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3.1 Présentation de la zone de Palmarin

3.1.4 Le contexte social : les principaux acteurs

Une communauté rurale est une forme de collectivité locale dont l’organe délibérant est le Conseil rural et l’organe exécutif le président du Conseil rural (Sekino, 2007). Il est important de bien cerner les différents groupes d’acteurs et leur rôle afin de pouvoir les intégrer au mieux dans une stratégie d’adaptation.

Le conseil rural

Le conseil rural est constitué de 40 conseillers venant des différents villages, qui ont été élus (Seck, 2010d). Il est notamment en charge de la création et de la gestion de réserves naturelles communautaires, de l’élaboration de plans et schémas locaux d’action pour l’environnement et de la création de cadres de concertation sur la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Les cadres de concertation n’ont pas de pouvoir décisionnel mais font des propositions au Conseil Rural.

Le Conseil rural est subdivisé en six commissions techniques : l’environnement et la gestion des ressources naturelles, l’agriculture, la santé et l’action sociale, l’économie et la finance, l’éducation et enfin jeunesse, sport, loisirs et culture. Ces commissions n’ont pas de pouvoir délibératif. Comme les cadres de concertation, elles font des propositions au Conseil rural. Toutefois il semble que le rôle de chacune des commissions ne soit pas clairement défini, et qu’elles ne soient pas très actives (Conseil Rural de Palmarin, 2001). Les chefs de village

Le chef de village assure approximativement le rôle de maire. Il est proposé par les sages et les jeunes du village. S’il accepte, il doit envoyer une lettre à la sous-préfecture, et un arrêt ministériel de nomination est publié. Le mandat est valable toute la vie, le chef de village s’arrêtant quand il le veut (Seck, 2010b). Son rôle est de récupérer les taxes rurales, d’organiser les assemblées du village et de résoudre les conflits. Il fait également le lien entre les habitants et le Conseil Rural. Le chef possède généralement un conseiller par quartier du village (Diouf, 2010d).

54 La Direction des Parcs Nationaux (DPN)

Les représentants de la DPN à Palmarin sont les employés du poste de garde et les écoguides. La DPN a bien contribué à la sensibilisation de la population quant à l’intérêt de préserver la biodiversité.

 Le poste de garde de Palmarin

La DPN assure la surveillance des réserves naturelles et des parcs nationaux, ainsi que le respect et l’application des textes en vigueur. A Palmarin, un poste de garde a été créé en 2002, et trois personnes de la DPN y travaillent : le conservateur, Mamadou Sagna, le comptable et le chauffeur. Le commandant Sagna assure le poste de conservateur depuis 2008. A son arrivée, il a organisé plusieurs réunions de sensibilisation, qui ont permis aux villageois d’exprimer leurs craintes et leurs questions, de comprendre le bénéfice à long terme d’une gestion durable des ressources naturelles, et d’éviter de tomber dans une relation de type « contrôleur-contrôlé » entre les agents de la DPN et les villageois (Faye et Sarr, 2008 ; Sagna, 2010). Désormais, les habitants sont autorisés à prélever uniquement le bois mort ou les arbres qui gênent la circulation sur la piste. Si cela n’est pas suffisant, ils doivent demander une autorisation écrite au commandant Sagna pour aller couper du bois dans la réserve.

Certaines difficultés freinent le travail de la DPN, comme le fait que les locaux ne disposent ni d’eau courante, ni d’électricité, rendant par exemple impossible l’utilisation d’ordinateurs (Sagna, 2010).

 Les écoguides

Les écoguides suivent une formation de trois à six mois dispensée par la DPN. A Palmarin, ils sont actuellement une quinzaine, regroupés en groupement d’intérêt économique. Ils ont signé une convention avec le Conseil Rural. Leur rôle est triple. Ils assurent la surveillance des sites protégés, et sont les relais sur le terrain des agents de la DPN. Ils sont par conséquent autorisés à appréhender toute personne qui enfreindrait le règlement intérieur de la réserve. Ils sensibilisent et accompagnent la population locale dans toute activité relative à la protection de l’environnement, telles que les activités de reboisement. Enfin, ils servent de guides aux touristes désireux de visiter la réserve. Ils les encadrent et les orientent. Leur bonne connaissance de la faune et de la flore de la réserve mais aussi du

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contexte historique, culturel, économique et environnemental de Palmarin, leur permettent de fournir des explications précises (Ndenne, 2010 ; Sarr, 2010c).

Les écoguides ne perçoivent pas de salaire mensuel. 40% des taxes d’accès à la réserve leur sont reversés et ils se font payer leurs visites guidées dans la réserve (Sarr, 2010c). Le corps enseignant

Ils sont des acteurs essentiels de vulgarisation, d’information et de sensibilisation sur la bonne gouvernance écologique auprès des enfants, qui transmettent ensuite à leurs parents. Les enseignants des écoles de Palmarin ont reboisé les cours des écoles avec les enfants, et chaque enfant est responsable d’une plante. Un système de gestion des ordures a également été mis en place (Diouf, 2010c). La communauté rurale comprend trois écoles publiques (une pour Ngallou, une pour Ngounoumane et Ngueth et une pour Diakhanor), une école privée à Ngounoumane, un collège d’enseignement moyen public à Ngueth, deux garderies d’enfants à Ngounoumane et Ngallou, et enfin quatre écoles arabes à Ngallou et Ngounoumane. Au total, 1300 élèves sont encadrés par 25 enseignants (Conseil Rural de Palmarin, 2001).

