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3.5 Le calcul de rangs de Mordell-Weil ` a l’aide d’isog´enies de Ri-

3.5.3 Le cas des courbes hyperelliptiques de genre 2

Cette partie est reprise de [CF96]. Nous ne donnons que les ´enonc´es qui nous seront utiles par la suite. Pour les preuves et les notions concernant les isog´enies de Richelot, le lecteur peut consulter [CF96] ou [BM88].

Notations 3.5.3.1 Soit K un corps de caract´eristique 0. Soit

Gi(y) = gi,2y2 +gi,1(y) + gi,0 ∈ K[y] un polynˆome de degr´e au plus 2.

SoitC la courbe hyperelliptique sur K d’´equation affine

C:z2=G1(y)G2(y)G3(y). Nous posons : * ∆ := det(gi,j), * L1(y) :=G 2(y)G3(y)−G2(y)G 3(y), * L2(y) =G3(y)G1(y)−G3(y)G1(y) et * L3(y) =G1(y)G2(y)−G1(y)G2(y).

SoitCbla courbe hyperelliptique sur K d’´equation affine b

C: ∆bz2 =L1(by)L2(yb)L3(yb).

Notations 3.5.3.2 La correspondance (2,2) entre les courbes hyperellip-tiques C et Cbd´efinie par la sous-courbe Z ⊂ C ×Cbd’´equations

G1(y)L1(yb) +G2(y)L2(yb) = 0

zzb= (y−by)G1(y)L1(yb)

induit une isog´enieϕ:Jac(C)−→Jac(Cb).Cette isog´enie est appel´ee isog´enie de Richelot. En intervertissant C et Cb, nous d´efinissons une isog´enie de

Richelot ϕb:Jac(Cb)−→Jac(C).

Remarque :

Les compos´ees ϕb◦ϕ et ϕ◦ϕb sont les multiplications par 2 de Jac(C) et Jac(Cb) respectivement. Nous allons appliquer la proposition 3.5.1.1 aux isog´eniesϕetϕb.

D´efinition 3.5.3.3 Nous conservons les notations 3.5.3.1. Soit

Ki,C :=K[T]/(Gi(T))(l’anneauKi,C est soit un corps soit le produitK×K). Nous d´efinissons un morphisme ΠC :Jac(C)(K) −→ (K×/K×2)3 de la fa¸con suivante : si div(u, v) ∈ Div0(K(C)) est un diviseur semi-r´eduit tel que u soit premier `a Gi, et si α d´esigne la classe d’´equivalence lin´eaire de div(u, v), alors la i-`eme coordonn´ee de ΠC(α) est la classe de NKi,C/K((−1)deg(u)u(T))dans K×/K×2 (aveci= 1,2 ou 3).

Proposition 3.5.3.4 Nous conservons les notations 3.5.3.1 et 3.5.3.2. Alors le noyau de ΠC est l’imageϕb(Jac(Cb)(K)).

D´emonstration.

Le lecteur se reportera `a [CF96], ´equation 10.2.13.

Remarque :

Les courbes C et Cbont un rˆole sym´etrique. En intervertissant ces deux courbes, nous d´efinssons un morphisme ΠCbde noyau ´egal `a l’imageϕ(Jac(C)(K)).

Corollaire 3.5.3.5 Nous conservons les notations 3.5.3.1. SiGest un groupe ab´elien, nous notons Gtors le sous-groupe des ´el´ements de torsion de G.

Alors le rang de Mordell-Weil de Jac(C)(K) est nul si et seulement si

ΠC(Jac(C)(K)) = ΠC(Jac(C)(K)tors)etΠb

C(Jac(Cb)(K)) = ΠC(Jac(Cb)(K)tors).

D´emonstration.

D’apr`es la proposition 3.5.3.4, les morphismes ΠC et ΠCbd´efinissent deux isomorphismes : entre Jac(C)(K)/ϕb(Jac(Cb)(K)) et l’image de ΠC d’une part, et entre Jac(Cb)(K)(Jac(C)) et l’image de Πb

C d’autre part. Pour conclure, nous appliquons la proposition 3.5.1.1.

