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Chapitre IV : l’erreur orale et écrite

V.5. Les déterminants de motivation :

Les principaux déterminants de la dynamique motivationnelle sont les suivants :

La perception de la valeur d’une activité est le jugement porté par un enseigné sur l’intérêt d’une activité d’apprentissage en fonction des buts qu’il se fixe. Ces derniers peuvent se rapporter à l’appropriation des connaissances ou à la

performance : l’enseigné apprend pour acquérir le savoir, être le meilleur ou avoir la note qui lui permet de passer au niveau supérieur. La perception de la valeur d’une activité est influencée par la perspective future de l’apprenant. La perception de la compétence est la représentation que l’apprenant se fait de lui-même et par laquelle il évalue sa capacité à accomplir de manière adéquate une activité qu’il n’est pas certain de réussir. La perception de la compétence est différente de l’estime de soi. La première est propre à une activité, alors que la seconde est le jugement qu’une personne porte sur elle-même. La perception de contrôlabilité est la représentation que l’apprenant a du contrôle qu’il exerce sur le déroulement d’une activité et sur ses conséquences. Ici, entrent en jeu ce que nous appelons les attributions causales, c’est-à-dire les causes évoquées pour expliquer les succès ou les échecs scolaires. Les travaux qui s’y sont intéressés se fixent pour objectif d’expliquer pourquoi un événement a lieu «les humains ont tendance à chercher une explication aux

événements qui surviennent. Ils s’attribuent les mérites d’un succès mais ils rejettent à l’extérieur les causes d’un échec»159. HEIDER Fritz est le premier à

avoir mené des recherches sur cette question. En distinguant les causes internes à quelqu’un des causes externes, il précise que le comportement peut être expliqué par des traits de la personnalité ou par des facteurs environnementaux. Selon

157 RYAN, R., et DECI, E., 2000, p. 68

158 Ibid.

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l’auteur de ses travaux, la réussite à un examen dépend de deux types de force : le premier, celui des forces personnelles, comprend l’intention de réussir, les efforts déployés, la motivation et les aptitudes. Le second, celui des forces impersonnelles, comporte la difficulté de la tâche et la possibilité d’action. La difficulté de la tâche et les aptitudes sont intimement liées : un individu compétent peut réussir, car il est en possession d’un savoir lui permettant de surmonter les obstacles. La motivation et la possibilité d’action vont de pair : la motivation est la force interne qui nous pousse à agir, elle permet de venir à bout d’une tâche, elle est étroitement associée à la personnalité, à l’histoire propre à un individu, à l’engagement dans l’effort

d’apprendre et à la persévérance face aux difficultés rencontrées. Dans

l’enseignement/apprentissage des langues, les enseignés et leurs enseignants ne dérogent pas à la règle. Les premiers trouvent toujours des causes à leur réussite ou à leur échec. Les seconds s’estiment responsables du bon niveau de leurs diplômés, mais tendent à se tourner vers les apprenants et leurs professeurs antérieurs pour expliquer l’échec. WEINER répartit les attributions causales ainsi : le lieu de la cause: la cause est interne lorsque l’apprenant attribue sa réussite ou son échec à un facteur qui lui est propre (talent, effort, aptitude intellectuelle, fatigue, maladie, méthode de travail) en disant, par exemple, «je suis génial», «j’ai beaucoup révisé», «j’étais malade», «j’étais complètement épuisé». La cause est externe lorsqu’il attribue son succès ou son échec à des causes externes en disant, par exemple, «je n’ai pas eu de chance», «je suis tombé sur la partie que j’avais révisée», «les

enseignants sont nuls», «je n’ai pas donné le meilleur de moi-même».La stabilité de la cause : la cause est stable lorsqu’elle est immuable. C’est le cas de l’apprenant qui pense que, quoi qu’il fasse, son professeur le considère comme incapable. Nous citons, également, l’exemple de l’enseigné qui s’abandonne au désespoir lorsqu’il croit n’avoir pas les capacités requises pour réussir une tâche. Elle est instable quand elle change. C’est le cas de l’effort fourni par l’apprenant et la maladie : un enseigné qui refait l’année peut redoubler d’efforts pour améliorer ses résultats. La maladie ne dure pas une éternité, celui qui en souffre va se rétablir. La

contrôlabilité de la cause : la cause est contrôlable lorsque l’apprenant pense avoir la possibilité d’agir sur son action. Elle est incontrôlable quand il croit n’avoir aucun pouvoir sur celle-ci.

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Les attributions causales peuvent être rangées dans «la grille suivante»160 :

Interne Stable

Non-contrôlable

Aptitudes intellectuelles

Interne Stable Contrôlable Effort

Externe Instable

Non-contrôlable

Maladie

Externe Stable

Non-contrôlable

Perceptions de

l’enseignant

Externe Instable

Non-contrôlable

chance

Les apprenants peuvent être classés en quatre catégories, selon leur motivation à réussir et leur crainte d’échouer : ceux qui sont centrés sur la réussite s’engagent activement dans la réalisation des activités d’apprentissage, ils sont peu anxieux et ennuyés par le travail. Les apprenants en surrégime sont à la fois motivés pour réussir et anxieux dans l’échec. Ils travaillent dur. Cependant, ils sont stressés, pessimistes. Les éviteurs d’échec sont très anxieux, peu motivés par le succès. Ils essaient d’éviter les tâches demandées. Les accepteurs d’échec se désintéressent complètement des études.

Les quatre catégories peuvent être rangées dans «la grille qui suit»161 : Classement des

apprenants en catégories

Motivation à réussir Motivation à éviter

l’échec Les apprenants centrés

sur la réussite Forte Les apprenants en surrégime Forte Les accepteurs d’échec Faible Faible

Les éviteurs d’échec Faible Forte

L’engagement cognitif correspond au degré d’effort mental déployé par l’apprenant lors de la réalisation d’une activité pédagogique. Le jugement de l’effort fourni est en rapport avec les stratégies d’apprentissage utilisées par l’enseigné. A l’opposé de l’apprenant motivé qui s’engage dans l’accomplissement des tâches pédagogiques,

160 LAUTIER, N., 2001, p. 51

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l’enseigné démotivé fait appel à des stratégies d’évitement, celles qui lui permettent de ne pas réaliser les activités demandées par l’enseignant.

La persévérance est le temps consacré par l’apprenant à l’accomplissement d’une

activité pédagogique : plus il est motivé, plus il y consacre du temps et plus il augmente ses chances de la réussir. Un apprenant démotivé abandonne rapidement une activité ou se contente de faire le strict nécessaire. La réussite, qui est le fruit de la motivation, de l’effort et de la persévérance, a un impact positif sur les

perceptions de l’apprenant qui développe une image positive de lui-même et de sa compétence.