Les associations et regroupements villageois ou communautaires

Parties intégrantes de la vie et du développement de la communauté rurale, les associations et regroupements de villageois peuvent être d’une aide précieuse lors de la mise en œuvre de stratégies d’adaptation.

 La COREPA

La COREPA ou Convention pour la Rénovation de Palmarin, est une association basée à Ngallou. Il s’agit du groupement le plus engagé dans le développement de la communauté rurale. Elle compte à son actif neuf principaux projets, parmi lesquels l’élaboration d’un répertoire d’acteurs impliqués dans la gestion des ressources naturelles à Palmarin, publié en décembre 2008, la création d’un cadre local de concertation, en collaboration avec le Conseil Rural, la réalisation du Plan Local d’Action pour l’Environnement (PLAE) en collaboration avec le Conseil Rural, la réalisation du Plan d’Occupation et d’Aménagement des Sols (POAS), en collaboration avec le Conseil Rural, un projet de renforcement des capacités par l’organisation de séminaires de formation et un projet de revalorisation de l’île de Diatt, visant à désaliniser les terres (Sarr, 2010b).

56  Le GEC et les GIE

Le Groupement d’Epargne et de Crédit (GEC) est une mutuelle communautaire mise en place à Palmarin en 2002. Elle rassemble 435 membres venant de toute la Communauté rurale, essentiellement des femmes. Chaque membre verse initialement une cotisation de 5500 FCFA. Ensuite il est possible de faire des demandes de prêts. Quel que soit le montant du prêt, une épargne forcée de 5000 FCFA est exigée par le GEC pour obliger les demandeurs à mettre de l’argent de côté (Seck, 2010b).

Les groupements d’intérêt économique (GIE) sont des groupements de femmes, au nombre de quinze, présents dans chaque village et généralement organisés par quartier, qui accordent des prêts aux villageois lorsque ceux-ci visent à financer une activité, de préférence en lien avec l’environnement (Seck, 2010c). Il n’y a pas de pénalité de remboursement, mais le demandeur signe une feuille attestant de son emprunt, et il s’engage à rembourser. Les GIE ont replanté des propagules dans la mangrove à plusieurs reprises, car la disparition de la mangrove entraînerait la fin du ramassage des huitres et des coques, source de revenus pour les femmes (Faye, 2010b).

 Associations sportives et culturelles

Il en existe une dans chaque village, mais elles ne sont pas forcément très actives, par manque de participants et de dynamique de groupe (Faye et Sarr, 2008). A Ngounoumane, le Conseil Local de la Jeunesse a été créé afin de regrouper la jeunesse, de se concerter et communiquer d’une seule voix lors des assemblées de village. Il rassemble environ 75% des jeunes du village. Les jeunes souhaitent « se responsabiliser et apporter leur pierre à l’édifice » (Ciss, 2010). Récemment, ils ont par exemple mené un projet de sensibilisation et de réflexion sur le chômage dans la communauté rurale.

 Corporation de transport de touristes

Il s’agit d’un regroupement d’hommes, basé à Ngounoumane, qui compte actuellement 61 membres. La corporation propose des moyens de transport aux touristes. Elle souhaite mutualiser l’offre de service, afin de lutter contre la concurrence des hôtels qui font généralement appel à des individuels. Pour l’instant, la corporation propose des charrettes, voitures et pirogues, mais ils envisagent d’étendre l’offre de véhicules à des quads et des vélos (Faye, 2010a).

57 Etablissements touristiques

Facteur potentiel de dégradation de la zone côtière par l’implantation d’établissements touristiques, la venue de touristes et le développement de services touristiques, le secteur du tourisme ne peut être laissé à l’écart de la réflexion, et doit être intégré aux stratégies d’adaptation. On peut à ce titre distinguer plusieurs acteurs.

 Le bureau de l’écotourisme

Il constitue en quelque sorte l’office du tourisme de la communauté rurale. Il publie un guide de voyage de Palmarin et est en contact avec les responsables des différentes activités proposées. Un programme de développement régional du tourisme à Palmarin est en cours pour la période 2009-2010, coordonné par Christopher Murphy (plus connu à Palmarin sous le nom de Djalane Ndiaye), qui est membre du Corps de la Paix.

 Les campements et hôtels

Au nombre de 15 en 2006, ils parsèment le cordon littoral de Palmarin. Ils ne sont pas tous ouverts toute l’année, en raison de la fluctuation du nombre de touristes. Les campements et hôtels tenus par des étrangers attirent plus facilement les touristes car ils disposent généralement d’une connexion et d’un site internet, contrairement aux campements et hôtels tenus par les locaux (Sekino, 2007). La COREPA est actuellement en train de rénover le campement villageois de Ngallou, géré uniquement par des membres de la communauté rurale (Sarr, 2010b).

3.1.5 Les menaces biophysiques actuelles et les conséquences possibles des