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La plupart des théoriciens font souvent le lien entre la naissance de l'informel et une situation de crise du système en place, notamment une certaine défaillance des politiques et structures existantes à garantir un emploi à tout un pan de la population active pas toujours qualifié. Certains éléments couramment cités comme la croissance démographique rapide, l'exode rural massif, l'urbanisation accélérée viennent se juxtaposer à la crise pour créer un cocktail favorable à l'éclosion de cette branche informelle de l'économie. En ce qui concerne la naissance de l'informel en Haïti, si l'on doit évoquer une crise, ce sera sans conteste la crise des cours des produits agricoles d'exportation dans les années 80 et le déclin de la production caféière qui auront affecté fortement les caisses de l'État, dépendantes des recettes douanières sur l'exportation du café.

Certains auteurs dont Lamaute-Brisson (2002) soulignent plutôt le fléchissement de l'industrie du tourisme, et une baisse des exportations de produits manufacturés subséquentes à la récession aux USA en 1981-1982, principale destination de ces produits. Ces éléments font peut- être partie du panorama de l'époque, cependant la toile de fond reste la chute brutale des cours des denrées agricoles et la question du café15. L'extension rapide du travail indépendant urbain, notamment à Port-au-Prince, passant de 27.2% en 1982 à 42.3% en 86-87, est une preuve irréfutable de cette vague d'informalisation qui déferle sur cette économie.

Les soubresauts politiques ont plongé l'économie plus profondément dans la crise et ont contribué à ramifier ce qui restait de la production locale. Haïti a expérimenté de manière particulièrement aiguë et rapide les évolutions suivantes qui rendent compte de certains aspects de l'ampleur de la crise : 1) la fin d'un régime dictatorial qui conduit à une période d'instabilité politique, 2) la libéralisation à outrance de l'économie avec la baisse sans précédent des droits de douane, 3) un embargo commercial suite au coup d'état de 1991 et 4) la fermeture de quelques entreprises publiques. Cette conjonction d'éléments a eu pour conséquences directes un affaiblissement des secteurs productifs et des pertes d'emploi massives. Le secteur agricole étant en récession depuis 1981, le secteur formel de production, avec déjà des capacités très limitées, est

L'État, les marches des produits agricoles et le paysan, par Lcbailly Philippe, Unité d'Économie et Développement rural Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gcmbloux

en perte de vitesse, et le secteur public peine à garder sa branche capitalistique en vie. L'ensemble de ces contraintes ne laissent pas d'autre choix à une expansion de Pauto-emploi informel.

Venons-en à la question d'intérêt à savoir les traits marquants de l'économie informelle en Haïti. L'une des exigences de notre étude est de pouvoir isoler et mesurer le secteur informel dans l'économie haïtienne ensuite de l'incorporer dans une MCS servant de support empirique à notre modèle EGC. Nous partons des informations fournies dans l'ouvrage de référence de l'économiste Nathalie Lamaute-Brisson (2002). Cet ouvrage présente l'avantage de couvrir toute l'histoire et les principales caractéristiques de la reproduction urbaine à Port-au-Prince et d'inclure la thématique du secteur informel en traitant explicitement de la situation de l'emploi en milieu urbain. Dans un second temps, nous nous référons aussi à un autre document encore une fois élaboré par N. Lamaute- Brisson (2005) pour le compte du PNUD, ainsi que des bribes de données récoltées çà et là sur ce compartiment de l'économie qui n'a jamais fait l'objet d'études statistiques systématiques.

Les activités informelles en Haïti sont pour l'essentiel des activités à petite échelle, précaires et instables. La faiblesse des administrations étatiques (la corruption aussi aidant) est une limite évidente à la détection et l'enregistrement de ces activités. En effet, la question de l'évasion fiscale et réglementaire est néanmoins l'une des questions centrales de la dynamique du secteur informel. Ce critère juridique englobe très souvent les autres critères comme par exemple la taille des établissements. Par contre, ce critère n'est pas absolu, i.e. le secteur informel n'est pas totalement méconnu de l'État, il peut être partiellement fiscalisé. Certaines unités informelles paient la patente et leur contribution fiscale représente près de 15% du montant des impôts payés par les firmes privées. Ces unités informelles sont tournées à 80% vers les activités commerciales.

