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Section I. L’intégration économique et commerciale

I.3. Les effets dynamiques de l’intégration commerciale

insisté sur les effets dynamiques de l’intégration commerciale résultant des effets de productivité (Neary, 2001). La nouvelle théorie met ainsi en relief les retombées de productivité à long terme sur le commerce (Grossman et Helpman, 1991), qui surviennent à travers les importations et les exportations (Coe et Helpman, 1995 ; Coe, Helpman et Hoffmeister, 1997). Les effets dynamiques surviennent également par le biais des flux d’Investissements directs étrangers (IDE) extrarégionaux.

C’est donc dans le long terme que sont réalisés les gains dynamiques résultants des zones de ZLE. Ces effets découlent souvent des économies d’échelle (en raison d’un marché élargi), de gains d’efficacité (en raison de

l’environnement concurrentiel et du transfert de technologie), d’entrées accrues d’IDE ; et de l’élimination de la protection contingente et des barrières tarifaires.

Les gains économiques les plus importants peuvent découler de la baisse des coûts unitaires, provoquée par la coopération économique et la coordination des politiques (de Melo, Panagariya et Rodrik, 1993), y compris ceux pour les transports et les communications à l’échelle de la région. Pour la CEE, Bayoumi et Eichengreen (1995) ont montré que les flux d’investissements bilatéraux au sein de la ZLE ont enregistré une hausse très substantielle.

L’Afrique proprement dite peut obtenir des gains dynamiques de l’intégration régionale dans quatre domaines principaux :

- les marchés régionaux élargis fournissent des incitations aux IDE, aux délocalisations ainsi qu’aux investissements transfrontières privés. Les régimes commerciaux et macroéconomiques appropriés peuvent encourager les entreprises à mettre sur pied des projets industriels et de services de taille optimale, dont l’exécution était auparavant entravée par l’exiguïté des marchés nationaux. La plupart des économies africaines sont trop petites pour lancer des projets sidérurgiques viables, par exemple, pourtant le rôle crucial que joue cette industrie pour que les pays en développement s’industrialisent est largement reconnu. La combinaison d’un climat des investissements stable, du développement de l’infrastructure des transports et des communications, ainsi qu’une politique économique régionale judicieuse,

pourrait constituer un ensemble d’incitations pour les grands investissements dans les secteurs manufacturiers et des services, qui nécessitent des économies d’échelle ;

- l’intégration régionale est susceptible d’améliorer l’efficacité par suite des pressions concurrentielles entre entreprises rivales. Les marchés marqués par des monopoles et des oligopoles sont de grands obstacles à une production efficace dans la plupart des pays africains.

Des entreprises nationales inefficaces (y compris celles privées qui bénéficient des privilèges gouvernementaux) engrangent souvent des profits exorbitants, soit parce que les lois les protègent, soit parce que le secteur concerné n’offre aucun rival crédible. Adopter et mettre à exécution des règles de concurrence régionale dans toute la zone de libre-échange, est susceptible de renforcer (ou de provoquer) la libre concurrence requise pour une structure industrielle efficace ;

- les effets potentiels résultant d’un éventuel détournement du commerce d’une ZLE régionale, peuvent entraîner une amélioration du bien-être dans la région concernée. Cette situation s’explique par le fait qu’une augmentation du prix relatif des produits exportables peut développer le secteur, en stimulant davantage les investissements et en accroissant ainsi la production et l’emploi ;

- à mesure que la composition de la production se diversifie au détriment des produits primaires, la dépendance à long terme des pays africains à l’égard des pays développés à économie de marché, pour ce qui est des produits manufacturés, devrait diminuer. La structure

actuelle, marquée par la spécialisation dans les produits de base en Afrique, a placé durablement le continent dans une position désavantageuse, non seulement s’agissant des pertes sur le plan des termes de l’échange, mais aussi pour ce qui est de la perte de l’image positive et de la croissance. Un des effets dynamiques potentiels des ZLE en Afrique est qu’elles peuvent fournir un meilleur environnement pour la diversification industrielle et la complémentarité régionale que lorsque chaque pays fait cavalier seul.

Les mesures tendant à éliminer les droits de douane ne garantiront des gains dans ces quatre domaines que si d’autres mesures les accompagnent, telles que la réduction des barrières non tarifaires résultant de la faiblesse de l’infrastructure, de la lenteur des procédures aux frontières, du chevauchement des procédures et de la corruption. Des efforts régionaux, tendant à mettre à niveau l’infrastructure et à réduire les barrières non tarifaires, sont donc essentiels à toute intégration réussie.

La CEA (2004) cite d’autres avantages de l’intégration régionale :

- les mécanismes permettant d’assurer le respect des engagements pris. L’intégration régionale peut ainsi donner plus de crédibilité aux réformes économiques et politiques des États membres et assurer leur continuité, car ces mécanismes jouent un rôle modérateur et offrent un cadre de coordination des politiques et des réglementations (Fernandez et Portes, 1998 ; Banque mondiale, 2000) ;

- le renforcement du pouvoir de négociation économique sur la scène internationale, surtout pour les petits pays, à condition de négocier en tant que groupe ;

- la coopération et la mise en commun des ressources (cours d’eau, routes et voies ferrées, réseaux électriques) permettent de promouvoir les biens publics régionaux et de lutter contre les maux publics régionaux (pollution ou pénurie de transport, par exemple) ;

- la réduction des risques de conflits, par l’instauration de la confiance et la facilitation de la coopération sur les questions de sécurité ;

- l’accélération de la croissance et du développement économique, sous l’effet combiné des progrès technologiques permis par les échanges et la stabilisation de l’environnement global des affaires (grâce notamment à la fixation de critères de convergence macroéconomiques et à la modernisation des cadres législatif et réglementaire).