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Libéralisation financière et croissance économique : une revue de la littérature empirique

I.1. Les indicateurs de libéralisation financière

Les études empiriques sur les effets potentiels de la libéralisation financière sur la croissance se sont différenciées, aussi bien, par leurs méthodologies que par leurs résultats.

Une grande partie de ces travaux a privilégié l’utilisation de modèles de croissance, auxquels sont ajoutés des indicateurs de libéralisation financière pour quantifier et qualifier un effet global. D’autres études ont adopté la méthode d’analyse des séries temporelles pour mesurer l’effet de la libéralisation sur une variable économique ou des secteurs d’activités donnés.

Avant d’entamer une revue de la littérature empirique sur les problématiques de la libéralisation financière, il convient, tout d’abord, de présenter les principaux indicateurs de libéralisation financière, les plus fréquemment retenus dans la littérature empirique. Il existe trois catégories principales d’indicateurs de libéralisation financière : indicateurs d’ouverture du compte de capital, indicateurs d’ouverture des marchés financiers et indicateurs de libéralisation du secteur bancaire. Cependant, la mesure d’ouverture du compte de capital est la plus fréquemment utilisée comme proxy d’intégration financière grâce à son aspect plus général qui reflète mieux le degré d’ouverture d’une économie donnée [Bumann, Hermes et Lensink (2013)]. Ainsi, on distingue deux catégories de mesures de l’ouverture du compte de capital : les mesures formelles ou de jure qui reflètent l’existence de barrières légales au mouvement international de capitaux et les mesures en volume ou de facto qui quantifient les flux actuels et les stocks de capitaux étrangers.

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I.1.1. les mesures formelles de l’ouverture du compte de capital (De jure)

Ces mesures se basent essentiellement sur une méthode de scoring où chaque composante signifie une catégorie de baisse de restriction sur les mouvements de capitaux. La plupart de ces indices sont construits à partir d’informations extraites du rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change « AREAER » publié chaque année par le FMI.

La variable de restriction du FMI extraite du rapport annuel sur les régimes et

les restrictions de change « AREAER » pour (Anual Report on Exchange Arrangements and Exchange Restrictions), à partir de la ligne E2 pour chaque pays. Elle prend la valeur 1 pour les années où un pays impose des restrictions sur les transactions en compte de capital et 0 dans le cas contraire. L’inconvénient de cette mesure est qu’ « elle ne donne aucune indication sur l’intensité de la libéralisation

financière »19. Cette variable est disponible pour 117 pays entre 1976 et 1995.

La variable Share du FMI est construite de la même façon que la variable de

restriction. Elle est exprimée en pourcentage et mesure la proportion des années pour lesquelles le pays n’a pas de contrôle sur la mobilité des capitaux. Cet indice est disponible pour 117 pays entre 1976 et 1995 et 137 pays entre 1986 et 1995.

Il est à noter que ces deux variables sont de moins en moins utilisées dans la littérature empirique car leur mode de construction a changé depuis 1997.

La variable d’intensité de Quinn construite aussi à partir des informations

fournies par le « AREAER » sur les transactions concernant le compte de capital. Elle varie entre 0 et 4 selon un degré de restriction décroissant (4 représente une économie totalement ouverte). L’avantage de cet indicateur est qu’ il donne une indication sur l’intensité du développement financier mais son inconvénient est qu’il

86 n’est disponible que pour 94 pays entre 1950 et 2004 par période de 5 ans [Quinn et Toyoda (2008)].

La variable Kaopen de Chinn et Ito cet indicateur est composé de quatre variables

binaires qui sont publiées dans l’AREAER et qui représentent quatre catégories majeures des restrictions sur les comptes externes :

K1 : variable indiquant la présence d’un taux de change multiple (ligne B2) ; K2 : variable indiquant la présence de restrictions sur les transactions

courantes (degré de convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur l’utilisation d’une monnaie étrangère entre résidents) (ligne E1) ;

K3 : variable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du

compte de capital (ligne E2) ;

K4 : variable indiquant la présence de restrictions lors du rapatriement des

bénéfices par les exportateurs (ligne G2).

L’avantage de la variable KAOPEN est qu’elle donne une idée assez claire sur l’intensité de la libéralisation financière et qu’elle est disponible pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2013.

Les variables de réforme financière d’Abiad et Mody (2005): mises à jour par Abiad

et al (2010), cet indice considère la libéralisation financière comme un processus multidimensionnel reparti sur 7 variables évoluant chacune entre 1 et 3 et couvrant :

- Le contrôle des crédits et la constitution des réserves obligataires. - Le contrôle des taux d’intérêt.

- Les barrières à l’entrée des banques étrangères. - La participation de l’Etat aux capitaux des banques. - Les restrictions sur le compte de capital.

87 - Les réglementations prudentielles et la qualité de supervision du secteur bancaire.

- La réglementation et la supervision des marchés financiers.

Cet indice a l’avantage de fournir une information plus complète sur la magnitude et le timing de chaque réforme libérale entreprise par les Autorités financières d’un pays. En plus, il est disponible pour un large panel de pays (91 pays) et pour une période assez longue de 1975 à 2010. A noter aussi, la possibilité d’agréger les 7 dimensions en un seul indice en additionnant les différents agrégats afin d’obtenir un score entre 0 correspondant au système financier le moins libéral et 21 au système le plus libéral.

I.1.2. les mesures en volume de l’ouverture du compte de capital (De facto)

Ces mesures font principalement référence aux flux de capitaux (investissements directs étrangers et investissements de portefeuille) et aux stocks de capitaux (actifs et passifs étrangers). Kose et al. (2009) stipulent que les mesures de stock sont moins volatiles que les flux de capitaux et par conséquent plus efficaces dans la mesure du degré d’ouverture financière. Actuellement, la plupart des études empiriques utilisent la base de données de Lane et Milesi-Ferretti (2007) qui résume les actifs et passifs étrangers de 178 pays entre 1970 et 2007. Cet indice est construit à partir des données historiques du FMI et des institutions statistiques nationales. Il est mis à jour chaque année, jusqu’en 2012. Il s’écrit de la manière suivante :

it it it AE EE LMF PIB   Avec : it

AE : La somme des actifs étrangers du pays i à l’instant t. it

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it

PIB : Produit intérieur brut du pays i à l’instant t exprimé en dollar

américain.

Cet indice donne une bonne appréciation de l’état actuel de l’intégration financière d’un pays donné. En plus, il est moins sensible que les mesures de flux aux changements de politiques macroéconomiques de courtes périodes. Cependant, il présente une faible base historique pour les pays en voie de développement dont les observations ne sont pas généralement disponibles pour les années 70 et 80.

La section suivante sera consacrée à une revue de la littérature empirique qui traite de la problématique de la libéralisation financière.

Les travaux empiriques qui traitent de la relation entre libéralisation financière et développement économique peuvent être classés en deux grandes catégories :

i- Les travaux qui décèlent une relation positive entre libéralisation financière et croissance économique.

ii- Les travaux qui n’identifient aucune relation, voire même une relation négative, entre la libéralisation financière et la croissance.

I.2. Les études établissant un effet positif de la libéralisation