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une progression dans l'espace

1- Le lecteur adolescent

La nécessaire prise en compte de l'horizon de réception a déjà permis de dévoiler quelques choix d'écriture. Il en est de même en ce qui concerne la construction identitaire des personnages focalisateurs. Les différents romans de l'auteur développent une thématique proche des questions qui se posent à l’adolescence. Le choix du personnage adolescent dans ce cas n’est pas neutre :

L’adolescent est sans doute par excellence la figure de l’interrogation. Il est celui qui s’interroge sur lui-même et se met souvent à interroger la société dont il commence à prendre conscience, dans laquelle il se meut et dans laquelle il est amené à prendre sa place2.

L’exploration géographique pourrait apparaître par conséquent comme le prétexte à une exploration de l’inconscient, qui présenterait l’adolescence telle une

1 JOUVE Vincent, La Lecture, Paris, Hachette, 1993, p. 91.

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étape et qui gagnerait son caractère initiatique dans la capacité du jeune lecteur à la déchiffrer :

La lecture de textes littéraires, au sens large du mot […] fournit au sujet en crise de repères, en difficulté pour savoir qui il est, où il en est de sa jeune existence et vers quoi il désire aller, un mode de représentation, de symbolisation1.

Le livre propose dans ce cas au jeune lecteur des représentations, mais également des réponses possibles à certaines questions, ainsi que des figures auxquelles s’identifier. La quête de sa propre identité s’appuiera alors tout à la fois sur des modèles et sur un refus de l’identification. En constituant un espace extérieur, la littérature participerait donc à la construction psychique de l’adolescent.

Le roman, qui a depuis fort longtemps le désir d’instruire en divertissant, trouve tout naturellement sa place dans cette recherche de repères et cette initiation à la vie. Il permet au jeune lecteur de vivre différentes situations, nouvelles et originales, sans les subir véritablement.

En s’inscrivant dans une dimension plus large que le quotidien, les romans du corpus entraînent le lecteur dans l’expérimentation de la géographie. Pourtant, en mettant en scène de jeunes héros progressant vers la maturité, et en optant pour une certaine proximité, ces ouvrages ne pourraient-ils pas permettre au récepteur de se confronter à sa propre image ? Nous sommes ici face à toute l'ambivalence des textes de Xavier-Laurent Petit : dans la lignée malgré tout du roman miroir qui impose une écriture de l'intime et le cheminement d'un espace intérieur, l'écrivain questionne l'Autre, tout naturellement parce qu'il n'y aurait pas d'intime sans altérité.

L'attitude introspective glisse alors vers une démarche prospective portée par un espace extérieur grandissant et symbolique.

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1-a- L’adolescent et le récit

Le roman pour la jeunesse, en proposant le destin d’un héros jeune, en devenir, se développe autour d’une visée éducative. Ne serait-ce que parce qu’il s’agit avant tout d’un livre écrit par un adulte à destination d’un lecteur juvénile. Le récit va donc enseigner et le lecteur apprendre : apprendre le monde, mais également apprendre quelque chose sur soi. Au cœur de cette construction identitaire, la dimension spatiale interpelle :

L'individu, même mobile, fait corps avec l'espace terrestre, la spatialité le constitue. Les études de géographie sociale ont montré l'importance des notions d'espace de vie (les cheminements et déplacements réguliers de chacun), d'espace vécu (espaces des pratiques et des imaginaires) et de territorialité (toutes les dimensions du vécu territorial d'un individu) pour la construction de soi, mais aussi de ses rapports sociaux et spatiaux par chaque être humain1.

La construction identitaire semble tout naturellement investir l'espace géographique : elle s'inscrit dans des lieux spécifiques habités ou traversés tout au long du récit.

