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Le territoire de l’agglomération havraise face au risque

regroupe 17 communes comptant aux alentours de 250 000 habitants autour de projets communs de développement et d’aménagement du territoire7.

De par son emplacement en plein estuaire de la Seine, laCODAH fait face à des risques naturels d’inondation, mouvements de terrain, effondrements de terrain et des tempêtes causant la chute d’arbres et d’installations [82].

À la fois pôle industriel, portuaire et logistique européen, laCODAHet plus large-ment la zone industrielle et portuaire du Havre dispose d’une zone de plus de 5 000 ha dédiée à ces activités. Elle regroupe 33 établissements à haut risque dont la moitié classée « Seveso seuil haut »8et absorbe un trafic important de Transport de Matières Dangereuses (TMD), l’exposant aux divers risques technologiques dont l’incendie, l’ex-plosion et la propagation de nuages toxiques pouvant impacter un très grand nombre de personnes dont la cause pourrait provenir d’une source fixe (une usine) ou mobile (un camion-citerne transportant des matières dangereuses)9. Le territoire a déjà connu des incidents et des accidents. La figure1.4présente les principaux événements dangereux d’origine naturelle et technologique ayant touché laCODAH. Face à la complexité des problèmes posés et afin de répondre aux attentes de la population en terme de sécu-rité, les industriels et les autorités coordonnent les moyens pour réduire la probabilité d’occurrence et l’effet d’accidents éventuels en assurant des mesures de protection né-cessaires.

1.2.1 Coordination inter-acteurs pour assurer la sécurité

Dans le cadre de la sécurité (prévention et protection), les autorités publiques et industrielles doivent se coordonner et se mobiliser pour prévenir les accidents et en ré-duire les conséquences. Des études de danger ont donc été réalisées par les entreprises sur les risques encourus, leurs conséquences et les zones concernées10.

7. Le site web de laCODAHest consultable à l’adresse suivante :http://www.agglo-lehavre.fr. 8. Les entreprises sont classées « Seveso » en fonction des quantités et des types de produits dange-reux qu’elles accueillent. Il existe ainsi deux seuils différents classant les entreprises en « Seveso seuil bas » ou en « Seveso seuil haut ». Les établissements militaires et les dangers liés aux rayonnements ionisants (nucléaire) ne sont pas concernés par cette directive. Le calcul de dépassement de seuil se réalise par une somme pondérée des masses de produits présents dans l’entreprise. Les entreprises dont le premier seuil n’est pas franchi ne sont pas concernées par la directive. Les entreprises qui dépassent le premier seuil sont concernées par la Directive et sont classées « Seveso seuil bas ». Les entreprises qui dépassent le second seuil sont elles classées « Seveso seuil haut ».

9. Site officiel de l’ORMES:http://www.ormes.fr/.

10. Brochure du Plan Particulier d’Intervention établie en mai 2010 par les établissements industriels et la préfecture de la Seine Maritime, en collaboration avec l’ORMES, les communes concernées, la sous-préfecture du Havre, la Direction Régionale de l’Environnement, l’Aménagement et du Logement (DREAL), les préfectures de l’Eure et du Calvados.

FIGURE1.4: Événements dangereux sur le territoire de laCODAH.

– Du côté industriel : des études ont été menées pour optimiser le déplacement et le stockage de produits, l’utilisation de matières moins dangereuses . . . Dans tous les cas, les établissements industriels doivent respecter des procédures d’autori-sation ou de déclaration prévues dans le Code de l’environnement. Ils sont sui-vis et contrôlés même s’ils ne sont pas classés Seveso. En cas d’accident limité à l’intérieur d’une usine, l’industriel applique lui-même les mesures d’urgence avec l’aide éventuelle des secours extérieurs ; il s’agit duPOI. Cette approche isole la

problématique du risque au niveau des représentations locales sans prendre en compte les conséquences en série sur le voisinage des incidents locaux.

– Du côté des autorités publiques : sous la direction du préfet, laDREAL11impose des mesures de prévention et procède à des inspections périodiques pour assu-rer le respect des dispositions prises par l’exploitant. Quant au Plan Particulier d’Intervention (PPI), il constitue un plan pour faire face aux risques générés par des établissements présentant un risque. Il est établi par le préfet et mis en œuvre une fois ce dernier prévenu par l’industriel d’un sinistre qui s’étend à l’extérieur de l’usine. Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) est obligatoire dans les com-munes situées dans la zone d’application d’unPPI. Il a pour objectif d’organiser l’assistance et le soutien à la population à l’échelle communale et sous l’autorité du maire.

