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2.2 La modélisation et la commande de l’actionneur électromécanique associé à son convertis-

2.2.3 La commande vectorielle de l’EMA

Maintenant que le modèle de l’actionneur a été décrit en détail, la commande, qui servira de base aux

développements ultérieurs dans ce manuscrit, va être explicitée, dans un premier temps de manière

théo-rique. Ensuite, son implémentation sur le système de commande intégrant le dSPACE sera abordée.

Par analogie avec les actionneurs du prototype ELEXC présenté dans la section 1.2, l’EMA du banc doit

être commandé en vitesse par l’utilisateur. Moyennant cela, il existe bien évidemment un nombre important

de possibilités, qui se différencient aussi bien au niveau de la loi de commande que par la manière dont va

être attaqué l’onduleur pour imposer la sortie du correcteur à la MSAP. Un certain nombre de ces topologies

sont évoquées dans [Louis, 1999], [Bose, 2002], [Rodriguez et al., 2013], [Kennel et al., 2010]. Une

structu-ration de ces commandes sera proposée dans le chapitre 3. Pour rester proche du prototype, la commande

utilisée pour l’EMA sera la réplique de celle mise en oeuvre d’un point de vue industriel sur l’excavatrice

compacte.

L’emploi des EMAs sur une mini-excavatrice est un contexte particulier, où les actionneurs reçoivent

une consigne de vitesse et entrent inévitablement en collision avec l’environnement. Ce dernier, bien

qu’in-connu, peut être assimilé à une admittance dans le sens où il possède invariablement une inertie et des

contraintes cinématiques, et son mouvement sera défini par la force qui lui est appliqué. Ainsi, en contact

avec l’environnement, l’actionneur doit obligatoirement avoir un comportement d’impédance pour assurer

la compatibilité physique [Hogan, 1985]. Prenant cela et les contraintes industrielles en compte, la topologie

de commande prendra la forme d’un contrôleur en raideur défini entre autres dans [Chiaverini et al., 1999],

qui peut être vu comme un retour d’état position/vitesse et qui délivrera la consigne en couple suivante :

C

em

=k

c

d

−θ

m

)b

c

m

(2.24)

Aveck

c

etb

c

respectivement la raideur et le coefficient d’amortissement de commande.

Ce type de contrôleur peut paraître inapproprié, dans le sens où il est établi principalement sur une

commande en position et non en vitesse. Cependant, il possède de facto plusieurs avantages.

Première-ment, il évite la dérive de l’EMA due aux différentes perturbations lors de l’imposition d’une vitesse de

consigne nulle. Il permet en outre de bien contrôler la raideur de commande imposée sur l’actionneur.

Enfin, la gestion du maintien d’une distance de sécurité avec les butées peut être effectuée plus facilement.

En pratique, la structure utilisée, présentée en figure 2.14, consiste en une commande en cascade, avec

un régulateur proportionnel de position et un régulateur proportionnel de vitesse. La consigne de position

est fournie par un générateur de trajectoire. Ce dernier génère le profil de position grâce à la consigne de

vitesse donnée par l’utilisateur et aux distances vis-à-vis des butées mécaniques.

F

IGURE

2.14 – Schéma blocs de la régulation de vitesse de la MSAP avec une commande vectorielle.

Moyennant cette topologie, les paramètresk

c

etb

c

de l’équation (2.24) sont liées aux gains

proportion-nelsk

pθ

etk

p

respectivement de position et de vitesse par l’équation suivante :

k

c

=k

pθ

k

p

(2.25)

b

c

=k

p

La consigne de couple résultante, C

em

, est transmise à une commande vectorielle, cœur du contrôleur

d’EMA, et représentant sa boucle la plus dynamique. Elle est développée en fonction du modèle de la MSAP

dans le repère de Park orienté avec le flux rotorique (cf. 2.2.1). Dans ce repère, le couple électromagnétique

s’exprime selon l’équation (2.17). La structure de machine étant, dans le cadre de cette étude, considérée

équivalente à une machine à pôles lisses, les inductances suivant les axesdetqsont estimées égales. Ainsi,

C

em

ne dépend que dei

q

. Sa consigne sera donc convertie en uni

q

, et la consigne de courant selon l’axed

sera maintenue à 0, pour réduire les pertes Joules.