Des romans d’apprentissage

Lieu d’apprentissage par excellence, l’école, tout particulièrement propice à la construction de valeurs morales identitaires, se retrouve dans tous les romans de Xavier-Laurent Petit. Les personnages sont donc des écoliers, des collégiens et même des lycéens, mais essentiellement des lecteurs eux aussi qui permettent ainsi de s'intéresser à l'apprentissage et la pratique de la lecture. Chaque personnage focalisateur évoque l'école comme le lieu de l'apprentissage, mais également comme

1 DI MEO Guy, « Le rapport identité/espace. Eléments conceptuels et épistémologiques », in Construction identitaire et espace (sous la direction de Pernette Grandjean), Paris, L'Harmattan, 2009, p. 29.

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un espace de rencontres : les camarades et les enseignants y tiennent alors bien souvent un rôle prépondérant.

L’importance de l’instruction saute aux yeux quel que soit le roman du corpus. Tous les héros fréquentent ou ont fréquenté l’école, tous savent lire et ce savoir est bien souvent mis en valeur, quand il n’est pas au centre du récit. En effet, dans Mon petit cœur imbécile, c’est Sisanda qui lit l’article concernant le marathon, ce célèbre marathon qui permettrait à sa mère de courir pour gagner l'argent de son opération :

À peine est-on arrivées à la maison qu’elle me tend un journal tout chiffonné. Celui qu’elle a ramassé sous les roues du 4 x 4, dans la cour de l’hôpital.

- Sisanda… Tu pourrais me lire cet article ?

Elle sourit, gênée de ne pas y arriver seule, et me montre la page des sports1. Devant le doute ressenti par la mère, Sisanda dira : « Bien sûr que j’ai raison ! Qu’est-ce qu’elle s’imagine, Maswala ? Que je vais à l’école pour rien2 ? »

L'acte de lecture est ici capital. Dans la plupart des romans de l'auteur, la scène de lecture va jusqu'à mettre en lumière les opérations mentales et les processus de la tâche : identification des mots, anticipation, inférences… Xavier-Laurent Petit théorise ainsi l'acte de lire. Chaque scène concrétise la lecture, la représente de manière explicite et fictionnelle ; l'écrivain donne à lire la lecture :

Dans la pénombre, Baytar tendit à Galshan un petit objet que, tout d'abord, Ryham distingua mal… Il se frotta les yeux. Un livre ! C'était un livre !

- Tu peux me lire la suite de l'histoire du vieil homme ? […] Elle s'assit sous la lampe à pétrole et commença :

- « Passées les limites du port, on se dispersa et chacun se dirigea vers le coin d'océan où il espérait trouver du poisson… »

Aucun des deux n'avait jamais vu « l'océan » et tous ces mots semblaient bizarres3. À plusieurs reprises se trouve mis en fiction un mode de lecture où l'activité du lecteur est essentielle. Lire, dans les romans de l'écrivain, englobe différentes pratiques

1 PETIT Xavier-Laurent, Mon petit cœur imbécile, op. cit., p. 36.

2 Ibid., p. 38.

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et pas seulement la littérature : l'article de journal pour Sisanda, la carte de visite du Maestro pour Saturne, et pour Oskar, les courriels de son frère en provenance d'Iraq. Il s'agit bien d'un « lecteur actif1 », pour reprendre les termes de Gaëlle Gleize. Le personnage lecteur aborde avant tout cette tâche de lecture comme construction de sens : le lecteur fictif apparaît par conséquent instruit et compétent, parfois en opposition avec un personnage adulte illettré et maladroit.

L’auteur exploite alors parfaitement l’inversion des rôles, un jeune personnage qui lit pour un adulte ne sachant pas lire, notamment dans cet extrait humoristique où Sisanda surprend sa mère :

La dernière chèvre à peine relâchée, Maswala s’assoit au pied de l’acacia et ouvre le journal. Toujours à la même page. La lampe à pétrole tremblote à côté d’elle. Du bout du doigt, elle suit les lignes. Je m’approche à petits pas, le souffle rauque. […] Je me penche par-dessus son épaule, le doigt de Maswala n’est pas à la bonne ligne ! Elle connaît l’article par cœur et fait semblant de lire ! Elle sursaute en m’apercevant2.

