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3.1 Présentation de la zone de Palmarin

3.1.3 Le contexte économique

Les activités économiques des habitants de la communauté rurale de Palmarin dépendent elles aussi des services fournis par les écosystèmes, et peuvent être mises en péril par les changements climatiques. Il s’agit de l’agriculture, de la pêche, de la transformation des produits halieutiques, de l’élevage, du tourisme et de l’exploitation du sel.

L’agriculture

L’agriculture est la principale activité économique. Les cultures majoritaires sont le mil et l’arachide, mais on recense aussi des cultures de haricots, de gombos, d’oseille. La riziculture était autrefois pratiquée, mais elle est devenue impossible depuis la sécheresse de 1972-1973, en raison du manque d’eau. Le rendement de l’agriculture est en baisse, à cause de l’intrusion saline qui diminue la surface des terres cultivables, de l’appauvrissement des sols, de la méconnaissance des techniques de production et de la mauvaise conservation des semences. Les rendements, de l’ordre de 800 à 900 kg par an en 1987, n’étaient plus que de 400 kg par an en 2001 (Conseil rural de Palmarin, 2001 ; Fall, 2008).

La pêche

Autrefois principalement destinée à la consommation familiale, la pêche est devenue une activité lucrative en plein essor. Il s’agit de la deuxième plus importante activité économique de la communauté rurale. L’agriculture étant de plus en plus difficile à cause de la disponibilité de plus en plus limitée de terres cultivables, les jeunes se rabattent sur la pêche. Alors qu’on comptait une centaine de pêcheurs à Djiffer il y a vingt ans, ils sont actuellement plus de mille (Ndour, 2010). En 2008, la flotte artisanale au sein de la

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communauté rurale était estimée à 600 pirogues (Fall, 2008), et les prises à 3600 tonnes par an en moyenne. La pêche est devenue la principale source de revenus des villages de Ngallou et Diakhanor (Faye et Sarr, 2008). Toutefois, les pêcheurs autochtones ne représentaient en 2001 que 17% des pêcheurs présents à Palmarin (Conseil Rural de Palmarin, 2001).

La pêche se pratique à la fois dans l’océan Atlantique et dans les bolons. Le Code de la pêche est très peu respecté. Dans les bolons, la pêche est surveillée par les écoguides et les agents de la DPN. Les poissons viennent dans l’estuaire pour se nourrir et se reproduire. L’utilisation de filets et de gros bateaux y est interdite, c’est donc essentiellement la pêche à la ligne qui y est pratiquée. La grosse pêche se fait en pleine mer où les pêcheurs ne sont soumis à aucune surveillance. Les agents de pêche chargés de la surveillance n’ont aucune mobilité et il leur est impossible d’effectuer la surveillance depuis la plage. Les pêcheurs sont sensibilisés, mais il n’y a aucune répression en cas de non respect des règles. Ils font de fausses déclarations sur le nombre de poissons morts, afin de ne pas dépasser officiellement les quotas et l’Etat n’a pas les moyens de contrôler (Ndour, 2010).

La pêche à Djiffer est un bon exemple du non respect des règles. Le débarquement de poissons y est totalement illégal, car le lieu de débarquement ne respecte pas les normes d’hygiène. Il n’y a aucune infrastructure en dur. De plus, le non respect des normes sanitaires empêche l’accès aux marchés européens. Pour y remédier, un nouveau port de pêche a été créé à Diakhanor. Il comprend des bâtiments en dur, et a été conçu pour respecter les normes sanitaires internationales. Cependant, la plupart des pêcheurs de Djiffer refusent de s’y déplacer. Trop surveillé, trop loin du site actuel, augmentant donc la consommation de carburant, trop proche de la mangrove rendant difficile la navigation, trop peu profond. Les pêcheurs de Djiffer continuent donc à décharger le poisson sur la plage de Djiffer, et à le vendre aux mareyeurs qui approvisionnent les marchés de Dakar (Ndour, 2010).

La transformation des produits halieutiques

La pêche est une activité exclusivement masculine. Les femmes, elles, pratiquent le ramassage des fruits de mer et la transformation du poisson et des fruits de mer. Les coquillages d’Anadara senilis se trouvent dans le sable à marée basse, et les huîtres se cueillent sur les racines des palétuviers dans les bolons (photographies en annexe 7). Les

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femmes se chargent de leur exploitation, de leur transformation et de leur commercialisation, ainsi que de celle des poissons. La transformation des produits halieutiques constitue la principale source de revenus des femmes et contribuent à la sécurité alimentaire des femmes de la région (Brenier et al., 2009).

L’élevage

Troisième activité économique de la communauté rurale en terme d’importance, l’élevage à Palmarin concerne des bœufs, des chèvres, des moutons, de la volaille, mais aussi des chevaux ou des ânes destinés au transport ou utilisés pour l’agriculture (Fall, 2008). Ce secteur souffre du manque d’eau potable et de pâturages pour les bêtes. Les pâturages se font soit sur la plage, soit plus à l’intérieur des terres. Il est important de prendre en compte les lieux de pâturage dans la mise en œuvre de projets, car dans le cas contraire ils peuvent devenir des obstacles à la bonne réalisation des activités. Dans le cas du projet ACCC, les villageois ont dû déplacer leurs troupeaux pour pouvoir reboiser le cordon littoral sans que le bétail ne mange ou ne piétine les jeunes plants.

Le tourisme

Le tourisme se développe à Palmarin. La communauté rurale a en effet de nombreux atouts, tels que ses 20 km de plage sablonneuse, sa réserve communautaire permettant d’observer oiseaux, hyènes et chacals, et ses bolons dans lesquels des excursions en pirogues et en kayaks sont organisées. Le folklore est également mis en avant : chants, danses, percussions, lutte traditionnelle (le chef du village de Ngueth est même un ancien champion olympique de lutte).

Toutefois, le développement du tourisme est ralenti par la médiocrité de la piste qui relie les villages, le manque de qualifications du personnel local et la promotion insuffisante. Les établissements touristiques (15 en 2006) sont pour l’instant trop nombreux par rapport au nombre de touristes. Malgré tout, les terres sont prisées par les opérateurs qui cherchent à les acheter à des prix dérisoires pour y installer de nouveaux complexes touristiques (Fall, 2008).

L’exploitation du sel

Les puits de sel sont des trous creusés dans les tannes qui se remplissent d’eau au moment des pluies ou de fortes houles, et qui, après évaporation partielle de l’eau, permettent la

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collecte du sel (photos en annexe 8). Le sel cristallisé est recueilli par les femmes environ trois fois par an, pendant la saison sèche (Sekino, 2007), puis commercialisé par les hommes (Faye et Sarr, 2008) et majoritairement envoyé en Gambie (Sarr, 2010b). L’exploitation des puits de sel est familiale.