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Partie 2 : Le bien-être des animaux de cirque

3 Restriction sociale

4.4 Le transport est-il une source de stress ?

S’il est évident que les animaux d’élevage éprouvent un stress important lors du transport vers l’abattoir, aucune étude scientifique n’a montré que le transport des animaux de cirque était une source de stress ou de souffrance pour ces animaux. Les animaux d’élevages ne sont généralement transportés qu’une à deux fois dans leur vie, dont une pour se rendre à l’abattoir. Ce sont donc des animaux qui ne sont pas habitués à être transportés. Les densités dans les cages ne sont pas comparables. Les animaux de cirque sont transportés dans leurs cages respectives, dans des lieux qu’ils connaissent donc et généralement seuls ou avec des congénères avec lesquels ils ont l’habitude d’être.

Nous avons vu précédemment que chez les animaux d’élevage, il a été mis en évidence que le chargement et le déchargement constitués deux étapes particulièrement stressantes pour les animaux. Cependant, un tel parallèle n’a pas pu être établi pour les animaux de cirque. Des études ce sont intéressés au comportement des animaux au cours du trajet. Concernant les tigres de cirque: les animaux passent la majorité du voyage (67,2%) couchés et une autre

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grosse partie (27,2%) à stéréotyper en faisant les « cents pas », surtout en fin de trajet (Nevill et Friend, 2003). La haute fréquence des stéréotypies peut être expliquée par l’espace réduit de la cage qui limite fortement les comportements possibles des animaux à seulement se coucher ou stéréotyper. Le taux de cortisol a été mesuré chez des tigres de zoo après un transport : il restait élevé 3 à 6 jours après le transport pour les animaux ayant déjà voyagé au moins deux fois et jusqu’à 9 à 12 jours pour ceux n’ayant jamais voyagé (Dembiec et al. 2004). Ces résultats suggèrent donc que le transport est une source de stress aigu chez les animaux sauvages, d’autant plus lorsqu’ils n’y sont pas habitués. Mais que la réponse biologique est moins importante pour les animaux ayant déjà voyagés, ce qui peut être interprété comme un signe que l’animal s’y habitue. Des résultats similaires ont été mis en évidences chez d’autres espèces domestiques comme les chevaux (Weeks et al. 2011) ou encore les bovins avec des taux de cortisol et une température corporelle qui augmentent beaucoup moins chez des animaux habitués aux voyages que chez les animaux non habitués (Stockman et al, 2011). Au contraire des félins qui passent la majorité du trajet couché (Nevill et Friend, 2003), les éléphants restent debout pendant le transport. Or, il a été mis en évidence chez les chevaux que le maintien de la posture debout au cours de trajet est non seulement fatigante pour l’animal mais également stressante (Giovagnoli et al. 2002). Les éléphants passent environ 40% de leur temps de trajet à stéréotyper (Williams et Friend, 2003), c’est plus que le temps passé à stéréotyper chez des éléphants qui sont à l’attache (30% chez Clubb et Mason, 2003a). La fréquence élevée des stéréotypies est sans doute associée à l’espace restreint dont dispose les animaux et au peu de visibilité vers l’extérieur. Le transport semble donc compromettre le bien être des éléphants. Pour les animaux debout, les virages, les coups de freinage violents et les accélérations sont autant d’événements au cours du trajet qui peuvent non seulement déséquilibrer les animaux et entrainer des chutes et blessures mais également être une source de stress (Cockram et Spence, 2012).

Les reptiles sont particulièrement incompatibles aux transports fréquents. En effet, ce sont des animaux très sensibles aux vibrations et aux changements de température pouvant conduire à des problèmes de santé et rendre les animaux plus vulnérables aux maladies (Harris et al. 2006).

L’effet des transports longs et fréquents sur la santé des animaux a été peu étudié, notamment sur les animaux sauvages. En effet, des transports fréquents peuvent être associés à un stress chronique, néfaste pour les animaux domestiques. Chez les chevaux, il a été mis en évidence que des transports fréquents entrainaient de nombreux troubles de santé : baisse de la

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reproduction, augmentation de l’incidence de maladie, de moins bonnes performances… (Friend, 2001). On peut donc facilement imaginer que si des transports fréquents sont délétères pour des animaux domestiques, ils le sont autant voir plus chez les animaux sauvages.

Les observations de Kiley-Worthington (1990) ainsi que les études s’intéressant aux comportements des animaux et aux conditions de transport suggèrent cependant que le transport se fait dans des conditions correctes et contrôlées, et que les animaux ne montrent pas de signes évidents de stress ou de souffrance. Et même si les animaux domestiques montrent des signes évidents de familiarisation avec les transports, très peu d’étude nous permettent d’affirmer une telle chose pour les animaux sauvages. De plus amples recherches sont nécessaires, notamment pour les animaux de zoos qui peuvent être emmenés à être déplacés pour des échanges ou pour des programmes de reproduction. Il est nécessaire que les animaux soient habitués progressivement au transport et ce, de façon positive afin que les transports ne soient pas des événements particulièrement stressants pour eux qui pourraient ainsi mettre en péril leur santé. Par ailleurs, il est évident que les espaces réduits des cages de transport dans lesquelles les animaux voyagent de longues heures soulèvent plusieurs problèmes quant à leur bien-être.