CHAPITRE 1 - LE LITTORAL DU KWAZULU-NATAL : POSITIONNEMENT,
1.1. Le littoral du KwaZulu-Natal : un espace englobé
Le littoral du KwaZulu-Natal constitue un des foyers de peuplement de l’Afrique Australe
(carte 8), avec près de 4,2 millions d’habitants65 (Demarcation Board 2000), centré sur une
très grande ville, la métropole de Durban peuplée de 3 millions d’habitants.
A l’échelle mondiale, le littoral du KwaZulu-Natal est considéré comme un foyer secondaire
de tourisme balnéaire comparable à celui de la côte est de l’Australie. Si l’on considère les
perpendiculaires à ce littoral, ou autrement dit l’hinterland, on s’aperçoit qu’il est intégré dans
une région économique très dynamique à l’échelle de l’Afrique toute entière. Si l’on
considère les parallèles à ce littoral on peut décrire, à l’échelle nationale, une opposition de
façades assez marquée entre la côte ouest et la côte est de l’Afrique du Sud. Enfin à l’échelle
provinciale le littoral du KwaZulu-Natal concentre richesse et développement économique par
rapport à l’intérieur de la Province, rural, pauvre et densément peuplé (à l’exception du littoral
nord-est faiblement densifié).
Carte 8 : Le littoral du KwaZulu-Natal, un foyer de peuplement secondaire en Afrique Australe
65
Chiffre correspondant à la population totale des municipalités « locales » littorales issues du découpage de
2000. Ces municipalités agrégeant beaucoup de populations des hinterlands, le chiffre précis pour les
« littoraux » peut être évalué à partir des TLC (Transitional Local Council) de 1996, à plus de 3,5 millions
d’habitants.
1.1.1. Les perpendiculaires.
Le littoral du KZN : un élément moteur d’une structure spatiale transnationale
L’insertion régionale de l’espace se fait dans la grande zone d’influence du Gauteng (plus de
8 millions d’habitants autour de Johannesburg et plus du quart du PNB noir).
Or il apparaît que c’est le quadrant sud – est à partir de ce centre qui est le plus dynamique, et
fait office de périphérie intégrée (vers le nord et vers l’ouest les espaces apparaissent
nettement plus assistés par le Gauteng). Nous pouvons lui donner le nom de «triangle
dynamique de l’Afrique Australe» (Guyot, 2000-b). Une grande métropole continentale, le
Gauteng, est reliée à un océan mondial, l’Océan Indien par trois synapses : Durban, Richards
Bay et Maputo.
Notre terrain d’étude est représenté par l’arête littorale de ce triangle. Peut-on pour autant
mettre sur le même plan le corridor de Maputo66 et l’espace Maputo Durban ?
La réponse semblerait être négative : le Gauteng et Maputo sont deux capitales et le corridor
semble enfin prendre une réalité spatiale entre Maputo et Johannesburg. D’un point de vue
géopolitique Maputo regarde plus le Gauteng que Durban, car les hommes politiques
sud-africain s et mozambicains privilégient la liaison des deux espaces « capitales ». Les logiques
spatiales coloniales persistent.
Pourtant l’espace littoral situé entre Durban et Maputo semble aussi voué à un dynamisme
important, en particulier avec la lente constitution d’une façade maritime et écotouristique
intégrée. Le continuum urbain a une certaine réalité entre Port Edward et Stanger. Il est pour
une part relié à la métropole durbanite et pour une autre part lié au tourisme balnéaire. Les
trois ports de Durban (60 Mt), de Richards Bay (90 Mt) et de Maputo (7Mt) sont en forte
croissance. Richards Bay est avant tout un port industriel exportateur de charbon, alors que
Maputo et surtout Durban voient leur trafic de conteneurs augmenter. Durban réalise près de
la moitié de son tonnage annuel avec les conteneurs (Charlier, 1998).
Il est comparable au port du Havre, en France, si l’on considère son rang mondial (entre la 20e
et la 30e place).
La côte entre Maputo et Richards Bay apparaît nettement peu peuplée. Elle dispose, en
revanche, d’un potentiel environnemental et économique remarquable. L’importance des
arrière-pays est fondamentale pour valider la création d’un telle façade émergente (cartes 9 et
10). Les axes routiers permettent une continuité des liaisons entre les trois pôles structurants
de cette façade : Maputo, Richards Bay et Durban. En outre des services aériens réguliers
fonctionnent entre ces trois villes67. Une ligne ferroviaire de voyageurs devrait être ouverte
entre Durban et Maputo. Les flux maritimes entre ces trois ports sont loin d’être négligeables.
La nouvelle route qui relie Richards Bay, Hluhluwe à Maputo est achevée jusqu’à la frontière
du Mozambique (début 2002). La réplique de la très grande usine d’aluminium de Richards
66
Nous renvoyons aux travaux de Marie-Odile Blanc, et en particulier sa thèse d’économie spatiale, en cours de
rédaction, sur le corridor de développement de Maputo.
67
Bay (Hillside, cf. Guyot, 1998-a) est en pleine production à Maputo, et les personnels ont été
formés à Richards Bay68. On assiste donc aux balbutiements d’une intégration spatiale
littorale sur la côte du KwaZulu-Natal se prolongeant jusqu’à Maputo. Ces processus
d’intégration sont très avancés si on compare ce littoral avec celui de la côte ouest
(Atlantique).
Carte 9 : Une région littorale en constitution, une façade maritime émergente ?
68
1.1.2. Les parallèles
A l’échelle de l’Afrique du Sud on identifie trois littoraux même si en fait il n’y en a que deux
(carte 11).
Carte 11 : Afrique Australe, rive chaude, rive froide
En bordure de l’Océan Indien on distingue le littoral du KwaZulu-Natal comme étant une
« rive chaude », côte baignée par le courant chaud des Aiguilles venu du canal du
Mozambique, du littoral situé entre le Cap des Aiguilles et la côte sauvage qui est une « rive
tempérée » appartenant essentiellement à la province du Cap de l’Est. En bordure de l’Océan
Atlantique, au nord de la ville du Cap on identifie le littoral comme une rive froide, côte
baignée par le courant froid de Benguela. Ce dernier est en partie désertique (désert littoral
brumeux) et peu peuplé, exception faite de la métropole du Cap qui compte trois millions
d’habitants. La ville du Cap se situe encore en domaine climatique méditerranéen et
correspond plus, à l’extrémité occidentale de la rive tempérée. Le tourisme69 balnéaire est
présent sur la rive tempérée comme sur la rive chaude. Les capacités d’accueil sont
importantes sur le littoral du KwaZulu-Natal, du fait du climat subtropical70 attractif toute
69
Le tourisme au KwaZulu-Natal - En 2001, la province du KwaZulu-Natal attire 28 % (contre 35 % en 2000)
des touristes nationaux et 20 % des touristes internationaux (hors touristes Africains). Elle occupe encore le
premier rang du pays pour le tourisme national (la province du Cap de l’Ouest est au 3
èmerang) mais seulement
le 3
èmerang pour le tourisme international. Les zones les plus visitées au KwaZulu-Natal sont la Côte Sud et St
Lucia pour les nationaux, le Drakensberg, Durban et les parcs animaliers pour les internationaux (source :
Ministère du Tourisme du KwaZulu-Natal, 2002).
70