Chapitre 3 : Concepts et champ disciplinaire infirmier 3.2 Cadre théorique aidant pour éclairer le sujet et/ou y répondre 3.2.1 Le modèle de l’adaptation de Callista Roy sera primordial de tenir compte de tous les aspects non verbaux et des signes cliniques présents. 3.2 Cadre théorique aidant pour éclairer le sujet En regard de notre thématique et de notre question de départ, nous avons choisi la théorie de Callista Roy afin de montrer en quoi celle-ci est aidante pour éclairer notre sujet. Nous estimons que le modèle d’adaptation de C. Roy est particulièrement pertinent dans l’approche des troubles psychiques induits par l’arrêt cardio-respiratoire. En effet, cette théorie met en avant la notion d’adaptation, qui est un concept essentiel dans la récupération ou le maintien de la qualité de vie des patients ayant survécu à un ACR. Nous développons donc ci-dessous, la théorie en question tout en la mettant en lien avec notre thématique. 3.2.1 Le modèle de l’adaptation de Callista Roy À travers son modèle d’adaptation, Roy (2009) décrit les personnes en termes de systèmes adaptatifs holistiques. La personne survivante à un ACR, doit être considérée comme un tout, en prenant en compte tous les aspects influencés par cet incident. En effet, comme expliqué précédemment, l’ACR entraîne une diversité de conséquences qui touchent la somme des parties de l’individu, soit son physique, son psychique, son environnement et ses proches. Le but est donc de s’occuper de l’être humain et non d’une seule problématique qui serait ici l’ACR ou l’ESPT car, lorsque l’individu est touché par cet événement, c’est l’ensemble du système qui se voit perturbé. Les concepts Roy définit l’environnement, comme un système humain qui interagit avec un environnement changeant et qui réalise des réponses adaptatives. L’environnement est toujours changeant et présente de nouveaux défis au système humain. Puisque l’environnement change, les personnes ont la possibilité de se développer, de croître et de transformer le sens donné à leur vie. Les stimuli Selon Callista Roy, l’être humain est soumis à des stimuli. Ils peuvent être focaux (internes ou externes), qui confrontent le plus rapidement et de la façon la plus marquée le système humain, contextuels qui sont présents dans la situation et qui contribuent à l’effet du stimulus focal, mais sans être le centre de l’attention ou de l’énergie et résiduels qui ont un effet peu clair sur la situation. Ces trois types de stimuli agissent ensemble et influencent le niveau d’adaptation. En lien avec notre thématique, lorsqu’une personne est victime d’un ACR, pouvant être identifié selon Roy, comme un stimulus focal, car celui-ci viendra confronter de façon marquée le système de l’individu, de potentielles 37 conséquences neurologiques et psychiques représentant les stimuli contextuels peuvent surgir. Pour terminer, le stimulus résiduel représente, dans ce cas, l’ensemble des croyances et des valeurs du patient en lien avec ses représentations et la signification qu’il met à l’événement. Les niveaux d’adaptation Les réponses aux stimuli peuvent être adéquates ou non. Lorsqu’elles sont adéquates, l’individu se trouve dans un niveau d’adaptation intégré ou compensatoire, c’est à cet instant-là, qu’il va mettre en place des processus de coping, développés ci-dessous. Au contraire, lorsque les réponses sont inadéquates, l’individu se situe dans un niveau compromis, c’est donc à ce moment-là, que l’intervention infirmière est nécessaire. Il s’agit ici, de l’un des principaux buts de notre travail qui est de détecter les niveaux d’adaptation compromis afin d’agir précocement, dans le but d’éviter l’apparition d’un ESPT. Processus de coping Les processus de coping font référence aux manières qu’ont les individus font face aux stimuli, lorsque leur réponse est adéquate. Ils peuvent être innés ou acquis, c’est-à-dire présents dans la génétique ou résultant des apprentissages et de l’expérience. Roy a établi deux sous-systèmes soit, le sous-système de coping régulateur, qui implique les systèmes nerveux, chimiques, endocriniens et le sous-système relié à la cognition, qui implique