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Les compétences fondamentales orales et écrites :

La distinction entre l’oral et l’écrit en français

II.3. Les compétences fondamentales orales et écrites :

Le langage humain assure deux fonctions essentielles, celles de l’expression et de la communication. Exprimer, c’est faire sortir, manifester. Ainsi, le langage est-il l’extériorisation de la pensée. En d’autres termes, c’est grâce au langage que les humains laissent apparaître ce qui est caché au fond d’eux-mêmes. Les hommes sont les seuls êtres capables de faire usage d’un système de signes vocaux ou graphiques qui n’ont rien à voir avec les signaux animaux.

L’enseignement/apprentissage d’une langue se fixe pour objectif de développer, chez les apprenants, des compétences de communication pour une interaction à l’oral (écouter/comprendre/parler) et à l’écrit (lire/comprendre/écrire).

II.3.1. Les compétences orales :

A l’oral, l’écoute, qui occupe une place fondamentale dans l’apprentissage d’une

langue, permet à l’enseigné de faire la différence entre les unités minimales

pertinentes et non-pertinentes. Un apprenant qui se contente d’écouter, qui n’ose pas parler, qui hésite à entrer en interaction avec autrui, de peur que l’enseignant lui fasse des reproches, que ses camarades le tournent en ridicule, a du mal à assimiler efficacement. Savoir écouter, c’est comprendre les messages verbaux, c’est

communiquer, c’est adapter son écoute à la situation de communication, c’est être attentif à la dimension non-verbale, c’est élaborer des significations qui passent par l’identification du thème, des interlocuteurs, de l’intonation et du cadre spatio-temporel, c’est dégager l’organisation du message, c’est percevoir la cohérence lexicale et syntaxique. Afin d’apprivoiser l’oreille des apprenants, l’enseignant doit mettre en place des activités en rapport avec la reconnaissance de la voix, le nombre

87 Ibid.

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de locuteurs, le repérage des pauses, etc. Elles permettent «d’éduquer l’oreille et

contribuent à une meilleure discrimination auditive»89.

Produire, c’est intervenir oralement en veillant à avoir une bonne réalisation ; c’est respecter l’intonation, la liaison et l’enchaînement ; c’est reformuler les propos d’autrui ; c’est s’exprimer de façon audible ; c’est se taire quand quelqu’un parle ; c’est rapporter des faits ; c’est construire des phrases intelligibles et cohérentes pour répondre à des questions ; c’est parler de soi, de son environnement immédiat (de la famille, des amis du quartier) ; c’est restituer une information écoutée ; c’est maîtriser des discours variés et être capable de prendre en compte plusieurs

interlocuteurs : les enseignants, les camarades de classe, les gens de la rue.

Savoir parler, c’est prendre part à un dialogue, justifier un point de vue, se

présenter et présenter quelqu’un ; c’est demander à une personne ses nouvelles en utilisant les formules de politesse «l’acte de la communication orale fait appel à

plusieurs compétences : linguistique, discursive, référentielle et socioculturelle»90.

D’autres éléments s’ajoutent à ces compétences dans une interaction verbale, telle que la mimique. Savoir parler, c’est utiliser la langue en fonction de la situation de communication. «Pour parler, il ne suffit pas de connaître la langue, le système

linguistique, il faut également s’en servir en fonction du contexte social»91. Savoir

parler, c’est adapter l’organisation de l’énoncé au genre utilisé, c’est décrire des situations réelles ou imaginaires, c’est se servir du langage comme un instrument d’investigation et de représentation de la réalité, c’est acquérir un vocabulaire riche et structuré, c’est accéder aux éléments phoniques, c’est découvrir les relations entre l’oral et l’écrit. Avec l’avènement de l’approche communicative, l’objectif de tout processus d’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère est l’acquisition d’une compétence de communication afin de rendre les enseignés capables de se débrouiller dans différentes situations de communication. Cela nécessite de la part des apprenants l’appropriation des moyens linguistiques et non-linguistiques pour agir et réagir de façon appropriée. Comme certains apprenants ont du mal à

communiquer oralement, la tâche principale du professeur consiste à utiliser des activités ludiques qui détendent l’atmosphère en salle de cours, à organiser des conversations à deux ou à trois susceptibles de faciliter le dialogue. Il s’agit, ici, de sortir de l’interaction enseignant/enseignés pour passer aux échanges verbaux apprenants/apprenants dont l’objectif est de les aider à surmonter leur inhibition. Le professeur doit valoriser les productions verbales à travers les exposés, les jeux de rôle, l’expression spontanée, la lecture à haute voix, etc. Pour que les pratiques de

89 Ibid. 90 MOIRAND, S., 1982, p. 36 91 HYMES, D., 1984, p. 34

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classe soient diversifiées, il est intéressant d’utiliser «des émissions de radio, de

courtes informations (des flashs), des bulletins météorologiques, etc. »92. La lecture à haute voix ou l’oralisation de l’écrit joue, également, un rôle fondamental dans l’acquisition de la compétence d’expression orale «la lecture-modèle de

l’enseignant permet de servir à l’apprentissage de la prononciation correcte en langue étrangère, elle propose une segmentation du texte, segmentation qui va servir de base à l’explication, elle sert enfin pour les questionnements qui vont suivre»93. Elle est un moyen très intéressant pour un travail sur la langue dans ses

différents aspects : prononciation, prosodie, élocution, compréhension, vocabulaire, interaction, etc. Concernant la phonétique, «elle ne constitue plus un moment de la

classe, elle est intégrée à chaque phase et est contextualisée»94.