Ce secteur est globalement orienté vers la production de biens non échangeables (commerce, construction et services), i.e. globalement tourné vers le marché intérieur. Ces activités évoluent dans des conditions très précaires. La grande majorité des vendeurs de rue et autres actifs informels sont à même le trottoir ou dans des installations de fortune et sont privés de services publics (eau, électricité, téléphone).

L'analyse du système d'emploi urbain en fonction du statut juridique de l'établissement d'embauché montre une certaine prédominance de l'informel. En 1997, 70.5% des emplois à Port-

au-Prince se retrouvent dans les unités de production informelle (i.e. les unités non-enregistrées) ou dans les ménages (recrutement d'employés domestiques). Le privé employait 22% de la main- d'œuvre et l'État (APU et entreprises publiques ensemble) n'en absorbait que 7.5%. Il demeure que l'auto-emploi des travailleurs indépendants s'assimile fortement à des activités informelles qui peuvent être localisées un peu partout (sur la voie publique, dans les marchés, à domicile, etc.). Le revenu du travailleur indépendant se retrouve à être le bénéfice tiré de cette activité.

On retrouve une forte concentration de ces activités informelles dans le commerce et la restauration. L'emploi formel se caractérise par un système de salaires fixes ou variables et hébergé dans des locaux assignés à l'activité en question. Le segment informel comprend pour l'essentiel des entreprises à un seul employé (auto-emploi indépendant) qui offrent 80% des emplois dans ce secteur ; le reste y va pour les entreprises de deux actifs et plus. Nous tirons dans le livre de Lamaute-Brisson ce tableau qui nous donne une idée de la répartition des emplois dans les différents segments selon la taille des établissements.

Tableau 9- Répartition des emplois selon la taille des établissements

Segment d'emploi Taille

Public Privé Formel Informel Total

1 employé 0.0 4.9 79.1 56.9 [2,5] 0.0 25.1 14.7 15.9 [6, 10[ 0.0 21.3 3.9 7.5 [10, 50[ 1.6 26.2 2.2 7.4 [50, + [ 22.6 22.5 0.1 6.6 Administration Publique 75.8 0.0 0.0 5.7 Total 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : Enquête sur l'emploi urbain à Port-au-Prince (EEUPauP1997). Calculs de l'auteur

L'informel est très présent dans le secteur des services incluant commerce et restauration. C'est d'ailleurs le pourvoyeur numéro 1 d'emploi dans cette branche, soit 70.6%. Les services domestiques représentent 7% du secteur informel (ils sont une spécialité unique de ce segment), alors que 90% des emplois dans la branche commerce et restauration sont issus de l'informel. Les activités informelles sont dominées par le commerce de détails et la restauration; 58% des actifs informels s'y réfugient. En fait on recense des taux d'informalité particulièrement élevés dans la majorité des branches. On propose un autre tableau qui atteste de cette situation.

Tableau 10- Structure des segments d'emploi par branche (%)

Segment d'emploi Branche

Public Privé Formel Informel Total Taux d'informalité

Industries 0.0 31.1 23.0 23.0 70.3 BTP 0.0 2.7 8.5 6.6 90.9 Confection 0.0 15.3 7.3 8.5 60.6 Autres Industries 0.0 13.1 7.2 7.9 63.6 Commerce- Restauration 0.0 23.0 57.6 45.6 89.0 Commerce 0.0 18.6 47.7 37.7 89.2 Restauration 0.0 4.4 9.9 7.9 87.9 Autres services 100.0 45.9 19.4 31.4 43.9 Services domestiques 0.0 0.0 7.0 4.9 100.0

Services aux ménages 3.2 39.9 10.4 16.4 44.9

Administration Publique 75.8 0.0 0.0 5.7 0.0

Autres Services 21.0 6.0 2.0 4.4 33.3

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 70.6

Source : Enquête sur l'emploi urbain à Port-au-Prince (EEUPauPI997). Calculs de l'auteur

Globalement le nombre de salariés est très faible au sein de la population active. Le taux de salarisation pour toute l'économie se chiffre à 34.7%, avec seulement 14.2% des travailleurs informels qui sont salariés. Ce taux est très élevé dans le secteur formel qui compte logiquement plus de salariés (78.7%). Par ailleurs, un tiers des employés salariés sont comptés dans le secteur secondaire (entreprises privées formelles ou unités de production informelles). Le salariat informel se compose à 48% de travailleurs domestiques, lesquels appartiennent uniquement au secteur informel. Chez les travailleurs non-salariés, les travailleurs indépendants, catégorie qui caractérise le plus l'informel, sont largement majoritaires par rapport aux patrons, apprentis et aides familiaux. Dans le tableau qui suit, on peut voir comment la ventilation des salariés et des non- salariés est effectuée dans les différents segments d'emploi et selon la catégorie socioprofessionnelle.

