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Le Cameroun et les dynamiques économiques de Foumban

Chapitre III – Les dynamiques économiques et institutionnelles et les élites du

Section 1. Le Cameroun et les dynamiques économiques de Foumban

Dans cette Section, nous décrirons d’abord rapidement le contexte économique et social au Cameroun en présentant certaines données géographiques, démographiques et sociales ; nous aborderons rapidement l’indépendance du pays, donnerons des indications politiques et nous présenterons certains faits économiques et sociaux.

Ensuite, nous étudierons les dynamiques économiques de Foumban, territoire situé à l’Ouest du pays. Nous présenterons les principales données économiques disponibles, et nous mettrons en lumière les secteurs économiques présents sur le territoire, plus précisément les dynamiques économiques du secteur artisanal et du tourisme à Foumban.

1. La présentation du Cameroun et de l’économie camerounaise

La République du Cameroun est un pays d’Afrique centrale possédant une frontière au Nord-Ouest avec le Nigéria, au Nord avec le Tchad, à l’Est avec la République Centrafricaine, au Sud avec la République du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale. Le Cameroun est un pays côtier qui possède 590 km de côtes le long de l’océan Atlantique. Sa superficie est de 475 442 km2 et sa population était estimée à environ 20 millions d’habitants en 2015.

Carte du Cameroun, pays situé en Afrique centrale

Source : Cityzeum – Marius Lemarié87

Les grandes villes camerounaises dépassant les 200 000 habitants sont : Douala, la capitale économique du pays ; Yaoundé, la capitale administrative ; Garoua, Chef-lieu de la région du Nord ; Bamenda, Chef-lieu de la région du Nord-Ouest ; Maroua, Chef-lieu de la région de l’Extrême-nord et Bafoussam, Chef-lieu de la région de l’Ouest.

Les régions les plus densément peuplées sont celles de l’Ouest, du Littoral, de l’Extrême-nord et du Nord-Ouest et les moins peuplées sont celles de l’Adamaoua, de l’Est et du Sud.

Le Cameroun possède une géographie extrêmement diversifiée avec une forêt équatoriale dense à l’Est et au Sud, une zone sahélienne presque désertique au Nord, des savanes étendues au

Centre et à l’Est, des hauts-plateaux et des montagnes à l’Ouest (avec le Mont Cameroun notamment, célèbre volcan dont l’altitude est de 4 040 mètres), des zones côtières à l’Ouest. Vu la diversité de ses paysages, de ses peuples et de ses coutumes, de nombreux auteurs le qualifient d’Afrique en miniature.

La société camerounaise est l’une des plus hétérogènes d’Afrique. Le Cameroun est un pays multiculturel qui rassemble diverses communautés présentant des formes d’organisations sociales très différentes (acéphales, lignagères, villageoises). On compte ainsi plus de deux cents ethnies et chacune possède sa langue et ses traditions. Les premières sociétés camerounaises furent sans doute les Bakas, des nomades Pygmées chasseurs-cueilleurs. Puis se sont développées des sociétés sédentaires d’agriculteurs-éleveurs dès le 1er millénaire avant J.C. Les Bakas ont alors été repoussés vers les forêts du Sud et de l’Est où ils se trouvent encore. De manière simplifiée, on trouve ainsi aujourd’hui (Yakan, 1999) :

- Dans le grand Nord, les Peuls (en anglais Fulas et en peul Foulbés) et les Kirdis qui comprennent une diversité de communautés musulmanes et chrétiennes comme les Mafas, les Toupouris, les Moundangs, etc. Les Peuls sont organisés en Lamidats (Chefferies traditionnelles).

- Dans le grand Ouest, les Bamilékés réputés pour leur dynamisme dans le secteur commercial et leur solide organisation sociale en plusieurs Chefferies autonomes, chacune possédant son propre dialecte ; les Bamouns qui ont développé une civilisation originale et sont dirigés par un Roi/Sultan et qui peuplent le territoire de Foumban. - Dans le grand Sud, les Bassas et les Doualas dans les régions côtières, les Bétis dans les

terres du centre incluant une multiplicité de groupes tels que les Etons, les Ewondos, les Boulous, les Gbayas, etc.

En dépit de cette prodigieuse diversité sociologique, le Cameroun est souvent seulement présenté comme un pays bilingue et biculturel.

