• Aucun résultat trouvé

Chapitre II. L’usage d’Internet dans un contexte scolaire

I. Le travail scolaire dans un contexte numérique

L'apprentissage des connaissances en ligne suscite beaucoup d'attention de la part des formateurs, des enseignants, des politiques publiques. Sous l'appellation e-learning, différentes méthodes d'apprentissages numériques sont regroupées, que ce soit l'enseignement à distance, l'utilisation d'outils numérique dans l’enseignement (l'apprentissage par un support virtuel). La Commission européenne synthétise bien le concept d'e-learning par la définition suivante : « l’utilisation des nouvelles technologies multimédias et de l’Internet, pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant l’accès à des ressources et des services, ainsi que les échanges et la collaboration à distance » (Youssef et Rallet, 2009, p. 4).

71

L'utilisation des TIC semble avoir changé les manières d'apprendre et d'acquérir des connaissances. « Rechercher, filtrer et synthétiser de multiples sources d’informations, faire plusieurs tâches en même temps et élaborer des configurations personnelles deviennent de nouvelles manières d’apprendre avec les médias » (Charlier, 2011, p. 31).

Nous verrons en détail dans cette partie, l’usage d’Internet dans l’enseignement, l’impact des TIC sur l’enseignement et enfin l’appropriation des écrans et leurs usages.

1. Usage du web dans l’enseignement supérieur

Les technologies de l'information et de la communication sont de plus en plus au cœur des stratégies des universités françaises, pour répondre, d'un côté, à une demande sociale et de l'autre, pour trouver leur place dans la mondialisation (Endrizzi, 2010, p. 17 - 20). Au début des années 2000, la première opération, en France, Campus numérique, voit le jour, afin de satisfaire la demande des dispositifs de formations. Ensuite, en 2011, c’est l'Environnement numérique de travail (ENT) qui permet de créer une plateforme, liée à l'université, pouvant permettre de communiquer plus facilement différents types d'informations entre l'administration, les enseignants et les étudiants. Ensuite, ce sont les universités numériques en régions UNR qui apparaissent, en 2003, suivies, l'année suivante, par des universités numériques thématiques, proposant une production de contenus numériques. Suite à la création de ces contenus, se mettent en oeuvre les politiques d'équipement et de formation des étudiants et du personnel des campus, avec, par exemple, le certificat informatique et Internet (C2I,) offrant ainsi aux étudiants une formation diplômante de l'utilisation d'Internet et des outils informatiques ( Abiteboul et al., 2013 ; Abid-Zarrouk, 2011 ; Ville, 2010 ; Isaac, 2007 ; Mesr, 2010, 2011, 2012 ; Abriac et al., 2010 ; Prieur et al, 2009 ; Amrous, Gruel et Vourc’h, 2005; Michaut, 2004 ; Gruel, 2002). Des formations sont même organisées afin d’apprendre à maîtriser la recherche documentaire sur le web ou certains logiciels issus d’Internet. Les universités numériques et, depuis avril 2012, les IUT-en-ligne, proposent un accès à l’enseignement supérieur, en mettant en ligne des ressources et des services (systèmes pédagogiques et administratifs) pour les étudiants et les usagers de l’enseignement supérieur. L’utilisation des outils du web est indispensable dans cet univers pédagogique : courrier électronique, plateforme de partage, webcam (conférence virtuelle ou cours sur vidéo). Néanmoins, ces projets d'enseignement via le développement du numérique rencontrent des

72

limites et des freins de nature stratégique, organisationnelle (et financière), pédagogique et juridique, voire humaine (Isaac, 2007).

Tout comme la communication virtuelle ne peut remplacer le face-à-face, les cours en ligne complètent les enseignements en présentiel. L'offre des cours à distance permet d'envisager différentes pédagogies, « les TIC ont en effet été considérées comme un adjuvant, elles ont été exploitées en complément de certains modules ou de certains cours » (Endrizzi, 2010, p. 6).

Nous verrons dans le prochain point l’impact des TIC sur l’enseignement et surtout sur l’apprentissage.

2. L’impact des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage

De nouvelles habitudes liées à ces outils numériques sont autant apprivoisées par les professeurs que par les étudiants. La personnalisation des enseignements permet aux enseignants de nouvelles perspectives de pédagogie (proposer des dispositifs pertinents en tenant compte du point de vue des étudiants). Pour les étudiants, il s'agirait d'offrir la possibilité de les aider à développer leurs compétences, en leur offrant des supports et des espaces leur permettant de réfléchir sur leur pratique (Charlier, 2011, pp. 34-35).

