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PROBLÉMATIQUE 1.1 Contexte général . . . . 11 1.2 Le territoire de l’agglomération havraise face au risque . . . . 16 1.2.1 Coordination inter-acteurs pour assurer la sécurité. . . . 16 1.2.2 Outils de modélisation au sein de la CODAH . . . . 19 1.3 Objectif du travail. . . . 20

1.1 Contexte général

Le monde fait face à des risques de différentes natures, aussi bien naturels qu’an-thropiques. La population doit affronter ces risques et l’autorité publique doit tenter de les gérer et les minimiser ; l’objectif est de protéger les individus. Tout ceci s’inscrit dans un besoin de sécurité croissant exigé de plus en plus par les populations. Le principe de précaution est érigé en loi1et est inscrit dans la Constitution Française, pendant que les populations exposées augmentent par un effet mécanique naturel dû à la croissance de la population et à la concentration des individus dans les zones urbaines. Les experts du domaine définissent généralement le risque comme étant le produit d’un aléa et d’une vulnérabilité :Ri sque=alea´ vul ner abi l i t´ e´[50].

1. Principe selon lequel l’absence de certitudes, compte tenues des connaissances scientifiques et des techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économiquement acceptable.

FIGURE1.1: Procédure de prévention et du contrôle de risque par les établissements.

La réduction de l’aléa ou de la vulnérabilité sous-entend donc la diminution des conséquences du risque. L’aléa représente en fait un événement potentiellement dan-gereux se caractérisant par une probabilité d’occurrence et dont les effets ont une cer-taine gravité plus ou moins facilement quantifiable. Pendant longtemps, les experts et les autorités se sont penchés plutôt sur la réduction des aléas que sur la vulnérabilité. Cependant, la réduction de l’aléa n’est pas toujours facile à mettre en œuvre. Les éta-blissements industriels tentent d’identifier et de mesurer le plus souvent de façon pro-babiliste ces aléas en s’appuyant éventuellement sur des études statistiques. En effet, les

industriels connaissent bien leurs produits dangereux et mènent des études de danger afin de réduire la probabilité et les effets d’un accident éventuel (voir figure1.1). Dans la réglementation française [19], les établissements dont l’activité présente un risque élevé (classés Seveso2ou pas) doivent élaborer un Plan d’Opération Interne (POI) qui prend les mesures d’urgence en cas d’accident limité à l’intérieur de l’établissement. Les au-torités représentées par le préfet coordonnent aussi les moyens d’intervention publique avec les industriels en mettant en œuvre un Plan Particulier d’Intervention (PPI) dès lors que l’événement a des effets à l’extérieur de l’enceinte de l’établissement. Notons pour terminer que le principe de précaution évoqué au début de ce chapitre s’accommode mal de la notion d’aléa et de sa mesure puisqu’il correspond typiquement à des événe-ments que l’on ne peut pas probabiliser.

FIGURE1.2: Inondation en Chine (juin 2010) : travaux de réparation de digues3.

Le risque naturel nous met face à des problèmes pour lesquels nous avons malheu-reusement moins de moyens de maîtrise que dans le cas du risque technologique. En

2. La directive dite Seveso ou directive 96/82/C E, édictée suite à l’accident survenu en Italie en 1976 est une directive européenne qui impose aux États membres de l’Union européenne d’identifier les sites industriels présentant des risques d’accidents majeurs. Un établissement est classé Seveso seuil bas ou haut selon les quantités de substances dangereuses et des seuils réglementaires.

effet, il est souvent difficile de diminuer l’aléa : les dispositifs de protection collectifs comme par exemple la construction de digues et de bassins de rétention n’empêchent pas nécessairement une inondation de se produire [161] et d’avoir des conséquences graves sur la population et l’environnement, et déplacent éventuellement le problème. Les actions entreprises diminuent éventuellement la fréquence mais pas nécessaire-ment la gravité. Ainsi, l’effondrenécessaire-ment d’un tronçon d’une digue de la rivière « Fuhe » en Chine le 10 juin 2010 (voir figure1.2) a nécessité l’évacuation de plus d’un million d’habitants et a fait au moins 199 morts et 123 disparus le 11 juin 2010 [127].