Le Cameroun a subi une quadruple colonisation, chacune ayant laissé des traces : islamique d’abord, puis allemande (1884-1916), et ensuite simultanément anglaise et française (1916-1961). Les français et les anglais se sont en fait partagés le protectorat allemand après la première guerre mondiale (traité de Versailles), les français retenant la partie la plus importante du pays. Les français mirent alors en place un appareil administratif structuré, centralisé, hiérarchisé. La partie anglaise du Cameroun fut gérée par les anglais avec le Nigéria. Ces deux pays ont imposé deux langues officielles, l’anglais et le français.

Le Cameroun est l’un des seuls pays du continent qui a conquis son indépendance dans le sang

(Domergue, Tatsitsa, Deltombe, 2011). Celle-ci a d’abord été revendiquée par l’Union des Populations du Cameroun (UPC)88 qui en même temps réclame la réunification du pays divisé en zones anglophones et francophones. S’en suivent à partir de 1955 des soulèvements populaires fortement réprimés par la puissance coloniale française et de violents affrontements. L’UPC est alors déclarée groupe terroriste, un maquis est organisé, accompagné de grèves, sabotages de voies de communication, menaces sur les marchés (etc.), des missionnaires sont assassinés. L’indépendance du Cameroun est finalement proclamée le 1er janvier 1960, alors que la guerre fait encore rage dans les brousses. La France nomme Ahmadou Ahidjo comme Premier Ministre qui met immédiatement en place une dictatureavec deux objectifs principaux : éliminer une bonne fois pour toute l’UPC, c'est-à-dire nettoyer les zones rebelles, et réunir les deux Cameroun89. A cette période disparurent des milliers de camerounais dans des camps dits d’internement administratif et de rééducation civique, des exécutions publiques eurent lieu, des têtes furent coupées et exhibées, des campagnes de persuasion organisées, etc.

A la surprise générale, en novembre 1982, alors qu’Ahidjo a réussi à se débarrasser de ses opposants et à asseoir son autorité, il démissionne et laisse le pouvoir à son Premier Ministre, Paul Biya. D’abord perçu comme exemplaire, ce revirement tourne rapidement à la guerre des clans, Ahidjo contestant ouvertement son successeur et ses proches tentent même un coup d’Etat en août 1983. Paul Biya remporte finalement la mise et Ahidjo démissionne de la Présidence de l’Union Camerounaise (parti unique). Avec l’arrivée de Paul Biya, des espoirs de démocratisation du pays naissent.

A cette époque, l’économie camerounaise est considérée comme la plus forte et la plus diversifiée de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale. Le pays présente en effet une variété d’activités économiques, dans les secteurs agricoles, forestiers, des hydrocarbures et de l’industrie. Sa croissance économique jusqu’aux années 80 est parmi les plus importantes du continent africain, avec des taux de croissance d’environ 7%. Toutefois, au milieu des années 80, l’économie camerounaise se dégrade fortement avec la chute des cours du cacao, du café et du pétrole, la baisse de la production pétrolière (gisements qui arrivent à maturité) et la crise de la dette. En 1994, le FCFA est dévalué, puis les politiques drastiques du FMI mènent le pays à une grave crise économique et sociale : à cette époque, les salaires ont

88 Parti politique fondé en 1948 à Douala, dont le secrétaire général, Ruben Um Nyobé, est une figure emblématique du nationalisme camerounais.

89 Après un référendum en 1961, la partie méridionale des zones anglophones opte pour un rattachement au Cameroun, tandis que la partie septentrionale choisit le Nigéria ce qui est vécu comme un échec par le Président

été diminués d’environ 70%. La pauvreté de la population camerounaise s’accentue alors que les dirigeants parviennent à maintenir leur train de vie.