la perception et le traitement de l’information, l’apprentissage, le jugement et les émotions. Concernant l’arrêt cardio-respiratoire, chaque personne répond aux stimuli de celui-ci d’une manière unique et propre en fonction des processus innés présents dès la naissance et des processus acquis au fil de son développement. La réponse sera par conséquent imprévisible en fonction de l’individu d’où l’importance de se montrer particulièrement attentif à celle-ci. Les modes adaptatifs En référence à l’attention particulière qui doit être portée aux victimes d’un ACR, l’infirmière se base sur les quatre modes adaptatifs suivants : Le mode physiologique, qui concerne les besoins physiologiques de l’individu soit l’oxygénation, l’élimination, la protection, la nutrition et l’activité-repos ainsi que les quatre processus complexes, regroupant l’équilibre hydrique, électrolytique, acide-base, la fonction neurologique, la fonction endocrine et les sens. Les besoins cités ci-dessus, ont un rôle important dans les moments qui succèdent l’arrêt cardio-respiratoire : les cellules en manque d’oxygène sont lésées ce qui engendre des troubles pouvant affecter la nutrition, l’activité et l’élimination qui sont difficile à accepter. De même, les processus complexes peuvent être associés : l’excès de stress dû à une régulation hormonal inefficace est un risque mais également un élément 39 traumatisant. Les cellules neurologiques hypoxiques lors d’un ACR impactent également les fonctions neurologiques en provoquant des séquelles. Le deuxième mode est le concept de soi, séparé en deux champs : le soi physique avec l’image de soi et les sensations corporelles ainsi que le soi personnel concernant le soi éthique-moral-spirituel, l’idéal de soi, la cohérence, la consistance de soi et l’estime de soi. De plus, il est régi par trois processus : le développement de soi, la perception de soi et le centrage de soi. Les conséquences de l’ACR peuvent induire une modification de l’estime de soi, de l’image de soi et de l’idéal de soi. Le troisième mode adaptatif comprend les fonctions et les rôles. Il est composé de deux processus soit, le développement du rôle qui consiste à ajouter de nouveaux rôles au fil du développement de la personne et la prise de rôle, qui a pour but de chercher ou anticiper le comportement d’un individu en l’observant dans le rôle qui lui est attribué. Roy définit trois types de rôles soit, primaires (âge, sexe), secondaires (mari, père, profession) ou tertiaires (société, groupes sociaux, loisirs). La personne qui a survécu à un ACR voit potentiellement un bouleversement de ses rôles secondaires et tertiaires et développe un nouveau rôle ; celui de patient. En ce qui concerne le quatrième mode adaptatif, il s’agit de l’interdépendance, soit les relations interdépendantes des individus et des groupes. Il explique l’implication des relations interdépendantes dans la volonté et la capacité à donner et à accepter tout ce que nous avons à offrir comme l’amour, le respect, les valeurs, les connaissances, les compétences ou encore le temps. En référence à l’ESPT, l’individu doit accepter ce que l’on peut lui apporter en tant que soignant telles que nos compétences et nos connaissances afin de prévenir ou favoriser son rétablissement. De même, il est contraint d’accepter ce que lui apportent ses proches. En conclusion, le modèle de l’adaptation de Roy pose un cadre sur les éléments de surveillance grâce aux modes adaptatifs afin de considérer l’être humain comme un tout indivisible, unique et en constante interaction avec son environnement. De plus, cette théorie nous désigne des clés dans la relation avec la personne dans le but de créer une alliance thérapeutique qui nous permettra par la suite, de détecter les réponses inadéquates aux stimulus afin de prévenir et anticiper les signes d’un état de stress post-traumatique. Dans le document Quelle est l'efficacité de l'évaluation clinique infirmière, dans la détection des signes et symptômes d'un état de stress post-traumatique, chez les patients ayant survécu à un arrêt cardio-respiratoire, dans les trois mois qui suivent ? (Page 48-54)