Th´eor`eme 3.5.3.6 Soientη, ω, ρ∈Rdes r´eels. Soitk:=Q(η, ω, ρ). Nous posons : b1 = ρ 2−η2 ω2−η2 +η 2−ω2 4 . Soient B(x) := (x+b1)2−η2 et C(x) := 2(x+b1) +ω2 −η2−1. Nous supposons que les ´el´ements

* η, ω, ρ etω2−η2, * 2b1−2 +ω2−η2, * η2−ω2+ 2 + 2η et η2−ω2+ 2−2η, * η2−ω2+ 2ω et η2−ω2−2ω, * ω2−η2−1 + 2η et ω2−η2−1−2η, * 2b12−η2−1, b1+η, b1−η, b1−1 +ω et b1−1−ω sont non nuls.

Soit C la courbe hyperelliptique d’´equation affine

C:z2+ (y2+ 1)(y2+C(x2))(y4+ (1 +C(x2))y2+B(x2)) = 0. `

A tout δ ∈ k(x)× nous associons les k(x)-courbes hyperelliptiques Cδ+,

b

Cδ+,Cδ,Cb

δ d’´equations affines respectives :

Cδ+:z2 = y+δ(1+C(x))2 y2δ(12C(x))2 y2δ2[(1+C(x))424B(x)] b Cδ+:z2 = (y+δ(1 +C(x)))(y2−4δ2B(x))(y2−4δ2C(x)) Cδ:z2 =y(y2−δ[(1−C(x))2−2(B(x)−C(x))]y+δ2(B(x)−C(x))2) b Cδ:t2=y(y+δ(1−C(x))2)(y+δ((1−C(x))2−4(B(x)−C(x)))).

Alors le R(x)-rang de Mordell-Weil de la jacobienne de la courbe C est nul si et seulement si, pour tout ζ ∈ k strictement positif, les images des homomorphismes γC ζ, γC ζx, γCb ζ, γCb ζx, ΠC+ ζ , ΠC+ ζx, ΠCb+ ζ et ΠCb+ ζx

sont respectivement les images des points de torsion k(x)-rationnels de

Cζ, Cζx, Cb ζ , Cb

ζx, Jac(Cζ+), Jac(Cζx+), Jac(Cb+

ζ ) et Jac(Cb+ ζx).

D´emonstration.

SiGest un groupe ab´elien, nous notonsGtorsle sous-groupe des ´el´ements de torsion deG.

Nous nous donnons un polynˆome δ∈k[x] et nous Posons

G1(s) :=s, G2(s) := (s−δ)(s−δC(x)) etG3(s) :=s2−δ(1+C(x))s+δ2B(x).

SoitH+δ la courbe hyperelliptique sur k(x) d’´equation affine

H+δ :t2=G1(s)G2(s)G3(s).

Suivant les notations 3.5.3.1, nous posons : * ∆ = det   0 1 0 δ2C −δ(1 +C) 1 δ2B −δ(1 +C) 1  =δ2(B−C), * L1(yb) := G2G3−G2G3 = 2δ2(B−c)yb+δ3((1 +C)C−(1 +C)B) = δ2(B−C)(2by−δ(1 +C)), * L2(by) :=G3G1−G3G1=by2−δ2B, et * L3(by) :=G1G2−G1G22C−yb2.

La courbe hyperelliptique surk(x) d’´equation affine ∆bz2 =L1(yb)L2(yb)L3(by) est isomorphe `a la courbe Cb+

δ (via le changement de variable z := 4zb et

y:=−2yb). Ainsi, d’apr`es la proposition 3.5.3.5, le rang de Mordell-Weil de Jac(H+δ)(k(x)) est nul si et seulement si

* ΠH+ δ(Jac(Hδ+)(k(x))) = ΠH+ δ(Jac(H+δ)(k(x))tors),et * ΠCb+ δ(Jac(Cb+ δ)(k(x))) = ΠCb+ δ(Jac(Cb+ δ )(k(x))tors).

Dans le crit`ere ci-dessus nous souhaitons maintenant remplacer la courbeH+δ

par la courbe Cδ+. La courbeH+δ est isomorphe sur k(x) `a la courbe hyper-elliptiqueCδ+ via le changement de variabley:=s−δ(1+C)2 . Ce changement de variables induit un isomorphisme de groupe Ψ : Jac(Cδ+) −→ Jac(H+δ).

De plus, l’image de ΠC+

δ est engendr´ee par l’image des point de torsion de Jac(Cδ+) si et seulement si l’image de ΠH+

δ = ΠC+

δ ◦Ψ1 est engendr´ee par l’image des points de torsion de Jac(H+δ).Par suite, le rang de Mordell-Weil de Jac(Cδ+)(k(x)) est nul si et seulement si

* ΠC+ δ(Jac(Cδ+)((k(x)))) = ΠC+ δ (Jac(Cδ+)((k(x)))tors),et * ΠCb+ δ(Jac(Cb+ δ)((k(x)))) = ΠCb+ δ (Jac(Cb+ δ )((k(x)))tors).

