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Le champ, des entreprises aussi organismes de formation

1. L’enquête, son but et sa mise en oeuvre

1.2. Le champ, des entreprises aussi organismes de formation

Tout d’abord a été établi un échantillon de 120 entreprises dont la spécificité est d’avoir créé, à un moment de leur histoire, leur propre organisme de formation, qui le plus souvent reste intégré en son sein. Lorsque cela est le cas, le pilotage de l’organisme s’effectue par le service de la formation ou la DRH de l’entreprise quand celle-ci est de taille suffisante pour une telle organisation. Dans le cas contraire, la gestion de l’organisme est portée par un service administratif ou comptable en charge des dépenses de formation, ou encore par le chef d’entreprise lui-même qui est polyvalent sur les tâches de direction des deux entités.

L’offre de formation que développe l’organisme contribue à la diversification des activités de l’entreprise.

Dans une majorité de cas, cette activité formative revêt pour elle un caractère stratégique mais ne représente qu’une part modeste de son chiffre d’affaires. Dans d’autres cas où l’organisme de formation a été créé par une firme ou une multinationale, sa taille et ses capacités formatives devenant de grande envergure, il se transforme. Il acquiert une autonomie juridique et devient centre de profit à part entière.

Une fois l’échantillon constitué, les 120 entreprises ont été contactées pour participer à l’enquête. Vingt d’entre elles, soit 1/6ème, y ont répondu favorablement. Les paragraphes suivants décrivent les caractéristiques de l’échantillon de départ puis celui des entreprises effectivement enquêtées.

1.2.1. Au départ, un échantillon de 120 entreprises contactées

Les 120 entreprises de l’échantillon initial ont été repérées via leur organisme de formation2 à partir d’un traitement des données administratives de la base des bilans pédagogiques et financiers (BPF) du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, mis à disposition du Céreq par la DARES dans le cadre d’un chantier en cours3. La sélection s’est opérée dans le but avant tout d’obtenir une diversité de situations, sans ambition particulière de bâtir une représentativité statistique. Le lecteur se reportera à l’annexe 1 de ce rapport pour prendre connaissance en détail des caractéristiques de ces 120 entreprises sélectionnées au départ.

On peut en résumer brièvement les grandes lignes. Ces 120 entreprises recouvrent une large gamme de secteurs d’activité, de types de produit, d’organisations du travail, de tailles, de localisations géographiques, de publics formés, de situations formatives. En effet, la grande entreprise n’est pas la seule à s’être dotée d’un organisme de formation. Sont aussi concernées des petites entreprises artisanales ou des entreprises de taille moyenne.

Ces 120 entreprises de l’échantillon initial ont toutes été contactées téléphoniquement. Une sur six a accepté la proposition d’un entretien. Il en a été de même pour leur OF. La centaine d’entreprises non répondantes ont invoqué diverses raisons pour ne pas vouloir y participer :

- pour certaines, le fait que cette enquête n’ait pas eu un caractère obligatoire a été un motif immédiat de refus, compte tenu de leurs urgences et du manque de temps ;

- d’autres ont précisé avoir été déjà interrogées à plusieurs reprises, notamment dans le cadre d’enquêtes de conjoncture « Covid » ou d’autres enquêtes administratives menées par les services déconcentrés de l’Etat, en lien avec l’attribution d’aides financières. Elles exprimaient donc avoir atteint en quelque sorte un certain degré de saturation en tant que répondant ; - dans le contexte d’urgence qui était le leur à cette époque, certains responsables pensaient

avoir en ligne un interlocuteur du ministère du Travail au sujet de leur demande d’aides financières. Ils ont alors exprimé leur déception d’être contactés pour une « enquête de chercheurs » dont ils ne percevaient pas vraiment l’utilité ;

- enfin, d’autres entreprises étaient fermées au moment du contact. D’autres encore avaient généralisé le télétravail, les coordonnées téléphoniques fournies par la base BPF renvoyant à un standard externe, non autorisé à communiquer les numéros de portable des collaborateurs.

Sur ce même registre de sécurité, certaines entreprises de secteurs tels que la banque et assurance avaient mis en place des mesures de défense de leur intelligence économique afin de se prémunir de cyber-attaques, rendant le contact téléphonique infructueux.

Malgré ces refus et une attrition notable de l’échantillon de départ, la diversité de situations observables a été préservée. Il convient cependant de noter que les entreprises des secteurs industriel ou agroalimentaire dont la production exige une présence physique sur site ont été plus facilement joignables. Elles ont donc été plus fréquemment répondantes que les entreprises du secteur tertiaire ayant opté en général pour des activités télétravaillées sécurisées.

Il importe enfin de souligner que les répondants – responsables des entreprises ou de leurs organismes de formation – ont démontré une excellente adhésion à la démarche d’enquête une fois celle-ci acquise.