II.3.2. Les compétences écrites :

A l’écrit, la réception englobe deux composantes : la première, la lecture, consiste

à déchiffrer, à connaître le système graphique du français. Lire, c’est faire la

distinction entre les graphèmes et les phonèmes, c’est émettre des hypothèses sur le contenu du texte, c’est fixer l’objectif de la lecture : lire pour résumer, pour le plaisir, pour élargir le cercle de ses connaissance, c’est avoir accès au sens en identifiant les informations explicitement ou implicitement contenues dans le texte, en distinguant ce qui est essentiel de ce qui est accessoire, en expliquant l’impact des constructions syntaxiques sur le texte, en repérant les marques de l’énonciation, en interprétant un schéma, un tableau ou des données statistiques, en explicitant le rapport entre le linguistique et l’iconique, en distinguant le fictif du vraisemblable, en établissant des liens entre les informations pour faire des déductions, en

réagissant face au texte, et ce, en se faisant une image de l’auteur, en prenant position par rapport au contenu, en justifiant la transparence ou l’opacité du texte, en dévoilant le degré d’objectivité ou de subjectivité, en comprenant une question ou une consigne, en dégageant l’idée essentielle d’un texte. La compréhension se rapporte à l’exploitation des éléments périphériques d’un support textuel (ceux de la parataxe) : une date, un mot en gras, une formule récurrente, un nom de lieu, un chiffre, une illustration, etc. Lire, c’est savoir résumer les informations lues, saisir l’importance des signes de ponctuation.

La seconde, la production, passe par l’apprentissage des différentes graphies : cursive, en script, minuscule, majuscule. Produire, c’est rédiger un texte en sachant orthographier les mots, en distinguant les substantifs masculins des noms féminins (le genre), le singulier du pluriel (le nombre), en sélectionnant les informations à

92 MARTINEZ, P., 1996, p. 91

93 VLAD, M., 2008, p. 38

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partir d’une documentation, en assurant la cohésion des idées par un emploi

pertinent des temps et par la construction correcte des phrases, en faisant usage des signes de ponctuation pour faciliter l’accès au sens. Savoir écrire, c’est orienter sa production en tenant compte de la situation de communication, c’est assurer l’organisation générale de l’énoncé selon le genre utilisé, c’est associer les unités lexicales et grammaticales au sein des phrases, c’est veiller au côté graphique du message, c’est être attentif à la dimension non-verbale du texte.

Conclusion :

A l’écrit, pour choisir ses mots, le scripteur dispose d’un temps suffisant, il peut

faire appel au dictionnaire, ce qui lui permet de corriger toutes les erreurs qui peuvent entraîner l’inintelligibilité. L’oral, qui se caractérise par son caractère éphémère, prend en considération plusieurs facteurs qui se rapportent aussi bien au discours émis qu’à la situation de communication dans laquelle il est produit. Ils jouent un rôle majeur dans la compréhension mutuelle entre le destinateur et le destinataire. Selon les auteurs de l’ouvrage «Enseigner le FLE. Pratiques de

classe»95, ces paramètres peuvent être classés ainsi : le premier est relatif aux indices de l’oral : les traits prosodiques (les pauses, les accents d’insistance, les modifications de la courbe intonative, le débit).

Le deuxième est en rapport avec les accents régionaux et sociaux, les niveaux de langue et les non-dits culturels.

Le troisième est afférent au corps, il a trait à la mimique (à la gestuelle), à la proxémie, la distance qui sépare le locuteur de son ou de ses interlocuteur (s).

En classe de FLE, l’enseignant est appelé à développer chez ses enseignés les deux capacités qui suivent : la première, la perception auditive, consiste à découvrir la signification à travers une suite sonore. Cette aptitude évolue au fur et à mesure que l’enseigné avance dans l’apprentissage de la langue cible. Elle se développe

progressivement jusqu’à ce qu’il maîtrise le système phonologique de la L2. Selon CUQ et GRUCA, «identifier la forme auditive du message, percevoir les traits

prosodiques ainsi que la segmentation des signes oraux et y reconnaître des unités de sens sont des opérations difficiles, d’autant plus que l’on est conditionné par son

système phonologique pour apprécier les sons d’une langue étrangère»96.

La seconde, l’écoute, met en jeu plusieurs éléments comme le type du document choisi, sa longueur et la voix enregistrée. Ces paramètres peuvent attirer l’intérêt de l’auditeur ou, au contraire, désorienter son attention.

95 DESMONS, F. et.al. 2005, p. 21

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Le professeur de français doit développer chez ses apprenants une écoute attentive qui est, d’après LHOTE, «une écoute consciente, effectuée dans la vigilance, et qui

met en jeu le double fonctionnement de la perception de parole, c’est-à-dire un traitement de parole selon deux modes, l’un de type global, l’autre de type analytique»97. Selon le même auteur, les objectifs d’écoute dans une situation

d’apprentissage d’une langue étrangère sont les suivants : écouter pour entendre, pour détecter, pour sélectionner, pour identifier, pour reconnaître, pour lever l’ambiguїté, pour reformuler, pour synthétiser, pour faire et pour juger.

Les différents types d’écoute, selon CUQ et GRUCA98, sont les suivants :

L’écoute de veille qui vise à attirer l’attention, l’écoute globale qui cherche à découvrir la signification générale du document, l’écoute sélective qui se fixe pour objectif de repérer les informations recherchées par l’auditeur, l’écoute détaillée est destinée à reconstituer le document.

Le troisième chapitre de la partie théorique est consacré à la didactique de l’oral et de l’écrit, c’est-à-dire à la façon de les appréhender, les saisir comme objets. En d’autres termes, comment fait le professeur de français pour les enseigner, les évaluer ? Quelles stratégies utilise-t-il dans ses cours ?

97 LHOTE, E., 1995, p.69

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Chapitre III :