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Chapitre I Etat de l’art

I.2 Les approches d’éco-conception

Knight et Jenkins (2009) décrivent l’éco-conception comme étant « une façon

d’analyser et non un outil ou méthodologie spécifique ». Cette description reste assez vague

et large. Comme introduit précédemment, l’éco-conception présente de nombreux objectifs qui peuvent être exprimés de façon synthétique comme la réduction des impacts environnementaux et la réduction de la consommation de ressources pour les différentes phases de l’ensemble du cycle de vie d’un produit.

L’approche d’éco-conception peut être appliquée à différents niveaux de conception de produit (Unger et al. 2008; Knight & Jenkins 2009). Ces différents niveaux de conception peuvent être :

- Niveau 1 L’amélioration d’un produit existant : cela concerne par exemple l’utilisation de nouveaux matériaux pour un produit ;

- Niveau 2 La re-conception d’un produit, ce niveau peut être défini comme la conception d’un produit sur la base d’un produit existant ;

- Niveau 3 L’amélioration ou le changement de la fonction d’un produit ;

- Niveau 4 L’amélioration ou le changement du système de production du produit.

L’amélioration de l’éco-efficacité du produit est différente selon ces différents niveaux de conception selon Le Pochat (2005). Plus l’éco-conception est appliquée à un niveau de

conception élevé au sens de la classification ci-avant, plus l’amélioration potentielle va être grande.

Une multitude d’approches et d’outils d’éco-conception existent actuellement selon la revue effectuée par Baumann et al. (2002). Différents efforts pour caractériser ces méthodes ont abouti à diverses classifications. Baumann et al. (2002) ont pu identifier plus d’une centaine d’approches et d’outils d’éco-conception.

Unger et al. (2008) ont proposé une première classification en se basant sur les critères suivant : le besoin de données de la méthode, le besoin de temps et le besoin de connaissance. En se basant sur ces critères, ils ont pu sortir deux grandes classes d’outils : les outils dits « sophistiqués » et les outils « simples ». Knight & Jenkins (2009) ont classé les outils d’éco-conception suivant les groupes suivant : les guides, les check-lists et les outils analytiques. Une autre classification proposée par Ness et al. (2007) se rapporte à l’objectif que l’on veut atteindre :

- prospectifs : sont classés dans cette catégorie, les outils qui sont utilisés pour des fins de

normalisation ;

- rétrospectif : sont classés ici, les outils fournissant des indices analytiques ;

- entre rétrospectif et prospectif : sont classés ici les outils qui permettent l’évaluation d’un

produit.

Cette classification est néanmoins confuse quant au classement entre le deuxième et troisième groupe. Cette dernière classification va à peu près dans le même sens que celles de Leroy (2009) et le Pochat (2005) qui ont classifié les outils selon leurs objectifs d’application qu’ils soient des outils d’orientation de conception ou des outils d’analyse environnementale ou des outils qui permettent d’atteindre les deux objectifs.

Lors de sa revue, Baumann et al. (2002) a choisi de classifier les différents outils et approches suivant l’application envisagée suivant les niveaux suivants :

- les outils qui visent l’étude du produit (145 outils),

- les outils qui visent plutôt l’amélioration d’un procédé ou d’un processus spécifique (87 outils),

- les outils qui visent l’ensemble d’une chaine de production ou la combinaison de plusieurs procédés (88 outils)

- et enfin les outils qui visent, d’un point de vue global, l’ensemble d’une industrie (19 outils).

Le Tableau 1 présente les caractéristiques des différentes approches ou outils d’éco-conception que nous avons sélectionnés et que nous allons présenter par la suite. Les approches (et outils) sélectionnées sont jugées comme représentatives des différents types d’approches existant (qualitative et quantitative, prospective et retrospective). Le choix des outils présentés ici ont été fait sur la base des revues effectuées par Le Pochat (2005), Ness et al (2007), Unger et al (2008), Knight et Jenkins (2009) et Leroy (2009).

Tableau 1 : Caractéristiques des outils d’éco-conception sélectionnés pour la revue

Outil Qualitative ou

quantitative

Type d’action Niveau de

conception potentiel d’application (1 ; 2 ; 3 ; 4)* Orientation de conception Evaluation « Checklists » (Knight

& Jenkins 2009) Qualitative Moyen Faible 2 ;

« Material exclusions list » (Unger et al. 2008)

Qualitative Faible Faible 2 ;

« Les guidelines »

(ISO 2003) Qualitative Moyen Faible 1 ; 2 ;

Analyse de Cycle de Vie (ACV) (JRC 2010)

Quantitative Moyen Elevé 1 ; 2 ; 3 ; 4

« Material intensity per unit service »

(MIPS) (Ritthoff et al. 2002)

Quantitative Faible Faible 1 ; 2

« Material flow analysis » (MFA)

(Brunner et Rechberger 2004)

Quantitative Faible Moyen 1 ; 2

« Material, energy and toxicity matrix» (MET)

(Knight & Jenkins 2009)

Quantitative Faible Moyen 1 ; 2

« Cumulative energy demand » CED (Rolf Frischknecht et

al. 2007a)

Quantitative Faible Faible 1 ; 2

« Ecological footprint» (EF) (R. Frischknecht et al.

2007a)

Quantitative Faible Faible 1

* les niveaux de conception :(1) amélioration d’un produit existant ; (2) re-conception d’un produit ; (3) amélioration de la fonction d’un produit ; (4) amélioration du système de production du produit

Nous présentons dans ce qui suit les différents outils séparément afin d’identifier, d’une part les différentes limites potentielles de leur utilisation, et d’autre part les points d’amélioration nécessaires. Les outils qualitatifs sont présentés en premier lieu, par la suite nous présentons les outils quantitatifs ou analytiques.

I.2.1 Les outils qualitatifs

Les outils présentés dans cette catégorie sont ceux qui n’utilisent pas d’indicateur quantitatif spécifique.

I.2.1.1 Les « checklists »

Objectifs : les check-lists ont pour objet d’identifier les différentes phases les plus impactantes du cycle de vie du produit étudié.

Avantage : facilités de mise en œuvre

Inconvénient : non démonstrative et ne permet pas d’évaluer l’amélioration environnementale des solutions d’éco-conception.

C’est un ensemble de questions et de critères qui aide à cibler et analyser les « hotspots ». Les critères utilisées dans la méthode peuvent être des seuils d’émissions définis à partir de documents normatifs ou réglementaires, ou encore par rapport à un produit de référence (Unger et al. 2008), peuvent être utilisés. Les Checklists permettent ainsi de définir des cadres applicables sur des phases spécifiques ou sur l’ensemble du cycle de vie du produit comme le montre l’exemple de Knight et Jenkins (2009) dans la Figure 5. Cette approche est l’une des plus utilisées par les concepteurs du fait de sa facilité d’implémentation (Knight & Jenkins 2009). Mais c’est une approche qui n’est pas démonstrative. Elle ne permet pas d’identifier avec certitude si la solution de conception proposée est meilleure.

Figure 5 : Exemple de « checklist » (Knight & Jenkins 2009)