• Aucun résultat trouvé

MATÉRIELS ET MÉTHODES

12. Le souci de transmission

Un médecin évoque le souci de transmission de cabinet et de patientèle. Il s’inquiète pour sa propre succession mais aussi pour celle de ses confrères géographiquement proches. En effet, s’ils ne sont pas remplacés, il y aura une répercussion sur la charge de travail des médecins en place.

Médecin 6 : Ça va être de pire en pire avec le pôle de santé pluridisciplinaire. Là, ça va être 8h-20h,

plus la garde derrière. Là, ça va être dur. Je sais que ça va être des journées très dures, quoi. Mais c’est le seul moyen d’arriver à appeler des jeunes pour plus tard. S’il n’y a pas d’organisation des soins, les jeunes ne viendront pas s’installer à la campagne, il faut pas se leurrer. (…) Ce qui m’inquiète, c’est qu’il y a beaucoup d’anciens qui vont partir et qu’on n’a rien derrière. Moi, je suis jeune. Il y a personne pour prendre la relève.

Au total, l’analyse des entretiens identifie de nombreux risques psychosociaux liés au travail des mé- decins généralistes. Ces risques n’impactent pas les médecins de la même façon. Chacun semble plus ou moins sensible à tel ou tel facteur d’exposition. Il est toutefois possible d’identifier des points de convergence. Certains, comme la charge de travail, les difficultés relationnelles avec les patients ou la difficulté à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée étaient attendus aux vues de la littérature. Cependant, des thèmes émergent avec force alors que la littérature semblait peu proli- fique sur le sujet. Nous citerons l’exemple de la rémunération et de l’avenir de la profession.

Plusieurs éléments fournissent des pistes de réflexion sur la question de l’acceptation de ces risques par les médecins généralistes. La notion du devoir ressort fortement.

Nous allons voir dans le chapitre suivant qu’au-delà de la notion de devoir, les médecins généralistes interrogés sont satisfaits de leur métier.

89

C.

SATISFACTION

Les médecins interrogés sont tous satisfaits de leur métier.

Les motifs de satisfaction sont nombreux. Les médecins évoquent notamment, le plaisir des relations humaines.

Médecin 4 : Nous, on a quand même la chance de rentrer dans l’intimité des gens et des familles : et

d’avoir une place dans les familles (…) j’ai réussi, je pense, à instaurer une relation avec mes patients et ça, c’est irremplaçable.

Médecin 5 : Donc, j’aime le contact, j’aime bien mes patients. Voilà, et j’aime bien mes journées. C’est

pour ça aussi que parfois, j’accepte d’y rester un petit peu plus.

Médecin 7 : Mais en fait, on touche à l’humain tous les jours, moi je trouve ça génial. Alors après c’est

génial mais aussi (elle souffle), ça peut être pompant.

Médecin 13 : Alors moi, la relation avec les gens, ça me va. C’est vraiment quelque chose qui… Ils soulignent également la gratification qu’ils ressentent ou qu’ils reçoivent à aider leurs patients. Médecin 2 : Voilà, je me dis toujours que c’est un métier où tu as 20 fois par jour quelqu’un qui te dit

merci, il n’y a pas beaucoup de métiers où c’est comme ça. (rires)

Médecin 3 : Le fait qu’une personne soit arrivée en fin de vie, que la famille a participé à toute

l’élaboration des soins de fin de vie, que cette personne est partie de façon paisible et que ces gens, je peux les rencontrer, même si ce n’est pas des patients, mais qu’il y a, on va dire, une poignée de mains chaleureuse, je suis satisfait. (…) C’est une aide à la vie, et aussi une aide à la fin de vie. Je suis absolument ravi de faire ce métier là…

Médecin 5 : Mais je suis content d’apporter quelque chose aux autres. Oui. C’est valorisant. Ça donne

un sens et je pense que ça, ça m’aide plus que ce que je ne le crois.

Médecin 8 : Je suis satisfaite quand ça marche. Et puis quand les gens sont contents, qu’on voit que…

Parfois, c’est pas forcément parce qu’ils vont t’apporter un gros cadeau, voilà. C’est le dessin du ga- min, c’est un truc bête mais, c’est bien. C’est une satisfaction personnelle.

Médecin 13 : Et puis bon, quand même, avec cette idée de faire du bien. On fait pas médecine par

hasard, je pense. Parce que c’est pas juste pour payer l’URSSAF et la CARMF…

D’autres motifs de satisfaction peuvent être cités mais moins consensuels. Certains évoquent la va- riété du travail, d’autres, une forme de plaisir intellectuel.

Médecin 2 : Je trouve qu’on a cette chance de pouvoir varier, de pas être dans une routine, si on ne

veut pas être dans une routine.

Médecin 3 : Il (le métier) me plaît d’un point de vue intellectuel, c’est une remise en question perma-

nente. (…) Mon métier de médecin, je le vis comme une enquête et c’est vrai que le côté très intellec- tuel m’intéresse beaucoup.

Médecin 7 : Moi je pense que la médecine générale, c’est encore un beau métier qui est riche et qui

nous amène à côtoyer plein de monde, à s’ouvrir à plein de choses et pour moi, c’est très riche.

Les motifs de satisfaction sont donc nombreux et variés. Les médecins interrogés exercent leur tra- vail avec plaisir.

Médecin 3 : Grosso modo depuis 19 ans que je travaille je n’ai jamais eu de problème pour partir tra-

vailler le matin. Je pense que j’ai réussi à instaurer avec les gens une relation d’intimité avec la plu- part en tous cas, pas pour tous.

Médecin 5 : Je me dis que je suis à 15 ans de la retraite, peut-être, un peu moins, ben si ça continue

90 Médecin 11 : On peut pas être content tout le temps. Mais globalement, oui. Au point que je me suis

dit ce week-end, et même hier soir, mais qu’est-ce que je vais faire si un jour je m’arrête ? Alors peut- être, je me suis laissée bouffer par mon métier (rires).

Il est clair que les médecins généralistes interrogés sont satisfaits. Ils aiment leur métier et en reti- rent une certaine reconnaissance, relative à l’idée d’aide envers le patient. S’investir dans la relation humaine semble être un vecteur majeur de cette satisfaction alors même qu’elle est citée comme l’une des premières sources de stress du métier.

91

DISCUSSION

A.

L’ÉTUDE