Ce procédé, source d'humour sans aucun doute pour un jeune lecteur européen, permet à l'écrivain de transmettre quelques moments familiaux surprenants et authentiques. Parce qu'il bouscule les repères qui nous sont habituels, Xavier-Laurent Petit provoque ainsi l'étonnement et fait une fois de plus de son lecteur un complice. Une scène semblable se retrouve dans 153 jours en hiver, alors que le grand-père de Galshan fait une tentative de lecture :

Lorsqu’elle revint au campement, Baytar était assis sous la lampe à pétrole. Il avait ouvert sur ses genoux un des livres de Daala et marmonnait, les yeux plissés, le doigt sur les lignes.

- Attas ! Mais je croyais que tu ne savais pas lire ! Le visage de Baytar se fronça et il hocha la tête.

1 GLEIZE Gaëlle, Le Double Miroir - Le livre dans les livres de Stendhal à Proust, Paris, Hachette Supérieur, 1992, p. 58.

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- Oui… Je me suis dit qu’il suffisait peut-être d’ouvrir un livre pour que tous ces petits signes me racontent leurs histoires. Mais ça ne marche pas… Les mots ne veulent pas sortir de ton livre.

- Il faut d’abord que tu apprennes à lire1 !

Le personnage du lecteur dans la fiction offre ici une image sympathique mais décalée. En lien direct avec la place accordée à la lecture, le rôle des livres apparaît comme primordial dans les romans de l’auteur qui va jusqu’à évoquer un livre, voire plusieurs, dans le livre. Le récit de 153 jours en hiver est en effet rythmé par les extraits lus par Galshan. Le vieil homme et la mer2 offre un écho particulier à l’aventure de la jeune héroïne, et vient appuyer le thème de la survie de l’homme dans un milieu naturel hostile.

Cette inscription du livre dans la fiction est un procédé récurrent chez Xavier-Laurent Petit qui s'imprègne régulièrement du concept de mise en abyme. La plupart de ses romans reflètent en effet une œuvre secondaire qui permet au texte de réfléchir sur lui-même. Selon Lucien Dällenbach, « est mise en abyme toute enclave entretenant une relation de similitude avec l'œuvre qui la contient3. » Ainsi, les poèmes d'Emily Dickinson résonnent étonnamment à l'arrivée de Chems, l'étranger, au lycée : « But never stranger justified the curiosity like mine, a dit M. Harrison. Mais jamais un étranger n'a suscité une curiosité comme la mienne4. » Louise sera simultanément fascinée par la poésie et par Chems. Dans Un monde sauvage, Sher Khan, tigre du Bengale, animal fictif et personnage du roman de Rudyard Kipling Le livre de la jungle5, renvoie incontestablement à Double Jo, la tigresse de Sibérie.

Pareillement, dans L’oasis, deux livres évoqués par le narrateur se retrouvent au cœur d'une même intrigue :

1 Id., 153 jours en hiver, op. cit., p. 72.

2HEMINGWAY Ernest, Le vieil homme et la mer, Traduction de Jean Dutourd, Gallimard.

3 DÄLLENBACH Lucien, Le récit spéculaire, Paris, Seuil, 1977, p. 18.

4 PETIT Xavier-Laurent, L'attrape-rêves, op. cit., p. 26.

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- Les Aventures du capitaine Hatteras de Jules Verne est l’unique livre récupéré par Elmir sur le lieu de la bibliothèque incendiée1, livre symbole qu’il voudra offrir à sa mère pour la guérir de sa dépression2

- Le Dernier des Mohicans, feuilleté par un des terroristes séquestrant Elmir, révèlera l’identité de ce dernier : le grand frère de son ami Ismène3

Chez Xavier-Laurent Petit, l'aventure est donc également littéraire. Et l'écrivain « met en scène le livre dans le livre : comme objet de quête ou objet en train d’être lu, grille de lecture du monde et grille de lecture de soi, lieu de vie du personnage ou personnage à part entière4. » Le rôle de l'intertextualité chez Xavier-Laurent Petit apparaît essentiel alors que la citation d'une œuvre sonne comme un véritable hommage rendu à un écrivain admiré. Cependant, la mention des lectures qui transforment certains livres en objets romanesques, traduit avant tout la figure de l'auteur. « En représentant des lectures, les romans transposent en matière narrative des fragments d'un discours sur la lecture5. »

