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L’analyse empirique des capacités et des comportements des élites du

Introduction

Dans ce Chapitre, nous nous fixons les objectifs suivants :

• D’une part, vérifier la pertinence de la distinction entre les fonctions d’activation et d’expertise. Nous conduirons des entretiens approfondis auprès des élites foumbanaises du Développement Economique Local identifiées et présentées au troisième Chapitre et nous nous demanderons si des différences significatives apparaissent entre les élites selon la fonction qu’elles assument.

• D’autre part, analyser plus en profondeur les capacités et les comportements des élites activeuses et expertes afin de disposer d’une grille de lecture complète des élites du Développement Economique Local incluant : la définition fonctionnelle et les caractéristiques des élites du DEL développées au Chapitre II ; les étapes du repérage des élites développées et utilisées sur le territoire de Foumban (Chapitre III) ; la liste des organisations et des élites potentielles du Développement Economique Local de Foumban (Chapitre III) et enfin, une description des deux fonctions des élites, avec les capacités et les comportements types associés.

Nous avons organisé nos questions aux élites foumbanaises autour de plusieurs axes, chaque axe pouvant être considéré comme une variable d’analyse.

-Capacités humaines

Quels sont les diplômes obtenus par les élites ? Quelles écoles ont-elles fréquentées ? Quelles sont leurs expériences professionnelles ? Quelles sont leurs compétences et leur savoir-faire ?

-Capacités sociales

Quelle position communautaire occupent les élites ? Quelle est leur position sociale ? Comment perçoivent-elles leur situation économique ?

-Capacités symboliques

Quelle est l’appartenance religieuse des élites ? Quelles représentations ont les élites des qualités d’un bon leader ? Quelles motivations personnelles poursuivent les élites en soutenant le développement économique ? Quelles perceptions ont les élites des obstacles au développement économique sur le territoire ?

-Opinions sur le Développement Economique Local

Les élites foumbanaises pensent-elles que le modèle occidental est un modèle à suivre ? Pensent-elles que le soutien de l’Etat et des partenaires extérieurs est indispensable pour le Développement Economique Local ? Quelles opinions ont-elles du rôle de la diaspora ? Perçoivent-elles le fonctionnement communautaire comme un obstacle au Développement Economique Local ? Comment apprécient-elles la contribution des TPE (Très petites entreprises) au développement ?

-Pratiques de mobilisation des ressources cognitives

Comment les élites collectent-elles les données sur le territoire, les informations économiques et les informations sur les financements et les aides disponibles ?

-Pratiques de mobilisation des ressources humaines

Quels cadres de concertation sont utilisés afin de discuter du Développement Economique Local ? Comment les élites font-elles la promotion de la cohésion sociale ? Comment les élites mobilisent-elles des soutiens à travers les programmes publics et les partenaires internationaux ?

Nous devons ici avoir conscience que, comme expliqué dans le Chapitre II, les capacités, les opinions et les pratiques des élites s’alimentent mutuellement. Par exemple : le développement de nouvelles relations leur permet d’avoir accès à de nouvelles informations ; les relations sociales des élites influencent leurs valeurs et leurs représentations ; la formation et les expériences d’un individu influencent ses opinions et ses pratiques ; les valeurs, les croyances et les idéologies des élites influencent l’adhésion des élites à des groupes et donc le développement de nouvelles relations ; le parcours de formation des élites, leurs compétences et leur savoir-faire, leurs positions communautaires et sociales influencent directement leurs pratiques. Ainsi, ayant développé des questionnements et une grille d’analyse, nous avons élaboré un questionnaire comprenant 40 questions. Ce Chapitre IV présente les résultats obtenus à l’issue des entretiens approfondis avec les élites foumbanaises.

Notre propos est organisé en deux Sections comprenant chacune trois sous-sections. La première Section présente les capacités des vingt-sept (27) élites foumbanaises du Développement Economique Local de notre échantillon et donc leurs capacités humaines, sociales et symboliques. La deuxième Section décrit les comportements des élites à travers certaines de leurs opinions concernant le Développement Economique Local et certaines de leurs pratiques de mobilisation des ressources cognitives (expertise) et de mobilisation des ressources humaines (activation).

