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5.4 Technique de MLI hybride prédictive employée sur un redresseur actif

5.4.1 Le redresseur actif et son implémentation

Un des intérêts de la MLIP est que son fonctionnement est indépendant de la charge tant que celle-ci

est à caractère inductif sans liaison de neutre. En premier lieu, elle ne dépend que du type de convertisseur

pour lequel elle a été développée. Comme cela a été présenté précédemment, l’adaptation de cette

tech-nique à la charge passe par l’ajustement des facteurs de pondération, ce qui est relativement aisé.

L’implé-mentation de la MLIP sur un onduleur trois bras deux niveaux avec une MSAP comme charge présente un

cas d’étude intéressant, car chaque critère de sélection des séquences, à savoir∆I

RMS(SEQ,me)

, P

MOY(SEQ,itr i)

etVb

CMV(SEQ)

, impacte cette association négativement et a donc intérêt à être réduit. Toutefois, l’onduleur

trois bras deux niveaux étant très utilisé en triphasé dans l’industrie, l’étendue des possibilités de la MLIP

associée à ce type de convertisseur est donc bien plus vaste. Pour le prouver, les performances de notre

for-malisme ont été testées sur un redresseur actif (en anglaisActive Front Endou AFE). Le circuit résultant est

schématisé dans la figure 5.16.

F

IGURE

5.16 – Circuit électrique de l’onduleur trois bras deux niveaux utilisé en redresseur actif.

Contrairement à une utilisation en onduleur, où la puissance provient généralement du bus DC pour

alimenter une charge triphasée, le montage du convertisseur en redresseur actif entraine un écoulement de

la puissance du côté AC vers une charge DC. Pour permettre la commande appropriée du courant côté AC,

un filtre inductif triphasé équilibré sert d’interface entre le réseau et les bornes AC du convertisseur, comme

le montre la figure 5.16. Un raisonnement similaire à celui effectué sur la charge dans le cadre de l’onduleur

peut alors être réalisé. En utilisant la transformée de Park en phase avec la tensionv

aN

du réseau 400 V/50

Hz, le système multi-variables couplé liant les tensions côté AC du redresseur actif aux courants de ligne

s’exprime par :

v

d

= −Ri

d

L ˙i

d

+Lωi

q

+v

r d

v

q

= −Ri

q

L ˙i

q

Lωi

d

+v

r q

(5.7)

Avecv

d

,v

q

,i

d

eti

q

respectivement les tensions et courants triphasés exprimés dans le repèred q, L et R

sont les valeurs inductives et résistives du filtre d’entrée,ωest la pulsation électrique du réseau etv

r d

,v

r q

sont les projections dans le repèred qdu système triphasé de tension réseau.

Grâce à ce modèle, plusieurs lois de commande ont été développées dans la littérature pour contrôler

l’AFE. Un des précurseurs a été la commande vectorielle orientée sur la tension, ou en anglaisVOC (Voltage

Oriented Control)[Kazmierkowski, 2000], [Malinowski et al., 2003]. De manière analogue à la commande

vectorielle dans le cadre de la MSAP, elle consiste à contrôler séparément les courants selon les axesdetq

du repère de Park orienté avec la tensionv

aN

du réseau grâce à des régulateurs linéaires de type PI. Pour se

faire, les termes de compensation non-linéaires sont cette fois-ci :

e

d

=Lωi

q

+v

r d

e

q

= −Lωi

d

+v

r q

(5.8)

Un des buts de la commande VOC d’un AFE est d’avoir côté AC un courant sinusoïdal en phase avec la

tension. Pour se faire, la consigne de couranti

q

va être maintenue à 0. La consignei

d

quant à elle va être

fournie par le régulateur de tension DC présent dans une boucle externe, qui lui aussi va être de type PI.

Le redresseur actif ne fonctionne qu’en montage amplificateur et ne permet donc une régulation en

ten-sion V

DC

qu’au-dessus de la tension issue naturellement du redresseur double alternance, à savoir

3pπ3

Vb

r

.

Une augmentation supplémentaire de la consigne de tension V

DC

au-dessus de cette valeur entraine une

diminution de l’indice de modulationm.

Le banc de test correspondant à ce système et mis en place dans le laboratoire pour tester la

fonction-nalité de la MLIP expérimentalement est schématisé en figure 5.17.

A la différence de la figure 5.16, un autotransformateur de ratio 1/4 a été intercalé entre le réseau

tri-phasé 400 V/50 Hz et le filtre d’entrée pour assurer la sureté de fonctionnement. Il autorise une variation

de l’indice de modulationmrelativement importante tout en assurant une tension DC inférieure à 300 V.