La mise en place d'un environnement numérique de travail (ENT) va permettre aux universités de répondre aux besoins des étudiants et du personnel, tant administratif que logistique. Cet espace numérique facilite les échanges d'informations entre les enseignants et leurs étudiants, ainsi que la communication pour les problèmes logistiques (absence d'enseignants, report d'examen, etc.). Cet outil est présenté, car de nombreux étudiants l'utilisent pour dialoguer avec les enseignants, prendre connaissance des dernières informations de leur cours, télécharger des documents mis en ligne, etc.

Voulant favoriser la pédagogie numérique, de nombreux outils et des formations sont mis à la disposition des enseignants. L'université et les enseignants-chercheurs sont ainsi stimulés vers l'enseignement numérique, par la création de support pour accompagner les enseignants à travailler avec le numérique ou de différentes stratégies liées à l’obtention des biens technologiques (MESR, 2012, 2013).

73

D'un autre côté, si l'on s'intéresse aux usages du numérique par les étudiants et les enseignants, il apparait que les plateformes de pédagogie numérique ne sont pas tant fréquentées (Chaptal, 2009, pp. 2 - 6) ou que les enseignements en ligne soient même abandonnés (Abid-Zarrouk, 2011).

Néanmoins, les sciences de l'éducation se sont penchées sur les liens possibles entre la performance des étudiants et les outils pédagogiques numériques (MOOC, e-learning, etc.). Plusieurs recherches ont trouvé des éléments explicatifs de la réussite des étudiants dans un environnement d'apprentissage numérique (Castillo-Merino, Serradell-López et Vilaseca-Requena, 2009). « Il existerait une relation positive entre les usages des TIC éducationnelles auxquelles les étudiants recourent et les performances qu’ils obtiennent à leurs examens » (Dahmani et Ragni, 2009, p.105).

Si les outils ne s'intègrent pas dans une démarche pédagogique bien définie, ils peuvent perdre de leur valeur et ainsi ne pas apporter un élément d'apprentissage supplémentaire. Cependant si les outils numériques s'intègrent parfaitement dans la démarche pédagogique, les apprenants les utilisent pour leurs activités d'apprentissage (Awokou, 2010). Finalement, la mise en place des outils et des activités d'apprentissages en ligne dépendra de la manière dont les apprenants se les approprient.

3. L’appropriation des écrans

Il faut donc tenir compte des usages, c'est-à-dire des activités que peuvent avoir les étudiants avec leurs écrans (Proulx, 2001) et des représentations sociales, ce qu'ils en pensent socialement (Jodelet, 1989). En reprenant les travaux de Baron et Bruillard (1996) et de Vigué-Camus (1998) qui démontrent l'intérêt de prendre en compte les représentations et les modes d'usages pour étudier l'appropriation des TIC. Effectivement, car il semblerait que l’appropriation d’un écran connecté se justifie avant tout à travers les usages qu’il suscite (Guiderdoni-Jourdain 2009).

La sociologie des usages est employée comme ressource pour étudier l'appropriation des TIC. Pour cerner les dynamiques selon lesquelles les utilisateurs emploient les technologies dans leur quotidien, les recherches utilisant la sociologie des usages s'intéressent davantage à ce que font les individus de ces technologies qu'à ce qu'ils peuvent penser socialement de ces

74

écrans. Cependant Serge Proulx (2001) soutient que la prise en compte des usages des technologies est pertinente pour comprendre à la fois la portée de ces outils dans le quotidien des utilisateurs et le rôle qu'ils jouent dans leur mise en œuvre. Il précise que « l’observation des usages, c’est-à-dire de ce que les gens font effectivement avec ces objets et ces dispositifs techniques peut constituer une entrée méthodologique intéressante pour saisir l’action de la technique dans la société » (Proulx, 2001, p. 58).

Il semblerait qu'il existe une certaine relation entre l'appropriation et l'usage des TIC. L'étude des usages est une démarche pour comprendre la façon dont les individus s'approprient les TIC, « la construction sociale des usages […] apparaît comme étant un postulat essentiel à la réflexion sur l’appropriation » (Hussenot, 2006, p. 4). Ces arguments autant théoriques que méthodologiques nous amènent à penser que l'observation des usages des écrans que peuvent faire les étudiants, nous pousse à travailler non seulement sur l'appropriation des TIC, mais également sur leur action dans un contexte scolaire. L'appropriation technique de ces outils - comme savoir interroger un moteur de recherche, lire des articles scientifiques en ligne, visionner une vidéoconférence, etc. - peut être un atout dans les devoirs universitaires.