Chapitre 4

Une famille de polynˆomes

positifs ou nuls sur R

2

qui ne

sont pas somme de trois

carr´es dans R(x, y).

Nous rappelons tout d’abord la forme g´en´erale des polynˆomes ´etudi´es dans ce chapitre. Soient η, ω, ρ ∈ R des r´eels. Soit k := Q(η, ω, ρ). Nous posons : b1 = ρ 2−η2 ω2−η2 +η 2−ω2 4 . SoientB(x) := (x+b1)2−η2 etC(x) := 2(x+b1) +ω2−η2−1.

Le but de ce chapitre est de trouver des conditions sous lesquelles le polynˆome

P(x, y) = y2+ 1

y2+C x2

y4+ 1 +C x2

y2+B x2

est positif ou nul surR2 mais n’est pas une somme de trois carr´es. SoitC la courbe hyperelliptique sur k(x) d’´equation affine

C:z2+P(x, y) = 0.

Nous supposons que les ´el´ements * η,ω, ρetω2−η2, * 2b1−2 +ω2−η2, * η2−ω2+ 22 −4η2= η2−ω2+ 2 + 2η η2−ω2+ 2−2η , * η2−ω22 −4ω2= η2−ω2+ 2ω η2−ω2−2ω , * ω2−η2−1 + 2η etω2−η2−1−2η, * 2b12−η2−1, b1+η,b1−η,b1−1 +ω etb1−1−ω

sont non nuls. Alors, d’apr`es le corollaire 2.4.9, la jacobienne Jac(C) n’a aucunR(x)-point de torsion antineutre. L’objet de ce chapitre est de montrer que Jac(C)(R(x)) est de rang de Mordell-Weil nul : dans ce cas, Jac(C) n’a aucunR(x)-point antineutre, et doncP n’est pas une somme de trois carr´es dansR(x, y). Pour cela nous utilisons le th´eor`eme 3.5.3.6.

`

A tout δ ∈ k(x)× nous associons les k(x)-courbes hyperelliptiques Cδ+,

b

Cδ+,Cδ,Cb

δ d’´equations affines respectives :

Cδ+:z2 = y+δ(1+C(x))2 y2δ(1C(x))2 2 y2δ2[(1+C(x))424B(x)] b Cδ+:z2 = (y+δ(1 +C(x))) y2−4δ2B(x) y2−4δ2C(x) Cδ:z2 =y y2−δh (1−C(x))2−2 (B(x)−C(x))i y+δ2(B(x)−C(x))2 b Cδ:t2 =y y+δ(1−C(x))2 y+δh (1−C(x))2−4 (B(x)−C(x))i .

Notations 4.1 Siα, β ∈k(x)×sont deux fractions rationnelles non nulles, nous disons que α et β sont ´equivalentes modulo les carr´es et nous notons

α ∼ β s’il existe γ ∈ k(x)× telle que α = γ2β. Nous notons [a] la classe d’´equivalence d’un ´el´ementa dek(x)× pour la relation∼.

Soit P ∈ k[x] un polynˆome irr´eductible. Si α, β ∈ k[x] sont deux po-lynˆomes non divisibles par P, nous disons que α et β sont ´equivalents modulo les carr´es et modulo P, et nous notons α ∼ β modP, s’il existe

γ1, γ2∈k[x] non divisibles parP tels queγ12α≡γ22β modP.

Nous reprenons les d´efinitions introduites dans la section 3.5.

Notations 4.2 Soit k un corps de caract´eristique 0. Soient α ∈ k[x] et

β∈k[x] deux polynˆomes tels queβ(α2−4β)6= 0. SoitE la courbe elliptique surk(x) d’´equation affine

E :t2 =s(s2+αs+β).

SoitO l’´el´ement neutre de E(k(x)).Nous d´efinissons un morphisme

γE :E(k(x))−→k(x)×/k(x)×2

en posantγE(s, t) := [s] sis6= 0, γE(0,0) := [β] etγE(O) := [1].Nous notons aussi γE,k(x) le morphisme γE lorsque nous souhaitons pr´eciser le corps de base.

