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T ROISIEME PARTIE : Synthèse générale

1. Z ONES DE V EGETATION E STIMEE R EGIONALES

1.2. H ISTOIRE DE LA VEGETATION DU M ASSIF A RMORICAIN A PARTIR DU COUVERT VEGETAL ESTIME

La figure 37 représente le couvert végétal holocène du Massif armoricain tel que reconstitué par la modélisation. La zonation appliquée à ce diagramme a été définie selon les critères suivants.

La ZVER I est marquée par des proportions notables de Salix et Betula, supérieures à celles de Pinus, Juniperus et Corylus. Du coté des taxons non-arboréens, la part de Poaceae est très forte et Artemisia et Filipendula sont bien représentés. Le paysage très ouvert, seulement ponctué de quelques boisements éparses constitués de taxons pionniers héliophiles, dont témoigne ces estimations permet d’attribuer cette phase s’étendant de 10400 à 9650 cal. BC à la toute fin du Tardiglaciaire.

La ZVER II s’étend de 9650 à 8000 cal. BC. Elle est caractérisée par la prépondérance de Corylus sur les autres taxons pionniers, ainsi que par la diminution des proportions de Poaceae, Artemisia et Filipendula. On peut néanmoins subdiviser cette phase en deux parties.

- la sous-zone IIa (9650 à 9000 cal. BC) voit l’émergence de Corylus comme taxon arboréen dominant et, dans une moindre mesure, celle d’Ulmus et de Quercus. Les proportions des autres taxons déjà présents dans la phase précédente augmentent, hormis celles de Salix qui restent stables. La part de Poaceae diminue, tout comme celles d’Artemisia et de Filipendula.

sont relativement stables, seul Juniperus progresse.

- la sous-zone IIb (9000 à 8000 cal. BC) contraste par la diminution des proportions de Salix, Pinus et Betula, seul Juniperus progresse, tandis que l’augmentation de Corylus persiste et que Quercus et Ulmus accentuent leur présence. Néanmoins, la part de Poaceae remonte du fait du déclin de la majorité des arboréens.

L’augmentation générale de la part des boisements clairs et la diminution de celle des zones ouvertes dans le paysage de cette période permet d’associer la ZVER II au Préboréal.

La ZVER III, qui s’étend de 8000 à 6100 cal. BC, se démarque de la précédente par l’émergence de Tilia et d’Alnus, la hausse importante des proportions de Corylus et la baisse corrélative de celles de Poaceae. On peut distinguer deux parties au sein de cette phase.

- la sous-zone IIIa (8000 à 7500 cal. BC) voit l’émergence très affirmée de Tilia, et dans une moindre mesure d’Alnus, associée à une forte baisse de la part de Poaceae. Les proportions de Corylus continuent d’augmenter, tandis que la baisse de celles de Salix, Pinus et Betula s’interrompt voire s’inverse dans le cas de Pinus. On note également une reprise d’Artemisia.

- la sous-zone IIIb (7500 à 6100 cal. BC) se marque par la disparition d’Artemisia, la forte hausse des proportions de Corylus et celle plus progressive des taxons forestiers, Ulmus et Quercus. Ceci entraine une baisse de la part de Poaceae. Pinus et Salix repartent à la baisse, tandis que la part de Betula remonte. L’émergence de Tilia et d’Alnus durant la sous-zone précédente laisse place à un effacement de ces taxons au cours de cette période, mais les forts écarts-types associés révèlent une grande disparité d’une séquence à l’autre.

La prépondérance de Corylus sur les taxons arboréens, ainsi que le déclin de la plupart des taxons caractéristiques du tout début de l’Holocène (Pinus, Salix, Juniperus), concourent à l’attribution de la ZVER III au Boréal. On remarque également l’émergence de Tilia, Alnus et Fraxinus au cours de cette ZVER.

La ZVER IV, qui s’étend de 6100 à 3750 cal. BC, correspond au développement des taxons forestiers et de la ripisylve, au déclin rapide de Corylus, ainsi qu’à la confirmation du recul des taxons pionniers du début de l’Holocène. On peut toutefois distinguer deux étapes dans cette dynamique.

- la sous-zone IVa (6100 à 5300 cal. BC) témoigne bien de l’augmentation des forestiers comme Tilia, Ulmus, Quercus et Fraxinus, mais également de taxons hygrophiles comme Alnus. Parallèlement, les proportions de Corylus chutent et celles de Betula, Pinus et Salix demeurent très faibles ou régressent encore. Abies apparait très discrètement puis s’affirme plus clairement. La part de Poaceae subit le poids du développement de la plupart des taxons arboréens et atteint son niveau le plus faible de tout l’Holocène.

