• Aucun résultat trouvé

couvert végétal

A) Les études palynologiques

a) Implantation des séquences et acquisition des données

Afin d’établir l’histoire de la végétation régionale mais aussi d’appréhender l’impact des sociétés humaines sur le milieu, l’option a été prise de n’étudier que des séquences de fonds de vallées ; milieu qui s’avère particulièrement riche, d’une part, en zones humides et organiques, propices à la palynologie et d’autre part, en sites archéologiques diachroniques (LEROYER 1989). Les séquences polliniques ont été sélectionnées selon trois logiques : la variabilité géographique, la hiérarchie des réseaux hydrographiques et la relation avec les occupations humaines (cf. Fig. 17). Afin de vérifier une possible variabilité géographique des enregistrements, différents bassins alluviaux (Oise, Marne, Seine, Yonne) ont été échantillonnés selon un transect nord- ouest à sud-est. L’impact éventuel de la hiérarchie des réseaux hydrographiques est appréhendé par une sélection de profils appartenant aux axes majeurs, à leurs affluents et aux marais qui leur sont associés. L’aspect archéologique est traité par le biais du lien plus ou moins prononcé des profils avec des implantations humaines : carottages dans des zones exemptes d’occupation, dans des secteurs de fort peuplement pendant une période et, enfin, directement associés à un site. Si la morphologie du fond de vallée s’y prête, on peut alors réaliser plusieurs profils qui s’éloignent progressivement de l’habitat (LEROYER 1997,1998). Cette démarche permet de

disposer de longues séquences de référence qui traversent l’Holocène conjointement à des profils temporellement plus courts mais beaucoup plus dilatés et le plus souvent associés à des occupations. Ainsi, les informations sont hiérarchisées et il est réellement possible d’appréhender l’impact anthropique selon les périodes (LEROYER 1997, LEROYER & ALLENET DE

RIBEMONT 2006a).

L’échantillonnage a été effectué sur les coupes dégagées à l’occasion des travaux d’archéologie préventive ou sur des carottes, extraites avec une sondeuse mécanique (Sédidrill 140). Les préparations ont été réalisées au laboratoire de palynologie du Centre national de Préhistoire selon le protocole de Girard et Renault-Miskovsky (1969) : l’absence d’acétolyse permettant de reconnaître toute contamination par des stocks polliniques subactuels. L’étude a été menée avec une rigueur méthodologique, destinée à assurer la représentativité des données : maillage serré des prélèvements, élimination des échantillons peu fiables, décomptes élevés, obtention d’une large diversité taxinomique, estimation des concentrations absolues par la méthode volumétrique (COUR 1974) et vérification de toutes les variations des fréquences

relatives par des modifications des sommes de base et une confrontation aux valeurs absolues. Les données ont été traitées avec le logiciel Gpalwin (GOEURY 1988).

Fig. 17 : Carte de localisation des études palynologiques tardi-et-postglaciaires du Bassin parisien avec individualisation des séquences couvrant le Néolithique et des profils intégrés à la modélisation

b) Le corpus des données documentant le Néolithique

Le corpus de données polliniques couvrant le Néolithique s’avère particulièrement développé avec 527 échantillons, issus de 33 séquences réparties sur 21 sites différents (cf. Fig. 17 et Fig. 18). Leur distribution respecte globalement le protocole d’échantillonnage général puisqu’ils illustrent les trois bassins alluviaux (Oise, Marne et Seine). Ces 33 profils relèvent principalement des axes majeurs mais aussi de tributaires : la Verse pour l’Oise, la Beuvronne pour la Marne et l’Auxence pour la Seine. En revanche, seuls les bassins de l’Oise et de la Marne ont livré des séquences de marais (Sacy et Lesches). Dans ce corpus, le bassin aval de la Marne est privilégié puisqu’il regroupe 40% des séquences étudiées (42% des échantillons) alors que la Bassée (vallée de la Seine) et la moyenne vallée de l’Oise totalisent respectivement 36, 4% et 15 % des sites (24, 9% et 20% des échantillons). S’y ajoute les sites de Bercy, appartenant à la vallée de la Seine mais situés juste en amont de la confluence avec la Marne : ils représentent 9,1% des séquences mais 12,7% des échantillons.

Fig. 18 : Tableau récapitulatif des séquences polliniques couvrant le Néolithique renseignant l’enregistrement des marqueurs d’anthropisation et la présence de découvertes archéologiques

Le « gradient archéologique » est également respecté avec 3 profils dénués de toute relation archéologique durant toute la période et des séquences liées à des occupations (vestiges épars ou habitat découverts sur place ou à quelques distance) ou implantées dans un secteur peuplé durant le Néolithique (cf. Fig. 18).

c) La base de données polliniques

L’ensemble des données couvrant le Néolithique a été intégré dans un système de gestion de base de données relationnel (SGBDR). Dans cette base, les enregistrements polliniques ainsi que les informations liées aux sites, aux profils et aux échantillons sont stockés sous forme de tables (MAGUET 2013). Celles-ci sont reliées entre elles par un système de relations, qui repose sur

l’utilisation de clés primaires (ou identifiants), correspondant au premier champ de chacune des tables. Le stockage des données palynologiques sous forme d’un SGBDR permet d’éviter la redondance d’un grand nombre de données textuelles, et de réaliser des requêtes regroupant les données issues de différents profils. Les requêtes sont des commandes SQL (System Query Language) qui permettent d’effectuer des opérations et d’établir des critères de sélection, avant d’afficher les résultats sous formes de nouvelles tables ou de formulaires. Le problème récurent rencontré lors de la constitution de bases de données palynologiques (LEROYER et al. 2009, LEROYER et al. 2014) réside dans l’attribution chronologique des échantillons, du fait de leur

diversité : calage basé sur la zonation pollinique, datations diverses (C14, dendrochronologie, matériel archéologique), modèles âge/profondeur. De ce fait, il a été décidé de fonctionner avec des intervalles de temps et non des dates ponctuelles : les fenêtres temporelles adoptées sont les mêmes que celles définies pour la modélisation (cf. I. B. b.). Incluant l’ensemble des résultats disponibles pour la période, la base de données repose un corpus de 527 échantillons provenant de 33 séquences.

B) La modélisation des données polliniques