Gilles Béhotéguy, pour qui l'objet-livre dans la fiction n'est jamais neutre, dénonce la célébration d'une lecture fantasmée : « Investi en mausolée de la littérature, le roman pour la jeunesse expose ses merveilles dans les vitrines de la fiction6. » En effet, au sein du corpus, le décalage entre les œuvres présentées et les romans contemporains lus par la jeunesse interrogent. Beaucoup d'adolescents aujourd'hui lisent-ils encore Jules Verne, Ernest Hemingway ou bien Rudyard Kipling ?

« Le livre n’est plus alors un objet de représentation chargé exclusivement de valeurs culturelles. De symbole, il devient fétiche dans lequel les écrivains grands lecteurs investissent de nombreux fantasmes7. » Sans doute cette mise en fiction des

1PETIT Xavier-Laurent, L’oasis, op. cit., p. 68.

2 Ibid., p. 204.

3 Ibid., p. 116.

4 TAUVERON Catherine (dir.), L'aventure littéraire dans la littérature de jeunesse. Quand le livre, l'auteur et le lecteur sont mis en scène dans le livre, Grenoble, CRDP, 2002, p. 9.

5 GLEIZE Gaëlle, Le Double Miroir - Le livre dans les livres de Stendhal à Proust, op. cit., p. 95.

6 BEHOTEGUY Guy, « Le livre et la scène de lecture dans le roman français contemporain pour la jeunesse »

http://id.erudit.org/iderudit/1001765ar 7 Ibid.

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livres en tant qu'objets correspond-elle à la nostalgie des lectures de jeunesse de l'écrivain.

Tout en participant à une visée pédagogique, les représentations du livre et de la lecture chez Xavier-Laurent Petit laissent néanmoins à penser que les mémoires individuelles et les expériences d'autrui occupent une place non négligeable dans la construction identitaire d'un être humain.

Car même dans le roman réaliste, livres et lectures n'ont pas pour seule raison d'être la représentation d'éléments du réel. Relais intégrant le lecteur dans l'œuvre, ils constituent une mise en abyme de l'œuvre et de sa réception. Se joue alors dans le texte une double visée représentative et auto-référentielle. Ce jeu de miroirs entre le monde et le livre se manifeste sous des formes très diverses, stylistique, intertextuelle ou narrative. Ce peut être par un réseau de comparaisons établies entre le monde et le livre, par l'utilisation des livres ou lectures représentés comme indices d'intertextualité ou enfin par la mise en fiction narrative et l'importance du livre et de la lecture1.

L'insistance accordée au livre souligne sans aucun doute chez l'écrivain sa représentation de la culture et son désir de conserver toutes les vies singulières en récits. Par ailleurs, l'intervention de l'objet-livre ou de l'activité de lecture est souvent porteuse d'un sens inédit : livre trésor à récupérer au cœur de l'intrigue, ou bien livre miroir mettant deux réalités face à face. Les représentations du livre et de l'écrit créent alors de l'action en puissance tout en permettant l'existence de personnages supplémentaires dont les reflets viennent enrichir un portrait ou renforcer une atmosphère.

Enfin, tous ces savoirs scolaires tournant autour de la lecture sont la plupart du temps décrits en opposition avec les traditions ancestrales respectées par les aînés. Un personnage plus âgé revendique bien souvent ses propres connaissances face à l’éducation du jeune protagoniste, creusant ainsi l’écart entre les générations. Ainsi, Grand-mère Thabang, dans Mon petit cœur imbécile, est hostile à cette nouvelle

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maîtresse qui « sait plein de choses que grand-mère Thabang ne connaît pas1 ». Le contraste entre deux éducations s'avère parfois saisissant, comme lorsque la mère de Felista évoque son héritage : « Cette vieille peau de Sniejana lui apprend à lire dans des livres, et moi, je lui apprends à lire dans la neige. On se complète2. » De la même façon, Baytar, le grand-père de Galshan va jusqu'à s’opposer à l’inspecteur du district et à son propre fils pour ne pas envoyer sa petite fille au collège :