Des revendications populaires émergent au début des années 1990 et le gouvernement répond par des arrestations pour sédition, subversion et affront au Chef de l’Etat. Sous pression, le gouvernement se résout à abandonner le parti unique et Paul Biya instaure le multipartisme90. Ces mesures de libéralisation n’empêchent pas le régime de procéder à des arrestations d’opposants ce qui pousse les camerounais à lancer des opérations appelées villes mortes qui paralysent la vie économique du pays pendant 6 mois et sont combinées avec une désobéissance civile. Dès le mois d’avril 1991, les émeutes et les manifestations s’étendent à l’ensemble du pays. Pour tenter de résoudre la crise politique, Paul Biya rétablit le poste de Premier ministre, annonce des élections et une réforme constitutionnelle. Devant l’ampleur des mobilisations, un état d’urgence est instauré. Malgré ces heurts, Paul Biya est réélu en 199291. Le pouvoir est accusé de fraudes par l’opposition et la validité des élections est mise en doute. Des émeutes éclatent dans le Nord-Ouest et des leaders de l’opposition radicale sont arrêtés ou mis en résidence surveillée.

La Constitution est révisée en 199692 et annonce la décentralisation. S’en suivent des élections municipales, lors desquelles le RDPC, parti de Paul Biya, est largement vainqueur. Toutefois, les partis d'opposition gagnent dans leurs fiefs électoraux, mais leurs victoires sont à relativiser car dans les grandes villes, aux côtés des Maires sont nommés des délégués du gouvernement. Ces nouveaux délégués possèdent les pouvoirs d’un « super maire ».

A partir de 1996, l’économie camerounaise se redresse avec des taux de croissance supérieurs à 4% et une inflation modérée. Paul Biya remporte à nouveau les élections présidentielles de 1997, puis celles de 200493, alors que le Cameroun des années 2000 est marqué par une pauvreté massive et par une corruption érigée en système dans lequel tout le monde est mouillé et qui sert à pointer du doigt un opposant ou un contestataire. En 2004 sont promulguées les premières

90 John Fru N’di lance en mai 1990 à Bamenda le Social Democratic Front (SDF) lors d’une marche où sont abattues 6 personnes ; la conférence épiscopale publie une lettre critiquant ouvertement le pouvoir et en juillet 1990.

91 Avec 39,9 % des voix, contre 35,9 % pour J. Fru Ndi (SDF) et 19,21 % pour B. Bouba Maïgari (UNDP).

92 Révision de la Constitution le 18 janvier 1996 avec le vote de la loi n° 96-06 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 par l’Assemblée Nationale

93 Avec 92,54% de suffrages. L'élection a été boycottée par le SDF, l'UNDP et l'UDC qui n’ont pas obtenu la création d'une commission électorale nationale autonome.

lois de décentralisation94. En 2006 viennent s’ajouter les lois95 fixant respectivement le mode d’élection des conseillers régionaux et les conditions d’élections des sénateurs. Les transferts de compétences aux Communes se négocient ensuite96 et aboutissent à une série de décrets en 2010, complétés en 2011 puis en 201297. En 2006, le Cameroun a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), initiative visant à utiliser les fonds prévus pour le remboursement de la dette pour financer des projets de développement et bénéficie d’une annulation de sa dette par les créanciers du Club de Paris. En 2011, puis encore en 2018, Paul Biya est réélu Président de la République98 avec de nombreuses accusations de fraude, rejetées par la Cour suprême.

De nos jours, le climat politique camerounais reste dominé par les clivages et les conflits entre un parti dominant, au pouvoir et soupçonné de manipuler le jeu politique et une opposition extrêmement divisée avec de multiples querelles de leadership. L’économie camerounaise est affectée par la baisse des prix du pétrole. Cependant, la croissance du PIB est régulière depuis 2010, avec une moyenne de 5,8% de 2013 à 2015 puis de 4,7% en 201699. La faible remontée des cours du pétrole et du gaz a poussé le Cameroun à reporter les nouveaux investissements d’exploration ou de production. Également, la récession économique au Nigéria, la présence de Boko Haram au Nord du pays avec des raids transfrontaliers, des attentats suicides, des déplacements massifs de population, la crise en République centrafricaine avec un afflux massif de réfugiés et la crise anglophone ont pesé et pèsent encore sur l’économie camerounaise.

94 Loi n°2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation ; Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes ; Loi n°2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions.

95 Lois n°2006/004 du 14 juillet 2006 fixant le mode d’élection des conseillers régionaux ; Loi n°2006/005 du 14 juillet 2006 fixant le mode d’élection des sénateurs.

96 Ses négociations impliquent le Conseil National de la Décentralisation, le Comité Interministériel des Services Locaux et la Direction des Collectivités Territoriales Décentralisées du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.