Notations 4.3 Soitkun corps de caract´eristique 0.SoientG1(y)∈k(x)[y] un polynˆome de degr´e 1 en y, et G2(y),G3(y)∈k(x)[y] deux polynˆomes de degr´es 2 eny (pas n´ecessairement irr´eductibles).

Soit Hla courbe hyperelliptique sur k(x) d’´equation affine

H:z2 =G1(y)G2(y)G3(y).

SoientAi:=k(x)[y]/(Gi(y)) et yi la classe de y dansAi. Nous notons ΠH : Jac(H)(k(x))−→(k(x)×/k(x)×2)3

l’unique morphisme dont la i-`eme coordonn´ee envoie la classe d’´equivalence lin´eaire d’un diviseur semi-r´eduit div(u, v) sur H tel que u soit premier `a

Gi(y) sur la classe dansk(x)×/k(x)×2 de NAi,H/k(x)

(−1)deg(u)u(yi)

.

Notations 4.4 Soit k un corps de caract´eristique 0.Soit δ ∈ k(x)×. Nous pr´ecisons l’utilisation des notations 4.3 dans deux cas particuliers.

Lorsque H=Cδ+ est la courbe hyperelliptique surk(x) d’´equation affine

Cδ+:z2 =

y+δ(1+C(x))2 y2δ(1C(x))2 2 y2δ2[(1+C(x))424B(x)],

nous utilisons les notations 4.3 en posant

G1(y) :=y+δ(1+C(x))2

G2(y) :=y2δ(12C(x))2 et

G3(y) :=y2δ2[(1+C(x))424B(x)].

Lorsque H=Cb+

δ est la courbe hyperelliptique surk(x) d’´equation affine

b

Cδ+ :z2 = (y−δ(1 +C(x))) y2−4δ2B(x)

y2−4δ2C(x)

,

nous utilisons les mˆeme notations 4.3 en posant

G1(y) :=y−δ(1 +C(x))

G2(y) :=y2−4δ2B(x) et

G3(y) :=y2−4δ2C(x).

Les notations 4.2, 4.3 et 4.4, nous permettent d’´enoncer la conclusion du th´eor`eme 3.5.3.6 : leR(x)-rang de Mordell-Weil de Jac(C) est nul si et seulement si, pour toutζ ∈k strictement positif, les images des homomor-phismes γC ζ , γC ζx, γb , γb Cζx, ΠC+ ζ, ΠC+ ζx, Πb + et Πb Cζx+

sont respectivement les images des points de torsionk(x)-rationnels de

Cζ, Cζx, Cb ζ, Cb

ζx, Jac(Cζ+), Jac(Cζx+), Jac(Cb+

ζ ) et Jac(Cb+ ζx).

Au cours de ce chapitre, nous ´etudions, dans quatre section distinctes, l’image des quatre morphismes γC

δ , γCb

δC+

δ et ΠCb+

δ . De ces ´etudes, nous d´eduisons des conditions surη,ωetρsous lesquelles leR(x)-rang de Mordell-Weil de Jac(C) est nul.

4.1 La m´ethode g´en´erale de l’´etude.

Notations 4.1.1 Soit k un corps de caract´eristique 0. Soit f(y)∈ k(x)[y] un polynˆome unitaire sans facteur carr´e de degr´e impair. Nous consid´erons la courbe hyperelliptiqueHsur k(x) d’´equation affine

H:z2 =f(y).

Soit f =

r

Y

i=1

Pi(y) la d´ecomposition de f en facteurs premiers dans

k(x)[y].SoitM :=k(x)[t]/f(t). SoientKi :=k(x)[y]/Pi(y) etyi la classe de

y dansKi.

Nous notons JH := Jac(H). Soit πH : JH(k(x)) −→ M×/M×2 le mor-phisme de Cassels-Schaefer associ´e `a la courbe H et au corps k(x). Grˆace au lemme chinois, le morphisme πH peut ˆetre vu comme un morphisme

πH:JH(k(x))−→

r

Y

i=1

Ki×/Ki×2.

Notations 4.1.2 Dans ce qui suit nous notonsπH,i:JH(k(x))−→Ki×/Ki×2

la i-`eme coordonn´ee deπH.

La norme NKi/k(x) de l’extension Ki/k(x) induit un homomorphisme

NKi/k(x):Ki×/Ki×2 −→k(x)×/k(x)×2.Nous posons ΞH,i:=NKi/k(x)◦πH,i. Nous notons ΞH :JH(k(x))−→ r Y i=1 k(x)×/k(x)×2 l’homomorphisme de i-`eme coordonn´ee ΞH,i.