Ils ont accepté de bon gré de s’entretenir longuement au téléphone ou en visioconférence, en dépit parfois de conditions de travail peu adéquates, comme par exemple pour les personnes interviewées

2 Il est utile de rappeler qu’au-delà de leurs propres salariés, ces centres d’entreprise forment différents types de publics – des jeunes en alternance, des adultes en formation continue, en VAE, des personnes peu qualifiées et éloignées de l’emploi relevant des actions du PIC dont les demandeurs d’emploi et, depuis peu, des apprentis. En outre, ils forment à une large gamme de certifications enregistrées au RNCP dans de multiples spécialités – diplômes de l’Éducation nationale, titres professionnels du ministère du Travail, certificats de qualification professionnelle (CQP) portés par les branches.

3 Étude Céreq pour le compte de la DARES, « L’offre de formation des personnes en recherche d’emploi » (OFPIC -DARES), date d’achèvement juin 2022.

travaillant dans des bureaux open space ou dans des environnants bruyants. Par ailleurs, l’ensemble des interlocuteurs a accepté d’être réinterrogé si nécessaire, en complément d’enquête ou pour une extension de celle-ci.

1.2.2. Qui sont les 20 entreprises répondantes ?

La variété des situations couverte par les 20 entreprisesayant participé à l’enquête n’est pas altérée par rapport à celle observée pour les 120 de l’échantillon initial. Si l’on considère le critère de la taille, on retrouve bien la présence d’entreprises de toutes dimensions avec toutefois davantage d’entreprises de 10 à 50 salariés, qui représentent 40 % de l’échantillon enquêté contre 20 % dans l’échantillon initial.

Les entreprises de taille moyenne (de 50 à 99 salariés) y sont en proportions presque identiques : 15 % dans l’échantillon initial contre 20 % dans l’échantillon enquêté. Les grandes entreprises au-delà de 250 salariés se retrouvent en proportion identique (40 %) dans l’échantillon enquêté et initial.

Pour ce qui est de leur secteur d’activité d’appartenance, 14 secteurs sont représentés dans l’enquête, soit un quart des secteurs présents dans l’échantillon initial des 120 entreprises qui en comporte 43.

Cela constitue un important resserrement de l’éventail sectoriel, avec cependant le maintien pour l’un et l’autre de la prédominance des secteurs du commerce de gros et de l’édition structurée par l’édition des logiciels.

Tableau 1 • Répartition des 20 entreprises enquêtées selon leur taille

Nb de salariés En % En valeur absolue

<20 10 2

De 20 à 49 30 6

De 50 à 99 20 4

De 250 à 500 15 3

De 4 000 à 5 000 10 2

De 15 000 à 16 000 5 1

De 20 000 à 30 000 5 1

>160 000 5 1

Total 100 20

Sources : site Société (recherches web), consulté en février 2021.

Tableau 2 • Répartition des 20 entreprises enquêtées selon leur secteur d’activité d’appartenance

Secteurs (code Naf) En valeur absolue

10 Industries alimentaires 2

20 Industrie chimiques 1

22 Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique 1

25 Fabrication de produits métalliques, à l’exception des machines et équipements 1

37 Collecte et traitement des eaux usées 1

43 Travaux de construction spécialisés 1

46 Commerce de gros, à l’exception des automobiles et motocycles (4675Z, 4669B,4617A) 4 47 Commerce de détail, à l’exception des automobiles et motocycles 1

56 Restauration 1

58 Edition (de livres et de logiciels) (5829C, 5811Z) 3

59 Production de films cinématographiques, vidéos 1

71 Activités d’architecture et d’ingénierie ; activités de contrôle et d’analyses techniques 1

74 Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques 1

96 Autres services personnels (coiffure 9602A) 1

Total 20

Source : BPF 2018 et recherches internet site « Société ».

Si l’on considère leur localisation, les entreprises ayant participé à l’enquête sont implantées sur l’ensemble du territoire national. Elles sont installées dans 8 régions sur les 10 présentes dans l’échantillon initial, avec une prédominance d’installation en Île-de-France et en région Aura (Auvergne Rhône-Alpes). On note davantage d’entreprises répondantes de la région Centre Val de Loire par rapport à l’échantillon initial et une absence d’entreprises des régions de Nouvelle Aquitaine et d’Occitanie. Plus généralement, les entreprises de l’ouest de la France ont été moins répondantes comparativement à leur présence dans l’échantillon initial, celles de la région Sud demeurant peu répondantes et peu présentes.