Dans le repère de Park, les tensions statoriques de la MSAP s’expriment selon l’équation (2.12). Le

sys-tème défini par cette équation est un syssys-tème multi-variables avec comme entrées (v

d

; v

q

) et comme

sorties (i

d

;i

q

), et il est couplé, rendant le contrôle par axe du courant par l’intermédiaire de régulateurs

linéaires problématique. Cependant, l’utilisation d’une contre-réaction non-linéaire rend possible

l’assimi-lation de l’évolution du courant vis-à-vis de la tension sur chaque axe à un système du premier ordre, et ce

indépendamment de l’autre axe. Le courant de chaque axe est ainsi contrôlable par un régulateur linéaire

standard auquel on rajoute en sortie le terme de compensation associé. Les termes de compensations sont :

e

d

= −L

q

p

m

i

q

(2.26)

e

q

= L

d

p

m

i

d

+

r

3

2p

m

.Φ

f

Le système de tensions de consigne résultant (v

d

;v

q

), exprimé dans le repère de Park, est ensuite traduit

par transformée de Park inverse en un système triphasé de tension de consigne. Celui-ci sera appliqué à la

MSAP par l’intermédiaire d’une MLI vectorielle qui induira la définition du système triphasé de signaux de

commande S

t r i

.

Le découplage des axes permet de réguler les courantsi

d

eti

q

de manière indépendante grâce à des

régulateurs proportionnels/intégraux (PI). Ces régulateurs possèdent la fonction de transfert suivante :

PI(s)=k

pi

s+k

i i

s (2.27)

In fine, les valeurs des gains proportionnelk

p

et intégralk

i

de l’équation (2.27) sont dépendantes de la

constante de temps électrique du système, et sont généralement définies par placement de pôles. De plus,

ces régulateurs intègrent des limitations de leurs grandeurs de commande, pour respecter les contraintes

du système. Les PI de courants délivrent ainsi une tension selon les axesd etq allant de

VDC

p2

à

VDC

p2

pour

assurer un régime linéaire sur l’onduleur. En plus des saturations, un système d’anti-windup est intégré,

sous forme de saturation de l’intégrateur, de manière à éviter les dépassements trop importants.

De par la présence de la boucle de position, il n’y aura pas d’erreur statique entre la consigneΩ

j oy st i ck

etΩ

m

, qui est in fine la grandeur commandée.

En termes d’implémentation, la commande en vitesse de l’EMA, spécifiée par les équations de cette

section, a été implémentée sur la DS1006 du système de commande à une fréquence d’échantillonnage de

f

s

=3kHz. La consigne de vitesseΩ

j oy st i ck

, provenant du joystick actionné par l’utilisateur, est de fait

inté-grée à la condition que la consigne résultante respecte les butées logicielles imposées, délivrant la consigne

de position correspondanteθ

d

. Les signaux de mesure, permettant les différentes contre-réactions

pro-viennent, pour la position et la vitesse, du codeur EnDat, et pour les courants des trois sondes de courant

montées sur les circuits d’alimentation électriques de l’EMA. Les gains des régulateurs, quant à eux, ont été

quantifiés, et sont résumés dans le tableau 2.7.

Dans le tableau 2.7, la raideur et l’amortissement de commande du contrôleur en raideur sont constants

et, vus de la sortie d’EMA, sont relativement importants, pour assurer un bon suivi de trajectoire et un bon

rejet de perturbations. En ce sens, l’élasticité de l’EMA est donc, dans ce chapitre, faible, quel que soit le

point de fonctionnement.

Le système de tension triphasé de consigne, délivré par la commande vectorielle, est appliqué par une

MLI vectorielle conventionnelle, implémentée sur le FPGA de la DS5203 avec une fréquence de

commuta-tion def

MLI

=6kHz. Les systèmes triphasés de signaux de commande S

t r i

et S

t r i

en résultent. Les retours

du système de courant triphasé sont interfacés aux convertisseurs Analogique/Numérique de la DS5203,

pour permettre une synchronisation évitant tout bruit de commutation.

Cette section a donnée une description détaillée du modèle par lois physiques de l’EMA et de sa

com-mande. La prochaine section va mettre en oeuvre le banc complet, d’une part pour tester la validité du

modèle obtenu, et d’autre part pour tester la capacité du banc à réaliser un profil de mission du godet lors

d’une phase de creusage.

T

ABLE

2.7 – Valeurs numériques des gains des régulateurs de la commande de vitesse.

régulateurs de vitesse et de position

raideur de commandek

c

1,18.10

8

N/m

vue de la sortie de l’actionneur

amortissement de commandeb

c

2,69.10

6

N/(m/s)

vue de la sortie de l’actionneur

gain proportionnel de positionk

pθ

43,56

gain proportionnel de vitessek

p

0,5738

régulateurs de courant

gain proportionnel de courantk

pi

6,44

(le même selon les axes d et q)

gain intégral de courantk

i i

490

(le même selon les axes d et q)