Soientζ ∈k×strictement positif. Nous supposonsH ∈ {Cζ+,Cζx+,Cb+ ζ ,Cb+

δ }. Nous souhaitons montrer que Im(ΠH) est ´egale `a l’image du sous-groupe de torsion de Jac(H)(k(x)) par ΠH. Pour cela, nous ´etudions l’image de ΞH. Nous en d´eduisons ensuite des renseignements sur l’image de ΠH. ´Etudier d’abord le morphisme ΞH permet une ´etude plus pr´ecise de l’image de ΠH. En effet les composantes de ΠHs’obtiennent `a partir des composantes de ΞH.

Par ailleurs, si f(y) est de la forme f(y) = y(y2 +αy+β) (avec α,

β ∈ k(x) tels que β α2−4β

6

= 0), alors γH est la coordonn´ee de ΞH as-soci´ee au facteur premier y du polynˆomey(y2+αy+β).

La premi`ere ´etape de notre ´etude consiste `a utiliser les ´equations de Jac(H) obtenues grˆace `a la repr´esentation de Mumford (c.f. [Mum84]). Plus pr´ecis´ement nous utilisons l’assertion suivante : si div(u, v)∈Div0(k(x)(H)) est un diviseur semi-r´eduit, alors

f ≡v2 modu.

Cette congruence, nous a pr´ec´edemment permis de montrer les propositions 1.5.9 et 3.3.1.3. En associant ces deux propositions, nous obtenons la pro-position :

Proposition 4.1.3 Nous conservons les notations 4.1.1 et 4.1.2. Soit

i∈ {1,· · · , r}. Pour tout j6=i, nous posons di,j :=pgcd  NKi/k(x)  Pi(yi)Y k6=i Pk(yi)  , NKj/k(x)  Pj(yj)Y k6=j Pk(yj)    . Soit div(u, v) un diviseur semi-r´eduit de k(x)(H). Nous notons Cl(div(u, v))∈Jac(H)(k(x)) sa classe d’´equivalence lin´eaire.

Il existe alors une famille (µi,j) 1

≤i≤r, j6=i

d’´el´ements de k[x]sans fac-teur carr´e telle que

* les facteurs premiers de µi,j soient des facteurs premiers de di,j, * µi,jj,i, et

* ΞH,i(Cl(div(u, v))) soit la classe de Y

j6=i

µi,j.

D´emonstration.

Nous pouvons sans perte de g´en´eralit´e supposer que u est premier `af : tout diviseur sur H est lin´eairement ´equivalent `a un diviseur semi-r´eduit div(u, v) avecu premier `a f.

Le corps Ki est un corps de fonction sur k. Le corps Ki est donc le corps des fractions d’un anneau de Dedekind Oi. Nous notons (Pi,l)lI la famille des id´eaux premiers deOien lesquels (−1)deg(u)u(yi) a une valuation impaire et (Qi,l)l

∈Ie la famille des id´eaux en lesquels (−1)deg(u)u(yi) a une valuation paire. Pour tout indicel∈I nous notonsnl∈Zl’unique entier tel quevPi,l(u) = 2nl+ 1. De mˆeme pour tout indicel∈Ienous notonsml∈Z

l’unique entier tel quevQi,l(u) = 2ml. La d´ecomposition en id´eaux premiers de l’id´eal associ´e `a (−1)deg(u)u(yi) est

(−1)deg(u)u(yi) =Y l∈I P2nl+1 i,l ×Y l∈Ie Q2ml i,l

En appliquant NKi/k(x), nous obtenons NKi/k(x)((−1)deg(u)u(yi)) = βiθ2 i avec : * βi ∈k[x] un repr´esentant de l’id´eal Y l∈I NKi/k(x)(Pi,l), et * θi∈k(x) un repr´esentant deY l∈I NKi/k(x)(Pi,l)nl×Y l∈Ie NKi/k(x)(Qi,l)ml. Soient αi ∈ k[x] un polynˆome sans facteur carr´e et γi ∈ k(x) tels que

βiiγi2. Nous rappelons queπH,i(Cl(div(u, v)) est la classe de (−1)deg(u)u(yi) dans Ki×/Ki×2. L’image ΞH,i(Cl(div(u, v)) = NKi/k(x)H,i(Cl(div(u, v)))) est donc ´egale `a la classe de αi dansk(x)×/k(x)×2.