Tableau 11- Structure des segments d'emplois par catégorie socio- professionnelle Segment d'emploi

Catégorie socioprofessionnelle

Public Privé formel Privé informel Total

Salariés 100.0 78.7 14.2 34.7 Cadres 24.2 5.5 0.2 3.1 Employés 71.0 65.0 7.5 24.9 Manœuvres 4.8 8.2 6.5 6.7 Non-salariés 0.0 21.3 85.8 65.3 Travailleurs indépendants 0.0 12.0 77.3 57.2 Patrons 0.0 4.4 1.0 1.7

Apprentis et aides familiaux 0.0 4.9 7.5 6.4

Total 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : Enquête sur l'emploi urbain à Port-au-Prince (EEUPauP1997). Calculs de l'auteur

Le plus souvent dans les enquêtes sur l'emploi on effectue une certaine association entre informalité et travail indépendant. De ce fait dans nos calculs, nous approchons l'emploi informel sous ce même angle. L'informalisation croissante de l'emploi est captée par la forte progression du travail indépendant et ceci dans presque toutes les branches d'activités à quelques exceptions près. Nous avions déjà souligné le taux élevé d'informalité en milieu urbain soit touchant 54.7% des actifs occupés; ce qu'on peut relever, entre autres, c'est la soi-disant relation (non empiriquement vérifiée) entre les actifs pauvres et le fait d'exercer des emplois informels. Et ces « working poor » se fixent majoritairement dans le commerce informel, mais ceci peut faire l'objet d'un autre débat. Il serait convenable à ce stade de regarder aussi le mode d'insertion des activités informelles dans l'économie. Les unités informelles ne peuvent être analysées en dehors de leur mode d'insertion dans l'ensemble de l'économie et en dehors de leurs relations avec le formel. Au départ, disons que les études effectuées n'ont relevé aucune dynamique de subordination ou d'exploitation de l'informel par le formel, en ce sens que les relations de sous-traitance des entreprises formelles vers les unités de production informelles, qu'elles soient verticales ou horizontales demeurent marginales.

En ce qui a trait au mode de financement, les unités informelles ne disposent pas d'une grande marge d'autonomie en matière de financement. Le secteur formel d'intermediation financière est très peu présent dans le financement des unités de production informelle. Il existe très souvent des circuits internes de financement endogène, les unités informelles

s'approvisionnent presqu'en totalité dans le commerce informel, et des relations de crédit se tissent ainsi entre les intervenants. Par ailleurs, ces unités informelles sont grandement tournées vers les besoins des ménages et vers l'approvisionnement de ce circuit interne : 48.2% de leur chiffre d'affaires provient de l'achat des ménages et 51.6% provient des achats d'autres unités informelles (principalement le commerce informel).

La croissance de l'informalité est liée à une certaine dynamique dont le secteur est porteur, dynamique qui est caractérisée, dans un premier temps, par une ouverture du circuit interne avec la demande des ménages formels et une ouverture sur le reste du monde à cause des transferts qui financent la consommation des ménages (formels ou informels). Cependant, les petites activités informelles, même quand elles peuvent concurrencer de près avec le formel, ne favorisent pas pourtant un processus d'accumulation continu. Elles permettent d'assurer tout simplement la reproduction des ménages; la logique demeure toujours une logique de subsistance.

Chapitre 4 Le modèle E G C théorique utilisé p o u r la simulation

4.1 Une Matrice de Comptabilité Sociale pour Haïti

Le modèle que nous développons pour notre étude, à savoir un modèle d'équilibre général calculable, est toujours associé à une matrice de comptabilité sociale. Cette dernière constitue son support empirique. Construite à partir de plusieurs sources de données, dont les Tableaux économiques d'ensemble (TEE), les Tableaux entrées-sorties (TES), les Comptes nationaux, et différentes enquêtes : enquêtes emploi, enquête industrielle, enquêtes ménages, etc., la MCS retrace les flux comptables de recettes et de dépenses entre secteurs et agents de l'économie étudiée.