97 Les transferts de ressources passent essentiellement par la fiscalité locale, puis des enveloppes dont l’utilisation est prédéterminée par l’Etat sont accordées aux Mairies, notamment par le Budget d’Investissement Public.

98Avec 77,9% des voix et un taux de participation de 65,82%. Sept candidats accusent ces élections de fraude, mais la Cour suprême rejette cette accusation. Puis des élections législatives sont programmées en 2012, suivies des élections municipales qui sont plusieurs reportées. Des élections sénatoriales sont également organisées en 2013 qui font l’objet de nombreuses contestations.

Tableau 10 : Indicateurs de croissance de 2015 à 2019 au Cameroun

Le secteur primaire contribue à environ 17% du PIB camerounais et emploierait jusqu’à 62% de la population active (voir le tableau présenté ci-dessous). L’agriculture est un pilier de l’économie camerounaise qui compte parmi les plus importants producteurs mondiaux de cacao, café, bananes, huile de palme, tabac, caoutchouc et coton (cultures de rente). L’exploitation forestière représente également un pan primordial de l’économie ; environ 80 essences sont commercialisées comme l’ayous, le sapelli, l’acajou, le moabi, l’azobé. L’Etat tente de maximiser la valeur de cette filière mais il reste d’importants défis à relever comme, par exemple, la lutte contre l’exploitation illégale du bois, le respect des plans d’aménagement et inventaires forestiers et la corruption extrêmement importante du secteur. La pêche est également une activité importante, avec une pêche artisanale maritime et un port de pêche industrielle à Douala. Cette activité souffre cependant d’une surexploitation des ressources et d’une forte concurrence des asiatiques notamment des Chinois. Les activités extractives représentent aussi bien sûr l’un des secteurs primordiaux de l’économie camerounaise avec la production de pétrole, de bauxite, de fer, de cobalt et de manganèse. Il faut également mentionner les activités minières des chercheurs d’or et de diamants dans les régions de l’Est et du Sud, beaucoup étant informelles voire illégales.

Le secteur secondaire contribue à hauteur de 27% du PIB mais n’emploie que 9% environ de la population active (voir le tableau présenté ci-dessous) dans l’agroalimentaire, la scierie, le textile, l’aluminium, le ciment et la métallurgie.

Le secteur tertiaire finalement contribue à hauteur de 57% du PIB et emploie 29,5% de la population active (voir le tableau présenté ci-dessous). Ce secteur est en pleine croissance poussé par l’essor des télécommunications, du trafic aérien et des grands projets énergétiques.

Tableau 11 : Répartition de l’activité économique par secteur au Cameroun

Source : Banque Mondiale

Malgré ces chiffres encourageants, le Cameroun se classe au 153ème rang sur 187 dans la liste de l’Indice de Développement Humain (IDH) en 2015. Plus d’un tiers de la population se situerait sous le seuil de pauvreté, soit en 2014 environ 8 millions d’habitants, d’après les Nations-Unies100 et la Banque Mondiale101. Selon la Banque Mondiale, le nombre de pauvres aurait ainsi augmenté de 12% entre 2007 et 2014. A la même période, selon l’Institut National de la Statistique du Cameroun dans son rapport de la 4ème enquête auprès des ménages (ECAM 4)102, la croissance aurait bénéficié aux ménages les plus aisés surtout, et très peu aux populations pauvres. Le premier problème est donc celui de l’inégalité : le modèle de développement camerounais n’est pas inclusif ni « pro-pauvre ». De plus 56% des pauvres se trouveraient dans les régions septentrionales du Cameroun (régions Nord et Extrême-nord). Concernant l’emploi, d’après la Banque Mondiale, le chômage serait en 2017 au Cameroun de 4,5%103, pourcentage clairement sous-estimé, sans doute car il n’est pas habituel de se déclarer chômeur, les Camerounais préférant avoir directement recours à l’auto-emploi, à la « débrouille ». Le secteur informel occuperait 90% de la population active et contribuerait à environ 20% ou 30% du PIB (comme en Afrique du Sud ou à l’Ile Maurice). Ainsi l’INS dénombrait en 2011 2,5 millions d’Unités de Production Informelles (UPI) au Cameroun, dont près de la moitié en milieu rural, 49,5%, et 33,3% dans les villes de Yaoundé et Douala. Parmi ces UPI, 34,1% d’entre elles exerceraient dans l’industrie, 33,6% dans le commerce, 32,2% dans les services104. Mais il faut avouer qu’il n’existe pas de statistiques fiables concernant le secteur informel, notamment car il faudrait d’abord s’accorder sur sa définition exacte.