Section 1. Les capacités humaines, sociales et symboliques des élites du

Développement Economique Local

Dans cette Section, nous examinerons les capacités des élites. Les réponses des élites à nos questions nous permettront de mettre en lumière certaines caractéristiques communes des élites activeuses, des élites expertes et des élites double-fonction mais surtout d’identifier des différences entre les élites selon leurs fonctions dans le Développement Economique Local. Nous pourrons, à la fin de cette Section, déterminer les capacités liées aux fonctions (capacités fonctionnelles) des élites qui viendront compléter notre grille de lecture des élites du Développement Economique Local. Cette grille sera utile pour mieux comprendre qui sont les élites du Développement Economique Local à Foumban, mais également pour identifier plus facilement les élites locales du Développement Economique Local sur d’autres territoires et encore pour repérer les mesures de soutien qui peuvent leur être proposées afin qu’elles correspondent effectivement à leurs capacités et à leurs besoins.

Nous espérons ainsi avec cette Section contribuer à une meilleure compréhension :

- Des capacités humaines des élites tout d’abord, c’est-à-dire leur niveau d’éducation, la durée de leur expérience professionnelle, les organisations qu’elles ont fréquentées, l’occupation de postes de management ou de direction, l’étendue de leur expérience géographique, l’intensité de l’influence de leurs familles ou leurs communautés sur leurs parcours scolaire et professionnel.

- Des capacités sociales des élites ensuite et donc de leur appartenance communautaire, de leur position communautaire à travers la possession de titres traditionnels, la possession de certains savoirs communautaires réservés, leur appartenance à des groupements tels que des associations, tontines, réseaux, coopératives (etc.), leur appartenance à un parti politique.

- Des capacités symboliques des élites et plus précisément de leur appartenance religieuse et de certaines de leurs perceptions telles que leur vision des qualités d’un bon leader, leurs motivations pour le DEL, leurs appréciations des blocages du DEL.

1. Les capacités humaines des élites

Nous considérons ici les capacités humaines des élites comme leur stock de qualifications, d’aptitudes et d’expériences. Nous l’appréhendons à travers les savoirs et compétences des élites, et leur mode d’acquisition. Nous nous penchons ainsi sur les parcours éducatifs et

professionnels des élites : le niveau d’éducation des élites du DEL, leur expérience professionnelle, leur expérience géographique et l’intensité de l’influence de leurs familles sur leurs parcours.

a. Niveau d’éducation

De manière générale, une large majorité des élites de notre échantillon (66%) possède au moins le baccalauréat : 44% des élites ont un BAC+5 et plus ; 22% ont obtenu le BAC ; 18,5% ont des diplômes inférieurs au BAC (CEPE, BEPC, PROBATOIRE) ; 7% n’ont aucun diplôme.

Tableau 19 : Quel est votre diplôme le plus élevé ? Réponses des élites toutes confondues

Cependant, des différences apparaissent entre les élites activeuses, expertes et double-fonction. Ainsi, plus de 46% des élites activeuses ne possèdent pas le BAC. Deux d’entre elles n’ont pas répondu à la question mais nous supposons qu’elles n’ont également pas obtenu le BAC, faisant passer ce pourcentage à 61,5% des élites activeuses. Seules trois élites activeuses sur treize possèdent un BAC+5 ou plus et notamment les deux élites les plus hauts placées de notre échantillon (le Maire de Foumban et le Sultan du Royaume Bamoun).

Le Sultan de Foumban a poursuivi ses études primaires à Foumban, puis est parti en France pour ses études secondaires, qu’il a toutefois terminées à Yaoundé au lycée Général Leclerc. Il a ensuite intégré l’Institut d’Etudes Administratives Africain de Dakar d’où il est sorti diplômé du deuxième degré.

Le Maire de Foumban a, quant à lui, fréquenté les écoles primaires de Foumban et Nkongsamba, puis a poursuivi ses études secondaires à Yaoundé au lycée Général Leclerc. Il est ensuite parti en France pour des études supérieures où il a obtenu un doctorat du 3ème cycle en droit public international et en sciences politiques et un diplôme de l’Institut International d’Administration Publique (IIAP, absorbé plus tard par l’ENA).

Toutes les élites expertes possèdent au moins le BAC et 67% d’entre elles ont obtenu un BAC+5 ou plus.

