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Le traumatisme psychique chez l’enfant et l’adolescent :

Le traumatisme psychique

6- Le traumatisme psychique chez l’enfant et l’adolescent :

Pendant longtemps les spécialistes de la santé et la santé mentale en particulier considéraient que les enfants étaient à l’abri des traumatismes du fait de leurs immaturités affectives et intellectuelle mais à partir de la deuxième guerre mondiale et les travaux des Brauner sur les enfants et les adolescents sont sujets a des traumatismes psychiques suite a des évènements violents et des agressions ;

Depuis, les enfants et les adolescents sont l’objet d’intérêt et d’attention de la part des spécialistes, en plus la situation de enfants et des adolescents dans le monde n’est plus reluisante et que chaque fois qu’éclate un conflit armée ou une guerre ils constituent avec les femmes la catégorie la plus faible.

En 1990, l’UNICEF a indiqué que deux millions d’enfants ont été tués, six millions gravement blessés ou frappés d’invalidités permanentes et douze millions sont sans abris ; dans la même période, l’OMS (l’organisation mondiale de la santé) déclare que quarante millions d’enfants de moins de 15 ans sont victimes tous les ans de violences et de privations ; En 1999, d’après une enquête de l’institut national de santé publique, 81% des élèves ont affirmé avoir été perturbés suite aux évènements qu’ils ont vécu ; 42.7% ont estimé de continuer à présenter certaines manifestions liées au post traumatique stress disorder, 18 mois après le dernier évènement vécu .

En 2002, l’international society for traumatic stress souligne que 14 a 43% des enfants du monde subissent au minimum un évènement traumatisant pendant leur vie.

D’après « international Save the children » alliance 20 millions d’enfants ont du quitter leurs foyers en raison de la guerre et plus de 4 millions d’enfants ont été frappes d’invalidités par un conflit arme ou par la violence politique.

6-1- L’expression clinique chez l’enfant et l’adolescent :

Certains facteurs peuvent avoir un rôle primordial sur le développement d’un traumatisme chez l’enfant :

-l’âge de l’enfant -son état de santé

-la conscience du danger d’un évènement ou de sa violence chez l‘enfant dépend de sa maturité bio- physiologique (sensorielle surtout) et le développement de ses capacités cognitives

- la présence ou l’absence des parents lors de l’évènement traumatique et la nature de leurs réactions sont des facteurs si importants d’autant plus que l’enfant est jeune, les parents jouent un rôle de pare excitation entre l’évènement traumatisant et leurs enfants soit en les protégeant physiquement soit en atténuant leur souffrance ; d’autre part la réaction des parents a l’évènement violent dépend dans une large mesure dans le développement d’un traumatisme chez l’enfant, si leurs réactions sont anxieuses ou de terreur, l’enfant développera un traumatisme même si l’évènement est bénin

D’une manière générale le tableau clinique du syndrome post traumatique chez l’enfant ne diffère pas de celui de l’adulte tant sur le plan de la réaction immédiate que pour la réaction post immédiate, cela dit Terr (cité par Bailly, 1996, p40) a distingué quatre caractéristiques différentes :

-absence d’amnésie de l’évènement

-absence d’inhibition de la pensée et de repli sur soi -rareté des flash-back

-peu d’impact sur les performances scolaires

6-1-1 Les réactions immédiates :

Chez l’enfant de bas âge, la réaction des parents face à l’évènement traumatisant est cruciale, la terreur des parents constitue pour l’enfant une perception perturbatrice et destructrice, sans défense et sans représentation mentale lui assurant de maîtriser l’évènement, l’enfant a recours à son imagination déformée, subira l’évènement silencieusement et réagira d’une manière inaperçue par un stress dépassé sur le mode de l’état second et des comportements automatiques.

Vu son immaturité, son manque d’autonomie et même certaine timidité ne lui permettent pas une décharge émotionnelle, par contre les grands enfants et les adolescents évacuent cette charge émotionnelle sous forme de crises de larmes ou d’un accès caractériel.

- comportement agité ou désordonné - un vécu de peur, de frayeur

- des réactions neurovégétatives

- comportement d’inhibition (isolement, mutisme…)

- comportement d’agressivité (opposition, colère, irritabilité…)

- des manifestations d’angoisse de séparation (peur du noir, refus de s’endormir seul ….)