Les entreprises répondantes à l’enquête ont une ancienneté variée. Comme pour l’échantillon initial des 120, on y retrouve la prééminence des entreprises créées au XIXe siècle ou durant les années 1980-90. Les entreprises répondantes créées au XIXe siècle appartiennent essentiellement à des secteurs traditionnels ou artisanaux comme par exemple l’édition de livres, l’agroalimentaire, la fabrication d’explosifs, les travaux publics ou le bâtiment et l’outillage. Les entreprises fondées dans les années 1980 et 1990 sont plutôt tournées vers la fabrication de machines-outils, de matériaux composites, les télécommunications, l’industrie de la défense, la pharmacie ou encore la gestion des ressources. Les entreprises répondantes créées dans les années 2000 font partie de la « nouvelle vague », renvoyant aux secteurs de l’information, de la communication, de l’édition de logiciels, des équipements pour l’aéronautique ou de l’électronique.

Tableau 3 • Répartition des 20 entreprises enquêtées selon leur date de création

Date En % En valeur absolue

XIX siècle 20 4

Entre 1900 et 1945 15 3

Années 1960 10 2

Années 1970 5 1

Années 1980 30 6

Années 1990 15 3

Années 2010 5 1

Total 100 20

Source : divers sites (recherches web) dont celui de l’entreprise lorsqu’il existe. Consultations : février 2021.

1.2.3. Le guide d’entretien

Le guide d’entretien mis au point est constitué de deux modules, l’un destiné aux responsables des vingt entreprises, l’autre à ceux des vingt organismes de formation. Ce dernier module sera présenté à la section 6 traitant de l’enquête auprès de ces centres de formation des entreprises.

Examinons ici le guide d’entretien en direction des responsables d’entreprises. En introduction, est rappelé l’objectif de l’enquête. Le guide se poursuit de la façon suivante.

En préambule, on invite le responsable d’entreprise à retracer rapidement l’histoire de celle-ci et à en décrire la production, l’état de la concurrence dans son secteur, la structure des emplois et des qualifications, la politique des RH, le processus de création de son propre organisme de formation et les liens actuels avec celui-ci.

• Les effets de la crise sur l’activité de l’entreprise : « Quel est le niveau d’activité de votre entreprise depuis le début de la crise (en baisse ou pas, risque de fermeture, perspectives de reprise, recours au chômage partiel) » ?

• Le recours aux dispositifs amortisseurs : « De quelle façon avez-vous géré les emplois et le chômage partiel ? Quels sont les autres dispositifs publics ou les aides de l’État auxquels vous avez eu recours (les lister) au-delà du chômage partiel ? (FNE formation, mobilisation du CPF, du CEP, etc.), Comment ont-ils été mis en place et à quel type de difficulté avez-vous été confrontés pour ce faire ? Avez-vous été accompagnés dans vos démarches de constitution des dossiers et si oui par quels services de l’État, de la branche ? Quel rôle a joué la branche professionnelle pour vous accompagner dans la crise ? Les acteurs de la Région ? Quels ont été vos liens de travail avec Pole emploi durant cette période ? Avec la Direccte ? »

• L’évolution du marché : « Que diriez des évolutions du marché ? Durant cette période "Covid", avez-vous perçu des changements notables du marché des produits dans lequel avez-vous avez-vous situez, ou du marché du travail pour le maintien de vos compétences ? La concurrence s’est-elle accentuée sur le marché de vos produits ? Y-a-t-il eu davantage de cas de « fusion ? »

• La gestion de la crise : « La crise a-t-elle engendré des licenciements ? ou de non-renouvellement/rupture de CDD ? Comment le chômage partiel a -t-il été absorbé par l’organisation du travail de votre entreprise ? Quelles conséquences cela a-t-il eu sur vos pratiques de gestion des ressources humaines ? Votre plan de formation initial pour l’année en cours a-t-il été impacté et si oui comment : par une suspension des formations ou au contraire par une formation accrue de vos salariés4 ? Cette période a-t-elle fait émerger de nouveaux besoins, de nouveaux projets de formation pour votre personnel ? Si oui pouvez-vous les décrire ? Quel a été votre politique de télétravail ? »

• Les liens avec son organisme de formation durant la crise : « Le fait de disposer d’un centre de formation a-t-il joué un rôle particulier pour affronter les effets de la récession, pour maintenir le développement des compétences ? Vos commandes de formation ont-elles changé à son égard ? En lien avec la mise en place du chômage ? En lien avec des licenciements ou des ruptures de CDD ? »

• Les regards rétrospectifs : « Si c’était à refaire, auriez-vous géré les difficultés liées à la crise de la même façon ? Auriez-vous entrepris d’autres actions pour l’emploi, pour la formation, pour les compétences de vos collaborateurs ? Avec le recul, quelles mesures qui n’ont pas été prises dans ces domaines vous auraient semblé pertinentes ? Quelle vision avez-vous des prochains mois pour l’activité de votre secteur, pour votre propre activité, pour vos niveaux d’emploi et votre formation ? Quels sont les difficultés majeures que vous anticipez pour l’année 2021 ? »