Soitǫi le coefficient dominant deαi. Nous d´efinissonsµi,j comme un plus grand commun diviseur deαi etαj avec le choix de coefficient dominantǫi,j

(deµi,j) suivant :

* sij /∈ {i−1, i, i+ 1}, nous choisissonsµi,j unitaire ; * nous prenonsǫ1,2 etǫ2,1 ´egaux `a ǫ1;

* par r´ecurrence sur i, nous posons ǫi,i+1:= ǫi

ǫi−1,i puisǫi+1,i :=ǫi,i+1. Par construction, nous avonsǫi,i1ǫi,i+1 := ǫi,i−1ǫi

ǫi−1,ii. Ainsi les polynˆomes

αi et Y

j6=i

µi,j ont mˆeme coefficient dominant (et ce coefficient dominant est

ǫi).

Il existe un polynˆome sans facteur carr´e Λi ∈k[x] et un polynˆome uni-taire Γi ∈ k[x] tels que Y

j6=i

µi,j = ΛiΓ2i. Le coefficient dominant de Λi est

ǫi.

L’image de πH est contenue dans le noyau de l’application

M×/M×2 −→ k(x)×/k(x)×2 induite par la normeNM/k(x) :=

3

Y

i=1

NKi/k(x). Par cons´equent le polynˆome

r

Y

i=1

αi est un carr´e dansk(x).

Soient i ∈ {1,· · · , r} fix´e et p un facteur premier de αi. Puisque

r

Y

i=1

αi

est un carr´e dans k(x), sa valuation en p est paire. Or les αj sont sans facteur carr´e, donc p doit diviser un nombre pair de αj. De plus, p divise

αi donc p divise un nombre impair d’´el´ements de {αj |j 6=i}, ou de fa¸con ´equivalente p divise un nombre impair de µi,j = pgcd(αi, αj) (avec j 6=i). Le polynˆomeµi,j est sans facteur carr´e, donc de valuation 0 ou 1 en p. Par suite, Λi = Γi 2Y

j6=i

µi,j est de valuation impaire en p. Ainsi, tout facteur premier de αi divise Λi. Or αi est sans facteur carr´e, donc αi divise Λi.

R´eciproquement, nous montrons que Λi diviseαi. Soitpun facteur pre-mier de Λi. Alors p divise µi,j = pgcd(αi, αj) pour un certain j 6= i. En

particulierpest un diviseur de αi. Ceci permet de conclure : puisque Λi est sans facteur carr´e, le polynˆome Λi diviseαi.

Ainsi les polynˆomesαi et Λi sont ´egaux `a multiplication par un ´el´ement de k× pr`es. Par ailleurs, les polynˆomes Λi etαi ont mˆeme coefficient domi-nant. Les deux polynˆomesαi et Λi sont donc ´egaux, et par suite les classes de αi etY

j6=i

µi,j dansk(x)×/k(x)×2 sont ´egales.

D’apr`es la proposition 3.3.1.3, les id´eaux premiers de Oi en lesquels

πH,i(Cl(div(u, v)) a une valuation impaire sont des id´eaux apparaissant dans la d´ecomposition en id´eaux premiers de la classe def(yi) dansKi. Ainsi, les facteurs premiers deαi∈k[x] sont des facteurs premiers deNKi/k(x)(f(yi)), c’est-`a-dire des facteurs premiers de NKi/k(x)(P

i(yi)Y j6=i Pj(yi)) puisque f(T)≡Pi(T)Y j6=i Pj(T) modPi(T).

Les facteurs premiers deµi,j = pgcd(αi, αj) sont donc des facteurs premiers dedi,j = pgcd(NKi/k(x)(Pi(yi)Y

k6=i

Pk(yi)), NKj/k(x)(Pj(yj)Y

k6=j

Pk(yj))).

Dans le cas particulier des courbes elliptiques, la proposition 4.1.3 est une cons´equence de la proposition suivante (dont la d´emonstration est reprise de [CEP71]).

Proposition 4.1.4 Soient k un corps de caract´eristique0 et K une exten-sion de k. Soient S, T ∈ k[x] tels que T(S2−4T) 6= 0. Nous notons D la courbe elliptique d’´equation de weierstrass

D:β2 =α(α2+Sα+T). Soit (α, β)6= (0,0)un K(x)-point de D.

Il existe alors ǫ∈K, µ∈K[x] unitaire sans facteur carr´e divisant T et deux polynˆomes θ∈k[x]et ψ∈k[x] tels que

* µθsoit premier avec ψ, * α=ǫµψθ22,

* ǫµν22µ2θ4+Sǫµθ2ψ2+T ψ4.