- des troubles du sommeil

- des troubles alimentaires (anorexie, vomissements..)

- troubles psychosomatiques : crise d’asthme, céphalées, pelade…

6-1-2 Réactions post- immédiate :

Une autre caractéristique importante chez l’enfant c’est la prédominance des symptômes non spécifiques :

-troubles du sommeil

-troubles alimentaires : boulimie, anorexie -troubles sphinctériens : énurésie…

-baisse du rendement scolaire mais qui revient le plus souvent a la normale quelques mois après le traumatisme

-conduites auto-agressives : s’exposer au danger -troubles du langage : bégaiement…

-anxiété, angoisse somatique

-plaintes somatiques : céphalées, lombalgies, diabète…

-les phobies sont répandues chez l’enfant relatives surtout a un aspect de l’évènement traumatisant et que Terr (cité par Bailly, p43) qualifie de « peurs spécifiques du traumatisme » -troubles psychosomatiques : eczéma, psoriasis, alopécies...

-troubles de conduite : agressivité, fugue, conduites suicidaire...

6-1-3 La phase de latence :

La phase de latence peut être de courte durée comme elle peut durer des années et des années, et l’enfant développe un syndrome psychotraumatique à la suite d’un évènement évocateur mais l’enfant ou l’adolescent présentent le même tableau clinique observé chez l’adulte, le syndrome de répétition se manifeste par des hallucinations visuelles et auditives et surtout par les jeux répétitifs (moins élaborés et moins amusants) et les cauchemars avec cris et agitation.

Les enfants traumatisés sont l’objet de perturbation profonde de leurs personnalités en cours du développement ; ils deviennent craintifs, en état d’alerte permanente.

Perturbation de la fonction d’amour, ils deviennent capricieux, coléreux, violents. Ils remettent en cause leurs relations affectives avec les adultes.

Perturbation des fonctions de présence, démotivation pour les études, desintêret pour le jeu...

Difficultés de se projeter dans le futur, les enfants et les adolescents se montrent indifférents quand il s’agit de se situer dans l’avenir, Terr( cite par Bailly,1996) considère que l’incapacité des enfants à se projeter dans l’avenir constitue une caractéristique distinctive du traumatisme chez l’enfant.

Certains auteurs ont observé une recrudescence de la violence, la délinquance juvénile après des évènements traumatisant comme la guerre, les catastrophes naturelles...etc ; ces comportements délictueux sont liés en grande partie au changement de la conception de soi, d’autrui, de la société engendrés par l’expérience traumatique ; quand l’enfant assiste à la transgression des lois et des règles sociales exprimées dans le meurtre, la destruction , le viol …comme le soulignes Bailly ( 1996) « l’enfant en développement va voir non seulement les assisses de sa personnalité modifiés par le traumatisme, mais lorsque l’évènement implique l’attaque des lois et des règles du contrat lui même, sa socialisation est mise en jeu ».

6-2 Le devenir du traumatisme psychique chez l’enfant :

D’après Crocq, le devenir ou le pronostic du devenir du psycho traumatisme chez l’enfant est défavorable, sa personnalité en cours du développement se trouve déformée par le trauma et il gardera des séquelles jusqu'à l’âge adulte.

Mais les travaux menés par Cyrulnick ont rejeté ces prédictions et ces prophéties en proposant le concept de résilience pour signifier la reprise du développement des enfants traumatisés en prenant appui sur ses ressources internes et sur les ressources extérieures considérés par Cyrulnick comme des tuteurs de développement, seul la conjugaison de ces deux ressources permettent aux traumatises de s’en sortir.

Celui-ci (2001, p 261) définit la résilience en tant qu’un «processus, un devenir de l’enfant qui d’actes en actes et de mots en mots, inscrit son développement dans un milieu et écrit son histoire dans une culture. ».

Les enfants traumatises doivent leurs navigations (comme le souligne Cyrulnick) dans les torrents en s’arc-boutant sur ses propres ressources et aussi les ressources du milieu et de la culture. Sillamy (1999, p 226) considère que le concept de résilience comme « la capacité de vie et de son développement en dépit des circonstances défavorables voire désastreuses »