Le filtre quant à lui est constitué de 3 inductances similaires, chacune d’une valeur de L=2,3mH et de

résistance parasite R=0,6586Ω. Le convertisseur utilisé comme redresseur est le même que

précédem-ment, et ses valeurs caractéristiques sont résumées dans le tableau 5.2. Pour charger le système, différentes

résistances sont disponibles et peuvent être branchées côté DC.

La commande VOC a été implémentée sur la dS1006 et interfacée aux capteurs de tension et de courant

permettant l’acquisition du système triphasé de tension d’entréev

t r i

, du système triphasé de couranti

t r i

et de la tension sur le bus DC V

DC

. Une PLL permet la définition de l’angle électrique utilisé dans la

trans-formé de Park à partir dev

a

. Le reste du système, incluant le modulateur (MLIP ou autre), la création des

séquences de MLI et la synchronisation des données, sont implémentés de la même manière que dans le

cas de la MSAP. Les fréquences d’échantillonnage et de MLI ont été réduites àf

s

=3kHz,f

MLI

=12kHzet

f

MLIb

=18kHzpour être plus représentatives des applications réseau.

Pour pallier les distorsions de courant dues aux temps morts, plusieurs techniques de compensation ont

été développées dans la littérature. Une des plus anciennes et des plus classiques, présentée par exemple

dans [Jeong and Park, 1991] [Munoz and Lipo, 1999] consiste à corriger directement l’erreur de tension

causée par le temps mort en additionnant un terme correctif∆V sur la consigne de tension de chaque

phasev

ρN

avecρ∈{a,b,c}. Ce∆V est une constante multipliée par le signe du courant traversant ce bras.

Le changement de signe du signal résultant peut être instantané, linéaire ou inclure une zone morte pour

insensibiliser la compensation aux ondulations de courant [Mannen and Fujita, 2014]. Cette technique est

particulièrement bien adaptée à la MLI intersective. Une autre approche, proposée entre autres par [Lee

and Ahn, 2014], a été conçue directement à partir d’une MLI vectorielle conventionnelle. Elle détermine

la modification à apporter aux temps d’application des configurations T

1

, T

2

et T

z

en fonction du système

triphasé de couranti

t r i

pour compenser directement le temps mort. En d’autres termes, [Lee and Ahn,

2014] définit la modification temporelle nécessaire pour la séquence 0127. Cette méthode s’accorde bien

avec notre MLIP, et servira de base à notre technique de compensation de temps mort. Elle sera étendue à

toutes les séquences appartenant àΣ. Les modifications résultantes sont définies en fonction du signe des

courants et additionnées aux temps d’application des configurations. Ainsi quelque soit la séquence de MLI

utilisée par la MLIP, l’effet du temps mort sera compensé.

En parallèle du banc de test, un modèle Matlab/Simulink le représentant a aussi été développé. Il est

constitué, de manière analogue à précédemment, de blocs de la librairie SPS, dont le blocUniversal Bridge

pour le redresseur, des éléments résistifs et inductifs pour le filtre d’entrée et un élément capacitif pour

la capacité de stockage du bus DC. Leurs valeurs caractéristiques sont listées pour le redresseur dans le

tableau 5.2 et dans le tableau 5.6 pour le reste du circuit. L’alimentation en tension du filtre inductif

d’en-trée sera modélisée par une source triphasée idéale à amplitude variable. Ceci représente un des intérêts

du modèle par rapport au banc, avec une possibilité de modéliser les performances de la MLIP pour une

connexion directe avec le réseau 400 V/50 Hz, ce qui est rendu impossible sur le banc par l’utilisation de

l’autotransformateur. D’un point de vue commande, les gains proportionnelk

pi

et intégralk

i i

des

régula-teurs de courant et les gains proportionnelk

pv

et intégralk

i v

du régulateur de tension sont donnés dans

le tableau 5.6 avec les fréquences d’échantillonnage utilisées dans le modèle. Les parties physiques sont

comme précédemment modélisées à pas variable avec un solveur ode23tb.

T

ABLE

5.6 – Valeurs numériques caractéristiques des éléments du circuit AFE.

filtre inductif d’entrée inductance L 2,3mH

résistance parasite R 0,6536Ω

bus DC capacité 6,6mF

électronique de commande et FPGA

f

s

3kHz

f

MLI

=

TMLI1

12kHz

f

MLIb

=

TMLI1b

18kHz

f

FPGA

4,5 MHz

k

pi

7

k

i i

50

k

pv

1

k

i v

30

Dans une application AFE, si l’impact de la tension de mode commun tend à être traité dans certains

cas comme [Hou et al., 2013], elle semble moins problématique que dans le cadre d’une machine

élec-trique. De fait, la MLIP sera centrée pour cette application sur les ondulations de courant et les pertes par

commutation. Le facteurβ

V

sera donc défini à 0.