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Partie 2 : Le bien-être des animaux de cirque

2 Evolution du bien-être dans la société

Comme vu précédemment, la question du bien-être animal a évolué autant que le statut même de l’animal, passant de simple objet ou animal-machine à un être sensible doué de sentiments selon l’article L214-1 du code rural et de la pêche.

Dans un premier temps, il était avant tout question d’éviter toute souffrance inutile. Aujourd’hui les actions et les images chocs se multiplient dans les élevages, les abattoirs, les cirques… : le sort des animaux préoccupe, et la société depuis qu’elle en a pris conscience, exige des changements. Mais celle-ci n’a pas attendu le XXème siècle pour se préoccuper du sort des animaux placés sous leur responsabilité. Dès les écrits bibliques, il était déjà interdit d’infliger des douleurs inutiles aux animaux. Les associations de protection des animaux ont vu le jour au cours du XIXe siècle avec par exemple la Société Protectrice des Animaux créée en 1846. En 1850, la première loi de protection animale fait son apparition avec la loi Grammont : il est alors interdit d’infliger de mauvais traitements aux animaux en public. Il faut cependant attendre le milieu des années 1960 pour avoir une des prises de conscience les plus importantes avec le livre Animal Machine de Ruth Harrison. Cet ouvrage dénonce les conditions d’élevages des animaux de production tels que les poulets de batterie et a soulevé

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de vives réactions de la part de la société. Il a sans doute contribué à l’élaboration de mesures législatives prenant en compte le bien-être animal dans les différents systèmes d’élevages. L’intérêt pour les animaux sauvages n’est pas sans reste. Dès l’apparition des premiers parcs zoologiques en France, des protestations se sont levées contre leur existence. En effet, même s’il était important de maintenir les animaux en vie, leur acquisition constituant un certain investissement, l’idée de « l’animal machine » au service de l’Homme était encore forte et on se préoccupait donc peu de leurs états émotionnels et psychologiques, ou de leurs conservations, la faune sauvage semblant être une source inépuisable à cette époque-là. Ainsi, le Cruelty to Wild Animals in Captivity a été rédigé en 1900 en Grande Bretagne. Ce texte condamne tout acte de cruauté inutile envers un animal en captivité. Par ailleurs, les conditions de détention étaient très peu voir pas du tout réglementées. Il était donc courant de voir des animaux dans des cages exigües où ils pouvaient être facilement visible par les visiteurs et où l’espérance de vie était très courte (Kleiman, 1992). Il faut attendre 1907 pour voir le premier parc zoologique « sans barrière » ouvrir ces portes en Allemagne. Les animaux y sont exposés dans des enclos mimant leur milieu naturel. Les méthodes de dressage sont remises en cause car violentes et basées sur la peur et la douleur et la société accepte difficilement le prélèvement des animaux dans leur milieu naturel afin de les placer dans des espaces restreints. Une étude réalisée il a 15 ans montrait que les visiteurs étaient plus intéressés par un animal lorsque celui-ci bouge, que ce soit en réalisant des comportements normaux, ou anormaux comme des stéréotypies (Margulis et al. 2003). Alors que des études plus récentes suggèrent le contraire avec des visiteurs qui ont une mauvaise image des stéréotypies leur donnant l’impression que les animaux sont malheureux, ou qu’ils n’ont pas suffisamment de soins (Miller, 2012) mettant ainsi en évidence une prise de conscience de la société face aux troubles que rencontrent les animaux en captivité.

La préoccupation pour le bien-être des animaux touche de plus en plus de personnes. Il s’agit d’un sujet auquel sont particulièrement sensibilisées les jeunes générations. En effet, le sondage IFOP réalisé pour la société 30 millions d’amis montrent non seulement qu’une majorité des français sont contre les différentes formes d’exploitation de l’animal (chasse, animaux de laboratoire, corrida…) mais qu’il s’agit majoritairement de personnes de moins de 30 ans. Concernant le bien-être des animaux de cirque une enquête réalisée en 1992 montrait que seul 13% des personnes interrogées voulaient dans le futur des cirques sans animaux (Guy, 1993), c’est aujourd’hui près de 67% des interrogés qui sont en faveur de telles mesures (Les français et le bien-être des animaux, 2018).

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La science montre elle-aussi un intérêt grandissant pour le bien-être animal et notamment celui des animaux sauvages. En témoigne le nombre croissant d’articles scientifiques traitant de ce sujet depuis les années 1990 avec par exemple l’apparition d’une revue scientifique du nom de Animal Welfare. Cependant, les études sur le bien-être animal sont compliquées à mettre en œuvre. En conséquence, la grande majorités des études sont théoriques ou sont réalisées avec un très faible nombre d’animaux (Goulart et al. 2009). Ces différentes études ont pour but d’amener une meilleure connaissance de l’animal, de déterminer des critères fiables d’évaluation du bien-être et à terme d’améliorer les conditions de vie des animaux sauvages et de faire évoluer les lois relatives à leur détention.

La société évolue et son rapport à l’animal aussi. Le sort des animaux domestiques ou sauvages préoccupe, comme le montrent les modifications des habitudes alimentaires (véganisme, refus de consommer des œufs de poules élevées en batterie…) et la multiplication des protestations devant les delphinariums ou les cirques itinérants.

II

Evaluation du bien-être des animaux