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3.1 Présentation de la zone de Palmarin

3.1.6 Le cadre institutionnel

La politique de décentralisation initiée par le gouvernement s’est traduite par la loi 96-06 portant Code des collectivités locales, et la loi 96-07 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales. Neuf compétences, dont l’environnement, sont transférées aux collectivités locales, qui sont désormais dotées d’une personnalité juridique (Conseil Rural de Palmarin, 2001). D’après l’article 30 de la loi 96- 07 (République du Sénégal, 1996), la communauté rurale se voit attribuer notamment : la gestion des forêts sises en zones de terroir sur la base d'un plan d'aménagement approuvé par l'autorité compétente de l'Etat, la délivrance d'autorisation préalable à toute coupe à l'intérieur du périmètre de la communauté rurale (permettant à Palmarin de gérer le problème de coupes dans la réserve), la gestion de sites naturels d'intérêt local (comme les

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mangroves), la création de bois et d'aires protégées (la réserve communautaire), et l’élaboration et la mise en œuvre du plan local d'action pour l'environnement (étudié dans cette section).

Toutes ces compétences ayant trait à l’environnement, la mise en place d’une stratégie de gestion de l’environnement devient indispensable. Trois plans locaux ont été élaborés par la communauté rurale et traitent de ces différentes compétences. Il s’agit du Plan Local de Développement, du Plan Local d’Action pour l’Environnement et du Plan d’Occupation et d’Aménagement des Sols, présentés ci-après.

Le Plan Local de Développement (PLD) de la communauté rurale de Palmarin

Il s’agit d’un document réalisé en 2001 par le Conseil Rural et approuvé par le sous-préfet de Fimela (Faye et Sarr, 2008). Le PLD fait une présentation de la communauté rurale de Palmarin (milieux physique et humain). Il propose ensuite un bilan diagnostic des différents secteurs d’activités de la communauté rurale, ainsi que des acteurs présents. Les problèmes rencontrés, les objectifs définis pour y faire face et les acteurs impliqués sont précisés pour chaque secteur d’activité. Un programme d’action et d’investissement est ensuite présenté. Pour finir, le PLD expose la stratégie de gestion et de mise en œuvre des actions mentionnées (Conseil Rural de Palmarin, 2001).

Parmi ces objectifs et actions, relevons ceux qui concernent les principales menaces exposées précédemment, ainsi que les acteurs qui y sont associés :

Tableau 3-1 : Mesures prévues par le PLD pour répondre aux menaces environnementales

Objectif Activité ou action Acteurs

Lutter contre l’érosion éolienne pour améliorer la fertilité des sols et

augmenter le rendement agricole

Planter des haies vives autour des champs,

vulgariser l’agro-foresterie et interdire les coupes de bois

coopérative agricole, Centre d’Expansion Rural

Polyvalent (CERP), Conseil Rural.

Freiner l’avancée des terres salées pour reconstituer les zones de pâturage et faciliter l’alimentation du bétail

Reboiser la mangrove sur 20 ha et introduire des plantes halophiles

coopérative d’éleveurs, CERP, Conseil Rural

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biologiques pour la

reproduction du poisson afin de valoriser le secteur de la pêche

Protéger les zones de reproduction, améliorer la gestion de la ressource halieutique et promouvoir des techniques de pêche appropriées

Service de pêche, comité de vigilance, conseil rural, Etat

Limiter les coupes abusives de bois pour lutter contre la déforestation

Réduire la demande en bois de chauffe, lutter contre l’élagage des arbres, renforcer la répression et lutter contre l’avancée des terres salées.

Pour la lutte contre

l’avancée des terres salées : reboisement de mangrove, construction de digues anti sel, sensibilisation et vulgarisation et protection de plantes halophiles

Conseil Rural, groupements de femmes, CERP, ASC

Parmi les activités citées, beaucoup sont planifiées mais peu ont été réellement réalisées, souvent par manque de moyens (Seck, 2010d). Le projet ACCC permet de répondre à certains de ces objectifs en mettant notamment en œuvre des activités de reboisement de la mangrove. Un nouveau PLD incluant la lutte contre les changements climatiques est actuellement en cours d’élaboration.

