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Les indicateurs des activités de scénarisation

6. Chapitre : Simulation et transformations de la familiarité globale à la situation de

6.2. Les activités de scénarisation de l’action

6.2.4. Les indicateurs des activités de scénarisation

6.2.4.1. La construction des indicateurs

La création de la scène correspond aux situations où les acteurs présents lors de la préparation « font comme si » la situation de négociation était réelle. Ils reconstituent dans l’échange, à partir de leur expérience, la « scène » de la négociation collective. D’une part, les acteurs font des scénarii où nous identifions les acteurs présents de la négociation collective, d’autre part des éléments qui font référence à la situation réelle de la négociation collective. Les acteurs créent une image mentale du lieu où se passe l’action. Ils créent les conditions dans lesquelles les activités à venir vont se développer. Ils configurent le lieu de « la scène » où se déroulera leur action. Ils scénarisent leur jeu dans « la mise en scène ». Leur expérience de la situation

leur permet de s’attribuer des rôles, ils se mettent dans la « peau de l’autre » et jouent « des scénettes ». Ils donnent à voir d’eux-mêmes dans l’interaction par les scénarii qu’ils développent. Ils interagissent en adoptant les comportements qui leur semblent se produire dans la situation de négociation collective. Ils élaborent et se distribuent des rôles d’acteurs. Ils anticipent en se projetant d’une part par un double « je » sur leur propre action et d’autre part sur l’action de l’autre.

131 Nos indicateurs sont donc les suivants :

Les activités de scénarisation Les indicateurs

La création de la scène - « Messieurs, mesdames » - « la salle »

La scénarisation du jeu des acteurs - « il va nous dire » - « on va »

- « si,… alors il va dire» - «si ,… eh bien il va dire »

Nous avons donc recueilli deux types d’indicateurs illustrant les activités dans le discours des acteurs lors de leur rencontre dans le cadre de la préparation de la négociation collective. Nous privilégions l’étude des interactions verbales et des rapports qu’elles font apparaitre.

6.2.4.2. La démarche d’analyse

1- Nous identifions dans notre enregistrement les verbatim qui font référence d’une part à la création-configuration de la scène par les acteurs, et d’autre part ceux qui font référence au jeu des acteurs.

2- Nous portons un signe distinctif en les mettant en gras.

3- Nous relions les interactions avec des qualifications nous permettant de les catégoriser. Nous qualifions les indicateurs de configuration de la scène (a et ses déclinaisons) et les indicateurs d’anticipation du jeu des acteurs (b et ses déclinaisons).

Tableau 38 : Présentation des déclinaisons des indicateurs des activités de simulation- scénarisation

a ( et ses déclinaisons, a’, a’’) : pour les indicateurs de configuration de la scène b ( et ses déclinaisons, b’, b’’) : pour les indicateurs d’anticipation des logiques d'acteurs

Soit dans le cas des interactions privilégiant les activités de scénarisation : Tableau 39 : Analyse des interactions privilégiant les activités de scénarisation

E, DS, 421, 422 « moi je vois déjà sa réponse/ <Messieurs, mesdames, allez travailler chez Leclerc> » a

M DSG 423,424 : « Il ne va pas nous dire d’aller travailler chez Leclerc car on va quitter

la salle. » b + a’

M,DSG,425,427 :« on n’a pas le même effectif que chez Leclerc / il va dire que si on était au même effectif/ alors on aurait une grosse

prime . b’

Les acteurs présents mettent en place la négociation collective prochaine avec ses acteurs. Nous comprenons donc qu’il y aura des groupes d’appartenance. L’utilisation de « Messieurs, mesdames » nous apprend que les groupes d’acteurs seront dans une mise à distance en raison d'intérêts et des places distribuées lors de cette rencontre. Elle fait opposition au « on » et au « nous » utilisés pour la reconnaissance de l’appartenance au même groupe. L’acteur « E » simule le comportement des autres acteurs présents au regard de sa propre représentation. « M » donne des indications sur le lieu de l’action, cela se passera dans « une salle ». Cette scénarisation permet de faire comprendre aux autres acteurs présents l’expérience qu’ils ont de la négociation et la connaissance des acteurs alors présents.

Les acteurs s’attribuent des rôles de négociateur dans la situation. Ils simulent des façons d’agir dans le cadre de l’anticipation des actions futures. Ils développent des capacités de maitrise de l’action. Ils éprouvent leur expérience de la négociation. Ensemble, ils se représentent les réponses qu’ils apporteront en situation réelle.

Analysons d’autres extraits :

Tableau 40 : Analyse des interactions privilégiant les activités de scénarisation - Autres extraits H, DP, 44,46 : « si on part directement sur des points négatifs et qu’on a deux pour cent par exemple / eh bien il va dire / je tire où ces deux pour cent ? »

M, DSG, 1118 à 1119 « si ce n’est pas rétabli / on ne peut pas embaucher/alors il va dire ça / donc ce n’est pas bon »

M, DSG,1450 à 1457 :« oui / je sais déjà ce qu’elle va nous dire / elle va dire / si vous voulez instaurer une prime d’ancienneté alors que la prime d’ancienneté n’existe pas dans notre convention collective / alors passage au niveau supérieur au niveau de chaque établissement / pour dix salarié par établissement et par entité / c’est-à-dire /après c’est la direction qui choisit »

Nous avons relevé ces extraits car ils ont on commun « si… eh bien il va dire », « si,… alors il va dire », « ce qu’elle va nous dire », « elle va dire /si… alors ». Les pronoms personnels, «il », « elle » marquent le discours en faisant apparaitre la place de chacun dans la négociation. Ce sont ceux qu’il faut influencer dans l’interaction venir. Par conséquent, lors de la préparation, ces derniers deviennent des objets de simulation des actions à venir. Ils créent des « jeux de rôle » en se mettant dans la peau de l’autre acteur « va dire ». Ils se sont appropriés leur façon d’agir et de penser.