Le Directeur adjoint de l’Institut des Beaux-arts de Foumban a débuté son parcours à Foumban puis est allé à l’université à Yaoundé (Université Yaoundé 1). Il a ensuite effectué une thèse en France à l’université de Limoges, puis des études postdoctorales en Belgique, à l’université de Lièges.

Question Réponses % Aucun 7,41 CEPE 11,11 BEPC 3,70 PROBATOIRE 3,70 BAC 22,22 BAC+5 33,33 >BAC+5 11,11 Pas de réponse 7,41

Quel est votre diplôme le plus élevé ?

Les élites double-fonction sont plus partagées : 2/5 d’entre elles ont un niveau inférieur ou égal au BAC ; 3/5 d’entre elles ont au moins un BAC+5.

Tableau 20 : Quel est votre diplôme le plus élevé ? Réponses des élites selon leur(s) fonction(s)

Réponses Elites activeuses expertes Elites Elites double-fonction

Aucun, CEPE, BEPC, PROBATOIRE 46% 0% 20%

BAC 15% 33% 20%

BAC+5 et >BAC+5 23% 67% 60%

Pas de réponse 15% 0% 0%

Les élites expertes sont donc globalement plus diplômées que les élites activeuses. La fonction d’expertise requiert un niveau d’éducation plus élevé que la fonction d’activation même s’il semble tout de même que pour les plus hauts dirigeants un diplôme élevé soit important.

b. Expérience professionnelle

Globalement, la grande majorité (plus de 81% des élites de notre échantillon) possède plus de 10 années d’expérience professionnelle.

Tableau 21 : Combien d’années d’expérience professionnelle avez-vous ? Réponses des élites toutes confondues

Mais là encore, des différences se font sentir entre les élites selon leur fonction. Toutes les élites activeuses ayant répondu à la question possèdent au moins 10 ans d’expérience professionnelle. L’une d’entre elles n’a pas souhaité répondre, mais il nous semble que cette personne doit avoir au moins 10 ans d’expérience dans sa fonction. Presque toutes les élites double-fonction (80%) ont également au moins 10 années d’expérience professionnelle. Une seule déclare avoir moins de 10 années d’expérience. Par contre, un tiers des élites expertes possède moins de 10 années d’expérience professionnelle et notamment l’Agent de Développement Local à la Commune de Foumban, le Responsable des Affaires économiques de la Préfecture du Noun, le Délégué Départemental du Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique.

Question Réponses % Moins de 2 ans 0,00 2-5 ans 3,70 6-10 ans 11,11 Plus de 10 ans 81,48 Pas de réponse 3,70

Combien d'année d'expérience professionnelle avez-vous ?

Tableau 22 : Combien d’années d’expérience professionnelle possédez-vous ? Réponses des élites selon leur(s) fonction(s)

Réponses Elites activeuses Elites expertes Elites double-fonction

Moins de 10 ans 0% 33% 20%

Plus de 10 ans 92% 67% 80%

Pas de réponse 8% 0% 0%

Les élites activeuses possèdent en général plus d’expérience professionnelle que les élites expertes. Elles apprennent en faisant alors que les élites expertes apprennent d’abord en étudiant. De plus, la fonction d’activation requiert sans doute une certaine légitimité professionnelle qui s’acquiert peu à peu, au cours des diverses expériences vécues par les élites (notamment par exemple pour les élites économiques). La durée de l’expérience professionnelle est donc moins importante pour assurer la fonction d’expertise que la fonction d’activation. Au cours de leur parcours professionnel, les élites (toutes confondues) ont fréquenté différents types d’organisations : PME, grandes entreprises, secteur public/administration, collectivités locales, écoles/universités/centres de formation, associations et ONG, organisations étrangères. Certaines d’entre elles sont passées par différents secteurs d’activités avant de devenir ce qu’elles sont aujourd’hui.