Le Plan Local d’Action pour l’Environnement (PLAE)

L’élaboration du PLAE a été commanditée par la COREPA dans le cadre d’un projet de bonne gouvernance écologique financé par l’Union Européenne. L’étude a été réalisée par le cabinet Eco-services/Carpe. Le rapport final contient une présentation de Palmarin, un recensement des initiatives internes (Conseil Rural) et externes (ONG, Etat ou autre partenaire), réalisées ou en cours de réalisation, en faveur de l’environnement, et pour finir des recommandations quant aux orientations stratégiques et aux actions prioritaires à mettre en œuvre. Il est précisé que les actions à mener doivent être corrélées avec les axes stratégiques du Plan national d’action pour l’environnement et du Plan d’action environnemental régional de Fatick. Il s’agit de :

• Combattre l’avancée de la mer à travers la lutte contre l’érosion côtière et la salinisation des terres, dans le contexte de lutte contre les changements

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• Améliorer le cadre de vie dans une perspective éco-touristique ;

• Promouvoir la gestion rationnelle des ressources forestières, fauniques et halieutiques.

Parmi les mesures permettant de lutter contre l’érosion côtière et l’avancée du niveau de la mer, les activités recensées à Palmarin sont les suivantes : le reboisement de filaos et de cocotiers le long du littoral et l’interdiction de détruire les amas coquilliers. Le PLAE préconise la construction de digues et d’une corniche en béton pour accentuer la lutte contre l’érosion côtière. Le reboisement de filaos a été réalisé dans le cadre du projet ACCC. Les autres activités n’ont pas été mises en œuvre pour le moment.

Parmi les mesures visant à lutter contre la salinisation des terres et de la nappe, sont recensées la construction de digues et diguettes anti-sel et le reboisement d’espèces halophiles. Le PLAE préconise l’adduction à un réseau d’eau potable et la fertilisation des terres par production de compost. Pour appliquer ces mesures, la COREPA a mené de 2002 à 2004 un projet de désalinisation des terres sur l’île de Diatt, basé sur la construction de digues et le reboisement d’espèces halophiles. Ce projet sera précisé au chapitre 4.

Enfin, parmi les mesures concernant la dégradation du couvert végétal, les activités citées sont la création de la réserve communautaire, la création du GIE des écoguides et écogardes et leur formation, la mise en place du Groupement d’Epargne et Crédit (GEC) ainsi que la protection des mangroves par l’interdiction de la coupe de bois. Le PLAE recommande la consolidation des actions permettant de réduire les actions anthropiques, et la sensibilisation des acteurs sur la gestion communautaire des ressources naturelles et la protection de l’environnement (Eco Services / CARPE, 2009a).

Le Plan d’Occupation et d’Aménagement des Sols (POAS)

Egalement commandité par la COREPA dans le cadre du projet de bonne gouvernance écologique financé par l’Union européenne, le POAS a été réalisé par le cabinet Ecoservices/Carpe en novembre 2009. Le POAS propose un bilan diagnostic reprenant pour une grande part les informations fournies dans la présentation de Palmarin du PLD et du PLAE. A cela s’ajoute une analyse de l’occupation des sols par différents acteurs et l’identification des règles relatives à l’occupation des sols, la gestion des terres et l’accès aux ressources. Enfin, le POAS formule des perspectives d’aménagement et de gestion de

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l’espace communautaire, et notamment la création d’une charte communautaire pour l’affectation, l’occupation des sols et la gestion durable des ressources naturelles (Eco Services / CARPE, 2009b).

Bilan de la mise en œuvre de ces trois plans

On constate lors de l’analyse de ces trois documents que des mesures ont effectivement été identifiées pour faire face aux menaces recensées précédemment. Mais leur application nécessite d’obtenir du financement et de la main d’œuvre. C’est souvent le financement qui fait défaut (Seck, 2010d). C’est pourquoi parmi les activités identifiées, très peu ont déjà été appliquées, et que les menaces persistent. Le projet ACCC, étudié ci-après, propose la mise en œuvre effective de mesures concrètes pour faire face à ces menaces.