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4. PARTIE 3 : LES RECHERCHES THÉORIQUES

4.3. L ES POINTS DE VUE DES ACTEURS

4.3.2. Le point de vue de l'élève

Typiquement, l'élève manipule la matière musicale, progresse dans les pièces qu'il aborde, tout en évoluant en toute liberté au sein des méthodes.

Avant de traiter une pièce, c'est-à-dire de transcrire la forme qu'il perçoit, l'élève a la possibilité de prendre connaissance du projet pédagogique de l'enseignant. Il va

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ensuite écouter le son musical caractéristique de la pièce qu'il aura retenu avec un certain degré de liberté cognitive, et essayer de reproduire la forme ou d'en produire une instance admissible, pour prouver qu'il a compris le message formel.

Quels sont ses moyens d'action et d'expression ? Il a par exemple accès au geste sur un instrument, ainsi qu'à la notation de la partition. Le système saura alors calculer les représentations solfégiques du texte perçu d'une part et de son imitation trans-crite d'autre part, puis comparer deux à deux les valeurs de chacun des éléments porteurs de forme en jeu dans la représentation de la forme intentionnelle. La grille d'écoute associée est alors informée de l'adéquation de la représentation, par le biais d'objets qui contribuent à en former d'autres, dans la logique des contributions suc-cessives que nous avons expliquée.

On simule ainsi une sorte d'appariement structurel ("pattern matching" en anglais) des deux formes structurelles. Rappelons qu'il n'est pas question ici de faire évoluer la forme en fonction de la perception de l'élève : ça n'est pas cette méthode directe que nous avons choisie. Nous postulons au contraire que l'élève doit valider une certaine mesure d'appariement, et c'est à partir de la mesure de cet appariement que nous souhaitons guider sa progression en terme de cursus.

Ainsi l'élève peut demander l'évaluation de son travail, c'est-à-dire l'évaluation de la représentation en EPF de l'instance du texte qui l'occupe. Cette demande aboutit à une estimation pédagogique générale de ses résultat, en des termes de haut niveau : c'est alors la demande d'explication qui permet de justifier en des termes de plus en plus concrets et particuliers ce résultat.

Ainsi du point de vue de l'élève, une méthode est constituée d'un ensemble de cours, un cours étant assorti d'un ensemble d'exercices ou de questions. L'évaluation d'un cours, c'est-à-dire la mesure de la compréhension de ce cours par un élève connu, est un des enjeux du modèle : elle doit également procurer des explication à l'élève, dans des modalités que nous allons décrire.

Le mécanisme d'explication doit avoir deux fonctionnements possibles, qu'on pourra choisir au coup par coup :

- l'explication d'un nœud quelconque choisi par l'élève au sein de la grille d'écoute,

- l'explication d'un nœud choisi par le système en fonction de critères de perti-nence pédagogique, ce dernier mode supposant un "back-track" automatique. C'est ainsi que l'élève visionne ses "erreurs" et leur niveau de généralité. En évo-luant au sein de la grille d'écoute, il extrait des explications et des commentaires. De plus, il expérimente et découvre le message pédagogique de l'enseignant.

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sous-problème 2.2 cours

problème 1 problème 2

sous-problème 1.1 sous-problème 1.2 sous-problème 1.3

question 1 question 3 question 2 question 4 question 5 sous-problème 2.1 question 8 question 7 question 6

Le principe de cette expérimentation est basé sur une découverte entièrement libre de la description du cours valorisée : l'élève navigue au grès de sa curiosité dans un monde conceptuel qu'il découvre alors dans toute sa richesse. C'est un véritable dia-logue entre lui et l'enseignant qui s'établit alors, via la description du cours. Il dé-couvre là des articulations dans la connaissance, des implications de ses erreurs et de ses succès, des précisions supplémentaires à ses attentes.

Mais un autre enjeu est la gestion de la progression de l'élève au sein de l'ensemble de cours de la méthode. Cette progression est markovienne, c'est-à-dire que seule la connaissance d'un cours et de l'évaluation de ce cours moyennant le profil de l'élève est nécessaire pour aller vers la proposition du cours suivant : toutefois, le profil de l'élève est, lui, le fruit d'une analyse portant sur une réalisation plus riche. Cependant, nous n'envisageons pas une gestion de la progression qui prenne en compte le passé strict (présent exclu), au delà de sa trace dans le profil de l'élève. Dans notre modèle, la progression ne se fait que sur la base d'un mouvement de la fenêtre sur les pièces de la méthode candidates à être traitées. Nous avons laissé de côté la possibilité d'atteindre au contraire des modifications de la grille inten-tionnelle. Un sous-ensemble de cours privilégié comme tel par l'enseignant est disponible pour l'élève qui choisit pour la première fois la méthode. Suite à la réalisation d'un cours, l'élève a plusieurs possibilités pour choisir son cours suivant ([Rousseaux 89]) :

- progression libre : il choisit son cours au sein de la sélection initiale, qui n'a pas évolué;

- progression assistée par l'enseignant : l'enseignant expertise le travail de l'élève et son comportement, diagnostique des difficultés, et propose un cours adapté au cas. Un mécanisme d'apprentissage, décrit ci-dessous, a alors lieu, visant à transformer l'exemple de progression du cas en une règle de progression, plus générale, qui viendra enrichir la Base de Règles de Progression;

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- progression assistée par la machine : un moteur d'inférence tente d'inférer les règles de progression, et produit une description du cours adéquat à la prochaine session; une requête est alors envoyée à la Base de Donnée des Cours, et produit une liste des cours candidats dans laquelle l'élève va puiser après avoir consulté un certain nombre de questions représentatives.

C'est maintenant en adoptant le point de vue du démon que nous allons enrichir notre compréhension du modèle.