continue.

Il est à noter que nous avons considéré qu’il n’y a pas rupture du processus de mise en texte lorsque surviennent certains comportements, parce que nous considérons qu’ils sont automatiques et ne mobilisent quasiment pas de ressources cognitives dans la mémoire de 32 Voir note précédente

travail. Autrement dit, nous considérons qu’il n’y a pas rupture de la linéarité de la mise en texte dans les cas qui sont les suivants :

- le changement de page en modalité manuscrite lorsqu’il n’est pas suivi d’une pause ; - la Correction de coquilles ;

- la suppression de tout ou partie du mot en train d’être orthographié et si cette modification concerne seulement l’orthographe (et pas le remplacement du mot) ;

Nous sommes conscient des limites d’une telle segmentation (cf. ci-dessous sous 4.5.4) mais elle nous a paru la plus réaliste au regard des données recueillies et retranscrites. En somme, il nous a paru plus cohérent et plus logique d’opter pour ce découpage après avoir été confronté à plusieurs difficultés et après les avoir analysées toutes.

d) Les indicateurs observables de la révision

La diversité des observations qui relèvent du processus de révision tel que nous le concevons suggère de considérer plusieurs dimensions et leur d’indicateurs observables (voir tableau 9).

À défaut de pouvoir nous étaler sur la description de tous les indicateurs observables ainsi identifiés, nous prenons le soin de donner les précisions nécessaires sur certains indicateurs afin de lever toute ambigüité.

Ainsi, au niveau de la dimension modification, la classification des indicateurs observables utilisés comme codes est très complexe lorsqu’on l’applique aux données. En effet, il est parfois très difficile de classer une modification. Aussi, pour être cohérent et afin de lever certaines ambigüités, nous avons fait certains choix qui méritent d’être précisés : `

- La Correction de coquilles a été catégorisée à part parce qu’elle se distingue d’une Correction orthographique ordinaire;

- Une Correction grammaticale concerne précisément une modification qui porte sur un accord en genre et en nombre et non sur la syntaxe et la structure de la phrase. Cette précision est nécessaire car les modifications qui affectent la syntaxe et la structure constituent une catégorie à part, même si tous ces indicateurs relèvent de la grammaire au sens large du terme pour certaines approches linguistiques;

Tableau 9

Indicateurs observables du processus de révision, retenus comme codes

Dimension Indicateurs observables

R

évi

si

on

• Lecture partielle

du texte écrit • Lecture partielle probable • Lecture partielle visible d'une partie du texte écrit • Relecture visible de tout le texte déjà écrit • Relecture de tout

le texte • Mise au propre • Relecture 1 • Relecture 2 • Relecture 3 • Relecture 4 • Relecture 5 • Relecture 6

• Modification • Correction de coquilles • Correction automatique • Correction dans la ponctuation • Correction grammaticale

• Correction due à la lettre/syllabe qui suit • Correction due au mot ou passage suivant • Correction due à une modification de texte • Correction orthographique (lexicale) • Correction syntaxique et structurelle • Déplacement d’un mot ou d’un passage; • Fin de l’orthographie de mot interrompue • Insertion de mot ou de passage copié ou coupé • Insertion d’une note de bas de page

• Insertion de mot ou passage non copié/coupé • Modification typographique

• Remplacement d’un mot ou d’un passage • Restitution de mot ou passage supprimé • Suppression d’un mot ou passage

• Suppression ou insertion injustifiée et rétablissement éventuel • Pause de

diagnostic et de recherche de solution

• Abandon de mise au propre pour recommencer • Arrêt et hésitation suivie d'abandon de modification

• Arrêt et hésitation pour trouver une solution à un problème logistique • Arrêt et hésitation sur l'orthographe, le sens ou l'existence d'un mot • Arrêt précédant une modification

• Arrêt pour trouver un mot précis (mot juste, synonyme. marqueur de relation, etc.)

• Lecture, arrêt et hésitation visible pour évaluer suivi ou non de modification • Retour à un éventuel brouillon

• Retour au fichier du texte final

• Retour en arrière pour une ou d'éventuelle(s) modification(s) • Retour sur un éventuel fichier plan

- L’indicateur Correction syntaxique et structurelle concerne les changements de marqueurs de relation textuelle, de l’ordre de mots, de la structure de la phrase;

- Le Déplacement d’un mot ou d’un passage signifie que le mot ou le passage collé a été soit coupé, soit copié et ensuite effacé de sa première place;

- La Fin de l’orthographie de mot interrompue signifie que l’orthographe du mot avait été interrompue par une raison ou une autre (retour en arrière, séquence de verbalisation, arrêt, etc.);

- L’indicateur observable Insertion de mot ou passage non copié/coupé signifie que le mot, groupe de mots ou phrase est inséré plus haut dans le texte déjà écrit mais il n'a pas été copié ou coupé ailleurs;

- L’indicateur observable Modification typographique est un indicateur qui concerne les permutations entre majuscule et minuscule;

- Dans le cas de l’indicateur observable Suppression d’un mot ou passage, le scripteur efface un mot ou groupe de mots mais le dernier mot peut ne pas être achevé avant la suppression.

Au niveau de la dimension Pause de diagnostic et de recherche de solution, certains choix méritent des précisions également :

- Abandon de mise au propre pour recommencer est un indicateur qui a été créé pour prendre en compte les cas où, dans la modalité manuscrite, le scripteur reprend la mise au propre sur une nouvelle page;

- Arrêt et hésitation sur l'orthographe, le sens ou l'existence d'un mot est un indicateur retenu pour coder le contexte où le scripteur hésite de façon audible et/ou visible sur l'existence, le sens ou l'orthographe d'un mot précis qu'il s'apprête à écrire, qu’il a commencé à écrire ou qu'il a déjà écrit;

- Arrêt pour trouver un mot précis (mot juste, synonyme. marqueur de relation, etc.) signifie que le scripteur s'arrête pour trouver un mot précis (mot juste, synonyme plus approprié ou pour éviter la répétition, pour trouver un marqueur de relation, etc.);

- Lecture, arrêt et hésitation visible pour évaluer suivi ou non de modification signifie que le scripteur marque un arrêt et est, de façon visible, en train d'examiner un passage pour voir s'il y a des fautes ou des améliorations possibles. L'arrêt est éventuellement suivi de correction sur le passage concerné;

- Retour en arrière pour une ou d'éventuelle(s) modification(s) est utilisé pour coder le contexte où le scripteur retourne dans le texte écrit plus haut pour y effectuer éventuellement des modifications. Le retour plus haut ne concerne pas le retour sur la dernière phrase que le scripteur est en train de mettre en texte.