En cas de danger, la population est alertée via un ensemble de sirènes couvrant le territoire. Ce réseau12de sirènes est mis en place et maintenu par l’équipe de laDIRM de laCODAHet par les industriels. L’alerte peut éventuellement être complétée si besoin par des véhicules mobiles, des haut-parleurs . . .

1.2.2 Outils de modélisation au sein de la CODAH

L’examen des populations impactées reste un exercice difficile ; la modélisation et l’évaluation des dangers nous sont utiles lorsqu’on les croise avec les enjeux exposés. Dans ce cadre, la Direction des Risques MajeursDIRMde laCODAHs’est investie dans la recherche en collaborant avec des universitaires autour des projets sur la gestion du risque et s’est dotée d’un ensemble d’outils d’aide à la décision. Parmi ces outils qui seront détaillés dans le chapitre3, nous pouvons citer :

– SAFER Hazmat Responder : un outil de modélisation des accidents industriels sous forme de propagation d’un nuage toxique entre autres.

– SIRENE : un outil d’étude de la couverture sonore pour optimiser l’emplacement de sirènes afin qu’elles soient audibles par la population.

– MIKE : un outil de modélisation fournissant des solutions locales aux problèmes mondiaux tels que l’adaptation au changement climatique, les inondations, la pé-nurie d’eau, la sécurité de l’approvisionnement d’une eau de bonne qualité et l’as-sainissement de l’hydraulique de surface et débordement de rivière . . .

– InfoWorks : la modélisation de l’ensemble du cycle de l’eau, depuis l’alimentation et la distribution d’eau potable, les réseaux d’assainissement, jusqu’aux rivières . . . Il est aussi utilisé au sein de laCODAHpour simuler la submersion marine en milieu urbain.

11. LaDREALremplace la DIrection Régionale de l’ENvironnement (DIREN), la Direction Générale de l’Environnement (DRE) et la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Information (DRIRE) depuis le 28 juin 2009.

12. Le terme générique « réseau » désigne un ensemble d’entités (objets, personnes, . . .) interconnectées les unes avec les autres.

PRET-RESSE[20] : un modèle d’allocation spatio-temporelle de la population à l’échelle des bâtiments exposée au risque. Il permet à laCODAHde quantifier la population dans les bâtiments en distinguant leur occupation diurne et nocturne sans toutefois avoir une idée de leur distribution sur le réseau routier. Il paraît donc opportun de mettre en place un modèle dynamique permettant de détermi-ner et de quantifier l’évolution des flux sur le réseau routier.

Bien qu’il permette de localiser la population, ce modèle reste statique car il ne prend pas en considération les déplacements journaliers des personnes sur les axes de transport. Un modèle dynamique de flux doit permettre de mieux comprendre les para-mètres qui déterminent les évolutions des flux et fournir des outils d’aide à la décision en estimant le nombre de personnes présentes dans telle ou telle zone urbaine et leur dis-tribution spatiale à tel moment de la journée, permettant d’aider à terme dans le choix de la politique d’évacuation dans le cadre d’une gestion de situation d’urgence. Dans le travail actuel, le trafic routier dans le cadre d’une évacuation nous intéresse puisqu’une simple perturbation peut causer des modifications importantes au niveau des flux, sur-tout en présence d’un danger se propageant assez rapidement. Les décideurs utilisent des cartes de vulnérabilité pour les aider à estimer le risque et mettre en place des straté-gies de gestion du risque. Ces cartes sont basées sur plusieurs types de vulnérabilité : so-cio démographique, biophysique et autres regroupant plusieurs types de dangers. Néan-moins, ce genre d’approches reste statique et ne prend pas en compte le déplacement de la population dans le calcul de la vulnérabilité. Quelques travaux ont été développés pour calculer un score de vulnérabilité lié à l’accès au réseau routier en adoptant une approche pessimiste dans le calcul du danger,i.e.plusieurs individus, dans une zone de danger, décident tous de prendre la même route pour évacuer cette zone, ce qui se passe malheureusement assez souvent dans la réalité.

Avant d’exposer la démarche scientifique et l’objectif de la thèse, nous introduisons la notion de graphe qui sera fréquemment utilisée dans le manuscrit, nous détaillerons davantage ce type de représentation dans le chapitre5. Un réseau routier peut être re-présenté par un grapheG=(V,E) représentant sa structure, oùV désigne l’ensemble des sommets etEl’ensemble des arêtes. Ainsi, un nœud du réseau est représenté par un sommet et une connexion du réseau est représentée par une arête. Dans le reste du ma-nuscrit, on utilise le terme « arête » pour qualifier une connexion non orientée et le terme « arc » dans le cas inverse. Un graphe est donc non orienté s’il ne contient que des arêtes (connexions non orientées) et il est orienté s’il ne contient que des arcs (connexions orientées).