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5. UN PREMIER SYSTÈME : LE MUSICOLOGUE

5.1. L E POINT DE VUE DU CRÉATEUR D ' UNE MÉTHODE

5.1.1. Consultation des textes du recueil

Le recueil de textes est un objet informatique indépendant du cœur du système. D'un point de vue logiciel, c'est un Système de Gestion de Base de Données, qui est bien entendu indépendant des données en question, qui sont ici presque exactement les textes musicaux sous leur forme informatique. A terme, notre intention est clairement de stocker les données à l'extérieur de cet objet, typiquement sur un Disque Compact, et d'en gérer l'accès à distance par l'intermédiaire d'un serveur télématique; le système ira alors vers un véritable gestionnaire multimédia, intégrant la musique comme un médium supplémentaire, représenté par des objets musicaux à projection multiple.

Pour des raisons d'adéquation encombrement/efficacité, nous avons été très exi-geants en ce qui concerne le choix d'une solution technique permettant la gestion des différentes représentations dont on a besoin. Ainsi, notre représentation informatique est une forme structurée hiérarchiquement par des objets musicaux prédéfinis, comme la mesure, la portée, la clé, l'armure et la métrique, et organisés par des contraintes relationnelles comme les relations de contenant, contenu, suivant, et précédent.

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Figure 3. Le recueil peut être vu comme un SGBD de textes musicaux

Cette structure est en fait un objet sémantiquement double, en tant qu'il est à la fois apte à gérer une hiérarchie d'inclusion et donc de généralité, et à rendre compte des précédences temporelles. Nous avons également à disposition une meta-portée, sorte de vecteur temps qui permet une synchronisation aisée des différentes voix; jouer la musique consiste à lire cette structure hiérarchique en profondeur d'abord, et séquencer la musique revient à se référer à la meta-portée pour synchroniser des points de référence temporelle.

Il faut encore dire que l'établissement d'une telle structure hiérarchique d'inclusion suppose quelques décisions arbitraires et limitatrices, notamment au plan harmonique, et que l'idée d'une meta-portée est elle aussi contraignante quand elle fait de la mesure un objet fondamental, alors qu'il reste très énigmatique dans la réalité, et très connexe à l'interprétation plutôt qu'à la forme.

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Figure 4. Un texte possède plusieurs représentations au sein du recueil

A notre avis, l'obtention d'une forme informatique suffisamment riche pour per-mettre une bonne projection dans diverses représentations, permettant éventuellement une compatibilité avec des représentations auteur, ainsi qu'une bonne représentation sous forme de partition, maniable dans toutes ses dimensions, nécessite une réflexion mathématique et un formalisme plus puissant que le nôtre. Dans cet esprit, nous pensons évidemment aux travaux de Balaban, Balzano et Chemillier ([Balaban 80], [Balzano 80], [Chemillier & al. 88]).

La partition d'un texte s'affiche dans une fenêtre spéciale par simple pression sur un bouton. Elle n'est pas éditable dans ce cadre, mais seulement écoutable, et mani-pulable comme un objet graphique indémontable.

Nous expliquerons plus loin que le premier affichage graphique de la représentation informatique requiert un certain nombre de préalables, qui constituent de véritables prises de responsabilité et de décision pour l'enseignant : ce sont essentiellement le

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choix de la métrique initiale, des clés initiales, de l'armure initiale, puis de la quan-tification des durées réelles vers des durées rationnelles, au sens des mathématiques.

Cela explique pourquoi, une fois la partition réalisée une première fois, nous avons choisi de faire porter à la forme informatique une part de l'information nécessaire à l'affichage de la partition : ainsi, seule une partie des données purement graphiques sera à recalculer après chaque demande d'affichage ultérieur; typiquement, ces données ne sont pas représentatives de l'intention portée par l'écriture.

De la même manière, il est facile d'écouter le texte, c'est-à-dire d'en produire la forme MIDI : mais gardons à l'esprit que cette représentation du texte est très séquentielle, et pauvre d'un point de vue structurel, en dehors de quelques notions dont la plus structurante à haut niveau reste la notion de canal; ceci dit pour expliquer que cette représentation n'était en aucun cas assez riche pour constituer la base exclusive de notre représentation informatique.

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Considérons à présent la représentation d'un texte de musique en éléments porteurs de forme. Leur calcul est fait une fois pour toutes, lors du stockage rémanent du texte dans le recueil, et les résultats y sont stockés de façon redondante, disponibles au niveau des processus d'affichage et de présentation de ces information, ainsi qu'aux procédures de filtrage et de télé-filtrage.

L'obtention d'éléments porteurs de forme pertinents n'est pas une opération simple. En effet, une triple contrainte pèse sur cette production. Premièrement, ces éléments doivent être calculables, les algorithmes devant être tout à la fois rapides et assez simples, et fiables et fidèles d'un point de vue sémantique. Deuxièmement, ces éléments doivent être suffisamment nombreux pour permettre une description com-plète et cohérente des textes : ils ont vocation à en constituer une sorte de fonction de reconnaissance; même si, dans une certaine mesure, il est possible d'augmenter la liste de ces éléments, ils doivent, en régime permanent, constituer une véritable représentation alternative des textes, à la fois complète et cohérente.

Troisièmement, lorsque ces éléments seront à la base de processus d'explication de la perception de la forme, ils devront contribuer à définir d'autres concepts par abstraction. En particulier, n'interviendront plus dans leur structuration aucune notion de temporalité, de précédence, ni d'ordonnancement temporel : on ne pourra pas dire que tel objet suivi d'un autre objet constitue un autre objet plus particulier que chacun des constituants. Il est clair que ce dernier point constitue une restriction de taille qu'il aurait été préférable d'éviter, mais nous n'avons pas trouvé de moyen efficace de représentation d'objets composés dans le temps. Cependant, nous sommes convaincus que seules des règles d'association pourraient convenir. Ici, plusieurs catégories d'objets sont présentées, qui concernent la vision mélo-dique de la pièce ou du texte : il s'agit d'objets intervalliques, sériels, et de discrimi-nants tonal, modal, ou de calcul d'encombrement global. Ces connaissances peuvent être vues de manière globale à tout le texte, ou bien par voix spécifique.

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Figure 6. La consultation des éléments à caractéristique rythmique

De la même manière, on peut consulter pour chaque texte les éléments porteurs de forme concernant les aspects rythmiques. Il y est question entre autres d'intervalles rythmiques et de suites de durées, vues comme des séries mathématiques : toute notre préoccupation était d'enfermer de la temporalité dans ces éléments, tout en en faisant des objets atemporels. C'est bien évidemment le cas avec les objets sériels, qui ont d'une certaine manière une nature fractale, finie dans son information et infinie dans sa représentation.