Se rapportant à une année de référence, on lui confère très souvent la vocation, d'une part de garantir une certaine cohérence comptable dans la présentation des flux de transactions à l'intérieur de l'économie en question au cours de cette année de référence, et d'autre part de mettre en évidence les relations entre structures de production et illustrer les mécanismes de distribution des revenus dans l'économie.

D'une manière plus technique, on présente la MCS comme une matrice carrée dans laquelle on attribue à chaque compte (compte de facteurs, comptes d'agents, compte de production, etc.) une ligne (ou rangée) et une colonne. Chaque cellule affiche le paiement provenant du compte de sa colonne vers le compte de sa rangée. Par conséquent, les revenus d'un compte apparaissent le long de sa rangée et ses dépenses le long de sa colonne. Le principe sous-jacent à cette comptabilité à double entrée requiert donc pour chaque compte que le revenu total (total de la ligne) soit égal à la dépense totale (totale de la colonne) (Strimbu-lee, 2005).

Nous proposons une MCS (tableau 15) chiffrée de l'économie haïtienne pour l'année fiscale 2004-2005. Le choix de l'année de référence est fait sur la base de la disponibilité et de la relative abondance des données pour cette année. Elle caractérise aussi une année d'effort de stabilisation après les tumultes sociopolitiques des années précédentes.

Notre MCS est construite et désagrégée en fonction de la conception générale de notre modèle et des objectifs poursuivis par l'étude. La matrice (tableau 15) donne une présentation très

ciblée des principaux comptes d'intérêts. Nous allons seulement épiloguer sur la désignation de certains comptes et quelques fois nous attarder sur quelques spécificités qui ne sont pas susceptibles d'être retrouvées dans les MCS académiques. Notre matrice de comptabilité sociale regroupe 25 comptes au total (3 comptes de facteurs; 7 comptes d'agents; 6 comptes d'activités de production, 5 comptes de produits, 2 comptes pour les produits exportés, 2 comptes pour la rubrique investissement).

Les facteurs de production (Capital, Travail, Terre) reçoivent (en ligne) le paiement de leurs revenus en contrepartie des services prêtés au processus de production ou à la génération de la valeur ajoutée. Ces revenus sont versés par les branches d'activités soit sous forme de salaires, soit sous forme de profits. Il est d'usage d'exclure des revenus de facteurs les impôts payés sur la production, car l'État n'étant pas considéré comme un facteur de production. D'un autre côté, les comptes des facteurs versent, en colonne, leurs revenus aux propriétaires des moyens de production. Ainsi, les ménages reçoivent les salaires et les revenus de capital et les entreprises perçoivent les excédents bruts d'exploitation. Finalement, le reste du monde touche les profits sur leurs investissements directs en Haïti. À noter que les intérêts versés au reste du monde ne sont pas comptabilisés dans cette cellule, car ne constituant pas des revenus de facteurs.

Il est identifié dans notre MCS sept comptes d'agents (quatre catégories de ménages, les firmes, l'État, et le Reste du Monde). Les ressources des ménages proviennent d'abord des revenus de facteurs comme vu précédemment ; à ceux-là il faut ajouter les transferts courants versés aux ménages soit de la part de l'État (bourses d'étude, allocations, pensions etc.), soit de la part des entreprises (dividendes réparties, intérêts, loyers, etc.). Les revenus de la propriété (intérêts, dividendes et loyers) figurant dans les comptes nationaux ne constituent pas des revenus de facteurs ; ils sont traités, dans le cadre des MCS, comme des transferts courants. Une partie des transferts courants, et non la moindre dans le cas des ménages haïtiens, vient du reste du monde, qui contribue à renforcer la capacité à consommer de ces ménages.

Les ressources des ménages sont dépensées dans la consommation finale en paiements de transferts courants ou en épargnant (l'épargne qu'on peut considérer comme une forme d'utilisation des ressources). En ce qui concerne les dépenses en transferts, les ménages versent des impôts directs sur le revenu et des cotisations sociales à l'État ou même des intérêts aux entreprises

sur les emprunts contractés. A l'inverse des lignes, les ménages résidents paient aussi des transferts courants au reste du monde (sortie de devises pour toutes sortes de raisons).