100 Nations-Unies au Cameroun, Rapport annuel de 2016.

101 Banque Mondiale : http://www.banquemondiale.org/fr/country/cameroon/overview

102 INS du Cameroun, Enquête Camerounaise auprès des ménages (ECAM 4), Rapport des études thématiques : http://www.statistics-cameroon.org/news.php?id=392.

103 Banque Mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.TOTL.ZS.

104 Investir au Cameroun, « Au Cameroun, le secteur informel pèse autant dans le PIB qu’en Afrique du Sud et à Maurice, mais moins qu’au Nigéria » : https://www.investiraucameroun.com/entreprises/1207-9130-au-

cameroun-le-secteur-informel-pese-autant-dans-le-pib-qu-en-afrique-du-sud-et-a-maurice-mais-moins-qu-au-Concernant l’accès aux services de base, les Camerounais se heurtent à de nombreuses difficultés. Le système de santé camerounais ne permet pas à toutes et à tous d’avoir accès aux soins de santé et l’espérance de vie à la naissance n’est que de 56 ans pour les hommes, 59 ans pour les femmes. En 2010, l’OMS comptait 1,1 médecin, 7,8 infirmières et sages-femmes pour 10 000 habitants, les agents de santé étant inéquitablement répartis sur les différents territoires. L’accès aux soins au Cameroun est également payant et exclut de facto les populations les plus pauvres.

Le système éducatif, composé de l’enseignement de base, de l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur, est également inégalitaire au Cameroun avec de forts écarts entre riches et pauvres, entre zones urbaines et zones rurales, entre garçons et filles. La Banque Mondiale montre ainsi que si le taux de scolarisation net a augmenté de 0,3% et le taux d’alphabétisation de 0,8% entre 2001 et 2007, moins de la moitié de la population d’âge scolaire aurait achevé le cycle primaire en 2009105. Ainsi, l’accès à l’éducation n’est pas identique pour tout le monde, ni d’ailleurs l’accès à une éducation de qualité.

En matière d’accès à l’eau potable, le Cameroun possède des réserves importantes d’eaux souterraines et de surface. Toutefois, selon la Banque Africaine de Développement, le taux de desserte en eau potable était de seulement 33% en 2010 (au Sénégal, pays sahélien à la même période, le taux de dessert était de 98% en milieu urbain, 82% en zone rurale)106. Dans la capitale Yaoundé, en 2011, seuls 10 000 m3 d’eau étaient disponibles, alors que les besoins étaient estimés à 250 000 m3 par jour107. Les coupures d’eau dans les grandes villes sont quotidiennes, certains quartiers n’étant pas desservis des semaines durant108. En zone rurale, les Camerounais ont recours à des sources aménagées, des puits et des forages qui, selon les territoires, sont souvent en nombre très insuffisants, ne sont pas toujours entretenus, beaucoup étant non fonctionnels.

D’importants problèmes de gouvernance existent également au Cameroun, ce qui freine son développement : en 2015, le pays est notamment classé 130ème sur 168 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International et 172ème sur 189 économies dans le

105 Banque Mondiale : http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2012/04/11/better-governance- improving-education-outcomes-through-better-governance-in-cameroon-integrating-supply-and-demand-side-approaches.

106 Afrik.com, « 67% des Camerounais non desservis en eau potable : les remèdes du fléau » : http://www.afrik.com/67-des-camerounais-non-desservis-en-eau-potable-les-remedes-au-fleau.

107 Ibidem

108VOA, « L’accès à l’eau potable, toujours un défi pour une partie de la population camerounaise » :

rapport Doing Business 2016109. De plus, l’enquête ECAM 4 de l’INS (2007-2014) montrent que les Camerounais sont peu satisfaits de la mise en œuvre des principes démocratiques et jugent défavorablement les mesures mises en place par le gouvernement pour la lutte contre la corruption peu efficaces. Cette même enquête montre que les Camerounais se sentent plutôt en sécurité,72,1% de la population, et font confiance en l’Etat pour leur protection ; toutefois 67%