Le Maire de la Commune de Foumban (depuis 1996) a exercé au sein du Ministère des Affaires Etrangères et a été Ministre de l’Education Nationale (nommé en 1977 sous Ahidjo) puis Ministre de la Présidence chargé de l’Inspection générale de l’Etat. Le Maire de Foumban a également été Directeur de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun et est encore aujourd’hui enseignant à la Faculté de Droit. Il est par ailleurs écrivain, fondateur et directeur de publication des revues culturelles comme A1, Communauté, Le Terroir. Il a aussi été membre du bureau exécutif de l’UNESCO et est membre du Conseil d’administration du Réseau parlementaire de la Banque Mondiale. Il a fondé le parti d’opposition UDC en 1991, en est le président et a été candidat aux élections présidentielles à plusieurs reprises. Enfin, le Maire de Foumban est également coprésident de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (WCRP) au niveau international, fondateur et président de l’Institut des études islamiques et religieuses (IRSI).

Le Sultan du Royaume Bamoun a exercé dans l’administration, d’abord dans l’administration coloniale en tant qu’attaché au Cabinet du Haut-Commissaire de la République française au Cameroun. Il a ensuite occupé différents postes à haute responsabilité (Chef de Cabinet du Secrétaire d’Etat à la Présidence chargé de l’Information, Chef de Cabinet du Ministre des Forces Armées, Directeur du Cabinet du Ministre des Forces Armées). Il a ensuite été plusieurs fois Ministre : d’abord de l’Education, de la Jeunesse et de la Culture ; puis de la Jeunesse et des Sports ; puis de l’Information et de la Culture ; de l’Administration Territoriale ; et enfin Ministre Délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées. Le Sultan a également représenté le Cameroun en Guinée Equatoriale et en Egypte en tant qu’Ambassadeur et a été Vice-Ministre des Affaires étrangères. Le Sultan est actuellement membre du Comité central et du Bureau politique du RDPC. Le Délégué Départemental du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA) après une licence en sciences naturelles obtenue à l’Université de Yaoundé, a d’abord travaillé pour l’entreprise PMUC. Il a ensuite intégré l’Ecole Normale Supérieure et est devenu enseignant, en charge de la formation des instituteurs. Puis il a intégré l’administration. En tant que fils du chef du village de Fontain, il a hérité de cette fonction et est à son tour chef de 2ème degré. Il est également considéré comme « frère du roi ».

Le Coordonnateur de l’ONG MIPED (Mouvement Interculturel pour la Protection des Enfants Déshérités) a exercé 25 années en tant qu’enseignant et 15 ans en tant que proviseur de Lycée. Il a ensuite fondé le MIPED. Il est également enseignant à l’école professionnelle de formation d’engins lourds. Il est aussi pasteur. Il est membre du parti politique au pouvoir (RDPC) et possède un titre de notable au palais du royaume Bamoun.

Le Chef du village de Njintout a d’abord été agriculteur/planteur, membre et secrétaire d’une coopérative de planteurs de café. Il a également été élu local et a fait deux mandats à la Mairie en tant que 1er adjoint au Maire. Il est non seulement Chef de groupement mais également dignitaire du palais du roi, conseiller du roi (« Kom »).

Le Président des Artisans Voyageurs est également Ministre de la cour (Titan Mfon) et Président du Conseil islamique supérieur d’arrondissement.

Il n’existe pas de parcours type selon les catégories ou les fonctions des élites et les trajectoires sont individualisées. Toutefois, il faut retenir que, même si l’on classe une personne comme élu local, agent de l’Etat, élite économique ou autre, il est important d’avoir en tête que ces personnes possèdent souvent des parcours très diversifiés et sont actives dans plusieurs secteurs. Les élites ont en commun de faire partie de différentes sphères dans la vie locale et ainsi d’appartenir à plusieurs communautés et à des réseaux divers et variés.

Enfin, nous avons cherché à savoir si les élites de notre échantillon ont occupé un poste de direction et/ou de management. La grande majorité, soit plus de 81% des élites de notre échantillon (27) dit avoir occupé un poste de direction et/ou de management.

Tableau 23 : Avez-vous occupé des postes de direction/management ? Réponses des élites toutes confondues

Disent avoir occupé un poste de direction : - 100% des élites double-fonction, - 89% des élites expertes,

- 69% des élites activeuses.

Toutefois, trois élites activeuses n’ont sans doute pas compris la question car elles occupent actuellement un poste de management (présidence d’une association d’artisans, chef de village et adjoint au Maire) et ont pourtant affirmé le contraire. L’occupation de poste de direction et/ou de management dans une ou plusieurs organisations est donc directement liée à la position d’élite et concerne autant les élites activeuses, expertes et double fonction.