La vulnérabilité est un terme polysémique, néanmoins de façon générale, on peut la ca-ractériser par les pertes occasionnées dues à l’occurrence d’un événement. Pour donner suite à notre exemple précédent, la réduction de la vulnérabilité se limite parfois à la limitation de la construction en une zone inondable ; d’où l’intérêt de mettre en place des moyens de mise en sécurité efficaces pour atténuer l’effet de la vulnérabilité sur les enjeux (humains, économiques, environnementaux, patrimoniaux) exposés à un aléa. Les mesures de sécurité diffèrent d’un pays à un autre selon les aléas auxquels ont est confronté et selon un ensemble de paramètres comme les moyens dont l’État [88], les collectivités et la population peuvent disposer, les avancées technologiques et indus-trielles, le niveau de vie de la population . . . L’acceptabilité du risque par la population diffère également d’un pays à un autre et dépend notamment de la perception du risque par la société, un concept subjectif et variant d’un individu à un autre selon la localisa-tion et le niveau de risque qu’il estime supportable. L’acceptabilité est beaucoup moins élevée dans les pays développés où l’on dispose de plus de moyens et où l’on attend plus des autorités en terme de mesure de sécurité que dans les pays moins développés où on est submergé par les problèmes et où la population attend moins des autorités. La ques-tion à se poser portera sur le choix de la bonne stratégie à appliquer avant, pendant et après l’occurrence du danger.

L’information sur les risques naturels et technologiques majeurs vient en premier lieu et peut être représentée en trois échelles (micro, méso et macro). Elle est accordée de plein droit et mise à disposition des citoyens dans le cadre du Code de l’environnement français.

– Au niveau micro, elle permet à un citoyen de s’informer sur les aléas auxquels il est exposé, les mesures à prendre pour minimiser sa vulnérabilité ainsi que les moyens de protection et de secours mis en œuvre par les pouvoirs publics. – Au niveau méso, cette information se traduit souvent au travers d’exercices dans

les écoles, les entreprises et les lieux recevant du public. En fait, les écoles doivent mettre en place un Plan Particulier de Mise en Sécurité (PPMS) avec l’aide de l’éducation nationale. Ceci doit permettre la mise en sécurité des personnes à l’école suite à un éventuel nuage toxique dans l’atmosphère par exemple. Les

ERP4 réalisent aussi un Plan de Mise à l’Abri (PMA) peu défini à ce jour et pas réglementé. Les petites entreprises dans une zone industrielle peuvent décider la mise en place d’un tel plan en commun. Sur le territoire de laCODAH, les en-treprises de la zone industrielle sont en train de développer un plan commun nommé Plan de Communication d’Urgence sur la Zone Industrielle (PCUZI). – Au niveau macro, les exercices « grandeur nature » entraînent la population à

mieux réagir dans le cadre d’un accident nécessitant des réactions d’ordre collec-tif comme lors d’une évacuation d’un quartier ou d’une ville. Bien que ces entraî-nements puissent apprendre à la population les bons réflexes en cas de panique collective, ils sont extrêmement coûteux et difficiles à mettre en œuvre [105,121], d’où l’intérêt de recourir à des méthodes de simulation pour aider les décideurs à mieux comprendre l’influence du comportement individuel sur le comportement global d’une foule lors d’une situation de danger.

Au cœur de la crise,toute décision face à une situation de danger oblige à opter entre la nécessité ou non de la mobilité de la population. La décision de « mobilité » correspond à l’évacuation de la population et la « non mobilité » correspond à la mise à l’abri. Il convient ensuite de communiquer cette décision à la population et de la tenir informée, ceci via des sirènes d’alerte5, les radios, le Radio Data System (RDS)6, le « Call Broad-casting », la diffusion de SMS voire même la diffusion de messages de proche en proche par des technologies WIFI ou BLUETOOTH n’utilisant pas d’infrastructures de commu-nication [74]. Ceci peut s’avérer utile surtout dans le cas de défaillance des structures fixes de communication et doit permettre de coordonner les différents services de se-cours des personnes exposées. Les autorités après la crise auront un rôle important, à court terme, en amenant des éléments de réponse, en rassurant la population et en lui permettant de reprendre une activité normale. À long terme, elles devront être capables de tirer des enseignements et de réaliser un retour d’expérience.

4. Le termeERPest défini par l’articleR123−2 du Code de la construction et de l’habitation, dé-signe en droit français les lieux publics ou privés accueillant des clients ou des utilisateurs autres que les employés (salariés ou fonctionnaires), qui sont, eux, protégés par les règles relatives à la santé et la sécurité au travail. Cela regroupe un très grand nombre d’établissements comme les cinémas, théâtres, magasins (de l’échoppe à la grande surface), bibliothèques, écoles, universités, hôtels, restaurants, hôpi-taux . . . que ce soient des structures fixes ou provisoires (chapiteau, structures gonflables) :http://www. developpement-durable.gouv.fr/Etablissements-recevant-du-public,13420.html.

5. Pour plus de détails sur les consignes d’alerte et les sirènes, le site de l’Office des Risques Majeurs de l’Estuaire de la Seine (ORMES) est consultable sur le lienhttp://www.ormes.fr/dossier.asp?DOSS_ CLE=253.

6. Service de transmission de données numériques en parallèle des signaux audio de la radio FM en bande 2.

1.2 Le territoire de l’agglomération havraise face au risque