Le développement de nouveaux métiers du sport

Chapitre 04 Le sport dans l’économie de marché Dans le domaine du sport, les notions de public et de privé ne recouvrent pas nécessairement des sphères d'activités exclusives et strictement extérieures l'une à l'autre (Guibert Christophe, Loirand Gildas, Slimani Hassen, 2009 ) d’où la complexité croissante des interactions entre secteur public et secteur privé en matière de conception, de gestion et d'organisation des pratiques sportives.

La frontière entre public et privé, en effet, y est une réalité fluctuante, marquée par une forte porosité, avec laquelle les acteurs institutionnels du sport peuvent agir selon des combinaisons souvent insoupçonnées.

« Le sport n'est plus seulement un mode de loisir, une organisation institutionnelle ou un ensemble de techniques. Il est devenu un enjeu économique et un gisement d'emplois. Accompagnant la progression des pratiques sportives et ludo sportives, les métiers du sport ne cessent de se développer, même si nombre d'entre eux ont encore des statuts mal définis.

On assiste ainsi à la création de nouveaux métiers régis à la fois par les règles du marché et par une multitude d'organismes publics et privés et à la professionnalisation accélérée d'un secteur longtemps limité par l'idéal olympique de l'amateurisme. Les perspectives qui s'ouvrent pour ces nouveaux métiers dépassent le simple cadre des pratiques pour venir répondre à des besoins émergents en termes d'organisation et de gestion (Augustin Jean-Pierre, 2003).»

De même, la profession d'entraîneur aura a considérablement évoluer dans les prochaines années. Déjà de nos jours, rares sont les entraîneurs exclusivement bénévoles puisque de nombreuses personnes gagnent maintenant leur vie en entraînant dans le sport amateur. Si tel n’est pas le cas, alors il serait nécessaire de faire coexister des ligues professionnelles avec d’autres chargées des activités d’amateur. Comment doit se faire cette coexistence et sur quelles bases ?

Bernard Turpin a rédigé un ouvrage riche en éléments de réflexion illustrés par de nombreux exercices pratiques (Turpin Bernard, 1998), 47

Chapitre 04 Le sport dans l’économie de marché décrit une conception globale de l’entraînement et contient une préface de Guy Roux, figure du football français et de l’aj-Auxerre : « Je décidai une procédure tout à fait inhabituelle pour embaucher un fonctionnaire : une petite annonce dans L’Équipe […]. Grâce à des prises de décision en temps limité […] le premier arrivé serait embauché ! » ; « […] je retrouvais le secrétaire d’État, […] ancien camarade… ».

Ce discours montre que l’action prime sur les règles administratives, inappropriées au problème. La connaissance de réseaux relationnels est indispensable pour pouvoir opérer dans le monde de l'entraînement. Les actions de Guy Roux pour le recrutement d’un enseignant d’EPS en Sport études sont guidées par la réussite de son projet. Nous y voyons l’exemple d’une praxis vécue à partir de conduites téléonomiques.

On observe la réticence corporative, sorte de « consanguinité » entre ses membres, à accepter un candidat non issu de la même culture, celle du football : « Tu as été formé en quatre ans comme professeur d’éducation physique, j’espère que nous te déformerons assez vite pour faire de toi un entraîneur de football ». En filigrane, nous percevons l’ancestral conflit qui nous ramène à la question classique, et souvent entretenue, de l’antinomie entre la théorie et la pratique. Ainsi, pour la sociologie du sport, public et privé sont toujours des expressions à manier avec prudence, car la pratique sportive est censée incarner tout un ensemble de valeurs positives à la condition de rester du côté de l'État et non du marché, du service public et non des intérêts particuliers, de la gratuité et non du profit, de la formation du citoyen et non de la compétition à tout prix, etc.

Les organisations sportives, quels que soient leurs statuts (société anonyme ou association), doivent se professionnaliser pour s'adapter aux transformations de l'environnement socio-économique dans lequel elles évoluent. Parce qu'elles présenteraient une alternative aux carences du marché et de l'État.

Chapitre 04 Le sport dans l’économie de marché Elles doivent innover, produire de nouveaux services, satisfaire de nouveaux usagers, voire créer des emplois. Mais cette injonction politico-économique, présentée comme une évidence, doit être interrogée par le regard croisé des sciences de gestion et des sociologies du sport afin de délimiter un véritable objet de recherche. Qu'entend-on nous par professionnalisation des organisations sportives ? S'agit-il d'un processus inéluctable auquel on ne pourrait opposer que de vaines résistances ? Ce phénomène prend-il " partout et tout le temps " la même forme ? Et, quels sont les effets de cette professionnalisation sur la structure, la culture et l'identité des organisations sportives sur les nouveaux enjeux de la professionnalisation des organisations sportives ? » (Chantelat Pascale., 2001).

«Les effets de la professionnalisation de l’espace associatif sportif sur

les identités bénévoles et salariés est un processus à priori défavorable aux bénévoles, ils développent un discours de crise produit par les effets de la recomposition de leur position et de leur pratique. Mais dans un espace resté soumis à la domination des valeurs de l’engagement, du don et du désintéressement, l’identité bénévole demeure la forme légitime et dominante.

" ( Falcoz Marc et Walter Emmanuelle , 2006).

Les continuités et les ruptures observées dans le champ du sport conduisent ses acteurs, bénévoles et professionnels, à s’interroger sur la professionnalisation des pratiques. Ces acteurs ont plus ou moins dépassé la réflexion idéologique sur le rôle social du sport, liée à la disparition progressive du militantisme bénévole et à l’émergence de nouvelles professions.

Confrontés à l’évolution de la société caractérisée par de nouvelles contraintes économiques et communicationnelles, ils trouvent des outils de réponse dans l’ingénierie et le management.