L'État reçoit principalement ses revenus des autres agents plutôt que des facteurs de production. À part les transferts courants (impôts et taxes directes) versés par les ménages, les entreprises font également des transferts à l'État sous forme d'intérêts, de dividendes (ex : les entreprises publiques), d'impôts directs sur les bénéfices, d'indemnité ou de pénalité, etc. La formation des ressources de l'État se complète avec les recettes classiques du gouvernement que sont les taxes nettes sur la production, les impôts indirects nets sur les produits, les transferts courants du reste du monde et les taxes sur les échanges internationaux (import-export).

L'État se sert de ses ressources pour effectuer des transferts, acquérir des produits de consommation finale ou épargner. Les transferts payés par l'État aux entreprises et au reste du monde consistent principalement en des intérêts sur la dette publique, des subventions à des entreprises publiques, des primes d'assurance et des quotes-parts versées aux organisations internationales. Pour ce qui concerne les entreprises, nous avons déjà beaucoup discouru sur les ressources et les dépenses de cette entité. Il n'y a pas de particularité en ce qui a trait aux transactions des entreprises. Elles peuvent être décrites par analogie aux ménages et à l'État.

La MCS que nous construisons sépare les branches d'activités (i.e. les entités qui délivrent la production des biens et services) des comptes produits. Cette façon de séparer ces deux types de comptes est très pratique dans la mesure où elle permet à un bien ou un service d'être produit par plus d'une branche (Lofgren, Harris and Robinson, 2002). Les recettes sont évaluées au prix producteur dans les comptes d'activités et au prix du marché (i.e. incluant les taxes indirectes) dans les comptes de produits.

Les branches d'activités font référence à la production brute. Le coût total de cette production est affiché en colonne ; il comprend les consommations intermédiaires, la rémunération des facteurs de production et les taxes nettes sur la production. Les produits de la vente de cette production constituent les ressources de ce compte. En ligne, ce compte est appelé à mettre en évidence la structure par produit de la production nationale. Le compte des produits n'est autre que l'équilibre ressources-emplois des comptes nationaux. Il fait ressortir en colonne l'offre totale de biens et services au prix du marché. Cette offre globale a trois composantes que sont la production

locale, les importations et les impôts indirects nets sur les produits. Sont exposées, en ligne, les utilisations de ces ressources en consommation finale, en consommation intermédiaire, en investissement et en exportations.

Finalement, notre MCS distingue une branche agricole qui produit des biens agricole d'auto consommation et des biens agricoles pour le marché. Pour modéliser cette autoconsommation, nous avons créé un compte de produits agricoles autoconsommés. La demande du ménage agricole pour ce bien, que lui-même produit, est satisfaite exclusivement par cette même branche agricole. La réalité est que le ménage produit la totalité de sa production agricole et décide de la quantité qu'il met en vente sur le marché et de la quantité qu'il laisse pour sa propre consommation.

Tout le volume de produits agricoles non marchands (d'autoconsommation) est consommé par les ménages ruraux qui font un arbitrage dépendant des prix qui prévalent sur le marché entre la quantité qu'ils mettent sur le marché et la quantité réservée à sa consommation. C'est au moment de consommer que cette distinction s'opère et non au cours de la production (i.e. le ménage ne cultive pas une parcelle de terre pour l'autoconsommation et une autre parcelle pour la vente.)

4.2 Présentation globale du modèle E G C

Nous nous sommes proposés dans ce papier de faire l'analyse de la dynamique intersectorielle de l'économie haïtienne et d'évaluer l'importance du secteur informel dans l'ajustement macroéconomique suite à un choc externe. Le cadre d'analyse adopté est un modèle d'équilibre général calculable qui va nous servir de support pour simuler les ajustements imposés par un resserrement de la contrainte de financement extérieur. Globalement, notre modèle est une adaptation du modèle PEP base élaboré par les chercheurs du réseau PEP de l'Université Laval.

4.2.1- Intégration de la branche informelle

Néanmoins, notre modèle EGC essaie de refléter les caractéristiques structurelles dominantes

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