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CHAPITRE III : Les principales théories et approches en communica-

7. De la subjectivité dans le discours

7.1. Les adjectifs subjectifs

L’usage des unités lexicales portant la valeur évaluative telles que les adjec-tifs est classé par C. Kerbrat-Orecchioni comme le manifeste le schéma qui suit, dans le deuxième degré de la subjectivité qui s’exprime implicitement dans le discours, alors que l’usage des pronoms personnels, de la terminai-son de conjugaiterminai-son d’un verbe, des adjectifs possessifs etc., est considéré comme le premier degré de la subjectivité s’exprimant explicitement dans le discours.

La théorie du subjectivème s’intéresse à trouver les traces de la subjectivité dans un énoncé. Kerbrat-Orecchioni divise ainsi les unités lexicales en axes objectif et subjectif, avec une échelle graduelle entre eux (C. Kerbrat-Orecchioni, 1999 : 83).

OBJECTIF SUBJECTIF célibataire jeune petit bon

L’échelle ci-dessus, classe les unités lexicales selon leur degré de subjec-tivité. L’adjectif « célibataire » implique l’axe objectif parce qu’il énonce objectivement la qualité réelle, par contre l’adjectif « bon » indique une valeur jugée, son degré de subjectivité est alors plus intense. Quant aux adjectifs « jeune » et « petit », qui décrivent la qualité ou la quantité, de manière plus ou moins objective et relative au degré subjectif de l’énonciateur.

Le schéma ci-après( C. Kerbrat-Orecchioni, 1999 : 98) distingue plus clai-rement le rapport interne de la subjectivité, selon une hiérarchie reposant sur les catégories des adjectifs subjectifs :

Adjectifs d) Objectifs Subjectifs Ex.: célibataire/marié Adjectifs de couleurs Male/femelle Affectifs Évaluatifs a) Ex.: poignant Drôle /Pathétique

Non axiologiques Axiologiques grand bon loin beau b) chaud c) bien nombreux

Les adjectifs subjectifs axiologiques relèvent du langage évaluatif. Il s’agit du jugement de valeur, soit positif soit négatif, fait par l’énonciateur. Il peut s’agir d’un adjectif intrinsèquement axiologique ou d’un adjectif prenant une valeur axiologique dans un contexte particu-lier.

Nous avons relevé ci-dessous quelques exemples de l’usage des adjectifs intrinsèquement axiologiques, des adjectifs axiologiques en contexte et des adjectifs axiologiques ambigus employés dans pas Mme Ségolène Royal :

« Cela veut dire que nous devons essayer d’être meilleurs, plus généreux, plus joyeux que la société que nous voulons transformer. »

Les adjectifs « meilleurs », « généreux » et« joyeux » intégrés dans l’exemple sont classés dans la catégorie des adjectifs évaluatifs axiolo-giques positifs dans la mesure où ils portent une valeur sémantique posi-tive en elle-même. Ils donnent ainsi une valeur posiposi-tive aux membres de la société qu’ils évaluent.

Par ailleurs, de nombreux adjectifs sont considérés comme des adjectifs « en » contexte tel que dures, précaires, critique qui prennent leur polarité axiologique en contexte.

Le langage évaluatif est défini comme le langage ayant pour objectif d’exprimer la propre évaluation (le point de vue, l’opinion, l’attitude, l’affect). Il se manifeste dans le discours à travers le lexique, les construc-tions syntaxiques, l’usage des expressions ou d’autres moyens au niveau discursif. Dans l’exemple suivant :

« Depuis trois ans, il y a eu la « riante » primaire, la « courtoise » présidentielle, les « gentils » coups bas, les « tendres » attaques, les «doux » cambriolages, les « amicales » pressions et les charmantes épreuves personnelles... »

Les adjectifs « riante », « courtoise », « gentils », « tendres », « doux », «

ami-cales » et « charmantes » sont considérés comme évaluatifs puisqu’ils

mon-trent la valeur que l’auteur donne aux substantifs qui les précèdent, une valeur négative intégrée implicitement, et reposant sur la valeur positive que l’adjectif porte en lui pour accentuer le degré du sens en partageant avec public son vécu. Il s’agit d’une évaluation basée sur le lexique. L’évaluation peut être également révélée dans des constructions syn-taxiques, comme la construction de la comparaison, du superlatif, de la négation … etc.

De plus, l’évaluation est intégrée dans le discours sous forme d’expression, d’usage de la rhétorique et de la ponctuation, comme le montre l’extrait suivant:

« Et ce soir, je vous invite à un voyage, un voyage artistique venu de tous les coins du monde et de toutes les générations et de tous les genres de musique, et du cinéma et du théâtre. Un voyage autour de la fraternité »

Le substantif « voyage » ne porte normalement pas de valeur évaluative alors que dans la phrase ci-dessus il renvoie à une trace de l’évaluation

par rapport au substantif « voyage » en général. Selon le contexte, on pourrait dire que cela se réfère ironiquement non pas au tourisme mais à une forme d’évasion que procure le rassemblent et la fête de la fraternité dont la politicienne est la créatrice.

Il existe des adjectifs fondés sur une sémantique neutre telle que «

poli-tiques », « humaines », « national » …etc. Ils renvoient à une polarité

dé-pendant du contexte. En effet, il existe un grand nombre d’adjectifs qui prennent les deux polarités : positive et négative à la fois, par exemple ; « conservatrices », « populaires », «grand », « petits ». Pour définir la polarité de ces adjectifs axiologiques dits « ambigus », il faudra ainsi consulter le contexte.

Selon le modèle hiérarchique des adjectifs subjectifs, nous retenons ceux affectifs et évaluatifs.

7.1.1. Les adjectifs affectifs

Les adjectifs affectifs, comme leur appellation l’indique, sont utilisés quand le sujet parlant exprime ses émotions. Les deux émotions principalement exprimées par Mme Royal sont sa joie d’être avec ses partisans présents ce soir là et sa colère contre ses détracteurs et quelques membres de son propre parti :

- La joie : « et en plus (ce qui aggrave mon cas) heureuse d’être avec vous ? » - La colère : « des aires d’inquisiteurs un peu aigris », « des résistants

martyri-sés », « les forces conservatrices », « lucidité radicale », « salariés précaires », « ils ne paieront pas les pots cassés » …

-

7.1.2. Les adjectifs évaluatifs

Les adjectifs évaluatifs, dont nous avons fait l’exposé ci-dessus com-prennent deux sous-catégories : les adjectifs évaluatifs « non axiolo-giques » et « axioloaxiolo-giques ».

7.1.2.1. Les adjectifs évaluatifs non axiologiques

Ils énoncent l’évaluation quantitative ou qualitative en compa-rant sans jugement de valeur, ni engagement affectif de l’énonciateur : « petit » , « grand », « sociale »,

7.1.2.2. Les adjectifs évaluatifs axiologiques :

Ils déterminent un jugement de valeur soit positif soit négatif : « radical », « cruel », « généreux », « meilleur », « joyeux », «

heu-reux », « hébété », « extraordinaires » …etc