Question Réponses % OUI 81,48 NON 14,81 Pas de réponse 3,70 Occupation de postes de direction/management

c. Expérience géographique

De manière globale, toutes les élites de notre échantillon ont une expérience approfondie de la région de l’Ouest Cameroun, du département du Noun et de la localité de Foumban (trois élites activeuses n’ont pas répondu à la question mais nous savons qu’elles connaissent très bien le contexte régional et local car elles y vivent depuis leur naissance). La plupart des élites en sont originaires, certaines y sont venues dans le cadre de leur fonction et y résident.

Concernant leur expérience du pays (de plusieurs régions du Cameroun), des différences entre les trois types d’élites apparaissent :

- 46% des élites activeuses ont une expérience nationale/multirégionale.

- 78% des élites expertes ont une expérience nationale/multirégionale.

- 100% des élites double-fonction ont une expérience nationale/multirégionale.

Les élites expertes et double-fonction connaissent donc beaucoup mieux le contexte national et d’autres régions du Cameroun que les élites activeuses. La plupart des élites étatiques sont originaires d’autres régions et qu’elles ont fait leurs études et occupé des postes dans différentes régions. Les élites académiques sont originaires de Foumban mais ont étudié ou occupé des postes dans diverses régions.

Des différentes existent également entre les élites concernant leurs expériences à l’international, sur le continent africain et au-delà :

- 22% des élites expertes ont eu des expériences sur le continent et au-delà. Par exemple, le Directeur adjoint de l’Institut des Beaux-Arts a effectué des études doctorales à Limoges en France et des études postdoctorales à l’université de Lièges en Belgique et dit avoir effectué des recherches dans plusieurs pays européens, asiatiques et africains.

- 38% des élites activeuses disent avoir vécu dans d’autres pays sur le continent africain et au-delà. Le 4ème adjoint au Maire explique avoir fait le tour du Cameroun et bien connaître le Gabon, le Congo, le Nigéria et le Bénin. Le Président des Artisans Voyageurs a vécu en Europe puis aux USA (au total environ 19 ans). C’est ainsi qu’il faisait le lien entre les artisans situés à Foumban et la clientèle occidentale. Sa famille l’a suivi en Occident et son neveu et son fils effectuaient des va-et-vient pour s’approvisionner et vendre des objets artisanaux. Le Maire de Foumban a effectué ses études supérieures en France. Il a ensuite effectué des stages à Londres et à Genève. Dans le cadre de ses fonctions, il a été amené à voyager dans plusieurs pays à travers le monde. Le Sultan du Royaume Bamoun a étudié à l’Institut d’études administratives de

Dakar. Il a occupé la fonction d’Ambassadeur du Cameroun en Guinée Equatoriale et en Egypte. Il s’est rendu dans de nombreux pays dans le cadre de son parcours.

- 40% des élites double-fonction ont des expériences continentales et internationales. Le Coordonnateur du MIPED a enseigné dans plusieurs régions du Cameroun et effectué une partie de son cursus universitaire à Manchester (Manchester University of Science and Technology).

Les élites activeuses et double fonction ont donc plus d’expérience à l’international que les élites expertes. Les élites de notre échantillon ayant voyagé hors du Cameroun, l’ont souvent fait dans le cadre de leurs études, dans le cadre de leurs fonctions ou pour des raisons économiques, notamment pour la vente d’objets d’artisanat.

Tableau 24 : Quels endroits connaissez-vous bien car vous y avez vécu ou passé du temps ? Réponses des élites toutes confondues

Réponses Elites activeuses expertes Elites Elites double-fonction

Expérience régionale et locale 100% 100% 100%

Expérience nationale et dans plusieurs régions 46% 78% 100%

Expérience continentale et/ou internationale

(au-delà du continent) 38% 22% 40%

Pas de réponse 23% 0% 0%

Au vu de ces résultats on peut dès lors penser que :

- L’expérience régionale et locale est indispensable pour toutes les élites. La fonction d’activation nécessite pour les élites activeuses un fort ancrage local. Par exemple, les