D´emonstration.

Nous commen¸cons par ´ecrire α = χϕ et β = φξ avec χ, ϕ, ξ et φ∈K[x] des polynˆomes tels que

* χ etϕsoient premiers entre eux, * ξ etφ soient premiers entre eux, et * φetϕsoient unitaires.

En chassant les d´enominateurs dans l’´equation deD,nous obtenons :

ϕ3ξ22χ(χ2+Sϕχ+T ϕ2). (4.1) Commeφ2diviseϕ3ξ2et est premier `aξ,le polynˆomeφ2diviseϕ3.De mˆeme

ϕ3 divise φ2χ(χ2+Sϕχ+T ϕ2) et est premier `a χ et `a (χ2+Sϕχ+T ϕ2) (car χ2+Sϕχ+T ϕ2 ≡χ2 modϕ),donc ϕ3 diviseφ2.Ainsi φ2 etϕ3 sont ´egaux (ils sont tous deux unitaires). Il existe doncψ∈K[x] unitaire tel que

ϕ=ψ2 etφ=ψ3.

Nous posons χ = ǫµθ2 avec ǫ ∈ K et µ, θ ∈ K[x] deux polynˆomes unitaires. L’´equation 4.1 se r´e´ecrit alors

ξ2 =ǫµθ22µ2θ4+Sǫµθ2ψ2+T ψ4).

Cette ´egalit´e impose `aµde diviserξet entraˆıne donc l’existence deν ∈K[x] tel que

ǫµν22µ2θ4+Sǫµθ2ψ2+T ψ4.

Cette ´egalit´e montre queµdiviseT ψ4. Par ailleursµest premier `aψ (puis-qu’il divise χ). Le polynˆome µest donc un diviseur de T.

Remarque :

Ce r´esultat ´etant plus pr´ecis que la proposition 4.1.3, nous l’utilisons au cours des sections 4.2 et 4.3. Ceci explique pourquoi nous ne parlons pas du morphisme ΞH au cours de ces deux sections.

SoientP une place dek(x),OP l’anneau de valuation correspondant, et

k(P) :=OP/P le corps r´esiduel enP. La surjection canoniqueOP −→k(P) induit un morphisme evP :O×P/O×P2 −→k(P)×/k(P)×2.

La proposition 4.1.3 ne suffit en g´en´eral pas `a calculer Im(ΞH). Ainsi, comme dans [CEP71], nous devons affiner notre ´etude de Im(ΞH) en consid´erant la restriction de evP `a Im(ΞH,i) et {p1µ|µ∈Im(ΞH,i)} (avec p une uni-formisante deP). Ceci motive l’introduction de la notation suivante.

Notations 4.1.5 Soient P une place de k(x) et OP l’anneau de valuation correspondant. Soitα, β ∈ OP×.

Nous disons queα est ´equivalent `a β modulo P et modulo les carr´es, et nous notons α ∼β modP, s’il existeγ ∈ O×P tel que α et βγ2 soient dans la mˆeme classe moduloP.

Dans ce qui suit, les placesP pour lesquelles nous ´etudions le morphisme evP sont soit la place `a l’infini de k(x), soit des places admettant un fac-teur premier du discriminant de f comme uniformisante. En effet, modulo les facteurs premiers de son discriminant, le polynˆome f(y) `a un facteur carr´e. L’id´ee est d’utiliser l’existence d’un tel facteur carr´e pour comprendre Im(ΞH). `A titre d’exemple, nous d´emontrons le r´esultat :

Proposition 4.1.6 Soit k un corps de caract´eristique 0. Soient A ∈ k(x)

et K:=k(x)[T]/(T2−A). Soitt la classe de T dansK.

Soient P une place dek(x),OP l’anneau de valuation correspondant et vP la valuation associ´ee. Soit p une uniformisante de P. Nous conservons la notation 4.1.5. Nous supposons vP(A) impaire.

Soit u := u0(y2) + yu1(y2) ∈ k(x)[y] un polynˆome. Nous notons α:=pvP(NK/k(x)(u(t)))NK/k(x)(u(t))∈ OP× et Ae:=p−vP(A)A∈ O×P.

1. Si vP(NK/k(x)(u(t))) est paire, alors α∼1 modP; 2. si vP(NK/k(x)(u(t))) est impaire, alors α∼ −AemodP et

vP(A) + 1

2 +vP(u1(A))≤vP(u0(A)).

