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CHAPITRE III : Les principales théories et approches en communica-

5. La théorie des procédés énonciatifs de P. Charaudeau

Dans son livre paru en 2005, « Le discours politique. Les masques du pouvoir » Pa-trick Charaudeau aborde le discours politique d’un point de vue linguistique, et le qualifie en tant que pratique sociale à travers laquelle sont présentées des idées et des opinions soumises à certaines règles de communication, mais aussi marquées par l’emploi de stratégies discursives dites de persuasion.

Dans le premier chapitre et dans le cadre de délimitation des concepts de base de notre recherche, nous avons exposé les différents types de parole relatifs à l’identité politique développés par Charaudeau, nous voudrons cependant nous attarder sur les procédés discursifs qui s’y attachent, nous citons ;

Le procédé d’énonciation élocutive qu’il définit comme « l’expression des

pro-noms personnels de première personne accompagnés de verbes de modalité, d’adverbes et de qualificatifs qui révèlent l’implication de l’orateur et décrivent son point de vue per-sonnel » (Charaudeau, 2005 : 135)

A travers ses procédés l’orateur se crée une identité pour exprimer différentes images de soi et de figures. La modalité d’engagement va avec la figure de guide suprême ; «Et moi je veux une France ou les petits retraités se demanderont

plus s’il faut faire un repas à midi ou le soir… », déclare Mme Royal, dans le corps

de notre corpus, qui reprend avec l’emploi de la modalité de conviction qui touche la valorisation de soi de ses vertus ; « jamais je n’ai mis un genou à terre », « jamais je n’ai songé à abandonner. Jamais je n’ai renié une seule de mes valeurs.

Ja-mais, je n’ai lâché prise sur ce que je crois juste, avec vous et pour nous tous»,

enchai-nant avec la modalité d’aveu peut évoquer d’humanité ; «La gauche doit être là

malgré ses imperfections, ses atermoiements, ses frictions. La gauche doit être là pour faire émerger cette nouvelle France qui attend qu’on la réveille»

5.1. L’énonciation « élocutive »

L’énonciation « élocutive » peut être exprimée par le pronom nous, qui transmet un sens de solidarité et incite à l’action ; « Nous sommes là », « nous

restons debout car nous avons soif d’humanité », «la France que nous voulons et ce que nous refusons ». La modalité de rejet se manifeste quand l’orateur refuse le

propos des adversaires pour dénoncer le mensonge, et tenter d’éclairer le peuple en effectuant une présentation négative de l’autre ; « mais ce n’est pas

juste, on nous dit que c’est au nom de la compétition mondiale, mais ce n’est pas juste », « … pendant ce temps nos adversaires verrouillent, divisent et détruisent avec l’arrogance de ceux qui pensent qu’on ne peut plus les atteindre !!! ».

5.2. L’énonciation allocutive

Le deuxième type est l’énonciation est dit allocutif. Le locuteur use des pro-noms personnels à la deuxième personne, de verbes de modalité, de qualifi-catifs et de diverses dénominations, pour souligner son implication, celle de son interlocuteur et la relation entre les deux. Le locuteur se crée une image à travers l’implication de l’autre, ici intervient la modalité d’adresse et d’interpellation qui donne au public la légitimité de participer à la scène poli-tique, à cet égard, nous avons pu relever les formules de salutations chaleu-reuses par lesquels Mme Royal ouvre son discours ; « Bonsoir le Vaucluse !

Bonsoir Angers ! Bonsoir toutes les régions ! Bonsoir l'Ardèche ! Bonsoir La Ro-chelle! Je vois les Ch'tis là-bas ! Le 92 ! Bonsoir, et merci à vous, merci d'être là… La Touraine, la Bretagne, la Provence là-bas ! Et la fraternité, partout », puis elle enchaine avec les remerciements « merci à tous les artistes qui sont venus là, depuis le début. Merci à Neg’Marrons, merci à Josiane de chez Renault, merci à Yannick de nous avoir envoyé ce message, merci à Bernie et à Trust ».

Dans le discours politique les formes d’interpellations visent, le plus souvent, la dévalorisation de l’adversaire et pour faire preuve de caractère, les propos sont directs et agressifs ; « inquisiteurs », « ennemis d’état », « ceux qui entrainent le

sys-tème dans le mur », « indifférence coupable », l’orateur cherche à marqué le rapport

soutiennent, et qui ont plongé, par leur cupidité, le monde dans cette crise pouvaient interdire au peuple…», « ne l'oublions pas, les forces conservatrices ont toujours utilisé la peur pour que les gens se replient, pour qu'ils se recroquevillent, pour qu'ils désespè-rent… et pour qu'au final l'aigreur, la jalousie l'emportent et que le voisin ou le diffé-rent soient vus comme l'ennemi. ».

La dévalorisation de l’autre est suivie d’une valorisation de soi, « Et nous

changerons, parce que nous sommes le changement ! Nous, la gauche ! Parce que ça a encore du sens de dire « la gauche » », « être à gauche c’est avoir une lucidité

radicale sur nos atouts, sur l’énergie et la force des hommes et des femmes, ici en France et dans le monde, qui ne demandent qu’à faire avancer notre pays pour peu qu’on nous entraîne. Et que personne ne soit laissé sur le bord du chemin ! » .

Les politiques ont à gagner en tenant leur public pour témoin, à travers la mo-dalité de sollicitation de l’interlocuteur ils valorisent ce dernier tentant d’éveiller sa conscience pour se créer un climat favorable auprès de l’auditoire ; « faut choisir : Courber l’échine ou relever la tête ? Qu’avez-vous choisi ? », « Relever

la tête. », « nous devons essayer d’être meilleurs, plus généreux, plus joyeux que la so-ciété que nous voulons transformer », « Voilà ce que nous devons faire, vous, moi, cha-cun de nous, là où nous sommes, tels que nous sommes, socialistes, citoyens, à gauche, au-delà... ».

Généralement, les deux énonciations ; d’élocutions et d’allocutions se rejoi-gnent, le politique demande alors à son public de lui faire confiance se déclarant ainsi comme un leader; «Qu’est ce que le rôle d’un homme ou d’une femme engagée si

ce n’est de changer le cours des choses ? »

5.3. L’énonciation délocutive :

L’énonciation délocutive est le troisième type d’énonciation selon laquelle les propos et dires ne dépondent d’aucun des interlocuteurs en présence mais plutôt de la part de vérité qui s’y attache; « Alors, ces règles, je vous

propose que nous les inventions ensemble et que nous les imposions en-semble. », « Je suis là, parce que vous êtes là ! Hommes et femmes de tous âges et de

toutes conditions. Je suis là parce que nous avons en commun de vouloir un autre monde ».