- la sous-zone IVb (5300 à 3750 cal. BC) marque une stagnation pour bon nombre de taxons, ou du moins un ralentissement dans l’évolution des proportions de chacun d’entre eux. En effet, le développement de Tilia est stoppé, tout comme celui de Quercus et d’Ulmus. Seules les proportions d’Alnus, Corylus, Abies et Fraxinus progressent très légèrement entre le début et la fin de cette période. La part de Poaceae progresse donc d’autant, même si cette progression est irrégulière.

Cette phase traduit le passage progressif d’un stade où la part cumulée des taxons arboréens a atteint son apogée en ce milieu d’interglaciaire, à un nouveau stade qui voit le déclin général de la plupart de ces taxons et le retour à des paysages de plus en plus ouverts. L’ensemble de la ZVER IV peut donc être attribuée à un Atlantique, au cours duquel s’individualiseraient un Atlantique Ancien correspondant à la sous-zone IVa et un Atlantique récent correspondant à la sous-zone IVb. Une page se tourne dans la dynamique végétale holocène du Massif armoricain et une nouvelle étape commence avec la ZVER suivante.

La ZVER V couvre la période allant de 3750 à 1350 cal. BC. Elle est caractérisée par le recul des taxons forestiers associé au retour de fortes proportions de Poaceae, ainsi qu’à l’extension maximale d’Alnus pour l’ensemble de l’Holocène. On peut la partager en deux étapes.

- la sous-zone Va (3750 à 2200 cal. BC) voit l’émergence d’un nouveau taxon forestier, Fagus, qui contraste avec le recul des proportions d’autres forestiers (Ulmus, Tilia, Fraxinus). Alnus s’élève jusqu’à ses proportions maximales et Corylus connait un léger sursaut. La part de Poaceae s’établit à un niveau légèrement plus élevé que durant la phase précédente.

-la sous-zone Vb (2200 à 1350 cal. BC) se démarque par la baisse des proportions d’Alnus et de Corylus et par un relatif retour de Tilia et Fraxinus. Les proportions de Poaceae poursuivent leur augmentation à un rythme plus soutenu que durant la sous-zone Va.

La régression générale des taxons arboréens bien amorcée, ainsi que la part importante d’Alnus permettent d’associer l’ensemble de cette ZVER V au Subboréal.

La ZVER VI, allant de 1350 cal. BC à 475 cal. AD, traduit la confirmation de la régression des proportions de la majeure partie des taxons arboréens, enrayée seulement par la progression de Fagus. Deux périodes s’individualisent au sein de cette phase.

- la sous-zone VIa (1350 à 250 cal. BC) voit le maintien des proportions de Corylus et d’Alnus, tandis que celles de Tilia, Quercus, Ulmus et Fraxinus diminuent progressivement. Fagus et Salix quant à eux progressent légèrement par rapport à la phase précédente. La part de Poaceae se maintient à un niveau très élevé, proche de celui connu au tout début de l’Holocène.

- la sous-zone VIb (250 cal. BC à 475 cal. AD) se marque par des changements mineurs mais concomitants dans la dynamique de la plupart des taxons arboréens. Ainsi, la baisse des proportions de Corylus et d’Alnus reprend après une pause lors de la sous-zone précédente. A l’inverse, celles d’Ulmus, Fraxinus et Fagus remontent discrètement et le déclin de Quercus s’interrompt. La part des Poaceae recule très légèrement.

Le développement de Fagus et le déclin général des autres taxons arboréens, induisant des proportions très importantes de Poaceae, permet d’attribuer la ZVER VI au Subatlantique ancien. La ZVER VII s’étend de 475 cal. AD à l’actuel. Elle est caractérisée par la disparition de Tilia et par des proportions de taxons arboréens déclinant jusqu’à un niveau extrêmement faible, proche de celui du tout début de l’Holocène. Deux étapes peuvent être perçues au sein de cette phase.

- la sous-zone VIIa (475 à 1330 cal. AD) est marquée par la disparition de Tilia et le déclin de tous les autres taxons arboréens, hormis Salix et Abies. En conséquence, la part de Poaceae augmente encore par rapport à la phase précédente.

- la sous-zone VIIb (1330 à 1950 cal. AD) voit les proportions de Quercus, Fagus, Abies, Pinus, Juniperus et Fraxinus connaitre un dernier sursaut, tandis que Picea fait son apparition. Carpinus, qui était déjà présent dans d’infimes proportions depuis le début de la phase VI, progresse très légèrement. La part de Poaceae accuse alors un très relatif recul, tout en demeurant à un niveau très élevé.

La disparition de Tilia, la reprise de Quercus et de Fagus, ainsi que le déclin général des taxons arboréens permet d’attribuer la ZVER VII, dernière phase de l’Holocène, au Subatlantique récent. Les figures 34 et 35 représentent les couverts de végétation holocènes des sous-régions de Mayenne-Vilaine et de Basse-Loire tels que reconstitués par la modélisation. La zonation appliquée à ces diagrammes correspond à celle définie pour l’ensemble du Massif armoricain.