D´emonstration.

La valuationvP((u0(A))2) est paire et la valuationvP(A(u1(A))2) est im-paire. Ces deux valuations sont donc diff´erentes. Par suite, la valuation enP

deNK/k(x)(u(t)) = (u0(A))2−A(u1(A))2est Min(vP((u0(A))2), vP(A(u1(A))2)).

Si vP(NK/k(x)(u(t))) est paire. Alors la valuation vP(NK/k(x)(u(t))) est ´egale `avP((u0(A))2) = 2vP(u0(A)).En particulier, la valuationvP((u0(A))2) est strictement inf´erieure `avP(A(u1(A))2), et ainsi

pvP(NK/k(x)(u(t)))A(u1(A))2 =pvP((u0(A))2)A(u1(A))2 est un ´el´ement deP.Par suite, la classe de

α=pvP(NK/k(x)(u(t)))(u0(A))2−pvP(NK/k(x)(u(t)))A(u1(A))2 dans le corps r´esiduel enP est non nulle et ´egale `a celle de

pvP(NK/k(x)(u(t)))(u0(A))2 = p−vP((u0(A))2)(u0(A))2

= p−2vP(u0(A))(u0(A))2

= p−vP(u0(A))(u0(A))2

.

Si vP(NK/k(x)(u(t))) est impaire. Alors la valuationvP(NK/k(x)(u(t))) est ´egale `a vP(A(u1(A))2). En particulier, la valuation vP((u0(A))2) est strictement sup´erieure `a vP(A(u1(A))2), et ainsi

pvP(NK/k(x)(u(t)))(u0(A))2 =pvP(A(u1(A))2)(u0(A))2 est un ´el´ement deP.Par suite, la classe de

dans le corps r´esiduel enP est non nulle et ´egale `a celle de

−pvP(NK/k(x)(u(t)))A(u1(A))2 = −pvP(A(u1(A))2)A(u1(A))2 = −Ae(pvP(u1(A))u1(A))2.

De plus, la valuation vP((u0(A))2) est sup´erieure ou ´egale `a

vP(A(u1(A))2) + 1, donc

vP(A) + 1

2 +vP(u1(A))≤vP(u0(A)).

Proposition 4.1.7 Soit k un corps de caract´eristique 0. Soient A ∈ k(x)

et K:=k(x)[T]/(T2−A).

Soient P une place dek(x),OP l’anneau de valuation correspondant et vP la valuation associ´ee. Soit p une uniformisante de P. Nous conservons la notation 4.1.5.

Nous supposons que

* la valuation vP(A) est paire,

* pvP(A)A n’est pas pas un carr´e dans le corps r´esiduel OP/P. Alors, pour tout polynˆome u := u0(y2) +yu1(y2) ∈ k(x)[y], la valuation vP(NK/k(x)(u(t))) est paire.

D´emonstration.

Nous supposons que la valuationvP(NK/k(x)(u(t))) est impaire. Nous no-tonsr := Min

vP(u0(A)),vP(A)

2 +vP(u1(A))

.Lorsque les classes de deux ´el´ementsαetβ deOP dans le corps r´esiduelOP/P sont ´egales, nous notons

α≡β modP.

Par d´efinition der, la valuation enP de

p2rNK/k(x)(u(t)) = pru0(A)2

−pvP(A)A

p(vP(A)/2−r)u1(A)2

est positive ou nulle. Cette valuation ´etant impaire elle est strictement po-sitive, c’est-`a-dire que

pru0(A)2

≡pvP(A)A

p(vP(A)/2−r)u1(A)2

modP. (4.2) Par d´efinition de r, l’une des deux valuationsvP p(vP(A)/2−r)u1(A)

et

vP(u0(A)) est nulle. En fait, la congruence 4.2 impose `a ces deux valua-tions d’ˆetre nulles. En particulier, l’´el´ementp−vP(A)A appartenant `aOP×, la classe dep(vP(A)/2−r)u1(A) dans le corps r´esiduelOP/P est inversible. Nous d´eduisons alors de la congruence 4.2 que

pvP(A)A∼ p−ru0(A) p(vP(A)/2−r)u1(A) 2 modP ∼1 modP.

Ceci contredit l’hypoth`ese selon laquellep−vP(A)An’est pas un carr´e dans le corps r´esiduel OP/P. La valuation vP(NK/k(x)(u(t))) doit donc ˆetre paire.