Laisse-moi parler ! Depuis sa naissance, Galshan a dû aller à l’école beaucoup plus de jours que je n’ai de moutons sur le plateau. Elle sait lire, compte mieux que moi et nous n’avons que cent cinquante-trois jours à passer ensemble. Laisse-les nous, Ryham… laisse-nous ces journées ! Plus tard, ce sera trop tard. Jamais plus je n’aurai l’occasion de lui apprendre le peu que sait un vieux berger comme moi3. Parce qu'il évoque un ensemble de savoirs spécifiques et différents, l'écrivain poursuit dans sa volonté de transmettre un monde étranger au lecteur, et bouleverse résolument la thématique scolaire traditionnelle.

Pourtant, lieu d'évidence rattaché à tous les jeunes personnages, l’école est bien présente au sein des romans du corpus jusqu'à cette étonnante « Escuela Municipal de Mùsica4 » : au milieu des ruines de l'ancien quartier, cette « grande bâtisse de l'Escuela était éclairée comme un bateau et retentissait d'une cacophonie qui a plongé Patte-Folle dans une excitation incroyable5. » Dans Maestro, c'est bien l'école toute entière, véritable Arche de Noé, qui est à l'honneur : lieu sûr et accueillant pour tous, lieu de savoir et d'apprentissage, lieu social et collectif. Et même si l'école traditionnelle n’est pas au cœur de l’expérience de tous les héros, leur formation va pourtant s’articuler sur différentes étapes, tout au long du récit. L’auteur retrace ainsi le cheminement de chaque personnage confronté à une succession d’événements.

Les ouvrages, en rencontrant les questions fondamentales de l’amour, de la mort et du pouvoir (école, parents, société) optent très certainement pour une

1 PETIT Xavier-Laurent., Mon petit cœur imbécile, op. cit., p. 35.

2 Id., Un monde sauvage, op. cit., p. 31.

3 Id., 153 jours en hiver, op. cit., p. 78.

4 Id., Maestro, op. cit., p. 44.

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démarche qui poursuit les trois objectifs définis par Daniel Delbrassine1, ceux de toute formation.

1er objectif : ouvrir les yeux sur le monde

En faisant le choix du réalisme et de la proximité, Xavier-Laurent Petit poursuit cette ambition de coller au réel en abordant des thèmes qui feront sans aucun doute écho aux préoccupations du jeune lecteur.

Parce que l'histoire ne se situe pas dans un pays riche et industrialisé, la pauvreté apparaît au centre de plusieurs ouvrages. Décrit dans Maestro et Les yeux de Rose Andersen, le dénuement ancre chaque récit dans un réel d’actualité qui s’impose tristement : un logement de fortune, des restes de nourriture pour repas, des chaussures trouvées dans les poubelles, et des enfants qui travaillent. C’est bien la pauvreté qui pousse la famille d’Adriana à quitter le village, puis à passer la frontière, et ce sont des pilluelos2 qui composent l'orchestre de Maestro. Dans d’autres romans du corpus, le mode de vie nous apparaît malgré tout très simple et bien loin de l’opulence occidentale. Mon petit cœur imbécile présente un personnage africain en manque de soins qui a besoin d’aller dans « un hôpital spécialisé. À l’étranger3. » Les personnages de la trilogie mongole ont également une vie difficile. Dans L’oasis enfin, le style de vie d’Elmir s’oppose à celui de son ami Ismène, qui habite le quartier populaire :

Le quartier d’Ismène, c’est tout le contraire de « La Source » : une multitude de petites maisons qui semblent avoir poussé les unes sur les autres tellement elles se chevauchent et se serrent comme une portée de souriceaux à l’ombre de la colline. Parfois, après les grosses pluies d’hiver, l’une d’elles se lézarde et s’écroule sur elle-même, comme fatiguée de porter les autres. Alors les habitants étayent les maisons du dessus pour que tout ne dégringole pas et celui dont la maison s’est écroulée en reconstruit une nouvelle à flanc de pente, au-dessus des autres. Il

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